JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3346.
33me année.
NOUVELLES DIVERSES.
VÉlUTÉ ÉT JUSTICE. -
On s'abouiie Yprès, rue de Lille, 10, près la-^Grande
Place, et cher les Percepteurs des Postes du Royaume.
l'BIX DE I/AKOKVEMEtVT, par trlniCMtre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Te Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (inNertlon# fl 9 centimes la ligne.)
7PPLSS, 24 Octobre.
Monsieur l'Editeur,
Malgré notre faiblesse et notre peu d'aptitude
en ces matières, nous n'hésitons pas saisir quel
ques instants la plume pour faire ressortir l'extra
vagance de certaines divagations auxquelles se
livre de nouveau le Progrès dans son dernier
numéro. Il s'agit encore de la Compagnie de Jésus.
Si quelqu'un dit: Haha, nous y voilà derechef,
c'est l'agresseur qu'il faut s'en prendre tant que
des gens respectables sont attaqués, leur défense
doit être permise. A la vérité, çlle n'est point
nécessaire, la vertu des révérends Pères, la bonne
odeur de leurs actious, au besoin la patience et le
désir des humiliations qui caractérisent ces reli
gieux, leur rendent bien légères les invectives
d'un ignorant; mais néanmoins il est utile de
relever de temps en temps les bourdes du Moniteur
de la Régence pour donner une idée de son savoir
faire et de sa bonne foi, et pour faire aussi plus
ample justice d'un préjugé déjà caduc.
C'est M. le professeur Gorrissen, si je ne me
trompe, du collège libéral, qui a donné lieu la
polémique entre vous et le Progrès au sujet des
Jésuites. M. Gorrissen vous avait adressé une lettre
qu'il envoyait en même temps l'autre journal.
Daps l'exemplaire qui vous fut remis, il décochait
quelques traits d'aigreur contre vous, mais ne
parlait point des Jésuites. Dans l'exemplaire inséré
au Progrès, les balivernes pédagogiques portaient
la fois sur vous et sur l'illustre Compagnie. Cette
variante étrange était peu loyale on ne doit pas
plus avoir deux plumes que deux faces.
Pour disculper l'honorable professeur de ce re
proche, on pourrait croire que la fameuse lettre
du 12 août dernier a été portée eu deux copies
semblables aux deux bureaux, et que la rédaction
du Progrès s'est permise de son crû d'y ajouter le
bout de phrase qui rendait tout le contenu de la
diatribe applicable l'Ordre de S'Ignace. Cette
explication effacerait ce qu'il y a de repréhensible
sous un rapport, pour faire naître des torts doubles
et plus graves d'un autre côté. Car il faut admettre
alors que la rédaction du Progrès a eu assez d'au
dace pour dénaturer un écrit, et assez d'empire pour
imposer silence sur son indigne témérité, et il
faudrait en même temps gémir de ce qu'un homme
d'honneur a pu se taire dans nn pareil cas, laisser
substituer les opinions d'antrui aux siennes, et cela
d'une manière aussi odieuse que compromettante.
Quoi qu'il en soit, on remarque que le Progrès
a quelque chose de particulier sur la conscience
depuis ce temps-là, qui ne lui laisse pas de repos,
car il ne rêve que des Jésuites, il en est tellement
absorbé que jusqu'à son dernier numéro ne contient
pas autre chose.
Le début de la lettre du correspondant, ou soi-
disant tel dans ce numéro, est absolument sem
blable l'exclamation d'un campagnard, la façon
de Boileau, s'éveillant en sursaut après un songe
terrible où toutes sortes d'ogres auraient apparu
son esprit
Eut-on pu croire.... que dix-neuf ans après
la révolution de i83o.... dix-huit mois après celle
de Février—, en plein XIXe siècle.... le trop fameux
ordre des Jésuites trouverait.... dans un journal de
cette ville.... un défenseur aussi chaleureux qu'im
prudent! s
Voyez-vous bail-ler le Pro-grès?
Mais c'est un correspondant. Àh! oui, c'est tout
juste le paysan du Furnambachçqui nous délectait
naguères au sujet des élections. Je reconnais sa
voix et son style. Eut-on pu croire!
Hé bien oui, M. le marquis de la Patate, dix-
neuf ans après ceci, et dix-huit mois après cela, au
milieu de ces vapeurs de libéralisme d'étable qui
nous inondent, on aime bien respirer parfois un
air plus pur, et laisser là les cochons et les carot
tes pour s'élever la hauteur des questious du
siècle, soit des affaires de l'Italie, soit de l'avenir
de la France, soit des Jésuites..,.
Pour ce qui concerne un avocat furnambachtois,
qui avant de passer la charrue, a pris une année
de latin dont il barde tout fier se: tartines, il est
bien évident qu'il n'aime les questions élévées
que pour les baisser son niveau.
Habitué ne causer qu'avec Mylord Pouff des
taureaux et du fumier, il ne saurait parler des
Jésuites sans les éclabousser, c'est ce qu'il montre
déjà suffisamment et il menace de faire pis encore.
Car tout en promettant des dissertations sur le
tyrannicide, sur l'obéissance anx lois, la simonie,
le parjure, le vol, le faux témoignage, la préva
rication des juges, le mariage, etc., toutes matières
fort graves assurément du droit public, du droit
canon, du droit pénal et du droit civil, ce qui
métamorphoserait l'officine du Progrès non pas
seulement en uue chaire,mais en une faculté com
plète utriusque juris, jusqu'à provoquer la jalou
sie de l'Université de Bruxelles et de M. De
Bonne (le tout pour narguer les Jésuites); l'hono
rable savantasse nous prévient qn'il s'enfoncera
tellement par-dessus ses longues oreilles, qu'il lui
sera impossible de traduire ce qu'il sera obligé de
citer, et qn'il ne donnera plus que du latin. Ainsi
le public d'Ypres sera régalé de quelques articles
latins, et de latin copié, peut-être sur des sacs
d'épicier. Belle expectative vraiment. Au reste,
quand on donne des articles dans nne langue qu'on
ne comprend pas, et sur des choses auxquelles on
n'entend goutte, on fait mieux de ne pas essayer de
traduire. L'aveu de cette impuissance était même
superflu en présence de la preuve qn'on endonne
en traduisant rebours deux ou trois pauvres
tronçons de phrase, mis imprudemment en paral
lèle avec leur texte.
Oh MM. les Jésuites, que n'avez vous au milieu
de vos pénibles travaux pour quelques instants sous
les yeux l'incroyable éluenbration de notre farceur
de paysan progressiste, avec son exorde furnam
bachtois et ses gasconnades cocaces mettant cha
ritablement de côté les calomnies mille fois réfutées
qu'il y accumule, vous pourriez difficilement vous
empêcher d'un quart d'heure de fou-rire.
Pour le moment, M. l'Éditeur, je borne là mes
observations, le ridicule de l'attaque autorise une
réplique peu sérieuse un maniaque délirant.
Peut-être quelque jour reviendrons-nous pourtant
la charge, et scrutant alors les degrés de culpa
bilité du tyrannicide, si le Progrès ou son corres
pondant peuvent nous signaler l'utilité actuelle de
cet examen, nous demanderons non pas si dans la
- fureur des guerres civiles excitées par les Hugue
nots, l'attentat du dominicain fanatique Clément
sur la personne d'Henri III, attentat où les Jésuites
sont hors de cause et qu'ils ont déploré comme
tout le mondereçoit quelque atténuation de la
surexcitation contemporaine des partis; mais si la
main de celui qui a abattu le chef de gouvernement
Caracalla, l'horreur du genre humain, était aussi
coupable que celle qui vient de plonger un poignard
dans la gorge d'une vieille dame d'Anvers, aussi
coupable que celle qui rendit la Flandre veuve de
Charles-le-Bon.
Avant de nons engager dans une discussion de ce
genre, et de chercher si elles ont plus de rapport
avec les Jésuites qu'avec le grand Lama, nons
désirons pour l'édification du public et pour dissi
per des nuages qui méritent d'être éclaire/s, nu
mot d'explication sur le rôle respectif de M. Gor
rissen et du Progrès dans la missive double
contenu, on peut dire dans la tricherie du 12 juil
let. Un Yprois.
M. le ministre de la justice passera sa
medi par celte ville se rendant Kemmel
où il passera la nuit chez M. Ernest De
Gheus. Nous souhaitons vivement qu'il
profite de cette tournée pour aplanir les
difficultés qui retardent si malencontreu
sement au détriment des pauvres l'orga
nisation de l'hôpital que la munificence de
la Duchesse de Montmorency leur réserve
Vlamertinghe.
M. Dewitte vicaire St-Croix est nommé
vicaire Vlamertinghe; il a pour succes
seur M. Pattyn, vicaire Cachtem.
Les assises de la province de la Flandre Occiden
tale, pour la quatrième trimestre de 1849, s'ou
vriront Bruges le 19 novembre prochainsous la
présidence de M. le conseiller Onraet.
La saison d'été est terminée Ostende
pour la pêche. La dernière chaloupe est
revenue. Il y a eu 1,364 tonnes de morue
du Doggerbank de plus que l'année der
nière, 910 tonnes de Féroé de moins, et
911 tonnes de hareng de plus.
Le Moniteur publie les différents modèles
des actes, mémoires, citations, taxes et états en
matière criminelle et correctionnelle, d'après les
nouveaux tarifs du 18 juin 1849.