JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
No 3310.
Mercredi, 20 Juin 1849.
32me année.
7??ISS, 20 Juin.
ÉLEQTmm
DE Mr MALOU-VANDENPEEREBOOM.
Hier le triomphe de M. Malou-Vanden-
peereboom avec une majorité d'environ 150
suffrages sur le candidat qui lui était op-
posé, répandait dans l'àme de tous les ci
toyens une allégresse générale. Elle était
même partagée, disons le sans détour, par
la grande majorité de ces électeurs faibles,
que des dépendances vraies ou imaginaires
d'intérêts ou de famille, et des intimida
tions condamnables de fonctionnaires qui
ne se respectent pas, avaient détournés de
leurs légitimes sympathies. Des hommes
en petit nombre, dominateurs durs et avi
des, habitués la compression de l'opi
nion publique, toujours inclinés du coté
où ils comptent quelque bien combattre,
quelque mal espérer, ceux là seuls tirè
rent la figure longue, sinistre, et disparu
rent vite du milieu defe groupes de visages
rayonnants,où ils étaient facilement recon-
naissables par le contraste.
A part les raisons de préférence qui
existaient d'une manière incontestable, le
plusgrand tort que M. Delanghe s'estdonné,
a été de s'adresser une feuille tarée,
souillée par tout ce que le vice a de plus
abject, et d'avoir mis sa candidature sous
la tutelle d'une coterie dont les extrava
gances et les vexations sont devenues aussi
odieuses que méprisables. N'étant point
au courant de ce qui se passe ici, la longue
absence de M. Delanghe peut la vérité
servir d'atténuation son profit aussi ne
doit-il pas croire, et sait-on bien, que ce
n'est pas lui qu'a principalement frappé le
verdict des comices. Le vote d'hier a une
tout autre portée.
Par un hasard remarquable, au milieu
du résultat le plus beau et plus décisif, le
scrutin a comme mortifié la ville d'Ypres
de sa tiède lenteur et de son émancipation
incomplète, puisque des quatre sections,
la première seule, comprenant les votants
du chef-lieu, contrairement aux trois an
tres bureaux, a donné une ombre de ma
jorité d'une simple voix M. Delanghe.
Nous disons une ombre de majorité, car
si 218 voix ont été comptées M. Delanghe,
et 217 seulement M. Malou, il faut noter
qu'un bulletin a été annullé comme por
tant la désignation insuffisante de M. Jean-
Le pays attentif apprendra avec trans
port le succès de l'homme éminent qui la
ville d'Ypres est redevable de ses deux
principales gloires. Après de pénibles
épreuves, nous saluons une première ré
paration. L'intérêt de la patrie la comman
dait, surtout dans les présentes circon
stances. La liberté a fait un pas immense
dans la carrière si vaste que la Constitution
lui ouvre: avec des choix pareils, la dignité
d'électeur grandit, le courage civil est in
spiré aux timides, le père de famille voit
luire pour l'éducation un rayon de sécurité,
le pauvre craint moins pourles institutions
qui le concernent, on croit davantage un
avenir de justice, de lois sages, de modé
ration et d'impartialité.
Illustre Sénateur! allez occuper au Con
seil suprême de la Nation le siège qu'un
patriotisme éclairé et une expérience con
sommée vous destinaient depuis longtemps.
Une vie entière de travail modeste, d'hon
neur et de vertu réclamait la couronne
civique que le corps électoral vous décerne.
Chaque vote y attachera de nouveaux
lauriers car tous ses votes seront donnés
avec maturité, avec des intentions pures,
tous seront exempts de la corruption de
l'esprit de parti, et exclusivement émis
pour le bonheur de la patrie.
M. le Ministre de la justice qui protestait
avant-hier de son respect pour la religion
dans la chambre haute, acquiert aujour
d'hui pour défendre ces intérêts un puis
sant auxiliaire. Que notre Boi bien aimé
connaisse de plus près le père de son an
cien Ministre. Il sera charmé d'apprendre
quels trésors la disposition du trône con
stitutionnel une seule famille renferme,
pour l'aider dans sa tâche difficile de con
duire les destinées d'un peuple généreux
travers l'agitation et les difficultés de
l'époque.
La journée d'hier a démontré combien
est solennel et imposant le calme qui suit
une grande action dictée par la conscience
publique et l'amour triomphant du pays.
Qu'on se rappelle le vacarme, les turpi-
ludeset les vociférations sauvages des jours
néfastes où la passion et la ruse, l'envie et
l'obsession l'avaient emporté sur la liberté
et la raison hier la tranquille gaîté, au
lieu de s'épandre au dehors,.le reproche
la bouche, se contenait plutôt, de peur
de heurter trop des adversaires décon
certés, dont nous repoussons l'exclusivis
me, mais qui, enfants du même peuple,
nous tendons toujours une main amie, ne
demandant que notre part libre du soleil
commun.
Le résultat électoral du 19 de ce mois
qui a balancé en faveur de la nomination,
comme membre du sénat, de M. Malou-
Vandenpeereboom, est de nature faire
tressaillir tous les cœurs ivres de liberté
et d'indépendance. Depuis du temps, les
élections d'Ypres n'étaient plus l'expres
sion fidèle et manifeste des vœHx et de la
volonté générale, mais l'effet produit par
les manœuvres déloyales, les intrigues, la
calomnie et les menaces d'un vil parti qui
ne rêve que pouvoir et richesses et vou
drait que tout le monde fût son serviteur
et son esclave.
Ce misérable état de choses, vient d'ar
river son terme grâce nos protesta
tions énergiques, nos efforts constants et
désintéressés ainsi qu a ceux do notre alliée
fidèle ta Commune, le corps électoral d'Y
pres est parvenu comprendre tout ce
qu'il y a eu de faux et de timide dans la
conduite qu'il a tenue jusqu'à ce jour,
quant au choix de ses mandataires. Guidée
par le bon sens et la raison, son altitude
ferme et inébranlable, sa politique sage et
honnête, en imposera d'une façon salu
taire, ces êtres insolents et ambitieux qui
n'usent de leur autorité que pour froisser
tout talent et tout vrai mérite.
Plus de carlons-clubisles plus de fonc
tionnaires qui oublient leurs devoirs jus
qu'à prétendre que chacun oubliât celui
que la patrie impose, voilà la signification
claire et nette de la journée du 19; voilà
le vrai sens des 725 suffrages qui procla
ment M. Malou, membre du sénat, en
remplacement de son frère.
Quel langage plus noble, quels termes
plus énergiques! Le ministère en saisira-t-
il la portée? Lui qui, ce qu'il semble, n'a
pas craint d'adresser des circulaires
notre commissaire de district, pour lut
enjoindre de combattre de tout son pouvoir
la candidature de l'honorable père de l'ex-
ministre des finances, comprendra-t-il en
fin que les Yprois n'ont que faire de ses
injonctions de ses menaces, et qu'aujour
d'hui comme aux beaux jours de 1830, les
Belges veulent user avec liberté des droits
que la constitution leur accorde.
A l'avenir que M. Bogier et son bien-
aimé commissaire profitent de cette leçon
et qu'ils nous laissent reposer paisiblement
sur notre patriotisme. Jamais plus, ceux
qui n'ont pour mobile que l'intérêt et
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VÉRITÉ pT JUSTICE.
On s'abonne àYpres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRII DE L'ABOVVEflEWT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n°
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MEIICREDI
de ohaque semaine, (insertions M 7 centimes la ligne.)
Baptiste Malou tout court, et que deux ou
trois bulletins portant le nom de M. De
langhe étaient sujets contestation. Les
majorités des autres bureaux rendaient
l'examen sérieux de ces particularités
inutile.
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