M. Widenmann monte la tribune et présente
la proposition urgente que voici:
PRUSSE.
AUTRICHE. Vienne, 14 mai.
HONGRIE.
SARDAIGNE.
ETATS ROMAINS.
M. le puésident fait ensuite la communication
suivante
Le Vicaire de l'empire m'a mandé h 3 heures
auprès de lui et m'a annoncé l'arrivée du commis
saire prussien. Ses instructions ont pour but:
i° De rappeler les députés prussiens; 2° de
s'instruire de l'état des choses Francfort. (Rires
qu'on ne peut calmer.)
Au sujet de ce rappel, 55 députés prussiens,
appartenant tous au centre, ont remis une décla
ration protestant contre ce rappel et le déclarant
illégal.
Considérant qu'aucun gouvernement n'a le
droit de rendre nulles, par le rappel des députés
l'Assemblée nationale, les élections cette As
semblée, et de dissoudre ainsi l'Assemblée natio
nale,
Elle déclare non obligatoire pour les députés
prussiens l'ordonnance royale en date de Charlot-
tenbourg, le i3 mai, par laquelle le mandat des
députés l'Assemblée nationale est déclaré expiré,
etc.
L'urgence de la proposition est unanimement
reconnue. (Cris de joie bruyants de la galerie et de
l'Assemblée.)
La proposition est adoptée par appel nominal,
par 287 voix sur 289 votants. Deux députés
prussiens sont les seuls qui votent contre.
Huit députés prussiens se sont abstenus; d'autres
se sont absentés au moment du vole et ne sont
rentrés qu'après, entre autres MM. Graevell, Det-
mold et Billig.
M. Gross fait une proposition tendante 'a faire
déclarer également nul et non obligatoire le rappel
des députés autrichiens par leur gouvernement,
qui a lieu au mois d'avril.
Après le rejet d'un ordre du jour motivé, la
proposition de M. Gross est adoptée a une grande
majorité.
Séance du 11 mal.
M. le président donne lecture du message
suivant du Vicaire de l'Empire:
Je vous informe qne j'ai nommé, en rempla
cement des ministres démissionnaires M. le lieute
nant-général Jochmus, ministre des affaires étran
gères et de la marine M. l'avocat Delmold,
ministre de la justice M. le député Ernest Merk,
ministre des finances.
Le Ministre de la guerre, mandé par moi,
n'est pas encore arrivé. En attendant, les deux
directeurs administreront le département de la
guerre. (Suivant les nouvelles de Francfort, ce
portefeuille a été accepté par le prince de Witt-
gensteiu.)
Le portefeuille du commerce demeure inoc
cupé pour le moment.
J'ajoute ce message une copie du programme
du nouveau ministère accepté par moi.
La fondation de l'œuvre de la Constitution
est, par la loi du 28 juin i848, exclue des
attributions du pouvoir central. Ce motif suffirait
pour faire considérer au pouvoir central comme
en dehors de sa compétence et de ses devoirs
tout effort tendant mettre la Constitutions en
vigueur. Conséqueinmerit, si, d'un côté, il est
prêt a tâcher d'obtenir des gouvernements la
reconnaissance de la constitution, il considère
comme exigé par le bien-être de l'Allemagne,
confié ses soins, de s'opposer par tous les
moyens eu son pouvoir aux tentatives violentes
et illégales qui prennent pour prétexte la Con-
stitution de l'Empire, dès que les gouvernements
imploreront l'appui du pouvoir central.
De même que le pouvoir central, conforraé-
ment la compétence qui lui assigne la loi du
28 juin, s'est toujours tenu et continuera de se
tenir éloigné de l'œuvre de la Constitution,
confiée a l'Assemblée nationale, de même il
considère comme un devoir de protester contre
toute immixtion dans les pouvoirs gouverne-
mentaux qu'il possède exclusivement, et de
repousser tout empiétement.
M. Welcker présente une proposition urgen
te, ainsi conçue
L'Assemblée nationale déclare qu'elle ne peut
avoir la moindre confiance en le nouveau minis
tère, et que, dans les circonstances actuelles, elle
considère sa nomination comme une offense la
Représentation nationale; elle décide donc d'en
voyer au Vicaire de l'empire une députation
chargée de lui présenter la demande de l'Assem
blée pour qu'il nomme promptement un ministère
ayant la volonté et les moyens de mettre la
Constitution de l'empire en vigueur et a exécution,
et de recevoir la déclaration de S. A. I. a cet
égard.
Au départ du courrier, on procédait l'appel
nominal sur la première partie de la motion
Welcker. L'adoption était regardée comme cer
taine.
On dit généralement que l'église Sl-Paul sera
fermée demain par la force. Le ministère Graevell
veut rester, l'exemple de ce qui se passe Berlin.
On ne doute pas de l'assentiment de l'Autriche
h une union par laquelle le Roi de Prusse soit mis
la tète de l'Etat fédéré. Si nous comparons ce
projet avec ceux du parti démocratique, nous
trouvons que ces derniers ont pour but une Répu
blique magyare.
(Correspondance parlementaire.)
On nous écrit de Vienne que les archevêques et
évêques de l'empire autrichienau nombre de
cinquante, y sont actuellement réunis en concile.
11 a été ouvert le 5 mai. L'archevêque de Vienne a
célébré a cette occasion une messe solennelle, et a
lui-même distribué la sainte communion a tous les
prélats assistants.
Uu fait qui est d'un excellent augure et que
nous nous plaisons a constater, c'est que le Nonce
apostolique Vienne, Mgr. Viale Prela, se montre
très-satisfait de la tournure qu'ont prise dès le
début les discussion au sein du Concile.
L'Empereur est de retour ici depuis avant-
hier. On dit qu'il n'a pas été très-édifié de la tenue
des troupes. On ajoute qu'il a pleuré en voyant
l'équipement misérable de quelques régiment du
camp de Presbourg.
Les troupes russes, au dire de tous ceux qui les
ont vues sur le chemin de fer, paraissent affaiblies
et font piteuse miue. Peu d'officiers savent l'alle
mand; ils n'ont pas de bien bons chevaux, et,
somme toute, il n'y a de vraiment remarquable
que les attelages des cauons. La cavalerie est gé
néralement armée de lances.
Le 18 maila cour de cassassion discutera sur
le pourvoi du général Ratnoriuo, condamné
mort.
Le Roi de Naples, avant de partir pour
Terracine, a été s'agenouiller aux pieds du Saint-
Père pour lui demander sa bénédiction.
Il n'y a encore rien qui fasse présager le
départ du Saint-Père de Gaëte mais il est croire
qu'il ne restera plus longtemps dans ce triste séjour.
Les habitants de ce pays regretteront plus que
jamais son éloignementcar sa demeure au milieu
d'eux est pour eux comme une Californie. Les
habitations, qui sont toutes très-mauvaises, se
louent a un prix qu'on ne ferait point payer pour
un appartement Paris ou Londres. Le prix des
vivres marche de pair avec celui de la location des
chambres et encore ne peut-on pas, avec de
l'argent, trouver ce que l'on veut.
Au milieu de ses pesantes afflictionsle Saint-
Père, dans son humble soumission h la volonté de
Dieu, conserve toujours cette douceur et cette
bonté paternelle quidès le commencement de son
pontificat, lui avaient attiré tous les cœurs. Il
reçoit un grand nombre de personnes et a toujours
une parole de religieuse consolation pour ceux que
la fureur des démagogues a contraints de fuir de
Rome.
Des prières publiques ont été ordonnées par le
Saint-Père pour appeler la miséricorde du Seigneur
sur la malheureuse Rome. Elles ont eu lieu pendant
trois jours dans la cathédrale de Gaête. La Reine
et toute la famille royale y assistaient. Le Souve
rain-Pontife s'y rendit hier vers le soir, il était
accompagné du cardinal Antonelli, secrétaire
d'Etat. Sa voiture était précédée et suivie d'un
détachement de cavalerie, puis venaient ensuite la
voiture de la Reine et celles des princes et prin
cesses de la famille royale de Naples. S. S. fut
reçue la porte de la cathédrale par l'archevêque
de Gaëte, qui lui présenta l'eau bénite. Venaient
ensuite LL. EE. les cardinaux Macchidoyen du
Sacré-CollégeSimonetti et Barberini, puis le
chapitre et le séminaire. On chanta les litanies des
saints, et la bénédiction du saint sacrement fut
ensuite solennellement donnée par Son Eminence
le cardinal Patrizzi.
Le Pape n'a jamais laissé de témoigner su
reconnaissance pour tous les services rendus ceux
de sa cour et aux ecclésiastiques persécutés avec
tant de fureur par les démagogues de Rome.
Le prince Alexandre Torlonia a quitté Rome
il y a déjà plusieurs jours. Le triumvirat de Rome
trouvé opportun de s'approprier les magasins de
sel qui appartiennent au prince et dont il était le
fermier encore pour plusieursannées. Celte énorme
injustice marche de front avec toutes les autres
actions du triunvirat.
Y? Omnibus journal de Naples, affirme qu'un
bon accord règne entre les quatres puissances
catholiques pour rétablir le Pape. Des prières
publiques ont été ordonnées dans tout le royaume
de Naples pour l'henreuse issue de l'expédition
entreprise en faveur de Pie IX, par le Roi Fer
dinand.
Les excès qui se commettent Rome font
horreur. La persécution contre les prêtres et les
religieux est son comble. Plusieurs ont été obli
gés, pour sauver leur vie, de se déguiser en laïques.
On a fusillé un religieux dominicain âgé de soixante
ans, parce que, accompagné d'un homme de sou
pays, il portait quelque part un petit sac où se
trouvait quelque argent. Cinq individus rencontrés
hors des portes avaient fait feu, dit-on, sur une
patrouille de cinq gardes civiques. Ceux-ci ripos
tèrent, en tuèrent deux et firent prisonnier les
trois autres. On dit qu'on les reconnut pour des
Jésuites déguisés et qu'on leur trouva de l'argent.
Ces malheureux étaient conduits par des soldats au
château Saint-Ange, lorsque sur la place du Pont
des furieux se jetèrent sur eux, les tuèrent coups
de bâloD, les coupèrent en quatre et, après un dis
cours d'un soldat de Garibaldi sur ces membres
sanglants, les jetèrent dans le Tibre. Afin de rem
placer les soldats de Garibaldi tués par les Français,
on a tiré des prisons, habillé en légionnaires et
incorporé au corps de Garibaldi trais cents mal
faiteurs.
Quant aux finances, nous avons: l'emprunt vo
lontaire, l'emprunt forcé, les bons du trésor en
quantité extraordinaire, et puis encore d'autres
bons. Taut de cloches fondues pour faire des
canons n'ont produit, jusqu'à présent, qu'un seul
canoo. Tous les palais du Pape son complètement
dépouillés de leurs richesse. On a forcé tous les
habitants livrer leur argenterie; tons les chevaux
ont été pris. On a pillé tous les couvents. On a
enlevé tous les dépôts, en payant toujours avec des
billets. Après quoi, la municipalité intimidée, a,
par édit, invité par les Romains donner de l'ar
gent, dont le besoin fait sentir. On ne voit plus
de monnaie d'argent; il n'y a plus que du papier
ou de la monnaie altérée dans la valeur réelle
n'égale pas le tiers de la valeur nominale.
Nous extrayons les passages suivantes de la
correspondance du Timessous la date de Palo, le
9 mai
Le général Oudinot est sérieusement indisposé.
Depuis le 3o avril, soit excès de fatigue, soit effet
de l'influence insalubre qui, au commencement des
chaleurs, se fait sentir dans le voisinage de Rome,
il a la fièvre. 11 a été saigné trois fois. 11 paraît
qu'il compte sans relard s'avance jusqu'à Castel-
Guido. Son intention est de se rapprocher peu
peu de la ville et de l'investir, afin de négocier on