JOURNAL D'TFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ro 3204.
TPB.3S, 10 Janvier.
L'illumination en l'honneur du nouvel
évêque, Mgr Malou, était Dimanche aussi
universelle que brillante par toute la ville.
Partout des flots de lumière inondaient
les mes. Néanmoins les rues de Lille, de
Dixmude, des Chiens, des Pères, de Menin,
des Récollets, de S'-Jacques, le Vieux Mar
ché au Bois, la Petite Place se distinguaient
parmi les autres quartiers. Le beffroi com
munal mariait ses accords la sonnerie
triomphante, toute volée, de toutes les
cloches de la cité. Les premières familles
de la ville ont rivalisé de zèle pour rehaus
ser l'éclat de cette mémorable manifestation
la fois catholique et yproise.
Dimanche, dans la soirée une belle fer
me deux chevaux de M. De Patin, procu-
reurdu roi,esldevenue la proiedesflammes
Kemmel. En un clin d'oeil la violence de
l'élément destructeur éclatant par divers
cotés avait, tout en manifestant l'étendue
du sinistre, enlevé tout espoir de le maîtri
ser. Le bétail seul a pu être retiré avec
peine. Le feu roulait sur les toitures, en
veloppait le carré des édifices, changeait
l'intérieur en un horrible brasier, répan
dant au loin un mugissement lugubre. A
plus loin encore une fatale clarté. Du haut
des remparts d'Ypres, par un effet de ré
fraction, on eut dit que le foyer du désastre
était fort près dans la direction de Zille-
beke. Un monceau de cendres fumantes
agité par le vent, attisait peine le lende
main au milieu de quelques faibles débris
calcinés, le malheur qui venait d'arriver.
Une récolte considérable se trouvait dans
les granges. Les bâtiments avaient récem
ment été renouvelés en partie. Un individu
sur qui, dit-on, planent des soupçons de
malveillance, se serait retiré en France.
Il ne faut pourtant pas légèrement accorder
de la consistance aux bruits qui ne man
quent pas d'ordinaire de suivre un si dé
plorable événement. Rien n'était assuré.
La perte est évaluée vingt mille francs.
A Monsieur le Rédacteur du Journal le
Propagateur d'Ypres,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, xo, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume,
PRIX DE L'A BDNNE MENT, par trimestre,
Yprt-8 fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° i5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
On lit dans V Ami de VOrdre de Namur On
connaît aujourd'hui les actes du Consistoire tenu h
Gaëte, le 11 de'cerabre dernier; M. J.-B. Malou a
été préconisé pour le siège épiscopal de Bruges.
Nous croyons faire plaisir h nos lecteurs en leur
donnant quelques détails sur la vie et le caractère
du nouvel évêque.
M. l'abbé J.-B. Malou, frère de l'ancieu ministre
des finances, est né k Ypres d'une famille très-
honorable; il est âgé de 3g ans.
M. Malou montra de bonne heure les éminenles
qualités de l'esprit et du cœur qui oui attiré sur lui
les regards du Souverain-Pontife, et lui ont valu
l'estime dont il jouit. Il fit son cours d'humanités
et de philosophie au collège de S'-Acheuloù il
obtint les plus brillants succès, et mérita la con
fiance et l'estime de ses maîtres par sa belle con
duite, et l'amitié de ses nombreux condisciples, par
la douceur et l'aménité de son caractère.
Revenu dans sa famille en 1828, il trouva l'en
trée des séminaires interdite, par les arrêtés iniques
de Guillaume I", ceux quicomme luiavaient
cherché, hors du pays, un enseignement catholique.
Il profita de ce loisir forcé pour mûrir de plus en
plus sa vocation a l'état ecclésiastique, et pour faire
une première étude du monde, dont la connais
sance est si utile h ceux qui sont appelés a le diriger.
En 1831il se rendit k Rome pour y suivre les
cours de théologie. Sur le conseil de S. E. le car
dinal Odescalchi, il entra k VAcadémie Ecclé
siastique, où il eut pour professeur Mgr. Fornari,
aujourd'hui nonce apostolique k Paris, et d'autres
hommes éminents; mais comme cet établissement
n'est institué que pour former les sujets qui se
destinent k la prélalure, M. Malou qui ne cherchait
point a entrer dans une carrière ouverte cependant
k ses talents, demanda et obtint d'être admis au
Collège Germaniqueinstitution dont le régime
intérieur n'est pas inoins sévère que celui d'un
noviciat d'ordre religieux, et qui est renommé,
surtout en Allemagne, pour la solidité de ses éludes.
Il y resta trois ans.
A la fin de ses cours, il obtint le grade de docteur
en théologie avec la plus grande distinction. H
revint en Belgique en i835. Ses supérieurs de
mandèrent de lui qu'il entrât momentanément au
Séminaire de Bruges; il s'empressa d'obéir avec la
plus grande simplicité. Cette épreuve ne fut pas
longue telle ne servit qu'à le faire apprécier encore
davaulage par les dignes supérieurs de cet éta
blissement et surtout par le vénérable chef de ce
diocèse. En 1837, le corps épiscopal appela M.
Malou k l'Université de Louvain où il fut promu
k la chaire de théologie dogmatique. Il se voua dès
lors tout entier k cet établissement et k ses fonc
tions, et s'y distingua autant par la profondeur que
par la clarté de sou enseignement.
En i84o, Mgr. l'évêque de Bruges-le nomma
chanoine de sa cathédrale. Il publia quelques ou
vrages de piété et d'érudition, entre autres, en
l846, un grand traité sur la lecture de la Bible
en langue vulgaire. Cet ouvrage fut accueilli
avec une faveur méritéereçut deux traductions
allemandes, valut a l'auteur le titre de membre de
Y Académie de la religion catholique k Rome,
et lui assigna une place distinguée parmi les pre
miers écrivains ecclésiastiques de nos jours.
L'année dernière, Mgr. l'évêque de Bruges,
sentant sa fin approcher, sollicita de S. S. que M.
l'abbé Malou lui fût donné comme coadjuteur avec
droit de succession. Le chapitre de l'église cathé
drale et tous les doyens du diocèse joignirent leurs
instances k celles du prélat. Le Saint-Père avait
accédé k ces vœux, et, M. Malou allait être nommé
coadjuteur, lorsque Mgr. Boussen vint k mourir.
Cette circonstance seule retarda de quelques mois
la promotion de M. l'abbé Malou.
Nous félicitons le diocèse de Bruges d'être confié
k celui que feu Mgr. Boussen voulait lui donner
comme une dernière preuve de sou affection pour
son clergé et pour ses ouailles; nous félicitons le
clergé de Bruges d'avoir uni sa voix auprès du
Saint-Père k celle de son premier pasteur, pour
obtenir un choix si heureux et aussi l'Université
catholique de l'honneur que lui fait le Saint-Père
en prenant dans son sein un évêque pour l'un des
premiers sièges vacants depuis son érection.
Monsieur,
Ayant quelques observations k faire, sur un
article inséré dans un journal de cette ville, ayant
pour titre 4* article sur le choléra. J'ose
prendre la liberté de vous prier de vouloir insérer
dans votre plus prochain N°, ces quelques lignes
qui n'ont été suggérées k la lecture de celui-ci.
Il y est dit, qu'une commission a été nommée,
pour décider de l'adoption définitive d'un local,
pour le cas que le choléra vînt k se déclarer dans
nos murs, choix que j'igoorais complètement et
dont je suis on ne peut plus partisan.
Cette commission parait-il n'était pas complète,
au lieu de 3 médecins civils qui en faisaient partie,
un seul a fait acte de présence sur les lieux où il
sagissait de faire le choix d'un local, quoiqu'ils
fussent tous réunis a l'hôtel de ville lieu de réunion:
celte abstention, pour quel motif s'esl-elle faite?
nous l'ignorons; toutefois il semble ressortir de
l'article même que c'est en partie par des suscep
tibilités qui se sont élevées au sein de cette com
mission, et qu'un seul médecin civil a trouvé con
venant de ne pas se retirer, et de s'adjoindre au
médecin de garnison envoyé par l'autorité militaire.
Ne voulant pas nous placer comme arbitre dans
cette question de susceptibilité, nous considérerons
seulement et uniquement le choix du local, et cela
dans l'espoir d'être utile k la cause de l'humanité.
Le choix de la commission s'est porté, parait-il,
sur le local de V An Dix elle avait k choisir entre
celui-ci et la Cominandance, située dans la rue de
la Vierge, et occupée par le dépôt du 5m' régiment
de ligne.
A ce choix nous applaudissons hautement, car
depuis longtemps la vox populi, et les personnes
versées dans les connaissances hygiéniques appro
fondies, semblaient en avoir fait la désignation a
ce choix nous applaudissons hautement, parceque
de tous les locaux de nôtre cité, c'est le seul qui
réunisse les 4 conditions que nous De craignons pas
de nommer indispensables, pour l'établissement
d'une infirmerie de cholériques, savoir:
1° L'éloignement de l'An Dix des centres po
puleux.
2° Sou exposition au soleil hiénfaisant du midi,