JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. flo 3305. 32me année. Y?B.aS, 2 JUIN. La Coterie se sent faiblir, et voilà pour» quoi elle se targue d'avoir proposé un can didat commerçant. Or, Mr Pierre Beke n'est pas plus commerçant que ne l'a été M'Jo seph Belce. Le dernier a participé aux opé rations commerciales de sou père, comme le premier participe celles de sa mère. Le ûn mot est celui-ci. On désirait en voyer au Conseil Provincial M'Henri Iweins, échevin, qui n'a point voulu s'exposer; d'une part, cause qu'un zèle inconsidéré a déjà compromis sa popularité en herbe, et d'autre part, cause que la clairvoyance des négociants fait douter de ses forces le parti libéràtre. Pour lever la difficulté, le rusé Grand Père, qui lient le fil de toutes ces intrigues, a décidé que l'on mettrait en avant une créature vaniteuse et servile, ayant l'appa rence, au moins, d'appartenir au genre commerçant. Ce qui fut dit, fut fait. Le Comité n'au rait pas voulu, et l'Assemblée n'aurait pas osé contrarier les profondes combinaisons du Grand Electeur d'Ypres. Si Y Union libérale eut été sincère et fran che dans ses allures, elle aurait désigné un candidat, essentiellement adonné au commerce, un véritable négociaht. Nous convenons que cela était difficile, vu la restriction apportée son choix la So ciété ne renferme, en effet, dans le genre industriel, que M'Nollet et M'Beke (Pierre): Et comme VUnion est foncièrement égoïste et exclusiveelle ne pouvait point se per mettre, sous peine d'inconséquence, de quêter un candidat hors des limites de son domaine. Puis M' Nollet est novice, et M* Pierre Beke a donné des preuves de fidé lité la coterie clérophobe. Constatons encore une fois la rouerie de nos adversaires. Orangistes fieffés avant la révolution, ils se sont travestis en libéraux enragés depuis 1836; aujourd'hui que le vent tourne au commerce et l'industrie, ils se déguisent en négociants; et cela con stamment dans le même but, celui d'ac caparer toutes les places. En vérité, nous croyons que ces gens-là se masqueraient en Catholiques, si l'intérêt de leur ambition ou de leur Cupidité venait l'exiger. Bien que l'opinion modérée eût déclaré avec franchise de ne prendre aucune part l'élection provinciale, la coterie des car tons s'est mise en branle pour assu rer son candidat bon nombre de suffrages; suivant en cela ses vieilles habitudes, le boule dogue répondant au nom de Mylord, a accompli fidèlement sa mission électorale, parcourant les communes rurales et flai rant dé ses pattes et queue quiconque il connaissait réunir les conditions requises pour être électeur. Les soins ne se sont pas bornés la veille; le jour même des élections le lévrier de carton était poste la porte de Dixmude, pour remettre au nom de son pàtron, des bulletins aux élec teurs tandis que le boule faisait sa tournée en ville. 11 est inutile de parler des! efforts tentés en la salle électorale même, par les professeurs 0du collège communal, et Vde la Looye, que le Président de l'assemblée aurait pu mettre la porte, aux termes de l'article 22 de la loi électo rale, attendu que les électeurs seuls as sistent l'élection et que le plus titré de ces messieurs n'est encore que professeur ordinaire et extraordinaire au collège com munal, Archiviste, Bibliothécaire de la ville, Adjudant-major de-lé garde civique, etc. etc., mais ne jouit nullement de la qualité d'électeur. En dépit de toutes ces manœuvres sur lesquelles il est bon d'ap peler l'attention publique, on sait quel nombre de votes a obtenu M. Pierre Beke. N'est-il donc pas raisonnable de dire que le carton et tout ce qui en sort n'est plus du gout de la bourgeoisie? Le service funèbre qui aura lieu le mardi 5 Juin, en l'église de S1 Jacques, pour le repos de l'âme de M. ie Sénateur Malou, attirera dans notre ville divers person nages distingués auxquels l'antique cité Yproise dort être fièred'avoirdonné le jour. Indépendamment de l'bonorable frère du défunt que ia ville a vu partir avec tant de regret, et qu'elle s'estime heureuse d'y voir revenir pendant la belle saison, le nouvel Évêque de Bruges, empêché par la solennité de Pentecôte, de se rendre aux funérailles d'un Oncle chéri qui l'inex orable mort semble n'avoir voulu cacher ses apprêts que pour lui laisser une large part au triomphe éclatant de l'élévation de son digne neveu i'Episcopat, viendra en noblir la triste cérémonie par son auguste présence. Bien que Mgr Malou, ne fasse point dans nos murs son entrée officielle, et que l'arrivée de cet illustre prélat se lie un événement dont toute la ville partage la douleur, il n'est pourtant personne qui, l'idée de la présence de son glorieux compatriote, ne sentira sa poitrine très» 1 saillir d'allégresse et de sympathie, pour celui dont le nom bien aimé se trouve déjà gravé dans tous les cœurs témoins de son affabilité, de sa doueeqr, et de sa bonté paternelle; et qui n'éprouve un juste regret de voir notre excellent Evêque marquer de ses larmes, le chemin qu'à une époque plus joyeuse chacun voudra s'empresser de pavoiser de fleurs. L'ancien Ministre des finances, M. Jules Malou, frère de Mr t'Évêque se trouvera également en ville. Ce grand homme d'état en arrivant parmi nous ne saurait manquer de rappeler la conduite ingrate et traî tresse qu'une partie de nos concitoyens ont tenue son égard. Nous-mêmes, nous Hé pouvons soutenir la vue de ce profond po litique sans rougir jusque dans lë blanc des yeux, de ce que l'ambition et les pro cédés injustes d'une coterie infâme soient parvenus écarter de la scène parlemen taire, un homme dont les adversaires mê mes reconnaissent èt admirent le savoir et le mérite; et nous én rougissons d'autant plus, que les prétendus grands sujets qui le remplacent ne sont par rapport au dé puté dont ilaoccupent le, siège, que ce que paraît un nain coté d'un géant. Ceci est vrai; tellement qu'un grand nombre de personnes, qu'une coupable bonhomie laissa embriconner par les ma nœuvres de la méprisable clique carton née, ne demandent pas mieux que de voir un jour, par la voie du suffrage, réhabiliter ia mémoire d'un homme que la calomnie et le mensonge ont seuls fait succomber. Le changement de cette manière de ju ger est facile comprendre; l'expérience, cette voix qui tôt ou tard trouve de l'écho daus l'âme des obstinés, est parvenue faire saisir ses utiles leçons. A présent, au plus subtil, comme au moins clairvoyant, il a été démontré que ces envahisseurs de places sous prétexte de déssintéressement et d'économie, ne sont que des francs am bitieux et des administrateurs économes, en tant que l'économie consistât jamais remplir ses coffres et bourses de l'or des contribuables. Delà cette désillusion qui fait réjaillir sur tous les cartousdu libéralisme d'Ypres, le mépris et la haine qui fut forgée contre l'bonorable famille Malou. Delà, celte in dignation qui éclate de toute part contre ces oligarques - despotiques indignation qui ne se revèle pas seulement Ypres, mais qui se manifeste Bruxelles, Gand, Anvers et dans bien d'autres localités qui connaissent le déplorable état de choses en notre ville. A l'appui de cette assertion nous citons les paroles'quelque peu pi- VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Y près, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIE DE LMRtliEVENT, par trimestre, Ypr«s fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° aî. Le Propagateur parait le HANEOI et le MERCREDI de chaque semaine (Insertions 19 centimes la ligne.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 1