3 M. le président. Jamais, depuis le 24 février, ni sous le gouvernement provisoire, ni depuis, l'appellation de citoyen n'a été ordonnée je ne connais ni lois, ni décrets, ni ordonnance qui oblige le Moniteur a employer cette expression. M. Pierre Leroux. Je demande la parole. M. le président. Vous aurez la parole... Cha cun, a celtre tribune, s'est servi son gré, et sans soulever aucune réclamation, du mot de messieurs ou de celui de citoyens... (Interruption a l'extrême gauche.) On considérait évidemment la manière de commencer son discours connue l'exercice du droit de liberté de la tribune. Quel est le fait dont parle M. Ant. Thouret? An lieu d'écrire dans le Moniteurnon pas au milieu des discours qui sont rigousement reproduits, mais bien avaot le nom de chaque orateur. Le ci toyen. od a fait ce que les autres journaux font dans leur compte-rendu, on a mis uue M...., Eh bien! messieurs, j'en appelle a chacun de vous, y a—t—il l'a autre chose que le désir de se conformer a nos usages et a nos mœurs? De toutes parts. Très-bien très-bien Mur mures h l'extrême gauche. Interruption. M. le président l'extrême gauche. Eh1 mon Dieu! appelez-moi citoyen-président, si vous le voulez... J(ajouterai que lorsque MM. les ministres vous présentent des projets de loi, ils commencent tous par Messieurs, et que jamais personne n'a réclamé. Un voix a gauche. Cela n'est pas officiel M. Le président. C'est au contraire bien plus officiel que le compte-reudu d'un journal. Je ré pète qu'en faisant cette suppression on a voulu se conformer h nos usages et h nos mœurs. (Aéhésion sur un grand nombre de bancs.) M. Antony Thouret. Je demande la parole pour un fait personnel. (Parlez L'ordre du jour M. le président vient de dire que l'appel lation de citoyen était libre, eh bien j'ai eu l'hon neur de déposer avant-hier uue pétition signée d'un grand nombre d'habitants du département du Nord demandent l'enseignement gratuit et obli gatoire; chacun de nous est dans l'usage lorsqu'il dépose une pétition de remettre une note a MM. les sténographes. (Hilarité.) A droite. Dites donc citoyens. M. A. Thouret. Je n'ai pas l'honneur de pré sider l'assemblée, mais je suis très-beureux de n'avoir pas donné l'ordre de supprimer le titre de citoyen. (Nouveaux rires.) La note que j'ai remise au Moniteur portait: Le citoyen Antony Thou ret. On a donc falsifié cette note au Moniteur en y substituant l'appellation de monsieur. Je demande qu'il en soit fait mention au procès-ver bal. (Nouvelle hilarité.) M. Desjobert. On n'a rien changé h votre note, on a seulement mis un monsieur devant votre nom, au lieu du mot citoyen. (Mouvements divers.) Ap pelons-nous monsieur et soyons citoyens. (Hilarité générale. Très-bien De toutes parts. Aux voix I aux voix M. Desjobert. M. Ant. Thouret... Une voix. Le citoyen... (Rires.) M. le président. M. Hnlony Thouret vient de déposer une proposition dont je vais vous donner lecture. (Mouvement d'attention.) Considérant que l'art, i" de la Constitution porte que la France est constituée en république; Considérant que, dans une république tous les membres de la cité portent le titre de citoyens; L'Assemblée nationale décide que le titre de citoyen sera rétabli au Moniteur. Voix nombreuses. La question préalable! M. le président. M. Pierre Leroux a la parole. (Écoutez! écoutez!) M. P. Leroux-. Citoyens représentants, je ne comprends pas cette haine contre le mot de ci toyens... (Rumeurs.) A droite. Il n'y a pas de haine. M. P. Leroux. Voulez-vous vous appeler su jets? (On rit.) Oui, je crois que parmi ceux qui veulent proscrire le titre de citoyens il y en a plu sieurs qui voudraient s'appeler sujetset qui ce titre conviendrait mieux. (A gauche. Très-bien!) Une voix. Qu'en s'avez-vous? A gauche. Vos actes et vos paroles... M. Pierre Leroux. Je le saix par la haioe que vous portez au nom de citoyens... (Interruption. A l'ordre l'ordre A gauche. Parlez! parlez très-bien Une voix. Si cette haine existe, c'est que vous l'avez naître... Euteudez-vous? (Agitation.) M. Pierre Leroux. Ouvrez la Constitution, elle emploie toujours le mot de citoyenvous voulez paraître offensé des mots et des traditions de la République, c'est afin d'arriver plus faci lement lire les titres de féodalité,.. A gauche. Très-bien très-bien Plusieurs voix. Alloue donc! M. Pierre Leroux. Oui, citoyens, cette pros cription des dénomioatious républicaines, c'est le premier pas pour arriver au rétablissement des titres de comte, duc et marquis. Notre honorable président disait tout l'heure qu'il ne s'agissait que d'uu changement pour se conformer nos usages; l'argument est faux; ce changement dans le Moniteur n'est pas indifférent, il s'agit, citoyens, de la révolution de février. (In terruption. Réclamations.) A gauche. Oui oui très-bien M. Barthélemy-Saint-Hilaire adresse du pied de la tribune quelques mots que nous n'en tendons pas. M. P. Leroux. Envoyez chercher des gen darmes, monsieur... (Hilarité prolongée.) Une voix. Dites donc Citoyen M. P. Leroux. J'appelle le citoyen, Monsieur, parce que je pense qu'il a horreur de l'autre titre. (Rires prolongés.) Je le répète, je vois là quelque chose de plus grave qu'une question d'usage, vous voulez sup primer tout ce qui date de Février, pour que votre république soit une monarchie. A gauche. Très-bien! très-bien! Voix nombreuses. L'ordre du jour La ques tion préalable Aux voix aux voix M. Mathieu (de la Drôme). L'honorable ci toyen Pierre Leroux ne comprend pas pourquoi l'on a changé le mot de citoyen au Moniteurje le comprends parfaitement pour mon compte; on commence par faire la guerre aux mots avant de la faire aux choses. Un jour cette tribune, un magistrat a restitué au citoyen Ministre de la justice le titre de garde- des-sceaux; quelques réclamations s'étant élevées, M. le président nous fit malicieusement observer- Une voix. Qu'il y avait des sceaux en république comme sous la monarchie... (Hilarité.) Autre voix l'orateur. Dites donc le citoyeo président... (Rires.) M. Mathieu (de la Drôme). Je ne peux pas donner notre président un titre qu'il repousse. (Très-bien gauche.) Le titre de Président de la République est d'ail leurs remplacé par celui du prince... (Interruption Tout ceci prouve une fois de plus que les révo lutions changent les choses, mais non les hommes. Dans nos fêtes, au lieu de Vive la République on fait crier Vive la nation Une voix. La nation passe avant la forme M. Mathieu (de la Drôme). J'espère bien que la nation vivra; si elle pouvait mourir, il y a longtemps que ceux qui gouvernent l'auraient tuée. A l'extrême gauche. Très-bieD M. Mathieu (de la Drôme). Quant moije me préoccupe peu de ces velléités anti-républi caines; mais j'y vois pour le pays un enseignement dont j'espère qu'il profitera. (Adhésion gauche.) M. le président. Le scrutin public a été de mandé sur la proposition dont j'ai donné lecture. A droite. La question préalable A gauche. On ne tranche pas uqe question de Constitution par la question préalable. M. le président. Il s'agit d'une question d'usage et non de Constitution. Le scrutin est ouvert sur la question préalable. (Silence. Vive attente.) En voici le résultat Votants, 459; majorité, 23o; pour, 3o4; con tre, i55. L'Assemblée adopte la question préalable. PRUSSE. Berlin, s octobre. Dans la séance de la Première Chambre, du 5 octobre, il a été donné lecture de plusieurs amen dements proposant des articles additionnels la Constitution. Après une longue discussion, la quelle le Ministre des cultes a pris part, la Chambre a adopté, par 89 voix contre 34, l'article addi tionnel suivant proposé par MM. Walter et Bor- nemaon Toute société religieuse qui réclame la pro tection de l'Etat est obligée de recommander,ses membres la vénération envers Dieul'obéissance aux lois, la fidélité l'État et de bons sentiments envers tous leurs concitoyens. L'art. 12, modifié par deux amendements de M. d'Ammon, a été adopté dans la teneur suivante L'Église évangélique et l'Église catholique romaine, ainsi que toute autre société religieuse, règlent et administrent leurs affaires intérieures d'une manière indépendante, leurs affaires exté rieures avec la coopération légalement organi sée de rÉtat et de la commune. Elles conserven t la possession et lp jouissance des établisements, fondations et capitaux destinés des besoins du culte, de l'instruction et de la bienfaisance, en tant qu'elles y ont ou acquièrent des droits. Dans sa séance du 5 octobre, la Première Cham bre a adopté les articles l3, i4, iâ et 16 de la Constitution, tels qu'ils ont été proposés par la commission dans la tenue suivante Art. i3. Les rapports des sociétés religieuses avec leurs supérieurs sont libres. La publication d'ordonnances religieuses n'est soumise d'autres restrictions qu'à celles auxquelles sont soumises les autres publications. Art. i4. Une loi spéciale aura promulguée au sujet du patronage ecclésiastique, et des conditions sous lesquelles il peut être aboli. Art. i5. Le droit de nommer, de présenter, d'élire et de ratifier l'élection pour les emplois ecclésiastiques est aboli, pour autant qu'il concerne le gouvernement, et qu'il ne repose pas sur le pa tronage ou sur d'autres bases légales. Cette disposition d'est pas applicable la do- mioaiion d'ecclésiastiques placer auprès de ((ar mée et dans les établissements publics. Art. 16. La validité civile du mariage est fondée sur sa conclusion devant les autorités civiles com pétentes Le mariage ecclésiastique n'a lieu qu'après l'accomplissement de l'acte civil. Les livres de l'état civil sont tenus par l'autorité civile. ITALIE. On a fabriqué plusieurs décorations qui doivent être distribuées au nom de Pie IX aux soldats qui sont venus son secours. Elles consistent en une médaille portant l'inscription suivante, qui ex prime le but de leur mission Pius IX. P. M. Collatis armis catho/icis in suam sedem resti- tutuanno 1849. On lit dans le Journal de Rome, sous la rubrique de Sezzele 23 septembre a Dans la journée du 20 septembre, l'avocat Boffiriche propriétaire, en allant sa campagne fut surpris par plusieurs malfaiteurs qui le condui- rent dans un bois sur le territoire de Saint-Laureul, lui imposant pour rançon la somme de iô,ooo écus. Sa famille d'ayant pu fonrnir une somme aussi exorbitante, on trouva le lendemain dans le bois le cadavre de ce malheureuxpercé de 11 coups de poignard. Les vélites et un détachement d'Espagnols qui, au premier bruit de l'agression s'étaient mis la piste de cette bande de malfai teurs, sont maintenant sa poursuite et nous espérons qu'ils l'auront promptemenl détruite. Les restes mortels du Roi Charles-Albert sont arrivés Gênes. On parle de l'arrivée prochaine du Pape Vel- letri S. S. y est attendue du 1" au 15 octobre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 3