ANGLETERRE. Londres, 4 novembre.
PRUSSE. Berlin, 1" novembre.
AUTRICHE.
qui habitent Claremont,ont failli être victimesd'uu
accident qui a offert les symptômes les plus alar
mants.
a Chacun d'eux s'est trouvé subitement atteint
de violentes douleurs qui présentaient tous le ca
ractères d'un empoisonnement. Le bruit s'en est
promptement répandu et accrédité. Comme M. le
duc de Nemours n'avait pris qu'un verre d'eau, on
s'est empressé d'analyser ce qui restait de l'eau
qu'on avait servie, et on a trouvé qu'en effet elle
renfermait en assez forte dose un toxique très-
pernicieux, mais on a découvert en même temps
que ce poison était produit par le cuivre des con
duits et des réservoirs qui alimentent d'eau le châ
teau de Claremont.
Grâce aux soins intelligents de M. le docteur
Clarck, médecin du Roi, les progrès du mal ont été
promptement neutralisés, et a cette heure la saDté
de l'ex-famille royale ne donne plus aucune in
quiétude.
Hier ou a signalé h Londres 10 nouveaux cas de
choléra et 6 décès A Edimbourg, le nombre des
nouveaux cas a été, le 2, de 21 et celui des décès
de 10.
Jeudi dernier une bande de huit individus
armés de fusils et de pistolets k arrêté près de
Roscrea (Irlande) un officier et un sergent qui por
taient aux pensionnaires du district la paye du
mois et ont volé l'argent qu'ils avaient avec eux,
après avoir tué le sergent sur son refus de la livrer.
La somme volée s'élevait 180 liv.
Parmi les exportations de métaux précieux
de la semaine dernière on cite 32,000 onces d'ar
gent expédiés en Belgique. Il y a eu une expor
tation de 231,000 onces d'argent en barres pour
Rotterdam.
Quel spectacle hier soir! Des ouvriers, ivres de
vin et de colère, tiennent toutes les issues assiégées.
Ils viennent d'apprendre que la proposition Wal-
deck est rejetée et ils menacent de tuer les députés
s'ils ne reviennent sur leur décision.
Les malheureux sont munis de cordes, de cou
telas et de clous. Ils avouent en ricanant, k quel
horrible usage ils destinent ces instruments de mort.
Plusieurs d'entre eux portent des torches qui jet
tent un jour blafard sur la sombre masse de l'édifice.
Le marché des Gendarmes est couvert d'une mul
titude compacte. Si les députés sortent, c'en est
fait d'eux.
De temps a autre un des meneurs, une torche a
la main, se hisse sur le piédestal servant d'appui
au grand escalier. C'est Karbe qui hurle des mots
d'injure et de haine contre le Pouvoir central. C'est
tel autre fou furieux qui exaspire le peuple en lui
criaut qu'on le trompe, qu'on l'a toujours trompé.
Pour surcroît de malheur, M. Rimpler, com
mandant de la garde bourgeoise, est a la séance. Il
est emprisonné comme les représentants. Des or
dres contradictoires partent de l'état-major qui a
son hôtel dans la Niederwallstrasse. Un bataillon
arrive. Il est menacé par une foule cinq fois plus
nombreuse; il se retire.
Enfin un jeune homme, un journaliste, se charge
d'un dépèche du commandant. Il se présente k une
porte de dégagement. Un ouvrier s'y trouve eu
faction. Le messager se dit malade. L'ouvrier mas
que sa sortie aux yeux de ses camarades postés non
loin de là. L'ordre arrive a l'état-major de faire
sonner l'alarme dans toute la ville.
Sur ces entrefaites est arrivé un cortège d'ou
vriers mécaniciens, précédé d'un drapeau blanc. Il
veulent essayer de calmer le peuple. Au milieu des
ténèbres la garde bourgeoise se méprend sur leurs
intentions et les charge. Le porte-drapeau a un
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doigt coupé. Un autre ouvrier reçoit un coup de
baïonnette dans le bas-ventre. On le dit mort. Le
rassemblement alors se disperse.
On raconte que le général de Pfuel a été escorté -
par MM. Jung et Schramm, députés de l'extrême
gauche. Il aurait passé une partie de la nuit dans
la maison de M. Jung.
C'est a de pareils excès que s'est porté le peuple
le jour même où la Chambre venait d'abolir la no
blesse, les ordres et les titres. A l'étranger on se
représente le peuple prussien instruit et cultivé. Il
est vrai qu'il sait lire et écrire. Mais il y a cent fois
plus de bon sens, de capacité et d'esprit de suite
chez un paysan des Flandres, que dans toutes ces
sociétés d'ouvriers de Berlin qui passent leur temps
aux meetings et dans les clubs.
On attribue, et avec raison, la majeure partie de
l'effervescence d'hier anx menées infatigables de
M. Arnold Ruge de Francfort.
Le prince souverain de Reuss, Henri LXXII,
fait annoncer dans les journaux son abdication en
faveur de son successeur légitime.
A Berlin, l'insurrection n'a pas éclaté, mais
la situation politique n'en est pas moins très grave.
A la suite de la séance dans laquelle a été discutée
la proposition relative aux événements de Vienne,
le général Pfuel, président du conseil, a donné sa
démission. Le Roi a appelé, pour le remplacer, le
général Brandebourg.
La séance de l'Assemblée, du 2 novembre, a été
par suite très-agitée. Elle a été ajournée et reprise
trois fois k une heure d'intervalle. Uu projet d'a
dresse au Roi, pour lui représenter la situation du
pays, a été proposé, rédigé et voté séance tenante
et sans discussionbien que très-énergique. La
Chambre y déclare par avance que le ministère
Brandebourg n'obtiendra pas la majorité. La séance
a du être reprise k dix heures du soir pour entendre
la réponse que le Roi aura faite k la députation
chargée de lui porter cette adresse h Postdam.
On ne peut prévoir ce qui sortira de la situation
créée par la lutte que la cour semble vouloir en
gager, et dont la nomination du général Brande
bourg pourrait être considérée comme le signal.
Un corps de dix-huit mille Hongrois se serait
jeté entre la division de Jellachich et celle de
Windischgrœtz, et aurait été culbuté et précipité
en grande partie dans le Danube.
La conduite k tenir par l'Empereur est difficile.
La majorité de la Diète a pactisé avec l'insurrection,
en continuant k prendre des résolutions en dépit de
la défense de l'Empereur. Que fera ce dernier vis-
à-vis d'elle
Les Hongrois ont été battus le 5o octobre. Ils
avaient 24 canons, 5 bataillons de troupes régu
lières, en tout 18 a 20,000 hommes. L'armée qui a
été envoyée contre eux était forte de 16 k 18,000
hommes avec 60 pièces de cauon, et 12 escadrons
de cavalerie. Le Ban avait le commandement en
chef de tout le corps d'opération.
Il paraît que le principal engagement n'a été
qu'un engagement d'artillerie. La cavalerie impé
riale, qui devait tourner les Hongrois et leur couper
la retraite, est arrivée trop tard. Les Hongrois ont
été poursuivis le 51 par le prince Lichtenstein a la
tête de 4,000 hommes. On a aussi expédié de l'in
fanterie par le chemin de fer, en destination de
Neustadt, pour empêcher une nouvelle attaque des
Hongrois, qui se sont probablement retirés derrière
la Leitha.
Pendant que la bataille était engagée avec les
Hongrois, les Viennois qui, en très-grande partie
avaient déposé les armes, les ontsaisies de uouveau,
n'ont pas envoyé les otages, qu'ils avaient promis,
et, au lieu de livrer les canons, ont fait feu de toutes
leurs pièces sur les troupes impériales. Par suite de
cela, ces dernières ont tiré pendant la nuit sur les
faubourgs Mariahilf et Lerchenfeld et y ont lancé
plus de 100 petites bombes non incendiaires.
Pendant ce temps-là, la tour de Saint-Élienne
faisait signaux sur signaux pour appeler les Hon
grois. De son côté, le général Bem avait reparu
auprès des combattants et les enflammait par ses
discours. Mais lorsqu'on apprit en ville la défaite
des Hongrois, une députation du conseil communal
se rendit de nouveau la nuit près du feld maréchal
pour lui annoncer la soumission de la ville k dis
crétion. Toutefois, les corps armés n'ont pas voulu
se rendre, et vers midi le bombardement des fau
bourgs a recommencé.
On a expédié de Florisdorf le 3i octobre, dans
la soirée, une dépêche télégraphique ainsi conçue:
Le bombardement a cessé k six heures du soir.
Des incendies ont éclaté dans le voisinage de la
place de l'Université et de l'église des Auguslins.
Les troupes ont pénétré par la porte du palais, et
elles sont déjà arrivées a la place Saint-Élienne.
L'inceudie a gagné l'église des Auguslins et une
partie du palais. La tour et le toit de l'église des
Auguslins se sont écroulés.
(Signé) Général Rennberg.
Le prince Windischgraetz a publié la proclama
tion suivante
Un corps d'insurgés hongrois a osé s'avancer
sur le sol autrichien, et il a pénétré ce matin jusque
près de Schwechat. Je l'ai attaqué et repoussé avec
une partie de mes troupes jointes k celles du Ban
et il a éprouvé une perte considérable. Quelques
détachements sont k sa poursuite.
Je publie ces faits, pour tranquilliser tous les
gens bien intentionnés, auxquels l'apparition de
ce corps pourrait peut être inspirer des inquiétudes;
mais aussi pour servir d'avertissement k ces mal
intentionnés qui croyaient y trouver un nouvel
espoir pour leurs plans, et qui, en effet, n'ont pas
rougi de rompre de la manière la plus honteuse la
capitulation déjà consentie.
Quartier général de Hetzendorff, 3o octobre
i848.
Prince Windischgr.etz.
On lit dans le Moniteur prussien
Berlin, 3 novembre.
Le convoi du chemin de fer de Breslau apporte
les détails suivants sur la soumission de Vienne,
annoncée dès hier soir par dépêche télégraphique.
Ce fut le 3i octobre, au soir, que les troupes
impériales entrèrent dans l'intérieur de la ville,
après avoir pris tous les faubourgs. Lorsque des
drapeaux blancs ayant été arborés sur les bastions,
elles s'avancèrent contre ceux-ci, elles furent
reçues par la mitraille. Alors commença le bom
bardement au moyen de grenades et de fusée. A ce
moment on vit la bibliothèque impériale de la cour
et une partie du palais en flammes on disait hors
de la ville que le peuple y avait mis le feu, et que
des discours prononcés publiquement avaient donné
a entendre ce dessin. Après le bombardement la
ville se rendit dès le 3 1, et les troupes occupèrent
d'abord le palais, la Raerthnerstrasse et la place
S'-Étieune, où l'on tira sur elles par les fenêtres.
La Burg-Thor et la Kaerthner Thor furent forcées
et le palais pris d'assaut par les soldats. Il paraît
que, k l'exception du cabinet d'histoire naturelle,
le palais n'a pas été endommagé le dôme de la
bibliothèque était en flammes; le i" novembre le
feu n'était pas encore éteint on n'était pas tout a
fait sans inquiétude on espérait cependant sauver
les trésors que renferme cette bibliothèque.
Les étudiants et une partie du peuple sont ceux
qui se sont défendus le plus longtemps dans la
partie de la ville où se trouve l'université. Ils