INSTRUCTION SUR LE CHOLERA, 1° Précautions prendre contre le choléra. Le choléra ne petit plus nous apparaître comme un fléau inconnu dont le nom seul inspirait l'effroi. Ce que nous avons vu en 1832, d'accord avec ce qui a été observé dans tous les pays qu'il a visités, nous a appris que ses ravages n'égalaient pas tou jours ceux de plusieurs maladies épidémi- ques plus connues et plus redoutées. L'ex périence que nous avons acquise nous donne la certitude qu'il n'y a aucun danger approcher les cholériques, leur donner tous les soins que leur état réclame. Nous Nous pouvons croire aussi que les travaux d'assainissement qui ont été faits depuis dix-sept ans dans beaucoup de communes de la France, rendront, dans celte nou velle apparition du choléra, la propagation de la maladie moins facile et ses atteintes moins graves. Mais, pour assurer ces mesures d'hygiène publique les résultats que l'on espère, il faut que chaque citoyen les seconde en observant fidèlement les règles d'hygiène privée. Ces règles concer nent l'habitation, les vêtements, les ali ments, les occupations. 1° Le premier soin, le plus important, sans contredit, doit être d'entretenir au tour de soi un air pur. En conséquence on évitera, autant que possible, de coucher en trop grand nombre dans la même pièce et de s'enfermer dans des rideaux. Dès le matin, on renouvellera l'air de la chambre. On s'abstiendra de faire sécher du linge. On en éloignera soigneusement tout ce qui pourrait répandre de mauvaises odeurs ou des émanations humides et malsaines. Les eaux ménagères seront emportées au fur et mesure qu'elles seront produites; les plombs qui les reçoivent, les tuyaux qui les conduisent au dehors seront tous les jours lavés grande eau. Toutes les parties de la maison, les escaliers, les cours, les écuries, les lieux d'aisance, seront entre tenus dans une grande propreté, blanchis la chaux, s'il en est besoin; les ruisseaux balayés et lavés chaque jour, afin que des eaux infectes n'y séjournent pas. 2° Le refroidissement ayant été noté comme une circonstance qui a souvent fa vorisé le développement du choléra, on se couvrira de vêtements chauds et on ne les quittera pas légèrement, au premier chan gement de température. Le ventre et les pieds doivent surtout être protégés contre le froid; et celle fin on a sagement re commandé l'usage des chaussons et d'une ceinture de laine. 3° La sobriété, si favorable en tout temps l'entretien de la santé, devient, en temps de choléra, d'une nécessité rigoureuse. Cenx qui s'en sont fait une heureuse habi tude, et qui ont un régime qui les main tient dans un bon état de santé, n'ont rien y changer; chacun doit s'abstenir des aliments dont il a reconnu, par son expé rience propre, la digestion difficile. Ceux qui, généralement, ne conviennent pas, ce sont les viandes très-grasse, la charcuterie mal préparée, les pâtisseries, lourdes, les crudités, les légumes aqueux pris en trop grande quantité. Le vin, mêlé d'eau, le cidre et la bière, sont, pour les personnes qui en ont l'habitude, des boissons conve nables. Ce qui doit êtrfe redouté surtout, ce sont les excès de vin pur, d'eau-de-vie et de toutes liqueurs fermentées et alcoo liques. On se gardera aussi, plus qu'en tout autre temps, de prendre des boissons froides lorsque le corps, échauffé par le travail ou par la marche, sera en sueur ou en moiteur. Tous les autres excès ne sont pas moins éviter. Chacun doit continuer ses occu pations ordinaires, mais d'une manière ré glée et sans qu'il en résulte une trop grande fatigue. Les veilles, les travaux de nuit, doivent être évités. Si des travaux acci dentels, exigeant une grande dépense de force corporelle, faisaient sentir le besoin d'un supplément d'alimentation, il vaudrait mieux faire en plus un léger repas que de charger la foi son estomac d'une grande quantité de nourriture. 2° Premiers signes du choléraet premiers soins donner ceux qui les présentent. L'expérience a appris que les secours étaient d'autant plus efficaces, qu'ils étaient administrés plus promptement et plus près du moment de l'invasion. Rarement le cho léra se déclare d'une manière soudaine; presque toujours il est annoncé par des signes précurseurs. Les plus constants de ces symptômes avant-coureurs sont des borborygmes, ou grouillements d'entrail les, suivis d'un dévoiement presque tou jours accompagné de coliques, mais quel quefois exempt de toute douleur. Ce dé voiement est un symptôme essentiel sur lequel nous ne saurions trop insister. On peut encore noter comme prélude de la maladie un sentiment subit de lassitude et de brisement dans les membres, de la pe santeur de tête, des étourdissements, de la douleur au creux de l'estomac avec op pression, etc. Ces symptômes ne sont pas inévitable ment suivis du choléra; mais il suffit qu'ils puissent l'être et qu'ils le soient en effet, pour que ceux qui les éprouvent s'empres sent d'y remédier. En cas de dévoiement, on dimiuuera d'abord beaucoup la quantité des aliments: on supprimera même toute nourriture, s'il y a dégoût ou défaut d'appetil; on prendra quelques infusions chaudes de ca momille, de mélisse; quelques demi-tasses d'eau de riz avec addition de gomme ara bique; des quarts de lavements avec de l'eau de riz ou de l'eau blanchie par l'ami don. Ces demi-lavements seront répétés plus ou moins, suivant que le dévoiement sera lui-même plus ou moins fréquent. Un bain de jambes chaud avec addition de sel, de savon ou de farine de moutarde, et enfin la chaleur du lit, qui provoque uti lement les fonctions de la peau, complètent la série des moyens employer contre les premiers symptômes. S'ils persistent, et surtout s'aggravent, le malade sera conduit sans délai dans l'un des hôpitaux les plus voisins, lorsqu'il ne pourra être soigné chez lui. Dans le cas contraire, le médecin sera aussitôt averti, et en l'attendant des soins assidus conti nueront d'être donnés au malade. Les symptômes que l'on peut voir alors se développer plus ou moins rapidement sont les suivants Les douleurs d'entrailles deviennent plus aiguës, plus fréquentes; le dévoiement prend un nouveau caractère; les matières rendues perdent l'odeur des matières fécales, prennent l'aspect de l'eau de riz mêlée de quelques grumeaux blan châtres; des vomissements de même nature se déclarent; la soif augmente; les urines diminuent, et même se suppriment tout fait; le malade ressent dans le creux de l'estomac une barre qui l'oppresse, et y détermine souvent un sentiment d'angoisse insupportable; des crampes douloureuses se font sentir aux membres inférieurs, et quelquefois aux membres supérieurs; en même temps tout le corps se refroidit, commencer par les extrémités; la peau prend une couleur violacée. Si le médecin est trop éloigné et ne vient pas immédiatement, on doit s'appliquer d'abord réchauffer le malade; on le cou chera dans un lit chaud et bien couvert; des bouteilles pleines d'eau chaude, ou des sachets remplis de son ou de sable bien chauffés, seront placés près de lui; on fric tionnera les membres avec une flanelle chaude, sèche ou imbibée d'eau-de-vie simple ou camphrée, en évitant tout re froidissement; on appliquera des-sinapis- ntes sur les membres, sur le ventre, sur la région de l'estomac, en observant de ne pas les laisser plus de vingt minutes la même place. Si on en a la faculté, on met tra avec précaution le malade dans un bain chaud, bain d'une température supporta ble, et dans lequel on aura: délayé un kilo gramme de farine de moutarde. En même temps, on Lui fera prendre toutes lesdemi- heures, et par d«n»i-iasses, des infusions chaudes de mélisse, de menthe, de thé ou de café; et si les boissons étaient vomies, on se contenterait de donner de petits morceaux de glace, plus ou moins souvent, suivant le désir du malade; ou si la glace manque, quelques gorgées d'eau froide. On combattra les crampes l'aide de cataplasmes sinapisés, ou par des frictions sur les mollets avec de la glace pilée qu'on enveloppera d'un linge. Ces soins seront continués sans relâche jusqu'à l'arrivée du médecin. On se gardera d'accueillir sans son conseil quelqu'un de ces prétendus spé cifiques qui sont vantés comme avant pro duit des guérisons nombreuses, et qui, mis l'épreuve, feraient perdre un temps pré cieux. Si quelque remède nouveau, vrai ment efficace, venait être découvert, l'Académie s'empresserait de le signaler en lui donnant la publicité désirable. Les condamnés aux travaux forcés dans l'af faire du général de Hréa vont être envoyés au bague de Rochefort Hier, 9 heures du malin, les dépouilles de Mgr. Fayet, évêque d'Orléans et représentant da peuple, ont été embaumées avec la pompe et le respect dus l'un des prélats de l'Kgfise.de France. Après l'opération, le corps a été déposé dans les caveaux de Sainl-Roch, pour être transporté k Orléans, où auront lieu de grandes cérémonies. FUPLIÉE PAU L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 3