7PR3S, 24 Janvier.
On publie des discours des députés dans
le double but d'éclaircir le public sur les
matières qu'ils traitent et de mettre l'élec
teur même d'apprécier le représentant
qu'il a choisi. Le jugement que fera porter
le discours suivant sur son auteur ne lui
sera sans doute pas favorable, mais l'éclat
de désapprobation qu'il cause ne nous per*
met pas <je le passer sous silence. Sans les
personnalités aussi injustes que graves
qu'il renferme, il est plusieurs idées qu'on
y rencontre et auxquelles on accorderait
facilement une pleine adhésion. L'esprit
de dénigrement gâte les meilleures choses,
et M. Boedl regrette probablement d'y
avoirusé par un entraînement momentané.
Il s'en excusait déjà en quelque sorte en
interrompant M. Orts. A ce prix nous nous
garderons bien l'avenir de reprocher
nos représentants leur mutisme habituel.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
]\To 3268. Mercredi, 24 Janvier 1849. 32me année.
tre sous les yeux de la chambre quelques-uns des
passages les plus saillants de se«.différents discours.
J'extrais litte'ralement Première objection.
Il se peut, dit-il (c'est l'honorable rapporteur qui
parle), que sans avoir passé jgttr une épreuve sé
rieuse devant les chambres, un miuistre acquière
des droits h la pension.
Cette première supposition, messieurs, se trouve
réalisé; ceci est arrivé l'bonoiable rapportenr. H
n'a pas passé par une épreuve sérieuse devant les
chambres puisqu'il a donné sa démission de mi
nistre avant d'avoir acquisses droits la pension.
2* objection de l'honorable rapportenr. On
suppose sans cesse, dit il, des ministres qui rendent
an pays d'éminents services; mais ne peut-il pas se
faire que des ministres passent, eu quelque sorte,
h travers les filets de votre amendement, qu'ils ob
tiennent une pension sans avoir obtenu une ad
hésion durable, sérieuse des chambres?
Eh bien, messieurs, qu'en dites-vous? Ne trou
vez-vous pas que cette deuxième supposition s'est
aussi réalisée complètement eu faveur de l'hono
rable rapporteur, puisqu'il a obtenu une pension,
sans cependant avoir obtenu une adhésion durable,
sérieuse devant les chambres, puisqu'il a du.se re
tirer avant d'avoir été pendant deux ans au minis
tère?
L'honorable rapporteur, qui avec beaucoup de
raison, n'admettait pas In proposition des vingt-
quatre pour l'avenir, dit encore
Nous admettons la proposition pour le passé,
•pirrce que nous savons qui edv s'applique, parce
que nous sommes comme vous frappés de certaioes
positions tiès-houorables..... Le passé uons le con
naissons, nous savons quels sont les services émi-
nents rendus par quelques boinmes ces services
peuvent être reconnus par un grand acte de rému
nération nationaleparce que ces hommes out
contribué la fondation de la nationalité belge,
que sans eux peut-être nous ne siégerions pas ici.
Voilà, messieurs, le beau, le noble langage que
tenait alors l'honorable rapporteur. Il voulait ré
compenser des services éminenls rendus au pays,
mais il ne voulait pas accorder des pensions des
ministres futurs, et il avait raison parce que ces
ministres pourraient, au lieu d'uue pension, méri
ter d'être mis en accusatiou pour avoir mal géré les
affaires du pays.
Eh bien, maintenant n'esl-il pas regrettable
qu'après avoir si bien défini, si bien reconnu les
cas auxquels il convient d'accorder une rémuné
ration nationale, l'ex-ministre démissionnaire ait
cru pouvoir accepter une pensiou qu'il savait ne
pas avoir méritée
Plus loin, toujours dans la même séance, l'ho
norable rapporteur s'écrie: El quelle sera doue la
position d'un ministre qui sera eu fonctions depuis
un an et onze mois? Comment dit-il, vous ne vous
effrayez pas des conséquences que peut avoir le
combat entre l'intérêt et le devoirlorsque l'hom
me qui est au banc ministériel n'a plus que quel
ques semaines, quelques jours peut-être pour pro
longer son existence ministérielle, pour acquérir
un âge peu avancé, pour lui et pour.sa famille,
un droit très-important.
Est-il possible, messieurs, de faire un portrait
plus ressemblant? Est-ce que vous tous, messieurs,
vous ne reconnaissez pas là l'honorable rapporteur?
Un homme, dit-il encore, qui sera sur le point
d'acquérir ce droit sera-t-il libre, sera-l-il dans la
position de dignité nécessaire toute personne qui
veut honorablement exercer ces hautes fonctions
La dignité du pouvoir, la dignité politique en
général, où est-elle donc'' Je dis qu'elle est dans le
désintéressement, et qu'elle n'est que là. Si vous
croyez augmenter la dignité des hommes au moyen
des dispositions qu'on vous propose (une pension
de 4,ooo fr.), vous méconnaissez le caractère es
sentiel de la dignité politiqueelle n'est pas là,
elle est dans le désintéressement. Je dis que ce qui
doit porter aux fonctions ministérielles et y main
tenir, c'est le dévouement, ce D'est pas l'espoir
d'une pension quelconque.
Et encore une fois, messieurs, n'est-il pas infi
niment regrettable qu'un homme, qu'un haut fonc
tionnaire, après avoir professé de si beaux, de si
nobles sentiments, les ait oubliés dès qu'il s'est agi
de sa personne, de son intérêt personnel, et qu'il
ait cru devoir préférer la conservation de sa
dignité une récompense pécuniaire?
Ce haut fonctionnaire qui a si bien défini la
dignité du pouvoir, la dignité politique, qni a si
bien prouvé que celte dignité réside dans le désin-i
■téressenient, qui a déclaré, que ce qui doit porter
aux fonctions ministérielles et y maintenir, c'est
le dévouement, que ce n'est pas l'espoir d'une
pension quelconque; eh bien messieurs, ce haut
fonctionnaire, par sa conduite entièrement oppO^
sée son langage, a prouvé maintenant tout le
monde qu'il n'y a plus chez lui ni dignité, ni dé
vouement et encore moins le désintéressement.
Sa dignité, messieurs l'honorable ex-miuisire l'«
vendue.
Je prie la chambre de bien vouloir faire atten
tion, que qnand je dis qu'il n'y a plus chez l'ex^
ministre ni dignité, ni dévouement, ni désinté
ressement, je ne fais que me serv ir de ses propres
expressions. Si quelques membres de la chambre
pouvaient en douter, ils n'ont, pour s'en con
vaincre, qu'à se donner la peine de voir le Mo
niteur, u* 82,de i844.
Messieurs, si je me suis permis île m'exprimer si
énergiquemeut sur la couduite qu'a cru pouvoir
tenir l'ex-ministre pensionné, je piie la chambre,
ainsi que l'ex-ministre lui-même, de croire qu il
n'y a de ma part rien de personnel dans tout ce que
j'ai dit; ce n'est pas la personne, ce n'est pas
l'homme privé, c'est le fonctionnaire public, dont
j'ai cru pouvoir mettre la conduite en évidence
devant cette chambre, que j'attaque; ce n'est pas
non plus pour faire connaître cette conduite au
publitc, il y a longtemps qu'il l'a dédaigneusement
flétrir; non, messieurs, ce n'est pas pour tout cela
que j'ai tenu un pareil langage; c'est uniquement
dans le but de mieux prouver la chambre que
la loi du 21 juillet t844, cette loi immorale, doit
être incessamment abrogée.
Messieurs, eu finissant je répète ici ce que j'ai
dit en commençant, que je ne puis croire qu'il y ait
encore la chambie un seul partisan de celle loi
inique, si généralement reprouvée par l'opinion
publique et que j'espère que nous eu voterons tous
l'abrogation immédiate.
DE TOUTES PARTS La clôture.
M. Orts. M essienrs, si la personne qui a
attaquée était dans cette enceinte, aucun .le vous
ne voudrait lui contester la faculté de prèndie lu
parole pour un fait peisonnel. L'absent qui a
attaqué dans des circonstances où d'ordinaiie ori
n'esi pas attaqué a le droit d'être défendu. Ce
droit peut être invoqué par ceux qui entendent loi
appui 1er le secours d'une amitié depuis longtemps
vouée et dont ils sont fiers encore aujourd'hui.
pll'slbl's mtmflri S ."Très-Lieu.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près ta Graude
Place, el citez les Percepteurs des Po.tes du Royaume.
1*RIX lit: LMRCV.VGneVT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un u° 13.
Le Propagateur paraît te S.XtMKDI et Je HRItCltKDI
4e chaque semaine (Insertion* 13 centimes la ligne.)
Extrait de la Néance du 18 Janvier.
DISCUSSION SUR LES PENSIONS.
M. Bobdt. Comme le dit fort bien le rap
port fait an nom de la section centrale, la loi sur les
pensions ministérielles a donné lien des abus trop
réels. L'opinion publique, tout le monde le recon
naît, s'est prononcée trop énergiquemeut contre
elle pour qu'on puisse encore songer la maintenir.
J'ajouterai qu'après l'abus grave, abus que je nie
permettrai d'appeler scandaleux, qui dernièrement
a été fait de l'application île celte loi, je ne pnis
croire qu'elle puisse encore avoir conservé un seul
partisan dans cette chambre, si ce n'est peut-être
quelques ex-miuistres qui, en vertu de celte loi
immorale, sont parvenus jouir d'une pension.
A l'occasion du projet de loi qui nous occupe,
j'ai revu, messieurs, les discussions assez intéres
santes qui ont eu lieu b la chambre au sujet de la
loi du 21 juillet i844, sur les pensions ministé
rielles.
Il est vraiment curieux de voir les objections, les
suppositions qu'oit pourrait appeler prophétiques
de l'honorable membre qui était alors rapporteur
de la section centrale; elles sout d'autant plus in
téressantes, elles m'ont d'autant plus frappé qu'el
les se sont eu grande partie réalisées, que c'est par
ticulièrement cet honorable membre lui-même
qu'elles sont devenus parfaitement applicables.
L'honorable rapporteur, auteur de ces objec
tions, de ces suppositions, qui cette époque n'était
pas encore ministre, qui l'a été depuis et qui ne
l'est plus aujourd'hui, en portant la parole dans la
séance de la chambre du 21 mars i844, contre le
projet de loi sur les pensions ministérielles, projet
de loi qu'il a combattu de toutes ses forces, ce dont
je le félicite, s'est exprimé avec tant de dignité,
avec tant de prévoyauce que j'ai cru pouvoir rnet-