JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3277
32me année.
7FP.ES, 24 Février.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abouue ïpres, rue de Lille, 10, près la Grande
Placeet chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE ■.'ABMNEMEflfT, par trimestre,
ïpres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° i5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCRERI
de chaque semaine. (Insertions IV centimes la ligne.)
in, i
L'abondance de matièrenous oblige
de remettre un prochain numéroune lettre
de notre correspondant Yprois.
La confiance qne le public a le droit de placer
daps ses magistrats, fait espérer qu'ils ne tarderont
pas porter une attention sevère et réformatrice
sur divers objets dignes de toute leur sollicitude, et
notamment sur la presse et l'enseignement fonc
tionnant sous le patronage de l'autorité communale.
Si nous joignons ces deux choses, nous n'enten
dons pas les confondre. L'administration publique
a sur l'enseignement une action légitime, légale
elle n'a avec le journalisme que des rapports con
tingents et de libre choix.
Ainsi, bien que la Régence d'Ypres ne soit dans
aucune dépendance nécessaire envers une coterie
fatalement hostile toute bonne institution, et h
toute espèce de progrès dans le bienil n'en faut
pas moins avouer que jusqu'ici elle s'en est laissé
en quelque sorte imposer l'organe et le drapeau.
Pendant les sept années d'existence honteuse
que traîne ici le soi-disant Progrès quels services
a-t-il rendus a la religion, aux sciences, la mo-
«Ble, la littérature, au commerce, h l'industrie, h
l'union parmi les citoyens? Quel autre culte a-t-il
attaqué que celui qui est professé par nous tous?
Sur les ministres de quelle religion a-t-il déversé
le blâme, si ce n'est sur les prêtres de la foi catho
lique? n'a-t-il poiut traité le grand Pontife Gré
goire XVI avec le ton de haine et de dérision que
prodiguent a l'heure qu'il est h son successeur les
démagogues rouges de l'Italie révoltée? Le saint
évêque que nous regrettons, et la vertu duquel il
a rendu après son décès l'hommage que la force
de la vérité arrache parfois 'a l'enfer même, ne
Va—t—il pas constamment abreuvé d'outrages, jus
qu'à le traiter de tyranneau, de rodin, et d'autres
expressions empruntées aux mauvais lieux Ronge
et Sue ont reçu ses louanges, et le clergé qui
succombait au typhus au cbevet du pauvre était
apostrophé dans la feuille infâme, poursuivi de
sarcasmes et d'imprécations, comme un tas d'in
trigants et de perturbateurs. Le même entrain
continue jusques dans le numéro du 18 Février
1849.
Or nous disons la face du pays, et nous prions
la Régence d'excuser la franchise de nos plaintes,
nous disons qu'il est douloureux de voir une presse
systématiquement impie et impure, continuer se
pavaner du patronage communal, être favorisée de
-sa protectionet sûre de n'être jamais désavouée
quoi qu'elle fasse et quoi qu'elle ose.
Maintenant que des dissentions intestines écla
tent dans les établissements d'instruction publique
placés sous la surveillance et l'autorité du pouvoir
communalla suite de scaudales dont le nombre
p'atténue sans doute pas la portée, tout homme
érieux doit être doublement désolé de voir encore
Progrès chargé de la défense de ces institutions.
£t comment y procède-t-il par les voies habi
tuelles de brutalité contre le sacerdoce, sans même
prendre la peine d'expliquer ou d'atténuer les re
proches qu'il constate comme ayant cours charge
ie l'éducation payée des deniers communaux.
Ne jouons pas sur les mots, arrière l'hypocrisie,
où veut-on nous conduire, où veut-on conduire
nos enfants? Est-ce l'apostasie ou au respect des
enseignements évangéliques?
Veut-on dans la bourgeoisie une jeunesse sans
principes, livrée la débauche, une génération
athée, se moquant des sacrements et de Dieu, blas
phémant, méprisant ses parents, destinée croupir
dans le vice quand son ambition est deçue, et
livrer le pays l'anarchie pour la rendre triom
phante?
Veut-on dans la classe ouvrière des bandes de
petits vauriens occupant de temps autre le tri
bunal correctionnel d'attentats aux mœurs et de
vols de boutique,en attendant que devenqs grands,
ils épouvantent la société d'une corruption encore
plus terrible?
Otez au peuple la religion, enlevez lui la morale
chrétienne que lui ont léguée nos pères, contentez-
vous de cette morale vague, de ce vernis de civi
lisation que le professeur Destrivaux croit erro-
nément suffire, et vous arriverez aux résultats les
plus affligeants. Or nous le demandons la Ré
gence d'Ypres, est-ce encourager la pratique de la
religion, unique sauve garde véritable de la vertu,
que de tolérer sans desaveu de la part d'uu jour
nal protégé des expressions comme celles-ci
Les guerres de religion allumées par le
souffle sacré des prêtres du Seigneur ont fait
couler des flots de saDg
L'inquisition a fait périr au milieu des tor-
tures les plus effroyables, des supplices les plus
raffinés, des milliers d'innocentes victimes dont
des moines barbares interrogeaient les palpi-
tantes entrailles.
Qui sont ces prêtres qui ont allumé des guerres?
Est-ce une lâche calomnie contre les plus belles
pages de notre histoire nationale, lorsque les Belges
victorieux sont allés venger Jérusalem les profa
nations de l'infidèle? Mais on oublie que c'était
Godefroi qui les commandait, et Godefroi de
Bouillon n'était pas un prêtre. Mais on oublie que
la statue calossale de Godefroi vient d'être placée
Bruxelles; et qu'on s'incline devant lui comme
devant une de nos pures gloires militaires. Le
crime, la justice et la guerre répandent du sang;
mais pas au même titre. La lâcheté est odieuse,
mais elle le devient davantage lorsqu'elle va jus
qu'à calomnier la bravoure. Si des despotes ont
armé les peuples pour les asservir, d'autres hom
mes il est vrai, ont stimulé l'ardeur des nations
pour assurer le triomphe de la foi catholique et
réfréner le crime. Tel fut Bernard, et l'église l'a
déclaré Saint. 11 était prêtre, il était moine, qu'a-
t-il dire, le Progrès?
Nous ne relèverons pas les mensonges histo
riques du Progrès au sujet de l'inquisition. Les
hérétiques que le bras séculier atteignait, et qu'il
représente comme d'innocentes victimes, étaient
d'honnêtes malfaiteurs, qui sous le prétexte de
religion mettaient des provinces entières feu et
sang par leurs excitations et leurs extravagances.
C'est ainsi qu'on accuse les commissions militaires
de Paris de sévir avec trop de rigueur contre les
innocentes victimes de Juin, qui a coté des barri
cades, dausaient la carmagnole autour de cadavres
empalés.
Mais qui sont ces moines interrogeant les en
trailles palpitantes?c'est certainement un anachro
nisme, une réminiscence des aruspices romains qui
examinaient les intestins des oies et des poulets.
Toutes ces tirades contre les prêtres goerriers et
les moines augures ne sont que des boutades de
mauvaise humeur l'adresse du clergé de la ville,
parce que ses réclamations bien connues et inces
santes auprès de la Régence pour mettre un terme
des énormités dont tout père de famille s'indigne,
et qu'aucune bouche ne tait plus, soDt probable
ment sur le point d'être écoutées. L'administration
communale a pu être de trop bonne composition
elle a pu être indulgente l'excès, et être taxée
justemcn' de négligence, elle a pu être exposée
aux murmures des catholiques et avoir trop de
confiance dans l'avenir, mais elle n'est pas assez
sotte pour résistera l'évidence, et elle ne voudrajt
point braver le blâme de la complicité et de la
mauvaise foi. La bonne réputaiion des hommes
d'honneur qui figurent daos l'enseignement ne
permet pas de laisser en blanc des comptes qui ont
besoin d'être éclaircis, pour que personne n'ait
supporter des solidarités injustes ou des soupçons
offensants.
Le Progrès fait mine de passer condamnation
sur certains faits blâmables qu'on impute, dit il,
un professeur de l'école communale. Il avoue
aussi m que des difficultés ont lieu entre les profes
seurs. Les difficultés ses yeux ont pris le carac
tère bien précis de discorde et de désunion. Tou
jours d'après le même journal un professeur a la
réputation d'une conduite peu convenable, et un
autre ne peut s'entendre avec le Vicaire catéchi
sant. Bien entendu que les torts sont du coté du
Vicaire. Le mécontentement du Vicaire porterait,
dit le journal libéralsur ce que l'instruction est
trop étendue, ce qui n'a aucune ombre de bon
sens. Il faut donc des motifs occultes que le Pro
grès est intéressé ne pas divulguer. Les motifs
doivent être graves puisqu'il ajoute avec un em
barras mal dissimulé Des faits blâmables
peuvent avoir été commis par un professeur,
il peut même avoir eu une conduite déréglée,
que l'établissement ne doit pas par ce fait seul
être un repaire de tous les vices et une école
d'immoralité.
Qu'une école fût précisément le repaire de tous
les vices sans exception, ce serait sans doute un
événement qui soulèverait une ville entière, bieu
qu'on puisse dire que comme les vertus, les vices
se tiennent par la main, et que des condamnations
récentes rapprochées des révélations du Progrès
et des bruits qui gagnent du terrain, fassent un
amalgame bien singulier; mais si une école n'était
que le repaire de quelques vices ou ne fût-ce que
d'un seul vice, ne serait ce pas déjà suffisant pour dé
terminer des mesures, qui pour être conservatrices,
doivent être radicales et sévères, d'après le degré
surtout de la hiérarchie enseignante où il s'agirait
de frapper. Le Progrès a toujours considéré le
frère Léotade de Toulouse comme coupable et
comme justement condamné pour un crime qui fait
dresser les cheveux. Nous laissons Dieu la ma
nifestation de la vérité sur cette affaire, mais il
n'échappera personne que le rapprochement que
la feuille libérale en établit avec les faits qu'il ne
désigne pas et autour desquels il brode, compromet
considérablement les intérêts qu'il avait entrepris
de défendre.
C'est, il faut le reconnaître, dans les rappro
chements et les comparaisons que le confrère est
particulièrement malheureux. Tandis que l'émeute
éclate de temps autre dans les collèges laïques de
France, ce qui n'a lieu dans aucun de nos collèges
ecclésiastiques, commencer par l'exemple que
J donne celui de S1-Vincent, et que donnait autre-