JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 7PR2S, 16 Janvier. NOUVELLES DIVERSES. N» 3370. 33me année. EN AVANT! EN AVANT! Il y a peine un demi siècle de dis tance et l'Europe gémissait sur les mal heurs incalculables, sur les ruines tant privées que publiques, qu'une révolution, la plus cruelle et la plus horrible que con signe l'histoire avait occasionnés. Le génie de la mort planait sur toutes les villes; le deuil et l'affliction régnait dans chaque famille; des soupirs, des gémissements s'exhalaient de toutes les poitrines. Quel spectacle contrislant et lugubre! Diderot, D'Holbach, Voltaire l'avaient préparé, en édifiant le vice et en conspuant la vertu; ils l'avaient préparé! en révoltantles esprits contre l'autorité religieuse, en insurgant les intelligences, en empoisonnant tous les cœurs. Assise sur les ruines sanglantes du I8m# siècle, la société actuelle, ne devrait elle pas se tenir en garde contre les monstres féroces que travaille sans cesse la soif de lui déchirer le sein? L'histoire, sur des pages arrosées de pleurs, lui donne ce sujet les avis les plus sages. Qu'elles se détrompent pourtant nos annales, si elles se persuadent qu'à la vue du passé, la ci vilisation serait loin de caresser jamais les idéesqui tous les âges ont causé sa ruine. Jetons les regards sur tous les peuples de l'Europe et leur conduite suggérera les méditations les plus sérieuses. Sous le vain prétexte de liberté; laSuisse ferme les tem ples catholiques, dépouille les couvents, ne laisse plus subsister aucune institution religieuse; la France disperse les enfants d'Ignace, affaiblit le sentiment catholique par une mauvaise éducation populaire, et bientôt une balle homicide vient frapper l'archevêque martyr dont la main portait l'olivier dans les rues soulevées de Paris. A Rome, Naples, Gênes, Vienne par tout le radicalisme est le même et signale son triomphe en ébranlant les croyances, en sévissant contre les fondations reli gieuses. Mais ne nous apitoyons point sur le sort que le faux libéralisme a préparé aux na tions étrangères; et réfléchissons plutôt sur les tendances qu'il manifeste dans notre chère Belgique. Que dénotent au cœur du vrai Belge, les éloges de l'œuvre d'un Marat, d'un Ro bespierre, prodigués la tribune p^ar M. Frère ministre des finances? Que dénotent les entraves apportées par M. Rogier, l'instruction publique? Que dénotent cette guerre déclarée par M. Dehàussy ministre de la justice, contre la charilé chrétienne si vivace et si féconde en bons résultats? Amis du bien-être et de la conservation publique! nous vous le demandons: que vous disent ces insultes lancées la phi lanthropie belge, par ces paroles de M. De Brouckere: La cliarilédégrade! que vous disent la haine aveugle, la rage infernale avec la quelle la presse libérâlre voue la religion, ses ministres et sa morale au mé pris des masses? N'est-ce point qu'il est plus que temps de sortir de votre incom préhensible sommeil d'apathie et d'indiffé rence; n'est-ce point que le jour est arrivé où il importe que tout ami de sa patrie s'unisse nous, pour combattre la licence du journalisme, pouf défendre l'entrée des écoles contre des maitres irréligieux, et fanatiques, en un mot, pour mettre un frein au despotisme de certain parti, dont l'égoïsme, les actes de rancune brutale, et la politique gaspilleuse sont les moindres des écarts? Fils dévoués votre patrie, sortez une bonne fois de votre vieille ornière; re- veillez-vous de votre sommeil profond et léthargique. L'incendie il est vrai, ne con sume point encore notre édifice mais les étincelles que le veut porte au loin tom bent tous les jours sur nos chaumières. En avant donc; montez avec nous sur la brèche, soutenez nos efforts, partagez nos labeurs; armez notre courage, afin qu'un jour la Belgique, comme mainte autre na tion n'ait reprochera l'éloignement, au misérable laissez-faire des gens de bien, d'avoir perdu sa gloire et sa liberté. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne àYpres, rue de Lille, to, près la Grand Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABQIIEMOT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions II centimes la ligne.) On écrit de Courlrai, 10 janvier Le nommé Édouard Dubrulle, né a Marcke et travaillant comme tisserand a Tourcoing, dans une dispute qu'il eut le i" de ce mois au hameau de Risquons-Tout, avec un autre tisserand français, son compagnon, a porté b la tête de celui-ci un coup de couteau qui le met en danger de mort. Depuis quelques jours, il circule dans les vil lages de nos environs plusieurs pièces fausses de cinq francs. Une de ces pièces nous est tombée sous la main. Elle porte l'effigie de Louis-Philippe et le millésime de 1847. On écrit de Courlrai, 13 janvier: Les journaux sont remplis de détails d'enfants qui ont péri victimes de l'imprudence des parents, c'est surtout depuis l'introduction des allumettes phosphoriques que ces accidents se multiplient. Hier nous avons eu b déplorer un grave accident de ce genre. Le sieur Verplancke habitant le quar tier de l'Esplanade, avait quitté son domicile pour vaquer b sa prbfession de mendiant laissant chez lui 2 enfants en bas âge ils parvinrent b s'emparer d'une boite d'allumettes phospboriqnes, qu'ils al lumaient successivement lorsque tout b coup les vêtements du plus jeune prirent fen tons les efforts de l'aîné furent vains pour étouffer le feu et les voisins trouvant la porte fermée b clef ne purent arriver b temps au secours: l'enfant est mort cal- ciué par les flammes. Vendredi matin, pendant que les religieuses du couvent de Wevelghem assistaient b la ntesse, de hardis voleurs se sont introduits dans la maison et ont coupé les dentelles des carreaux appartenant aune trentaine de pauvres petites filles qui fré quentent l'école d'apprentissage. On lit dans la Pairie de Bruges: Il est très-sérieusement question, b Bruges de fonder un cercle artistique,b l'instar de ce qui existe a Brux elles et b Liège. Déjà deux réuDions de vingt b trente artistes ont eu lieu dans ce but ces jours derniers, et les choses en sont au point qu'une troisième est indiquée pour discuter les bases du règlement et nommer une commission provisoire. Il a été décidé qu'il serait fait un album, œuvre commune des artistes sociétaires, dont le profit servira de première mise de fonds b la future so ciété. Oo a résolu aussi d'ouvrir tine exposition de tableaux de maîtres anciens pour la fête de sep tembre. Un habitant de Gand trouva, ces jours der niers, sur la voie publique, une bourse contenant deux pièces d'or et plusieurs pièces de 5 francs. Un conducteur de vigilante l'ayant vu ramasser, envoya un gamin près du monsieur pour la ré clamer comme sienne. Interrogé sur le contenu de la bourse, le gamin, comme on le pense bien, ne put fournir des renseignements suffisants. Menacé d'être signalé b la police comme escroc, le petit garçon avoua en pleurant que c'était b l'instiga tion d'un conducteur de vigilante qu'il s'était livré b cette réclamation illicite. Informations prises sur le possesseur de la bourse, il acquit plus tard la conviction qu'elle renfermait le fruit des épargnes d'une vieille servante, b la quelle elle fut restituée. Lundi dans la matinée, la boulangerie mili taire établie a Molenbeek-St-Jean, faubourg de Laeken, a été le théâtre d'un accident qui a failli avoir les plus funestes conséquences. Vers les huit heures, une explosion très-forte retentit dans le faubourg, c'était une des deux chaudières b vapeur de la boulangerie militaire de la garnison de Bruxelles qui venait d'éclater; des débris étaient venus tomber b une grande distance de l'établissement, sur la chaussée même. On devine l'effroi que dut causer dans le pre mier moment cette sinistre détonation, mais par un bonheur vraiment providentiel, personne ne fut tué; cependant le bruit se répandit en ville avec la rapidité de l'éclair qu'il y avait de nom breuses victimes.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1