JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3375. 33me année. La veille du jour dont l'aurore fut sa luée par les coryphées clubistes, avec de bruyants transports d'alégresse, le 11 du mois d'Août 1847, puisqu'il faut l'appeler par son nom, il était un mot qui semblait avoir la force enchanteresse de savourer tous les cœurs et de farcir toutes les bou ches. Ce mot, cette expression c'était: li béralisme. Libéralisme! quel assemblage de vertus et de qualités heureuses, les affiliés de la politique nouvelle n'y voyaient-ils point? Quelle puissance merveilleuse les réfor mateurs de tous les pays n'y attribuèrent- ils constamment? En Suisse c'est sous le masque de la liberté publique que les soi- disant libéraux parvinrent sur le pinacle. En Italie, en Allemagne en France, c'est dans l'espoir de se voir doter de bienfaits de toute sorte que le peuple s'associa au triomphe de la politique libérâtre. On sait quoi ont abouti toutes les promesses, tous les projets éblouissants des meneurs de l'époque, chez les nations voisines. Considérons un instant toute l'impor tance de la libéralerie en Belgique. En prenant possession du pouvoir chez nous, le libéralisme se voyait entouré de la con fiance de la foule aveuglée. Etourdi par les clameurs poussées contre le cabinet Delheux-Malou, qu'on accusait d'affamer les Flandres, le peuple avait foi dans les déclarations de la presse clubisle: a Ren versez le ministère; éliminez les Brabant, les D'Huart, les Desmaisiercs les Malou s'écriaient les feuilles Rogilâtres, et la Bel gique comme Lazare sera rendue la vie; notre parti possède le dictante, le baume qui doit guérir toutes les plaies; la pierre philosophale qui relevera les Flandres, et répandra partout richesse, abondance et bonheur. Ainsi parlait le libéralisme avant d'être pouvoir, devenu gouvernement, il ne chan gea point de tactique et si les faits n'étaient venus démentir les paroles aujourd'hui en core on serait tenté croire que politique libérale, signifie: tout pour les Flandres, tout pour le commerce, tout pour les sciences, tout pour l'agriculture, tout pour tout. Cependant le temps des illusions, pourbien des gens doit être jamais passé; trop d'exemples viennent avertir le public contre les tendances funestes, contre les doctrines préjudiciables du parti que nous combattons. Voyez l'agriculture, pour ne pas nous étendre sur d'autres objets dignes de l'at tention du gouvernement, quel secours, quelle protection a rencontré celte mère nourricière du genre humain de la part de nos ministres? Lisez le compte rendu des séances de l'assemblée législative et vous y verrez ses intérêts les plus chers ignoblement méconnus. Nous l'avons dit dans un article précédent; les débals de nos mandataires roulent présentement sur la question intéressante, de décider, s'il faille pour l'intérêt du trésor, comme pour le profit des cultivateurs, imposer les fro ments étrangers importés en Belgique. A l'appui de la nécessité de percevoir sur le blé exotique un droit plus fort que celui qu'on prélève M. Van Renynghe bourg mestre de Poperinghe, a produit les rai sons les plus solides, et que le pays entier a dû admettre. Cependant le ministère re fuse celte juste protection notre industrie agricole nonobstant la promesse inscrite dans son programme, de favoriser l'agri culture. Bien que nous sommes persuadés que le projet ministériel échouera devant la sagesse de la Chambre, nous ne pouvons nous empêcher d'appeler toute l'attention des cultivateurs sur l'inqualifiable manière de faire du cabinet libérâtre leur égard; S eut-être le mépris profond qu'affiche Rogier pour les travaux agricoles, et l'opiniâtreté avec la quelle il persiste vouloir appauvrir l'agriculture, feront-ils comprendre enfin que ce n'est point en accordant leurs votes aux candidats vendus au ministère fransquillon, que les cultiva teurs verront alléger les charges qui pè sent sur leurs familles, et obtenir comme les autres industries nationales, une pro tection justement méritée! LA NIECE DU PAPE. m. VÉRITÉ ET JUSTICE.— On s'abonne àYpres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume, PRIX DE L'ABOA'KEMEMT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. Insertions IV centimes la ligne). 7??.2S, 2 Février. LOI SUR. LES VICES REDHIBITOIRES. Le Moniteur publie ce matio la loi sur les vices redhibitoires et l'accompagne de l'arrête' royal suivant. Art. Sont réputés vices redhibitoires dans les ventes ou échanges des animaux domestiques, savoir Pour le cheval Vane et le mulet. La fluxion périodique des yeux; La morve; Le farcin Les maladies anciennes de poitrine ou vieilles courbatures; L'immobilité; La pousse; Le cornage chronique; Le tic sans usure des dents et avec éructation II. LE BOULAXGEK. (Suite.) Et tu ne l'as pas encore mariée quelque bon et brave damoiseau? Eh! eh!... j'y avais pensé, répondit maître Claude; mais les choses sont changées, et puisque j'ai retrouvé mon frère, qu'il est... Pour toi Jacques Fournier seulement... Soit!... mais j'avais pensé que mon frère voudrait bien se charger de lui trouver un épou- seur digne d'elle. Digne d'elle! reprit Jacques Fournier en la regardant. Eh bien! soit! Je veux bien m'en charger, elle aura un épouseur digne d'elle. Main tenant, frère, ajouta Jacques, tu passeras huit jours avec moi dans ma bonne ville d'Avignon après quoi tu retourneras a Saverdun ton com merce pourrait souffrir de ton absence. Mon commerce! fit maître Claude avec une grimace, mais... Quant a Blanche, dit Jacques en l'interrom pant, je veux la voir ce soir je l'enverrai chercher par le cardinal Laurentino que tu accompagneras, Claude... adieu, frère, adieu! Fuis Jacques Fournier souleva la tapisserie de la pièce où son frère était resté, et le pape Benoît XII traversa la galerie, escorté de ses cardinaux. Le pauvre Claude, renvoyé "a Saverdun pour y reprendre son commerce, ue savait comment se consoler. Qui donc réparera l'échec que toutes ces dépenses ont causé sa fortune? Comment fera- t-il pour réprendre sa boulangerie, maintenaut que son confrère de l'autre bout de la ville a hé rité des commandes que les bourgeois lui faisaient chaque jour? C'était en devenir fou, et peu s'en fallut qu'il ne le devînt en effet. Cependant il prit patience, car, sans s'en rendre compte, il espérait en cette entrevue que Blanche allait avoir avec le pape. Une heure avant le couvre-feu, Laurentino, escorté de maître Claude, amena Blanche au palais. Là, après avoir ordonné au boulanger d'attendre qu'on le fit prévenir, il conduisit la jeune fille auprès du Saint-Père. Dieu te garde, ma nièce, fit le pape en la voyant entrer. Saint-Père! murmura Blanche, si timide ment qu'on l'entendit peine; puis elle s'age nouilla aux pieds du trône où Benoît XII était assis. Relève-toi, ma fille, lui dit-il, et réponds- moi sans crainte. Te voila nièce du pape, et tu peux, si tel est ton vouloir, épouser un noble et riche gentilhomme, mais, avant de te choisir un époux, j'ai voulu savoir s'il n'est pas quelque jeune gars que tu préfères. Non, Saint-Père! répondit Blanche; et pourvu que ce soit un gentilhomme, ajouta t elle plus bas, je Un mouvement brusque derrière elle la fit re tourner. Un jeune homme se trouvait là, le même que nous avons vu la veille être introduit chez le pape par le cardinal Laurentino. La vue de ce jeune homme, dans ce moment, après ce qu'elle venait de dire, fit un tel effet sur Blanche, qu'elle chancela et s'évanouit. Quand elle revint h elle, elle était auprès de sa mère. C'est Germain, je l'ai bien reconnu fut son premier mot; mais quand son père et sa mère lui eurent démontré l'impossibilité d'une pareille ap parition dans l'appartement du pape, elle finit, par croire comme eux que ce ne pouvait être qu'une erreur, et elle se calma un peu. Huit jours aprèsClaudesa femme et sa fille, prirent congé du pape, qui promit d'envoyer Saverdun l'époux et la dot qu'il destinait sa nièce. L'ÉPOUX ET LA BOT. Ce fut un triste jour pour maître Claude que

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1