JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. IV» 3312. 32me année. - 7P3.SS, 27 Juin. Le bataillon de la garde civique d'Ypres a célébré Dimanche dernier une de ces solennités qui touchent les cœurs et ci mentent l'union et la concorde. Dès que la Garde civique fut réorganisée, le capitaine Coenegracht consacra tous ses loisirs l'instruction des cadres et se prêta même enseigner le maniement des armes aux simples gardes; un zèle aussi ardent, aussi généreux ne tarda pas rencontrer une juste appréciation, et le Bataillon ré solut de saisir l'occasion de sa fête patro nale pour lui offrir uu sabre d'honneur. La Halle était décorée de peintures, de drapeaux et de feuillages, le théâtre était dressé; sur une table couverte de drap vert, s'étalait le sabre, le fourreau, le cein turon et les bélières; au fond l'image de la reconnaissance expliquait le but de la cérémonie. Le bataillon était rangé en bataille des deux côtés de la salle, musique en tête. A onze heures une députation d'officiers et de sous-officiers se porte vers la demeu re de M. Coenegracht pour l'inviter se rendre au milieu du Bataillon. Au haut du perron, M. Coenegracht est reçu parle Major et les officiers du batail lon; le Major conduit M. Coenegracht, qui est visiblement ému, au théâtre et lui adresse uneallocution convenable et digne, où il rappelle l'honorable carrière militaire du capitaine, où il exprime la confiance que nous inspirent son instruction et sa bravoure, et termine en offrant le témoi gnage d'amitié, d'estime et de reconnais sance au nom de la Garde civique d'Ypres. Le capitaine Coenegracht a repondu avec chaleur et énergie Messieurs, j'ai accep té avec bonheur le grade de capitaine dans le bataillon de la garde civique d'Ypres, que je considère comme ma ville natale. En me vouant votre instruction, j'ai cru accomplir un devoir, aussi je me trouve touché et honoré de la démonstration que vous voulez bien faire en ma faveur. Comp tez toujours sur moi, et soyez assurés que, s'il en était besoin, je verserais mon sang avec vous pour le maintien de l'ordre et de la sécurité publique. Ce sabre, que vous m'offrez, je ne m'en servirai jamais que pour l'honneur du bataillon, auquel je suis fier d'appartenir! Ces paroles ont profondément remué les assistants et les cris de bravo! Vive Coenegracht! ont fait retentir les charpen tes colossales du bâtiment. La musique a joué l'entrée de M. Coe negracht, entre les deux allocutions, et pour la clôture. M. Coenegracht, sur l'invitation de ses camarades, a ceint le sabre qu'il venait de recevoir, et a été conduit sa demeure par tout le bataillon. De telles fêles laissent d'agréables et de bons souvenirs; elles exercent une salutaire influence, dont nous désirons que l'action soit inaltérable et permanente. A propos des élections du 19 courant, l'on raconte une anecdote qui a donné bien lieu rire. 11 paraît qu'au moment que les convives invités par l'association libérale s'étaient placés table, deux paisibles campagnards survinrent dans la salle pour prendre place au banquet. Milord qui, trouvant sans nul doute que vu le résultat du scrutin, il fallait avoir re cours une certaine économie, se figurant en outre que nos deux individus étaient intrus, ou désirant peut être les faire pas ser comme tels; leur demanda par qui ils étaient envoyés. Leur réponse donnant un nom qui se trouvait placé dans l'esprit de Milord parmi les douteux ou suspects, il les somma de lui dire pour qui ils avaient voté nos malins campagnards, augurant qu'ils pouvaient être pris dans un guepier, éludèrent la question et préferaient se pla cer table que d'entrer en matière sur ce sujet, mais se voyant brusquement inter pellés de nouveau; l'un d'eux repondit avec franchise qu'ils avaient volé pour M' J.-B" Malou-Vandekpeereboom. A ces mots, une espèce de rage (nous ne savons si pour le moment elle était cléro- phobe), s'empara de notre noble individu qui se mit hurler contre eux comme un vrai boule dogue, et vint dans une colère telle qu'il en eut l'écume la bouche; leur enjoignant de se retirer l'instant ce qu'ils ne laissèrent pas dire deux fois et peu s'en fallut dit-on qu'il ne se laissa aller l'égard de ces deux honnêtes et paisibles person nes, quelques unes de ses excentricités ou communes extravagances. L'on doit convenir que le malheureux Milord n'a pas l'organe de l'olfaction très- développé, car sans cela il aurait du flairer que parmi ceux qu'il croyait ses élus se trouvait au moins la moitié, que nous pouvons dire avec certitude ne pas avoir été des siens, et qui il aurait sans nul doute réservé le même sort s'il ne s'était trouvé pendant quelques heures dans un sommeil magnétique. Depuis quelques jours déjà se discute devant les représentants de la nation un projet de loi de la plus haute gravité. Ce n'est pas sans une juste sollicitude, que tout ami sincère de nos précieuses libertés voit mettre froidement en question l'une des premières d'entre elles; celle de l'en seignement. Qu'est-il besoin en effet <fe démontrer les nombreux et criants abus qu'un minis tère exclusif pourrait commettre l'ombre de la nouvelle loi? Déjà des orateurs d'o pinions diverses l'ont fait ressortir tour tour la tribune parlementaire; et les cri tiques des journaux modérés, aussi bien que plusieurs brochures de circonstance ont considérablement allégé notre tâche. Nous nous abstiendrons donc de toute ci tation. Qu'il nous suffise de signaler les déplorables tendances d'un parti qui se targue du nom de libéral, et se vante d'é tendre de plus en plus les libertés publi ques. Prétentions singulières; alors que ses actes même le démenteut hautement! Hommes du parti ministériel! non, l'es prit de 1850 n'est pas l'esprit qui vous anime! Ce n'est pas sous votre bannière qne la Belgique se leva comme un seul homme! L'union fait ta force! telle était sa devise. Quand donc sera-ce la vôtre, vous qui n'avez su jusqu'ici que désunir? Pour porter vos amis au ministère, vous allu mâtes d'abord la discorde entre lescitoyens! Toute arme vous parut bonne, et sans cesse l'absurde le disputait la violence de l'at taque! Parvenus enfin au pouvoir, vous avez constamment méprisé notre patrio tisme, dénigré nos intentions les plus droi tes! Il est une liberté que nous aimons de tout notre amour; une liberté dont le nom seul fait tressaillir nos âmes!.... Par vous, la liberté d'enseignement est ébranlée dans ses bases! En apparence, il est vrai, on la respecte encore et l'on semble nous la laisser toute entière; mais l'absence de garanties lui est uue douloureuse plaie qui la déchire au cœur! Savez-vous cepen dant, ce qui nous arma contre le gouver nement hollandais? Savez-vous pourquoi nous affrontâmes les armées de Guillaume, la perspective de l'invasion étrangère, la guerre civile et ses horreurs, la crainte d'une réaction violente? Savez-vous ce qui nous fit fouler aux pieds les intérêts du commerce et de l'industrie? Ce fut en pre mière ligne la liberté de l'enseignement! Législateurs de l'indépendante Belgique, VÉRITÉ ET JUSTICE. Oïl s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PliIX DE L .tBtYXEfiKVT, par trimestre, Ypreg fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° 3>. Le Propagateur paraît le ft.%MEDI et le MERCREDI de ohaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 1