BAVIÈRE. Munich, 11 mars. A la suite d'une lettre anonyme contenant, dit- on, la menace d'une attaque nocturne contre le château de Nyraphembourg, de grandes mesures de précaution militaires ont été prises l'avant-der- nière nuit, bien que la garnison du château soit plus que suffisante pour repousser une attaque de ce genre. ESPAGNE. Madrid, le 13 mars. ITALIE. PIEMONT. La Gazette piémontaise publie, la suited'un rapport du Ministre del'inlérieur un projet de décret par lequel le prince Eugène est nommé lieutenant-général du royaume pendant l'absence du Roi de la capitale. TOSCANE. ÉTATS ROMAINS. Les employés de la Bibliothèque pon tificale du Vatican ont reçu l'ordre de faire acte d'adhésion la République, ainsi que les employés du vicariat. Ils ont refusé et protesté. Même ordre a été donné au Col lège théologique de la Sapieuce et au dans nos cercles diplomatiques, que le Roi a déclaré qu'il n'acceptera la dignité d'Empereur que du consentement de tous les princes allemands. L'en voyé russe a protesté au nom de sa cour contre l'incorporation des contingents des petits États voisius dans l'armée prussienne. Certains rumeurs sourdes et vagues circulent depuis quelques jours sur des projets de soulève ments sérieux dans la capitale. On dit que les ac teurs, dans ces scènes de désordre, doivent être des carlistes et des exaltés progressistes. L'autorité est prévenue, et depuis deux jours des mesures insolites de précaution ont été adoptées. Les troupes sont consignées; elles marcheront au premier signal. On a dit, dans quelques cercles, que le mouve ment éclaterait le 19 mars, jour anniversaire de la promulgation de la Constitution de 181 2. D'aucuns pensent que le mouvement n'aurait pas lieu avant le 26 mars, anniversaire de la démonstration anar- chique de l'année dernière. L'autorité ne doute pas de l'issue d'une collision si elle venait éclater malheureusement. Ou espère encore que des pro jets ainsi ébruités, d'avance, ne seront pas mis h exécution. On écrit de Milan que le maréchal et ses lieute nants se préparent a la guerre en prenant contre les Lombards toutes les précautions propres h neutraliser les dispositions hostiles dont ils suppo saient la population animée. Le maréchal a fait abattre Milan des allées d'arbres pour construire des palissades et des barricades aux extrémités des rues. On remue les terres tout autour de la ville pour élever des fortifications passagères. Une acti vité extrême règne dans le corps du génie; ce ne sont partout que fossés, épaulement et redoutes en voie de construction. On écrit de Naples, le 6 mars, au Times Les préparatifs pour la reprise des hostilités en Sicile continuent. Cinq bateaux h vapeur char gent de la cavalerie pour Messine. On dit que le Roi de Naples pressé par son ministère, songerait h dissoudre les Chambres. 6,000 hommes de troupes napolitaines sont déjà concentrés sur la frontière romaine. Il est question de l'envoi de plusieurs autres régiments dans la meme direction. Le général Filangieri sera la tête de ces troupes. Le Pape continue d'être l'hôte du Roi de Naples. Le grand-duc de Toscane préfère habiter l'hôtel de Cicerone. La grande-duchesse, qui est la sœur du Roi, ayant besoin de changer d'air, doit se rendre h Naples. Une crise est imminente dans les affaires du Pape et du grand-duc, et bientôt probablement les Autrichiens seront Pologne et Florence. La position du Roi Charles-Albert est une des plus bizarres que présente l'histoire contemporaine. Au fond, il doit être médiocrement libéral, il doit l'être d'autant moins qu'il a été un peu trop carbonaro dans sa jeunesse, alors qu'il n'était que prince de Carignan. Cette incartade juvénile lui imposa la nécessité d'une amende honorable qui s'accomplit au moyen de l'incorporation de S, A. R., en qualité de simple grenadier, dans les rangs du 6* régiment d'infanterie de la garde royale de Louis XVIII. Le prince fit, en cette qualité, la campagne d'Espagne de 1823, fournit honorable ment ses preuves, et sur les retranchements du Tro- cadero, fut décoré du titre de premier grenadier de France, illustré autrefois par La Tour d'Auvergne. Chai les-Albertur.e fois monté sur le trône, resta, pendant de longues années, sans laisser échapper un acteou même une parole qui rappelât, nous ne dirons pas seulement l'ancien adepte du carbonarisme, mais même le jeune prince aux illusions libérales. La monarchie piémontaise fut, sous son règne, un des Etats les mieux administrés de l'Europe. La prospérité publique était le résul tat de la prospérité des particuliers. Tout cela est bien changé depuis un an. Le Piémont ne s'appartient plus a lui-même; il s'est attaché la poursuite d'une chimère qui l'eutraî- nerait h nne ruine complète, si les besoins et les traditions de l'équilibre européen ne lui garan tissaient en tout cas sa conservation. On écrit de Turin, le i4 mars, a la Pairie Le Roi est parti aujourd'hui pour Alexandrie hier, il avait reçu la visite de lord d'Abercromby, ministre d'Angleterre, qui a cherché arrêter le Roi dans la voie où il s'engageait. Le Roi a adressé la brigade de Savoie, par l'intermédiaire de son général, une lettre dans laquelle, après avoir parlé des témoignages de valeur et de loyauté donnés par ces troupes, le Roi dit que dans la guerre qui va recommencer il veut être toujours au milieu des braves et fidèles enfants des Alpes. Il n'y a plusen Toscane ni lois, ni gouvernement. L'impunité étant assurée a tous les crimes, c'est un Eldorado... pour certaines gens. Le Gouvernement révolutionnaire ne sait comment sortir des difficultés que présente la mo bilisation de la garde nationale. Les habitants ne se présentent pas; on méuace des peines les plus sévères ceux qui ne communiqueraient pas les registres des paroisses propres aider la commission chargée du travail des enrôlements. Le principe de l'intervention réclamée par Pie IX, de la France, de l'Autriche, de l'Espagne et du Roi de Naples, vient d'être admis, de commun ac cord, entre ces quatre puissances. Il s'agit mainte nant de décider dans quelles proportions et par quels moyens chacune desdites puissances aura a s'associer au rétablissement du trône papal. Nous pouvons ajouter que si l'Angleterre, en sa qualité de puissance protestante, ne se croit pas appelée 'a s'associer directement h l'intervention en faveur de Pie IX, elle n'en approuve pas moins le but, se déclarant prête y offrir son concours moral, par l'envoi d'une flotte devant Ancône et Civita-Vecchia. Ces nouvelles paraissent bonnes, parce qu'elles sont positives; mais d'interminables lenteurs d'exécution ont déjb gâté plus d'une fois les meilleures résolutions. Plusieurs couvents et plusieurs maisons reli gieuses sont occupés par des soldats on vend vil prix, b des Anglais, les plus admirables chefs- d'œuvre. Chaque jour les républicains font peser leur main sur les bons citoyens, et particulièrement sur les ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers. Rieti, ville naguère si tranquille, est devenue un foyer de licence. La statue colossale de Pie IX, qui servit tant de fois fêter avec enthousiasme le S'-Père, a été enlevée de l'évèché, où elle se trou vait, et traînée sur la Grand'Place. Lb, en présence de tous les mauvais sujets qu'on put rassembler et d'un petit nombre de curieux, la statue fut dé capitée. On insulta les séminaristes les chapeaux de plusieurs furent mis eu pièces. Nous avions conservé, jusqu'à ces derniers jours, quelques Cardinaux que leur âge aussi bien que leurs vertus, et leurs habitudes étrangères la po litique devaient protéger contre toute violence; les noms des Cardinaux Bianchi et Mezzofanti en diseut plus que mes paroles. Ils ont cependant dû se cacher pour échapper aux perquisitions qui ont été faites b leurs domiciles pour se saisir de leurs per sonnes. Mgr. Canali qui, en sa qualité de vice- gérant, représentait, en l'absence du Saint-Père et du Cardinal-Vicaire, l'autorité ecclésiastique, a été également obligé de se cacher. Chaque jour on apprend que de nouveaux cou vents d'hommes ou de femmes ont été envahis, et que leurs habitants, sans aucun avertissement préa lable, ont dûs'éloigner immédiatement. Les prêtres vieux et infirmes qui occupaient la maison de Saint- Andréont reçu le matin l'ordre d'avoir a déloigner pour le soir; et sans les personnes cha ritables qui les ont recueillis, ils auraient dû cou cher dans la rue. Le même ordre avait été donné aux prêtres de San Girulamo délia Carilà, mais il a été révoqué. Les couvents de femmes de Sainte- Marthe et de Sainte-Dorothée ont dû abandonner une partie des bâtiments qui servaient b l'habi tation des religieuses pour y loger des soldats; les prêtres de la congrégation de Saint-Vincent-de- Paul, quoique leur maison de Rome fût, comme leur institut, de fondation française, se sont vus également enlever une partie de leur couvent. Le 2 mars, le monastère et l'église de Sainte- Croix-en-Jérusalem, ont été envahis par une cin quantaine d'individus autorisés b cet effet par le ministère, et qui ont tout fouillé sous le prétexte absurde d'y chercher des armes; bien entendu qu'ils n'ont rien trouvé. Il serait facile de multi plier ces faits presqu'b l'infini. Quant aux attentats b la liberté individuelle, ils sont journaliers. Nous avons déjà fait connaître les violences dont le docteur Wahle a été victime; en ce moment, les prêtres persécutés a Rome et dont la vie est compromise ne peuvent pas obtenir de passeports pour s'éloigner de la ville. La nouvelle de la chute du ministère Gioberti a été accueillie par les applaudissements de la faction qui, l'année dernière, b pareille époque, baptisait de son nom la rue où il habitait, et lui décernait au Capitole le titre de citoyen rom'ain. Aujourd'hui, elle le fait caricaturer sous le costume de Jésuite, et avec ces mots: Il vero Gesuito moderno. Quel affront Ou mande de Rome, le 4 mars, b la Gazette d'Ausbourg t Rome est pleine de gens sans aveu. Le parti libéral lui-même commence a le sentir douloureu sement. En conséquenceil a adressé b tous les émigrés une proclamation, par laquelle il les invite b s'organiser en légion. <r La défiance grandit de jour en jour, et une multitude de gens aspirent après les Autrichiens, comme après des envoyés du ciel. Les citoyens Guiccioli et Comerata et Go- bussi sont partis pour présenter b la Toscane le message de réunion avec Rome. On a déjb commencé a décrocher les cloches des églises. Les légations étrangères qui ne sont pas encore accréditées près la République romaine ont toutes abaissé les armes et écussons. Le Conslituzionale dit qu'on a arrêté près deTerracine un prêtre français du nom de Destrade. On le représente comme un messager de Gaële; cela doit être ainsi aux yeux des révolutionnaires.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 3