JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3301. Samedi, 19 Mai 1849. 32™ année.
7PP.2S, 19 Mai.
La candidature de M. Joseph Beke, aux
élections provinciales du 28 de ce mois,
rencontre partout l'accueil le plus sympa
thique. Le journal des cartons seul y trouve
sujet redire. Le choix selon lui, laisserait
désirer sous le double motif que le ti
tulaire ne réunirait guère les talents re
quis, au degré que chacun se plait lui
reconnaître, et que le nom de celui qu'on
présente s'attache la catégorie des pro
priétaires.
Nous n'entreprendrons point de mettre
en relief l'aptitude de M. Joseph Beke. Ce
serait lui faire injure que de le défendre
contre les invectives d'une feuille dont le
rédacteur en chef est la personnification
de la sottise et de la stupidité. Seulement
nous ferons remarquer au corps électoral
d'Ypres que s'il n'a point reculé d'envoyer
siéger au palais du gouvernement de la
province, un être dont le cerveau est in
contestablement empreint de mylorisme
aucune raison plausible ne saurait lui faire
écarter, comme manquant de connaissan
ces, un candidat qui a donné de si fré
quentes preuves de la rectitude de son
jugement et de la profondeur de sa science.
Quant au second grief formulé contre
l'élu de la bourgeoisie modérée par le jour
nal de la clique, nous ne comprenons au
cunement comment cette feuille ait osé se
servir de pareilles armes pour entamer la
lutte électorale. Eh! quoi, de ce que M.
Beke soit propriétaire, il faudrait l'écarter
désormais de toute fonction administra
tive, comme inhabile rendre quelque
service au commerce et l'industrie, Mais,
Progrèsdites-nouséliez-vous présent
d'esprit quand vous en fîtes comprendre
d'aussi belles! votre papa Mylord qui a
longtemps semblé prendre le négoce sous
sa protection paternelle et qui a su se pro
curer une chaise pour s'asseoir non loin
du tiroir de la province, coté de ses gra
des et dignités, ne porte-t-il pas le titre de
gros et grand propriétaire! et votre grand-
papa qui a si puissamment encouragé le
commerce des pommes de terre, indépen
damment de ses douze petites parcelles,
n'a-t-il point quelques pouces de terre au
soleil qui le mette au rangdes propriétaires?
Au fond ce ne sont ni les connaissances
supérieures du candidat contre lesquelles
le Progrès s'exprime en doute, ni son titre
de propriétaire qui lui fait opposer son
veto sa nomination prochaine. M. Beke
est indépendant de caractère. Kevêtu des
insignes du vrai et sincère libéralisme, il
a eu la mâle énergie de se séparer d'une
caste oranjo-despotique, et sa prétention
s'étend jusqu'à ne se laisser point coiffer
d'un bonnet de carton façon progressive.
Inde irœ voilà le grand mal. C'est là ce
qui explique cette dépense de fiel et de
rancune de la part de Mylord. C'est là ce
qui fait dire que Cassociation libérale aura
sou candidat, nonobstant le nom mis en
avant par les Caméléons et les Basiles. L'as
sociation peut-elle compter sur la victoire?
le triomphe de son élu est-il présumer?
Tout fait prévoir le contraire partout, on
n'entend qu'une voix contre l'inqualifiable
manière d'agir de la coterie cartonnée, de
toutes parts on n'entend formuler qu'un
seul e' même vœu c'est de voir les électeurs
mettre en déroute les dominateurs égoïstes
qui tiennent la ville d'Ypres sous le pres
soir de leur insatiable cupidité.
La troupe équestre, dirigée par M' Gau
tier, viendra très-prochainement faire une
apparition dans notre ville. On nous assure
que la première représentation aura lieu
le dimanche, 27 courant, dans un des ma
nèges de l'école d'équitation. Ces sortes
d'exercices entraînent toujours un grand
intérêt de curiosité, et la réputation dont
jouissent les écuyers et les chevaux de M'
Gautier, ne manqueront pas d'attirer la
foule un genre de représentations qui
deviennent rares chez nous.
L'exposition au profit des pauvres
Clercken, dont nous avons déjà entretenu
nos lecteurs, devient de plus en plus bril
lante. Elle sera close le 28 août prochain
{>ar une loterie dans les vastes salles de
'établissement industriel de l'endroit. D'ici
là une visite sera encore faite domicile
pour étendre les bienfaits d'une aussi utile
entreprise, laquelle la ville d'Ypres est
entr'aulres particulièrement redevable
car depuis que les ateliers de Clercken
existent pour la fabrication de la toile, on
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, el chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT »E LURiVIÏNGIT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fi 3 5o. Un n° 2^.
Le Propagateur paraît le SAMEDI el le MERCREDI
de chaque semaine (insertions 19 centimes la ligne.)
La mort de la femme Debouk poissonnière et
les circonslances qui l'ont accompagnée, ont donné
lieu une grande rumeur dans le public, et tout
particulièrement encore dans la classe du bas
peuple.
D'après ce qu'on dit cette pauvre mère de
famille se trouvant indisposée vers 1 1 ja heures de
la nuit, aurait fait chercher une accoucheuse qui
aurait déclaré que la maladie qu'elle avait n'était
pas de sa compétenceet qu'on devait chercher au
plus vite le médecin des pauvres de la section
L'on se rendit donc h sa demeure, et celui-ci au
lieu de se rendre auprès de la malade aurait tout
hoDnement répondu qu'il ne se dérangeait pas
peudant la nuit; qu'on n'avait qu'à donner de la
tisane de fleurs de camomille, et que le lendemain
de très bonne heure il aurait été chez la femme
Debouck.
Ayant attendu niais vainement jusqu'à huit
heures du matin sans voir arriver le médecin des
pauvres, il fut de nouveau envoyé chez lui. Sur
cette nouvelle injonction il se serait la fin rendu
près de la malade, mais alors hélas sou ministère
devenait inutile; et pour agir avec prudence il
D'eut que le temps nécessaire de faire chercher
un prêtre afin de lui faire donner les St* Sacrements.
Voilà doue d'après le dire comment une mère
de famille laissant un veuf avec 6 enfants en bas
âge, serait morte sans avoir reçu aucun secours.
Si telle était vraiment la conduite du médecin
des pauvres l'égard de la femme Debouk ce que
nous avons tout lieu de croire être ainsid'après
les renseignements que nousavous reçus d'une ma
nière exacte pensons nous, nous ne saurions trop
le blâmer pour pareille inhumanité qu'il aille ou
qu'il n'aille point chez des personnes fortunées qui
n'ont pas du bureau de bienfaisance, il n'y aura
pas de péril pour eux car grâce Dieu il y a assez
de médecins en ville et même des médecins connus
par leur philantropie; mais qu'il vienne refuser
ses soins aux indigents malades que l'administration
du bureau de bienfaisance confie ses soins exclu
sifs, administration qui pour pareille fonction lui
donne les biens du pauvre, c'est là ce que nous
ne lui pardonnons pas ni ne pouvons pas lui par
donner car il ne doit pas ignorer qu'il est tenu sur
l'honneur de remplir leur égard son ministère
sacré, de même qu'un soldat est tenu de se rendre
son poste devant l'ennemi, de même qu'un prêtre
est tenu de se rendre au lit d'uu moribond.
Il arrive souvent que des personnes se plaignent
d'avoir si peu de sympathie dans le public, mais
on doit convenir qu'ils n'ont qu'à dire mea
culpa qu'ils n'ignorent donc point que le peupla
n'oublie pas facilement les insultes qu'on lui fait
ainsi qu'aux siensou le dédain et le mépris qu'on
leur porte; tuais aussi qu'il se souvient vite de la
moindre marque d'intérêt ou d'amitié qu'on leur
témoigne, ce qui le rend éternellement recon
naissant.
Comme les administrateurs des biens do pauvre
sont responsables devant Dieuet devant les hom
mes de la vie des malheureux confiés leurs soins
et leur autorité paternelle; nous attendons de ces
MM. qu'ils einployerout des mesures pour que de
tels actes de lèse humanité ne se reDouvelleut plus,
pour que leurs médecins soient des hommes doués
de plus de zèle, d'activité, et de dévouement
Article communiqué.)
La femme de Ferdinand Dehollander, connue
en ville sous le nom de Bertaqui depuis quelques
jours a été faire des scandales dans les églises de
St-Jacques, et de St-Pierre, a été reconnue atteinte
de folie; elle a été menée mardi la bourse pour
être de là transportée, dit-on, la maison des foux.
Voilà la fin souvent d'une vie orageuse.
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