JOURNAL D'TPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3315.
32me année.
D'entre toutes les villes de la Belgique,
où l'esprit de parti a laissé le plus de traces
de sa déplorable existence, Ypres, nous le
disons regret, doit occuper le premier
rang.
Cette funeste discordance qui travaille
si violemment notre cité et dont tout hom
me bien pensant apprécie la gravité des
effets, doit principalement son origine p
l'autorité communale qui, dominée par
une famille pétrie d'ambition et de despo
tisme, inaugura l'égard de la bourgeoisie
yproise, un système d'administration con
forme celui du Roi Guillaume l'égard
de tous les Belges.
L'emploi des finances des contribuables
s'est fait constamment avec partialité et
ruine; les braves pères et mères de famille
voulant assurer leurs enfants le trésor
d'une éducation, où la religion et la vertu
marchent de pair avec les sciences, après
avoir joui momentanément de celte faveur
légitime, s'en sont vus injustement privés;
et ce n'est qu'au prix des plus rudes sacri
fices personnels, que leurs vœux les plus
pressants, ignoblement foulés aux pieds,
ont secoué la fange et demeurent debout.
Telles furent les premières causes qui fo
mentèrent au milieu de nous, la discorde.
Ce ne furent point les seules qui la
retinrent et l'augmentèrent plus tard. La
distribution des places marquée par le plus
intolérable favoritisme; l'abandon de la
fortune publique, et des destinées commu
nes entre des mains non pas expérimentées
et sages, mais légères et ignares, dont la
fatigue et la sueur ne dégoutta jamais; le
commerce et l'industrie réduits la néces
sité servile et humiliante, de recourir la
fortune privée, mais généreuse, pour ali
menter ses mobiles et vivifier son action
salutaire dans notre ville. Voilà ce qui
explique le mécontentement qui se mani
feste; voilà ce qui cause la résistance op
posée aux contraintes et aux prétentions
d'une coterie qui trop longtemps déjà exer
ce son omnipotence conquise par J'intrigue
et la passion mensongère.
la vue de tant d'abus qui résultent de
l'apathie et de la subordination outrée de
la grande majorité des citoyens, l'égard
d'une caste privilégiée et intolérante n'est-
il pas d'une conséquence naturelle, que le
commerce, l'industrie, la famille, arborent
l'étendard de la révolte, et s'engagent si
multanément conquérir leurs droits et
leurs privilèges, en se plaçant dans la
sphère de liberté et d'indépendance.
Telles sont les résultats qu'entraînent
l'oppression et le mépris des droits de la
bourgeoisie; si la classe bourgeoise, en
cédant des invitations trompeuses recon-
nait qu'elle a méconnu ses intérêts vérita
bles, elle ne se laisse pas impunément
frustrer dans son attente, mais prenant
conseil son honneur et sa sagesse, elle
réunit toutes ses forces, se met en scène et
finit par se placer la hauteur qui lui
convient.
La preuve de cette vérité resplendit ac
tuellement Ypres, où l'on a vu pendant
quelque temps la classe moyenne, s'allier
aux vues et aux caprices de quelques am
bitieux dominateurs. (Jne partie déjà de
ceux que la clique triumvirale avait rendu
les complices de ses projets d'envahisse
ment s'est irrévocablement séparée d'elle.
Comment se fait-il que l'état de valetage et
de servilité où chacun se trouve réduit,
n'ait pas plutôt décidé le public indépen
dant former une ligue contre son oppres
seur? N'est-ce pas que l'ignorance se laisse
éblouir façilement par l'éclat de quelques
promesses aussi creuses que la boule du
jongleur? Nous le croyons; car du moment
que la presse a suffisamment éclairé l'opi
nion sur ses affaires locales elle s'est sé
parée d'une coterie dont le pâlronnage
paraissant un moment avantageux et salu
taire est reconnu par chacun comme nui
sible et incommode.
Entr'autres observations présentées par
l'auteur de la correspondance insérée au
Progrès, de jeudi dernier, nous remarquons
la suivante rien ne s'use plus vile que
la violence. Nos dissentions locales té
moignent de la vérité de ces paroles. II n'a
fallu qu'un coup de massue de la bour
geoisie, pour briser les prétentions de
l'extravagance et de la tyrannie.
Toutes les fois que la presse rappelle au
Eublic les éminents services rendus par
I. Malou-Vandenpeereboom au commerce
et l'industrie dentellière, pendant l'ef
froyable crise qui les tourmenta une
époque récente, les oreilles du rédacteur
du Progrès s'en trouvent offensées jusqu'à
la bride.
La répugnance manifestée par ce jour
nal, l'endroit de cet acte de générosité et
de bienveillance qui captive la reconnais
sance universelle nous a engagé formuler
cette demande
Est-il vrai qu'à l'époque de crise univer
selle, où M. Malou utilisa ses capitaux
relever l'industrie dentellière de l'état de
décadence et de ruine où les événements
de la France l'avaient réduite, un crésus
du soi-disant libéralisme crut l'occasion
favorable d'augmenter sa fortune, en avan
çant des sommes considérables, gros
intérêt, aux accapareurs de grains, et im
mola de cette sorte les intérêts vitaux de
la bourgeoisie, son avarice et sa cupi
dité?
Un semblable désintéressement, s'il n'of
frait quelque doute quant sa véracité,
nous engagerait ouvrir une souscription
l'effet de frapper une médaille commé
mora tive.
M. Vrambout, membre du Conseil Pro
vincial de la Flandre-Occidentale, vient
d'être élu membre de la députation per
manente, par 60 voix sur 63 votants. M.
Dewilde a obtenu 1 voix, M. Erneste Mer-
ghelinck, 1 voix.
Nous lisons dans le Siècle du 4 de ce
mois, que les huissiers de l'assemblée na
tionale de France, ont marqué les places,
que les divers députés occuperont dans la
nouvelle salle dite des CARTONS.
Pourquoi la salle de l'association libérâ-
trede cette tille, ne prend-elle pas le même
nom, elle qui lors des réunions, ne renfer
me exclusivement que des CARTONNÉS.
maonr—s
II est des hommes, qui couvrant leurs
déclamations impies du manteau d'un
libéralisme sincère sont parvenus don
ner le change sur leurs intentions véri
tables; des hommes, qui composant leurs
traits chargés de haine jusqu'à leur im
primer le cachet de la bienveillance ont
■réussi souvent déguiser leur rage anti
religieuse. Mais qu'un contre-temps fâ
cheux les excite, qu'un événement inat
tendu lessurprenne, et les transports
d'une ignoble colère font éclater aussitôt
leurs sentiments réels. C'est ainsi qu'il
nous était encore réservé un spectacle
affligeant. L'élection de l'honorable M.
Malou venait d'assurer dans notre arron
dissement le triomphedn principe modéré,
et l'imposante majorité qu'avait réunie
sa candidature proclamait hautement le
réveil de l'opinion publique. Devant cette
éclatante manifestation la fureur impuis
sante du parti libéràtre se traduisit aussi
tôt en diatribes violentes contre les minis
tres du culte. A l'en croire, eux seuls
avaient par brigues et menaces extorqué
les suffrages, et leurs scandaleuses ma
nœuvres avaient su faire mentir le scrutin
électoral.
Ainsi s'exprimaient les soi-disant cham
pions de la libertéLa liberté Mais ce
nom qu'est-il rien dans leur bouche qu'une
amère dérision? La liberté, telle qu'ils
l'entendent, ne nous est que trop connue.
Les atteintes consécutives la bienfaisance
privée et la liberté de l'enseignement
ont déjà suffisamment instruit la Belgique
alarmée. Yprois, nous en savons quelque
chose, nous témoins depuis si longtemps
de leur insatiable ambition, de leur su
perbe intolérance; nous témoins récem
ment encore des obsessions déplorables
d'un haut-fonctionnaire qui ne devrait pas
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On l'abonne Y prèsrue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume,
PRIE SE I/ARSTNEMENT, par trlne.tre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Du n" aî.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de obaque semaine (Insertion, i* centimes la ligne.)
7PRES, 7 Juillet.
BiQQQfi
C'est vraiment fâcheux pour M. MergtilUuk, il ne
lui manquaient que Go voix pour être élu.