JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3351.
33me année.
7PP.SS, 17 Novembre.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'aboune Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
1*RIY DE I.MR9VVEMEVT, par trimestre,
Ypres jfr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° aî.
te Propagateur parait le SAMEDI et le MERCHEDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
De tous lesministères qui se sont succédé
depuis l'époque de notre émancipation
politique, il n'en est aucun qui ait été plus
encensé et flatté que le cabinet issu du 12
août d'impérissable mémoire. Voyez par
tout la presse libéràtre, et l'odeur des
parfums brûlés en l'honneur de la politi
que actuelle vous causera des maux de
tête rien qu'à mettre le pied dans les
officines des journalistes axaltés. Si l'on se
rappelle pourtant les actes posés par le
libéralisme arrivant aux affaires; si l'on
considère les mesures que ce parti soi-
disant sauveur, a mis en œuvre pour
opérer la résurrection des Flandres, me
sures qui se résument en les paroles de
M. Rogier, l'adresse de ces provinces;
nous leur avons donné de l'espérance:
c'est beaucoup, on doit être loin de
croire que le gouvernement actuel est un
gouvernement de merveilles et de réfor
mes utiles. Demandez pourtant au Progrès
et aux autres feuilles de la même couleur,
qui a fait que la maladie des pommes de
terre a Gui d'exercer ses ravages; qui a
fait que le typhus,.après avoir fauché des
milliers de victimes, a disparu de nos pro
vinces, ils vous répondront que c'est M.
Rogier, au bienfaisant de Haussy et aux
autres colberts de l'époque, que nous som
mes redevables de cet immense bieufait.
En vérité, ne serait-on pas tenté de croire,
entendre le langage des journaux cléro-
phobes, qu'en rénumération de l'initiative
que prit le chef du cabinet actuel, d'ouvrir
des expositions agricoles et industrielles,
le grand ordonnateur de la nature ait ré
pandu sur toute la Belgique la beauté,
l'abondance, le génie et la perfection? C'est
cette manière de voir, qui doit nécessaire
ment avoir inspiré au Bourgmestre de
Gand le projet de faire voter une médaille
d'or par le conseil communal, l'honneur
de M. Rogier, comme signe d'admiration
et de reconnaissance. Il est inutile du
reste, de nous arrêter sur un acte de flatte
rie aussi immérité que ridicule; le conseil
communal de Gand en se refusant unani
mement, moins la voix du Bourgmestre,
celle proposition, l'a qualifiée comme elle
mérite, et le Bourgmestre en donnant sa
démission, a suffisamment prouvé qu'il
comprenait la fatuité de sa demande; mais
ce que nous ne pouvons comprendre, c'est
l'adulation extravagante dont les journaux
libérâtres, cartonnés et progressifs, accablent
la politique qui gouverne. Qu'a-t-elle fait
pourtant depuis son avènement? Sont-ce
des traités de commerce? Sont-ce des me
sures en faveur des Flandres?.... Les en
traves désastreuses apportées la bienfai
sance, sont le plus rude des maux que nos
compatriotes aient endurées. Et c'est au
jourd'hui où cette maladie, pire que le
typhus, la phthisie des patates, et la fièvre
des dentelles, maux dont M. Rogier, au
témoignage de toutes ses plaisantes créa
tures, a sauvé le genre humain qu'on ose
chanter les bienfaits du ministère! 0 tem
poral o mores!
Au point de vue du Progrès, l'élection
par un nombre fort restreint d'électeurs
Bruxellois d'un candidat que soutenaient
le ministère, le conseil communal et l'as
sociation libérale, et qu'aucun parti ne
combattait, celte élection serait bien plus
significative, offrirait davàntage l'expres
sion les vœux de la nation, que celle de
M. N. Anethan que malgré toutes les me
naces et les menées des agents du pouvoir
une imposante majorité envoya représen
ter au Sénat l'arrondissement de Thielt.
Signaler un mépris aussi formel du simple
bon sens, c'est déjà en faire justice. Que
voulez-vous? Le Progrès est fidèle ses
antécédents, et nous n'attendions rien
moins de lui et de ses patrons aux abois.
Pour eux le peuple Belge n'est-il pas divisé
en deux actes L'une, celle des électeurs
de Thielt, et sans nul doute, des électeurs
d'Ypres, la caste des bourgs pourris, la
caste des baziles, c'est dire, de la plibe
qui croit en Dieu. L'autre, la caste des
électeurs de Bruxelles et de quelques gran
des villes encore, des émeutiers de Ver-
viers, des grands hommes qui jurent par
Voltaire.
Cette opinion ce n'est pas d'aujourd'hui
que le parti la manifeste. Mais nous le
4emandons au public sensé, jamais la
vanité blessée d'un sot se monlra-t-elle
aussi franchement niaise
Parmi les industriels recompensés
l'occasion de l'exposition des produits de
l'industrie des Flandres (voir le Moniteur
du6novembre)onaomisde citer Monsieur
Baele-Loncke, d'Ypres, qui a obtenu Une
médaille de bronze de 1" classe pour un
assortiment de dentelles.
Parmi les mesures si efficaces aux yeux
du Progrès, mises en œuvre par le minis
tère pour obvier la misère des Flandres,
le malin journal porte-t-il en ligne de
compte les actes multipliés de M. De Haussy
l'encontre de la bienfaisance privée? Les
idées excentriques que nous connaissons
au confrère, ainsi qu'à tous ceux de son
espèce, nous autorisent lui prêter cette
opinion toute la hauteur de son intelli
gence.
Que demandent le clergé et les libéraux
sincères en matière d'enseignement Les
mêmes droits, les mêmes privilèges pour
tous. Que prétend le parti Voltairien, dont
l'enseignement privé des sympathies pu
bliques n'a qu'à gagner et rien perdre
au monopole? Qu'il faut renforcer l'action
du pouvoir. Qu'en matière d'enseignement
l'État doit se trouver en état d'antagonis
me avec la liberté.
La démarcation nous parait nette et
clairement tranchée, et la dose la plus
ordinaire de bon sens devrait suffire pour
la fixer. Le Progrès n'en tient compte; il a
changé tout cela. Le clergé vise au mond-
pole; tandis que le libéralisme budgétivore
se sent épris d'une belle passion envers la
liberté de l'enseignement. Ne semble-t-il
pas que les lauriers du docteur Scagna-
relle, qui plaçait la foie au côté gauche,
et le cœur au côté droit, empêchent de
dormir certain parti plus ou moins pro-
gressite? Sa manière de concevoir les
mots elles idées nous choquera peut-être.
Au point de vue du Progrès, il n'y a pas de
mal; et nous ne sommes pas obligés d'être
aussi habites que lui.
A propos de l'élection de M. Fontainas
Bruxelles, le Progrès ne peut se lasser
de chanter victoire sur tous les tons. Il
faut que le confrère ait bien désespéré de
l'avenir, pour qu'une lutte où le parti
ministériel seul a paru, et par conséquent
n'a pu manquer de triompher, lui cause
une exploision si soutenue de plaisir.
Le Progrès s'est fait pourfendeur de
géants. Déjà la fameuse coalition démocra-
tico-calholique a mesuré la terre. Ce co
losse ne serait-il pas de la famille des
moulins vent et des autres épouvantails,
objets des prouesses de certain chevalier
de la Manche?
Le Progrès fait grand vacarme d'une
aillance prétendue entre catholiques et
démocrates. Nous ne savons ce qui peut
avoir mérité aux lecteurs de la famille
orangisto-libérâtre celte étrange mystifi
cation. Mais coup sûr, ce n'est pas
l'honnête journal qu'il convenait d'en faire
usage. Les temps sont trop rapprochés de