JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3262.
32me année.
TFR3S, 3 Janvier.
M. le chanoine J.-B. Malou d'Ypres,
docteur de l'Eglise Romaine, professeur
d'éloquence sacrée l'Université Catholi
que de Louvain, a été préconisé évêque de
Bruges, par S. S. Pie IX Gaële au consis
toire des cardinaux du il décembre. M.
Malou est âgé de 39 ans. Il est connu dans
Je monde littéraire par quelques ouvrages
ascétiques, et un traité très estimé sur la
lecture des écritures saintes en langue vul
gaire.
Depuis quelques semaines, le tribunal a
eu successivement juger de petites ban
des d'élèves de l'école communale et autres
qui avaient commis de nombreux vols de
sabots, de pots-à-feu, bourses, saucisses,
gauffres, chocolat, pain, beurre, feic., prin
cipalement dans les boutiques et sur les
marchés. Ces magots de huit douze ans
avaient même employé l'escalade et l'effrac
tion en brisant une vîlre pour pénétrer
l'intérieur. Ailleurs, ils avaient blanchi
un centime et l'avaient émis avec succès
pour un demi franc. A la dernière séance
de jeudi, neuf de ces jeunes flâneurs, ran
gés la file sur le banc, s'accusaient
l'envi. Quelques-uns, leur dire, n'avaient
été que de garde, ou n'avaient que participé
au butin. Le tribunal commençait se
lasser d'une indulgence que le jeune âge
appelle, mais que la répélition de ces es
piègleries coupables fatigue, parce qu'elles
dénoncent une bien précoce et déplorable
dépravation. Il a élé appliqué de quinze
jours deux mois d'emprisonnement. Quel
ques-unes une sévérité plus grande. Ce
n'est pas au défaut d'instruction, mais
l'insuffisance de l'éducation proprement
dilequ'onsembledevoiratlribuerces écarts,
inquiétants pour l'avenir si la contagion
venait s'étendre. L'ouvrier, admis dans
les maisons, quelle confiance peut-il inspi
rer, s'il n'a de retenue qu'autant que lui
en inspire la crainte de la prison, et non
la majesté du Décalogue? La Régence ne
manquera pas d'examiner ce que peut ré
clamer la situation. Les remarques judi
cieuses et récentes d'un de nos correspon
dants seraient bien dignes de fixer son
attention sur divers points.
Le carillon a joué ce matin l'occasion
de la distribution annuelle des prix aux
Salles d'Asile de M. l'abbé Struye.
-
On écrit de Poperinghe
La remise de la décoration M. Debeir,
nommé récemment chevalier de l'ordre
Léopold, a eu lieu dimanche.
Une députation du conseil communal,
précédéede la musique, ducorpsdesapeurs-
pompiers et de la société de rhétorique,
dont M. Debeir est prince depuis plus de
30 ans, le conduisit l'Hôtel de régence.
Après un discours, énumérant quelques
uns des nombreux services rendus la ville
par M. Debeir, pendant 55 ans de fonctions
administratives dévouées et désintéressées,
M. Le Bourgmestre attacha la décoration
la boutonnière du respectable vieillard
de 85 aus.
Aux nombreux vivats succéda la lecture
d'une pièce de Poésie et d'un discours en
flamand, par deux membres de la société
de Rhétorique.
Au retour du cortège, le Bourgmestre,
les Ecbevius, le conseil et un grand nombre
de fonctionnaires accompagnèrent M. De
beir, ému de la démonstration, de ses
concitoyens, qui tous applaudissent la
récompense accordée cet homme de bien.
Le soir il y eut illumination et sérénade,
enfin le dernier jour de l'an a été un jour
de fêle, même pour les malheureux, aux
quels le généreux chevalier fit faire une
distribution de pains.
EXPOSITION AU PROFIT DES PAUVRES
Pour la facilité des habitants de la ville
et de l'arrondissement d'Ypres, qui vou
draient bien concourir celle œuvre cha
ritable, déjà honorée de la coopération
généreuse de S. M. la Reine, de plusieurs
Ministres,Sénateurs, Représentants, d'un
grand nombre d'Ecclésiastiques, Magistrats
et autres personnages de distinction, l'Edi
teur du Propagateur a l'honneur de porter
la connaissance du public qu'il met son
bureau la disposition du Comité de Clerc-
ken, tant pour le dépôt d'objets destinés
l'Exposition, que pour la prise découpons
la loterie ou tombola. En conséquence on
pourra se procurer des numéros tous les
jours. On recommande l'affranchissement
et l'emballage convenable des envois.
Nous recevons communication des piè
ces suivantes
APPEL AUX BELGES.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
FRIT DE L'AMMINENEIIT) par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° i5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de ohaque semaine. (Insertlsns centimes la ligne).
r—Mf.-rupj.lli ■ï-1
Chers Compatriotes,
L'Allemagne, la France, l'Irlande et d'autres
Dations nous ont devancés dans leurs manifestations
envers le Saint-Père; mais la Belgique va réparer
ce retard, et Dieu aidaut, avec éclat. Déjà diverses
Adresses Pie IX se signent dans plusieurs localités.
Permettez-moi de vous rappeler qu'à une autre
époque vous avez prêté une oreille bienveillante
mes paroles, lorsque je vous engageais signer
les pélitious, devenues célèbres. Vous avez donné
alors plusieurs cent mille signatures et avec un vé
ritable enthousiasme. Aucun historien n'omettra
ce fait si honorable la nation.
Les intérêts, si fortement compromis aujour
d'hui, sont d'une tout autre inporlance, soit qu'on
les considère et eux-mêmes, soit par rapport
l'univers qu'ils embrassent tout entier. L'univers
catholique doit donc leur donner son appui moral,
appui plus puissant que celui des armées.
Voyez ce qu'a produit en Allemagne et hors de
l'Allemagne cette admirable Association catholi-,
que, dite de Pie IX. Surchie comme par enchan
tement, il n'y a pas trois mois, et portée incontinent
plus de cent mille associés, on lui doit déjà, en
grande partie au moins, le concile de Wurtzbourg,
apparition phénoménale qui ouvre une ère nou
velle cette vaste contrée. Cette association qui
s'accroît rapidement, de jour en joura fait da
vantage désormais les caiholiques allemands ne
se laisseront pas opprimer; ils ont appris se comp
ter, s'unir, et exiger qu'on respecte leurs droits.
Il y a plus. Les sectes hostiles et acharnées sentent
qu'elles doivent se résigner la modération; et les
protestants sensés et équitable, Stupéfaits qu'ils
sont de cette admirable unanimité et de celte union,
si énergique et si sage la fois au milieu des divi
sions innombrables qui déchirent ce pays, con
fessent hautement que le seul espoir d'unité et de
vraie naliooalité qui puisse encore rester l'Alle
magne, réside dans le catholicisme.
Certes les adresses Pie IX, que nous allons
signer, n'auront pas une si magnifique portée; tou
tefois, si les signatures sont nombreuses, elles au
ront un effet certain et remarquant; et, encore une
fois, elles feront honneur la Belgique. v
L'éducation catholique apprend de bonne heure
aux jeunes intelligences qu'à Rome réside le Pape,
le vicaire du Christ, le premier personnage de l'hu
manité, objet de leur vénération, de leur confiance
et de leur amour. Nos cœurs catholiques n'ont pas
besoin de compter beaucoup d'années pour sentir
que, lorsque leS'-Père, assiégé dans sa demeure,
demeure de bénédiction et de paix, a été obligé de
fuir devant une troupe de furieux et de novateurs,
il convient de protester contre ce sacrilège funeste,
et de prouver son affliction et son attachement au
fugitif persécuté. Que faut-il de plus pour être
admis poser son nom sur cette houorable liste?
Signons donc tous, jeunes et vieux, hommes et
femmes, habitants des châteaux et des hôtels somp
tueux et habitants des chaumières, prêtres du Sei-
gneur et vous vierges qui vous êtes consacrées lui.
Que la main signe, tandis que le cœur prie.
Il fallait quelque énergie, sous le gouvernement
précédent, pour signer des pétitions qui deman
daient, qui exigeaient le redressement de tant de
griefs auxquels le pouvoir était dispotiquement
attaché. Aujourd'hui il n'y a que bénédictions et
louangesà recueillir du ciel et de la terre, eu signant
des adresses au S'-Siége.
Qu'il surgisse donc des adresses innombrables,
mais que la variété des expressions ne contredise
jamais la conformité des sentiments. Un moyen sûr
et facile atteindra ce résultat que chacune se ren
ferme exactement dans les sentiments manifestés
par notre père commun.
29 décembre «848.
L.-F. comte de Robiano Borsbeek.