On écrit de Thouroul 20 janvier: Mardi
dernier a eu lieu l'ouverture de l'École d'agri
culture établie au hameau de Berg op Zoom par
les soius de M. le bourgmestre Diericx, avec les
subsides du gouvernement. Malgré l'intempérie
de la saison les autorités civiles et ecclésiastiques,
un public nombreux et les parents des élèves s'y
trouvaient. Cinq discours ont été prononcés. M. le
bourgmestre dans des paroles bien senties a dé
montré toute l'utilité de l'institution et a promis
aux élèves son concours actif pour les rendre
instruits, religieux et moraux. M. Tanghe inspec
teur cantonnai de l'enseignement primaire, pro
fesseur de langues, d'arithmétique et d'histoire
naturelle, a donné le programme de son cours. Le
médecin Vanoye professeur de chimie et de bota
nique prit ensuite la parole j il montra la nécessité
de connaître les plantes et d'avoir des notions de
chimie pour marcher pas-sûrs dans la carrière du
laboureur. M. Laredon professeur d'anatomie et
de l'art vétérinaire; fit voir aux élèves combien
ces deux branches sont nécessaires pour porter les
premiers secours en cas de maladie de bétail. Enfin
M. Bapla professeur d'agriculture pratique énu-
ruera tous les bienfaits rendus a la religion, aux
mœurs et k la civilisation par le corps respectable
des laboureurs honnêtes. Il finit par exciter ses
élèves k entrer dans cette belle carrière avec zèle
et amour afin de se rendre des membres utiles k
la société.
Des applaudissements unanimes et prolongés
ont prouvé plus d'une fois la sympathie des audi
teurs.
On écrit de Gand, en date du 19
Une scène affreuse s'est passée ce matin, k
neuf heures, dans l'estaminet l'Étrille, rue petite
Turquie, en cette ville. Un homme, le nommé
Vanderzwalm, marchand de pommes de terre,
demeurant rue de l'Hôpital, s'est présenté a l'es
taminet susnommé et a demandé k la dame un
verre de bierre, qui lui fut immédiatement servi.
Il a demandé ensuite k satisfaire k un besoin na
turel, et comme les lieux d'aisance se trouvent k la
cave, la dame de la maison lui indiqua le chemin.
Arrivé dans la cave, ce malheureux a tiré un cou
teau dont il a porté une blessure au cou de celle
qu'il voulait rendre victime de sa férocité.
Heureusement la dame a pu s'échapper de ses
mains et crier au secours. Pendant cet intervalle ce
forcéné a pris la faite se dirigeant vers la place du
Lion d'Or et la rue du Paradis, ayant toujours son
couteau a la main c'est lk qu'il a été arrêté par le
brigadier de la 1" section, assisté de deux autres
hommes dont l'un a été blessé au doigt. Au mo
ment où il vit qu'il ne pouvait échapper de leurs
mains, il s'est porté a lui-mètne un coup de couteau
k la gorge. Nous apprenons avec satisfaction que
la dame de l'estaminet YÈtrille n'est pas mortel
lement blessée. La justice est sur les lieux. Un
ecclésiastique de l'église de S'-Nicolas est venu k
l'instant prêter le secours de son ministère.
Vanderzwalm a été transporté k l'hôpital, la
blessure ne présentant aucun danger grave, il est
en voie de guérison.
D'après des renseignements, dont nous respec
tons la sourceVanderzwalm est un ancien repris
de justice et dont le terme n'a expiré qu'en avril
dernier. Cet homme était sur le point de contracter
mariage, et hier il devait se faire annonce k l'hôtel-
de-ville. Il lui fallait une certaine somme pour
entrer en ménage. Il paraît que c'est dans le but
de commettre un vol d'argent qu'il s'est introduit
dans l'estaminet YÈtrille, et que pour exécuter
plus facilement ses intentions criminelles, il a
voulu d'abord se débarrasser de la cabaretière sa
chant qu'elle était seule au logis, attendu que son
mari est employé en qualité de domestique chez
M. de Kerckhove-Lippens.
Nous apprenons encore que la justice a trouvé
sur Vanderzwalm une fausse clé; on présume que
c'est le même individu qui la semaine passée k
essayé de s'introduire la nuit dans une maison au
quartier d'Akkerghemsachant que la maison
n'était occupée que par une demoiselle, qui paraît
avoir reconnu Vanderzwalm. Après les premiers
soins, qui lui ont été donnés k l'hôpital civil, Van
derzwalm a été transporté a l'hôpital de la prison
par M. le commissaire Lacroix. Ce n'est pas sans
danger pour sa vie, que le brigadier Beosier a
arrêté ce forcéné.
On lit dans le Journal et Arlon:
Encore un peu et nous serons littéralement
bloqués dans le Luxembourg. Dans la nuit du i4
au il est tombé de nouveau une grande quan
tité de neige, qui a rendu la route de Naraur k
Arlon k peu près aussi impraticable que l'était déjh
celle de Liège k Arlon. La malle estafette partie
de Namur le lundi et qui, en temps ordinaire au
rait été k Arlon le mardi trois heures de l'après-
midi, n'y est arrivée que le jeudi, k cinq heures
du matin, par conséquent aprèsun retard de trente-
huit heures. Elle avait été arrêtée vingt-quatre
heures k Saint-Hubert, ayant devant elle des amas
de neige de dix k douze pied de hauteur.
Aucune voilure ne part pins d'Arlon pour
Liège: la correspondance entre ces deux points
ne se fait plus que par une estafette k cheval.
Dans une filature du département du Nord,
qui se compose de 210 ouvriers, les chefs ont établi
une boulangerie et font des distributions de vin.
Le résultat de la différence entre les prix payés par
l'ouvrier dans la manufacture et ceux qu'il serait
obligé de payer au dehors, est d'essurer les con
sommateurs de l'établissement, après 3o ans, une
pension de retraite calculée comme si le versement
annuel de chacun avait été de 21 fr. 84.
Le kilogramme de pain vaut dans l'établisse
ment, en moyenne, 27 c. 1/2; chez le boulanger
et k la taxe, le pain coûte 5 c. de plus par kilog.
Ainsi pour les 200 ouvriers, 1,200 kil. de pain
par semaine, produit de 8 sacs k 27 c. 172 sont
payés 33o fr., tandis que chez le boulanger ils
reviennent k 3go fr.
Cent vingt litres de vio sont distribués dans
l'atelier même par quart de litre, pour la plus
grande facilité de l'ouvrier, k raison de 4o c., soit
48 fr. Ils coûteraient ailleurs k raison de 60., 72 fr.
Ainsi les ouvriers ont le pain et le vin pour 378
fr. par semaine, au lieu de les payer au-dehors
462 fr.: soit une différence par semaine de 84 fr.
ou pour l'année, composée de 52 semaines, 4,368
fr. Au moyen de cette économie sur les prix, les
ouvriers peuvent se constituer une retraite qui ne
coûte rien k personne. Grâces soient rendues aux
manufacturiers qui puisent, dans le sentiment re
ligieux et dans les plus nobles inspirations du
cœur, le moyen de contribuer k l'aisance des classes
pauvres de la société
Une partie de la Meuse est gelée k Rotter
dam, et on la passe a pied dans plusieurs endroits.
Les journaux hollandais racontent le terrible
accident que voici. Il y a quelques jours, des ha
bitants de Haaren, Frise orientale hanovrienne, se
rendirent, au nombre de vingt-cinq, avec leurs
patins sur la rivière l'Eetns, assez large k l'endroit
choisi, pour la partie projetée. A peine étaient-ils
arrivés sur la glace que cinq d'entre eux dispa
rurent. Les autres se précipitèrent k leur secours
et eurent le même sort. Tous ont trouvé la mort
dans les flots. Le plus grand nombre d'entre eux
étaient mariés.
NÉCROLOGIE.
Le 15 est décédé a Merckemk l'âge de 76 ans,
M. Benoit, ancien curé k la dite commune. M.
Bénoit était né k Marckeghem en 1773, et était
curé k Merckem depuis 1817.
M. Mockel, conseiller k la cour d'appel de
Liège, chevalier de l'ordre de Léopold, est mort
le 1 g janvier, k l'âge de 69 ans.
Mgr. Jean Van Breughel, évêque nommé
d'Adras in partibus, curé de la paroisse de Saint-
Antoine k Bréda, est mort ces jours-ci, dans cette
dernière ville, k l'âge de 84 ans.
L'ami de Canova et de Piazzi, l'artiste qui a
construit k Naples la grande église de Sc-François
de Paule, Pietro Bianchi, vient de mourir.
actes du gouvernement.
Des arrêtés royaux, en date du 16 janvier,
viennent de nommer:
Vérificateur des poids et mesures, k Gand Le
chevalier Huyttens (François)chef de bureau au
ministère de l'intérieur.
Vérificateur des poids et mesures, k Ypres: Le
sieur Rodenbach (Constantin), commis de 3* classe
au ministère de l'intérieur.
Le sieur J. De Bruynvérificateur de 3m"
classe de l'enrégistremenf et des domaines k Cour-
trai, est, sur sa demande, mis en disponibilité
jusqu'k disposition ultérieure. Il ne jouira d'aucun
traitement, et le temps passé en disponibilité ne
comptera pour la liquidation éventuelle de sa
peosion
Un arrêté royal en date du 16 janvier, ac
corde une somme de 1,200 fr. aux établissements
d'instruction moyenne, pour être répartie k titre
de secours par les soins du ministre de l'intérieur,
k des élèves en humanités qui ont obtenu des succès
dans leurs études et dont les parents sont peu fa
vorisés de la fortune.
Par arrêté royal du 9le hameau de Ploeg-
steert est érigé en commune indépendant de la ville
de Warnêton.
FRANCE. Paris, 20 janvier.
On s'entretenait, en sortant des salons de M.
Thiers, de la naïveté d'un de nos plus vieux par
lementaires qui, après avoir félicité le député de
Rouen de son succès du jour, lui disait avec une
effusion des plus touchantes: A votre place, et
après un triomphe comme celui-lk, je n'ouvrirais
plus la bouche de ma vie. Événement
M. Thiers, dans le discours qu'il a prononcé
k l'occasion de la loi sur l'enseignement, établit
d'une manière irrécusable qu'aujourd'hui la France
est menacée dans ses biens les plus chers, la pro
priété, la famille, les croyances, et qu'il ne lui
reste pl us qu'un refuge pour échapper au naufrage
la religion.
Cet aveu est solennel dans la bouche d'un hom
me comme M. Thiers. Aussi, nous n'en doutons
pas, la puissance morale sera-t-elle suffisante pour
ramener la grande majorité du pays au principe
d'autorité, seul moyen d'échapper aux dangers
qui, chaque jour, nous menacent de plus en plus.
La police de sûreté vient de procéder k l'ar
restation de plusieurs transportés de Juin graciés:
voici ce qui a motivé cette mesure.
Un nommé W... était employé comme commis
par M. X..., marchand de nouveautés. Ayant pris
une part active k l'insurrection de Juin 1848, il
fut arrêté et compris au nombre des transportés.
Après la disparition de son commis, M. X... s'a
perçut que de nombreux détournements d'argent
et de marchandises avaient été commis k l'aide de
faux au préjudice de sa maison de commerce, et
plusieurs circonstances se réunirent pour lui faire
penser que W... en était l'auteur. Il porta plainte,
mais la transportation protégea alors W... contre
toutes recherches.
Cependant W... ayant été gracié par le Prési
dent de la République, revint, il y a quelque
temps k Paris. Informé de son retour, M. X... en
donna avis au chef de la police de sûreté. W... fut
recherché et bientôt arrêté comme inculpé de faux