s'en émouvoir! on laissa faire.... la Répu
blique fut proclamée; les honnêtes gens
abusés, rentrèrent dans leur repos, et
maintenant leur incurable apathie les re
tient vacillant aux bords de l'abîme; màl-
ré les émeutes sanglantes de Mai et de
uin; en face des deux monstres démas
qués du socialisme et du terrorisme. Se
rait-il permis d'espérer dès lors, que la
tourmente nouvelle qui est venue fondre
sur la France, sera pour elle une salutaire
leçon
Belges Électeurs détournez de votre
patrie un aussi triste avenir que vos
suffrages soient une protestation éclatante
contre les doctrines subversives qui ten
dent s'infiltrer dans notre Belgique. Ah!
ne vous dites pas: qu'avons nous craindre
de tel ou de tel homme? Est-ce là un
révolutionnaire? Est-ce là un socialiste?
Plutôt voyez quelle fut la marche con
stante du parti.
D'abord quelques dehors de modération
jusqu'à ce que les esprits habitués peu
peu son régime, soient préparés ses plus
graves excès. Puis il rejette loin de lui
les instruments inutiles qui ne servirent
qu'à couvrir de leur nom et de leurs
complaisances ses premières tentatives.
Électeurs! défiez-vous d'une faction sans
principes arrêtés, dont tous les actes dé
notent une imprévoyance et un égoîsme
sans bornes, un désir d'innovation qui
conduirait le pays où tant d'autres courent
risque, de nos jours, de se perdre.
Électeurs, soyez dignes de la mission
qui vous est dévolue écartez un candidat
dont le patronage d'une coterie dédai
gneuse est l'unique garant; et que les
comices prochaines proclament victorieux
le nom respectable de MALOU-VANDEN-
PEEREBOUM
MM. MALOU ET DELANGHE.
Un particulier est allé Poperinghe et
a Rousbrugge louer toutes les voilures de
ces deux endroits dans l'intérêt de la can
didature de son oncle, M. Delanghe. 11 a
supposé que ce sont les chevaux qui votent,
et non pas les électeurs. Dans le Brabant,
quelqu'un avait amené de cette manière
soixante personnes, et il se trouva tout
ébahi de n'avoir obtenu que 17 voix. C'est
qu'effectivement le vote n'est pas vendable:
on ue peut valablement s'engager sacri
fier pour un dîner le salut du pays. La loi
punit toute entrave la liberté du vote,
et quiconque dit: je ne suis pas assez
indépendant pour exercer celle liberté,
ma conviction est pour Malou, mais ma
parole est pour Delanghe, celui là est un
mauvais citoyen, un traître de la patrie. On
comprend assez celte vérité: il s'agit d'a
voir le courage de s'y conformer ou la
lâcheté de s'y soustraire.
Comme aucun mensonge ne coûtera au
Progrès pour laver son oncle de la tête aux
)ieds blanc comme neige, nous ne jugeons
)as inutiled'extraire textuellement du rap-
tort officiel de la Régence d'Ypres, du 4
Jécembre 1840, page 264, tome 2 du
ilecueil des Actes, présenté -pendant que
M. Delanghe représentait l'arrondissement
d'Ypres la Chambre, le passage suivant
Puissamment secondés par la Cham
bre de commerce de celte ville, nous
avons fait auprès du gouvernement les
démarches les plus pressantes pour obte
nir par des communications plus, faciles
les moyens d'ouvrir des relations nouvelles
avec les autres parties du royaume, et
notamment avec le Hainaut, pays de pro
duction de la chaux, de la houille ét des
autres matières dont nous avons besoin
pour le développement de notre industrie,
et dont aujourd'hui nous ne pouvons nous
approvisionner qu'au moyen de détours
longs et coûteux. Messieurs, c'est dans la
stupeur que nous avons écouté la réponse
qu'on nous a faite: Vos doléances nous
étonnent, nous ont répondu les minis-
très, nous ignorons la crise qui s'est mani-
feslé chez vous, de tous les députés que
vous avez envoyés la représentation
nationale, aucun n'a jamais élevé la voix
pour dénoncer, des souffrances en cette
partie de la Flandre. Nous supprimons
ici les réflexions que font naître ces paroles
accablantes, laissant chacun de vous d'en
apprécier la portée. Et nous notre tour,
devant ce rapport signé Vanderstichele et
Donny, nous demandons s'il convient de
choisir de nouveau l'homme oublié sur
qui retombait en plein le poids de ces
paroles accablantes.
Quand M. Delanghe était député, qui
conque se présentait chez lui pour implorer
son appui, le consulter, demander un
service, faire valoir un intérêt, était pres
que sûr d'être éconduit. Monsieur ne re
çoit pas. Monsieur est son dîner. Mon
sieur est absent... pour les solliciteurs.
Je ne veux pas m'occuper de tout cela. Je
suis mon poste et voilà tout.
Les Électeurs doivent connaître M. Delanghe
ou ils voteront en aveugles, en ville sous le coup
du club de M. Carton père, la campagne, sous le
coup des menaces de M. Carton fils.
M. Delanghe a des antécédents qui percent le
nuage d'oubli dont il est environné, des antécé
dents sur lesquels la voix des Cartons de la ville
et de la campagne ne saurait faire prendre le
change.
M. Delanghe a-t-il protesté contre l'érection
du collège philosophique sous Guillaume, contre
l'expulsion des prêtres de tous leurs établissements?
Il gardait sur ces attentats de la tyrannie un silence
que nous ne qualifierons pas.
Il y a bien plus, et nous allons démontrer, les
documents authentiques a la main, qu'à la séance
du Congrès du 22 Décembre i83o, M. Delanghe
a fait tout ce qu'il a pu pour restreindre la liberté
complète des cultes.
Il avait paru évideut la commission que la
liberté des cultes ne serait point garantie comme
elle devait l'être, si l'on n'adoptait la disposition
aiusi conçue, qui forme l'article 16 de la Consti
tution
L'État n'a le droit d'intervenir ni dans la
nomination ni dans l'installation des ministres
d'un culte quelconque, ni de défendre ceux-ci
de correspondre avec leurs supérieurs, et de
publier leurs actes, sauf dans ce dernier cas, la
responsabilité ordinaire en matière de presse et
de publication.
M. Defacqz, chef de la loge maçonnique de
Bruxelles, s'opposa vivement l'adoption de cet
article.
M. Pirson, libéral, mais sans haine antireligieuse,
lui donna tort avec son accent incisif et pittoresque:
N'allez pas croire, Messieurs, dit-il, que je suis
partisan de l'inquision d'Espagne; je ne crains
pas du tout celle-ci dans notre pays, et je ne
y> veux pas non plus de l'inquisition inverse.
M. Jottrand aussi, le républicain Jottrand, s'é
criait Nous sommes arrivés au temps où l'on
peut faire l'application des principes avec toutes
leurs conséquences. Je vole contre la proposition
de M. Defacqz.
M. Delanghe au contraire seconda les vues du
député maçonnique et vota pour la suppression de
l'article; lequel en dépit de M. Defacqz, de M.
Delanghe et de son compagnon en orangisme
Maclaganfut adopté par cent onze voix.
Ainsi M. Delanghe voulait que le pouvoir civil
pût intervenir dans la nomination des pasteurs, des
curés; il voulait que le gouvernement put entraver
la correspondance des curés avec les évèqties, de
ceux-ci avec le souverain-pontife, il voulait qu'un
pou voir athée pût un jour essayer de briser l'unité ca
tholique; il voulait qu'un ministère put empêcherla
publication des bulles et des mandements, il vou
lait plus que Guillaume n'exigea, et les embûches
qu'il laissait la liberté de conscience, étaient
plus redoutables que celles du monarque calviniste.
Voilà, Concitoyens, J'homme qu'on vous propose!
Voilà les vues qui l'animaient et qu'il n'a point
démenties depuis.
Il admettait l'inquisition in verse, pour nous servir
du terme de M. Pirson l'inquisition libérale.
Catholiques, nous l'aurions subie comme on subit
le martyre. Habitués aux souffrances, traqués sous
la terreur de Robespierre, aplatis sous l'empire,
vexés sous le régime hollandais, nous aurions en
core enduré celte oppression nouvelle; mais en
trait-il dans vos vues, Libéraux, de vous en faire
les instruments, les inquisiteurs, au besoin les
bourreaux Non, n'est-ce pas, évidemment non.
Alors ne vous rangez pas du coté de l'homme
rétrograde qui répudiait la liberté sans arrière
pensée des cultes.
Rayez l'art. 16 de la Constitution, et demandez
vous mêmes: si dans l'état actuel des choses le
mauvais vouloir d'uu ministère peut déjà contre
carrer l'érection d'une institution durable de bien
faisance Vlamertinghe, parce que les illustres
fondateurs, le Duc et la Duchesse de Montmorency,
veulent quelques garanties de morale et de religion;
si dans l'état actuel des choses, on s'autorise em
pêcher l'instruction des enfants pauvres Rudder-
voorde, si dans l'état actuel des choses on se permet
d'altérer Bruxelles et dans le Hainaut l'exécution
des volontés des mourants au profit des pauvres,
dès que des ministres du culte sont préposés la
distribution des aumônes: demandez vous-mê
mes où nous en serions si le système de M. De
langhe avait prévalu. Des conflits de tout genre ne
seraient-ils pas journellement l'ordre du jour?
Au milieu des bouleversements dont les pays voi
sins sont le théâtre, ne suffirait-il pas d'un ferment
intérieur d'irritation pour amener la ruine de nos
institutions libérales? Si l'époque de l'invasion
de Risquons-Toutun brandon de discordes per
manentes avait agité nos populations, peut-être la
guerre civile mettrait-elle aujourd'hui feu et
sang nos provinces. Peut-être l'indépendance na
tionale, luttant avec le communisme, se débattrait-
elle dans les convulsions de l'agonie. Hâtons-nous
de nous rallier tous sous une seule banniere, la
bannière de la conservation de nos libertés. Ne
confions pas ce palladium sacré ceux qui ont voté
contre. Les élections, soyons-en convaincus, ne
sont pas un jeu d'enffint, l'heure qu'il est. Les
noms ne sont pas synonymes. Entre M. Delanghe
qui, malgré des habitudes parcimonieuses quant
lui, enjamba les i8,85o fr. du collège sans pretre
pour atteindre et culbuter le collège pretres,
entreluiet M.Malou-Vandenpeereboom,quinepro-
testa jamais contre aucune liberté publique, qui ne
s'opposa aucun progrès industriel par intérêt
privé, qui encouragea libéralement 1 instruction
religieuse souffletée, entre ces deux candidats, il y
a un abîme combler. Avec M. Malou, nous pou
vons avoir foi dans l'avenir, puisqu'il est entre
dans l'esprit de nos institutions avec l'autre, nous
ne pouvons avoir celte confiance, puisqu'elle lui a
fait défaut lui-même, que nos franchises ont du
lui être imposées contre-cœur, et qu'à certaine
époque, il ne voyait de salut que dans un rappel
orangiste.
Ne votons pas contre M. Malou-Vandenpeere-
boom parce qu'il est le père de l'Évêque nouvel
lement sacré: ce serait une véritable infamie dans
un pays où les dissidences politiques ne vont pas,
Dieu merci 'jusqu'au reniement. Uoe action si
indigne ne deshonorera certaiment pas notre ar
rondissement. Le sol sur lequel nous marchons, le
sol qu'ont foulé nos pieux ancêtres, rougirait de
boute, tremblerait de stupeur.
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