ASSEMBLÉE NATIONALE.
IRLANDE.
SUISSE.
AUTRICHE.
SARDAIGNE.
ITALIE.
ÉTATS-ROMAINS.
La nouvelle de la démission du minis
tère romain, est aujourd'hui pleinement
confirmée. Il a lui-même annoncé sa re
traite la Chambre des députés, devant
laquelle il s'est humblement reconnu in
capable de faire face aux exigences de la
situation. Avant de quitter le pouvoir, il a
publié une proclamation, où il recomman
de l'ordre et la légalité.
La légalité, il l'a lui-même violée sans
cesse depuis son arrivée aux affaires. Tout,
chez lui, a été illégal, même son origine.
Quant l'ordre, c'est en vain qu'il s'en fait
le patron. Le désordre est flagrant Rome,
et, en juger par le langage des organes
du radicalisme, il ne fera que s'accroître,
tant que le St-Père ne sera pas rétabli dans
sa pleine Souveraineté.
En se retirant, le ministère emporte les
malédictions de ceux qui l'ont créé. L'Alba
ne voit parmi ses membres que des traîtres.
A ses yeux, ils sont traîtres un double
titre d'abord, parce qu'ils se sont cram
ponnés leurs portefeuilles, alors qu'il
importait que des hommes énergiques pris
sent leur place, ensuite parce qu'ils aban
donnent leur position dans un moment
décisif.
Aussi YAlba n'entrevoit-elle de salut pos
sible dans l'intervention directe du peuple.
Or, dans la pensée du peuple, une telle
intervention équivaudra probablement au
massacre, au pillage. C'est là en ce moment
peu près l'unique perspective de Rome.
annulé par l'Assemblée nationaledeFrance.Quatre
cent dix-sepl voix contre trois cent trente-six ont
décidé aujourd'hui que l'abolition de l'impôt sur
le se!, fixée au i*r janvier 18*9 par le décret du
i5 avril dernier, n'aurait pas lieu.
Au banquet religieux et social de Châtel et
du banquet mystique de Valentino. Vous ne pou
vez vous faire une idée du délire de Bernard et
d'Hervé... Hervé surtout, canonisant Saint-Just et
Robespierre comme il l'avait fait la veille mais
avec une recrudescence de tons écarlates, faisait
croire au retour de 93... L'attitude du public a été
non moins étrange. Au montent où Hervé s'écriait,
par exemple Il faut s'en prendre aux circon
stances, si Robespierre et Saint-Just out été trop
rigoureux...
Un bon nombre de langues ulcérées se sont
mises h interrompre sa modération oratoire par
cette exclamation Non non ils n'ont pas été
trop rigoureux Ils ne l'ont pas été assez
Quels étaient les quidams si résolus qui nous
devions ces parenthèses?... Des ouvriers illettrés?
Des blouses avinées? Pas le inoins du monde. Mais
des fils de bourgeois dont l'université a fait l'édu
cation libérale. Ce sont des avocats stagiaires, des
clercs d'huissiers, d'avoués ou de notaires, des
commis-voyageurs émériles, des bureaucrates de
finances ou de commerce, autant de symboles de
l'industrie active qui réclame par dessus tout le
calme, l'ordre, le respect a l'autorité; ce sont tous
ces jabots de collège, tous ces enfants du capital et
de la science et de la loi, qui donnent la main aux
factions.
Apercevez-vous ces habitués d'estaminets, ces
flâneurs de clubs,ces culotteurs de pipes, s'érigeant
en docteurs de la Sorbonne Ce n'est pas un des
côtés les moins plaisants de notre époque.
Nos clubs se r'ouvrent. Ils craignaient qu'on ne
les fermât. Rassurés aujourd'hui, ils pensent que
l'autorité ne prévaudra pas contre eux et ils rede
viennent violents çt agressifs... Hier, au club Saint-
Antoine nous avons revu les Merlieux, les Courtais,
les Vidal, flanqués d'un nouveau venu ayant nom
Guénié, avocat, dont ils ont fait leur président.
Une rencontre a eu lieu lundi matin entre nu
jeune professeur, l'un des plus savants et des plus
distingués de l'Université, et un officier supérieur,
dit-on, haut placé dans l'administration. Ce dernier
a eu le bras cassé par une balle.
Mrancr du ttt.PréMldrnre de tl. Armand Warrant.
M. le Président. M. le miuistre de la justice a la parole.
(Vif mouvement de curiosité.)
M. Odilon Barrot, ministre de la justice. (Mouvement
d attention). Citoyens représentants, vous avez entendu le
discours de M. le Président de la République, la peusée qu'il
manifeste est la uôtre. Nous prenons les mêmes engagements
que lui devant l'Assemblée et devant la Frauce.
Ce que veut le pays, avant tout, ce que nous voulons avec
lui, c'est l'ordre, nou pas seulement l'ordie matériel, mais
encore l'ordre moral, l'ordre sur la place publique comme dans
les administrations. (Tiés-bien
L'Assemblée nationale a compris, en effet, qu'il était temps
de rentrer daus les règles d'uue économie sévère.
La société avait depuis longtemps contracté la déplorable
habitude de trop compter sur l'Étal. Lie là celte multiplicité
d'emplois, cette prodigalité de fonctions publiques qui avaient
corrompu et fini par détruite la monarchie. Il faut que nous
en préservions la réplublique, de là, nécessité pour nous de
simplifier l'administration et de substituer la règle l'arbi
traire. (Très-bien!)
Nous poursuivrons toujours une solution pacifique, qui nous
parait être dans les intérêts de la France comme dans ceux de
1 Europe. Mais je n'ai pas besoin de vous dire que l'bouneur
national sera toujours l'une des premières préoccupatious du
cabiuet. (Très-bien! très-bien!)
M. Ledru-Rollih. Messieurs, il est une question qui préoc
cupe depuis quelques jours la presse, qui a ému l'opinion
publique, il s agit des pouvoirs conférés au générai Changarnier.
A oici un commandant en chef qui a sous sa main 35o
4oo,ooo hommes; voilà que ce commandant ne relève plus
du ministiedela guerre! Il peut ordonner des mouvements,
il peut faire des distributions de munitions condition d'en
faire rendre compte dans les vingt-quatre heures C'est uu
commandement dictatorial absolu! Je demande si cela est
permissi cela est possible
M. Odilon Bar rot, miuistre de la justice. Je reconnaîtrai
qu'en temps ordinaire il peut ne pas couvenir que le comman
dement de i armée et celui des gardes nationales soint coudées
aux mêmes mains; il ne faut pas ôter aux services de la gerde
nationale Icxar caractère civique et civil. Je reconnais que le
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texte de la loi exclut deux comiuaudemeuts qui, dans les
tempsordiuaires, doivent être distincts. Mais je prends l'esprit
de la loi, je ne m'arrête pas sa lettre. (Bruit piolongé Je dis
que ces textes ne sont pas applicables; qu'ils ont été laissés de
côté toutes les fois qu'une néce>sité publique reconnue a amené
la réuniou forcée des deux moyens d'aclion qui devaient se
réunis dans l'intérêt de l'ordre et de la société. Sommes-uous
doue si éloignés de ces temps qui out couvert la société d'un
voile funèbre. Parce que l'horizon parait s'éclaircir, croyez-
vous qu'il ne soit pas nécessaire que les forces qui ont sauvé
Paris se léutiissenl et veillent encore, pour réprimer et surtout
pour prévenir des C(»rumotions auxquelles la République peut-
être ne saurait pas résister uue fois de plus (C'est vrai, c'est
vrai.)
M. Léon de Maleville, ministre de l'intérieur. Je suis
heureux d'entendre un des membres du gouvernement pro
visoire éprouver des scrupules de légriité. (Rires et agitation
prolongée Je lui croyais plus de goût pour les pouvoirs illi
mité, et je le félicite de ce progrès personnel.
Je voudrais que nos adversaires se montrassent moins disposés
jouer avec les mots de violation de (mustilution. Queut ou se
plaint que la Constitution est violée, on formule uu acled'ac-
ousation. Pas de grands mots pour de petites choses. Messieurs,
ou vos grands mots ne sembleraient être que de la chicane;
et je vous en pjiene chicauez pas plus l'orde que nous ue
voulons chicaner le liberté.
Les nouvelles que l'on reçoit d'Irlande font un
triste tableau de la situation de ce pays. La misère
y augmente chaque jour elle est encore aggravée
par la rigueur du froid.
La défaite de Sonderbund a jusqu'ici coûté
l'Église catholique la suppression d'environ qua
rante abbayes, monastères ou couvents, ceux des
Jésuites non compris, dont les habitants, quel que
soit leur sexe, sont en butte de cruelles persé
cutions. Lucerne a perdu les Jésuites et les reli
gieuses Ursilines, et bientôt après les abbayes de
Saim-Urbain et de Rathausen. Le nouveau gou
vernement de Fribourg a supprimé et banni de son
territoire les Jésuites, les Liguoriens, les Frères des
Écoles chrétiennes, les Dames du Sacré-Cœur,
auxquelles on s'accorda que trois fois vingt-quatre
heures pour quitter le canton.
Les Capucins, qui n'étaient pas originaires du
canton, en furent immédiatement chassés, les An-
gustins, les Bernardins et Bernardines, les Char
treux, ont été également expulsés de leurs maisons;
et la police veille h ce que deux d'entre eux ne
puissent pas habiter la même maison. La Thtir-
govie possédait neuf monastères; tous sont tombés
sous le même arrêt de proscription. Les chanoines
réguliers du Saint-Bernard et de Saint-Maurice ont
été d'abord taxés a des contributions de 120,000
et de 75,000 francs, et l'on attend incessamment
un décret du grand-conseil qui supprime entiè
rement le bienfaisant hospice du Grand-Saint-
Beruard. Les couvent des Ursulines de Sion a été
clos le 10 octobre dernier et ses religieuses dis—
peisees. Par contre les bandes de maraudeurs qui
cherchaient inquiéter les états circouvoisins d'Al
lemagne se concertaient en pleine liberté: et ce
n'a pas été la faule des autorités Helvétienne si
Struve et ses semblables n'ont pas réussi exécuter
leurs desseins sur les provinces badoises.
Le fait le plus saillant qui nous vienne de l'Al
lemagne, c'est la nomination de M. Strobach la
présidence de la Diète autrichienne, en remplace
ment de M. Smolka, qui, on se le rappelle, après
avoir présidé l'Assemblée h Vienne, pendant l'in
surrection,avait été réélu,au moment de la réunion
de la Diète Kremsier. La lutte a été vive, et c'est
une faible majorité que M. Strobach l'a emporté
au troisième tour de scrutin.
Une députalion d'Inspruck a félicité l'Em
pereur, S. M. a répondu
Partout où il s'agissait de Dieu, de l'Empereur
et de la patrie, le peuple du Tyrol s'est montré
fort et inébranlable il a été comme les rochers
qu'il habite.
L'Europe n'a pas pu refuser son admiration
au courage héroïque qu'il a montré dans l'année
1809; elle admirera lorsque l'orage des passions
sera passé, l'énergie qu'il a montrée en 18*8
dans sa fidélité et dans son bon sens.
Je compte que les mêmes sentiments, qui ont
servi de piliers au trône de mes pères, m'entou-
reront aussi, et je vous charge, Messieurs, de
porter a la brave bourgeoisie d'Inspruck, mon
impérial salut.
On écrit de Vienne, le 19, a la Gazette de
Breslau
Les troupes impériales sont entrées 'a Pres-
bonrg au milieu de l'allégresse générale. La garde
nationale avait déposé ses armes et le peu de trou
pes magyares qui s'y trouvaient s'étaient retirées.
Les prolétaires, après avoir reçu la nouvelle de
l'entrée victorieuse du lieutenant-feldmaréchal
Simmuuich a Turnau et de l'approche du général
Wrbna, s'étaient enfuis. Le maréchal prince Win-
dischgraetz était hier soir Gattendorf. Le Baa
marchait sur Hochstrass.
Kubliiza, le Roi des paysans de la Bukowine,
est déj'a fait prisonnier.
11 s'est rencontré dans le Parlement de Sardaigne
un député qui a osé attaquer publiquement Mgr.
l'Évêque de Saint-Jean-de-Maiirieiineau sujet
des prières que le vénérable Prélat avait ordonnées
pour le Souverain-Pontife. Et ce qui est plus hon
teux et plus significatif, c'est que les odieuses in
vectives de M. Jacquemond ont été accueillies
presque avec faveur par la Chambre.
Il a fallu, .dit VObservateur Suisse, pour
préparer le scandale de sa proposition impie et
dérisoire, formulée contre Pie IX dans ces mots:
Les bords de la veste du Nazaréen et les bords
du manteau royal sont d'étoffes trop diffé-
h rentes pour se coudre ensemble il a fallu
dis-je, que l'abbé Monti protestât comme prêtre et
comme député. Il l'a fait avec dignité. Ce sera au
pays, qui a nommé M. Jaquemond, h venger Pie
IX et l'Évêque de Maurienne des lâches insultes
que leur a prodiguées son indigne représentant.
A Milan, Radetzky ayant fait couper les arbres
de toutes les promenades, daus la crainte qu'en cas
d'émeute, ils ne servissent 'a faire des barricades,
le maire et les adjoints ont donné leur démission.
Tous les efforts du feld-maréchal pour retrouver
un nouveau maire italien ont échoué, et l'on s'at
tendait ce que, contrairement aux statuts, il
imposât un maire autrichien,ce qui serait de nature
augmenter encore l'irritation déjà extrême des
habitants.