JOURS Al D'YPBGS ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3383. 33me année. 7PP.3S, 2 Mars. Dans notre dernier N*, 1" colonne 3" ligne, diffamer tes institutions, lisez diffamer les intentions. Lorsque, il y a plus de trois mille ans, le Prophète-Roi légua la postérité ces paroles remarquables Si le Seignetfr ne bâtit la maison, c'est en vain que tra vaillent ceux qui la bâtisseht. Ne semblè- t-il point que dès cette époque reculée, il ait voulu donner une maxime gouverne mentale, une leçon politique et populaire, principalement l'adressé du siècle passé, comme celui qùi se déroule? Que voyions-nous en 1793? Quel spec tacle s'offre présentémerit noSyeux? Alors la religion battue en brèche par des écri vains misérables perdait son empire, et le nom de son divin fondateur était banni du cœur des masses comthé il était effacé des lois, des moeurs et des usages. Voltaire l'avait dit, lorsqu'il écrivit son fidèle disciple que les affaires iraient bien mais qu'avant tout il fallait écraser Cinfâme c'est-à-dire, ta religion et ses sacrés mi nistres. Aujourd'hui, de même, c'est en aboyant la soutane, en livrant le prêtre aux gémonies de la presse, en l'attachant au pilori de la calomnie la plus noire, en le couvrant de la boue du journalisme vollairien que les agitateurs modernes prétendent accomplir ledrs réformes sa lutaires! Alors ce fut en insultant tout ce que l'homme de bien a de plus cher en ce monde,.que l'impiété se vantait de faire marcher la société dans les voies du bon heur; aujourd'hui encore, c'est en enlevant la religion el la vertu toute influence; en contestant au devoûment religieux sa place légitime sous le soleil de la liberté commune que les réformateurs ambitieux appellent de tous leurs vœux, le régime du progrès el de la fraternité. Conception ridicule! projets insensés! comme si une voix perçant les siècles ALDOVRANDES MAGNES. VÉRITÉ ft* JUSTICE. Ou s'abonne Y prèsrue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE LMBOI1EVIE1T, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. I.e Propagateur parait le SAMEDI et le MEItCltEDI de chaque semaine, (insertion* 19 centimes la ligne). ERRATA. REVEE POLITIQCE. Le fait d'une concentration de troupes dans les département de l'Est a excité hier el aujour d'hui une agitation fort vive Paris. On fait mille suppositions h ce sujet. La France, dit-on, a l'in tention, de s'opposer aux prétentions des grandes puissances, en ce qui coucerne la Suisse. D'un autre côté on assure que le Président de la République voudrait la guerre pour assurer sou pouvoir. Paris est tout entier rfux prochaines élections, et l'on commence a espérer enfin que !e parti de l'ordre sortira victorieux de la lutte. La conciliation paraît sérieuse entre toutes les nuances de l'opinion modérée, et si d'ici au 10 mars nous n'avons pas h constater de nouveaux dissentiments, l'élection des candidats de l'Union électorale paraît certaine. La faction ne se compose plus aujourd'hui que d'un ramassis de gens sans aveu poussés par quel ques ambitieux sans talent. Le contingent des troupes formant la garnison de Parissubit en ce moment de grandes modifi cations. Un régiment d'artillerie, en garnison h Vincenues, devait encore partir aujourd'hui par le chemin de fer du Nordpour se rendre la fron tière. Ce mouvement de troupes semble donner une certaine consistance aux bruits qui ont couru sur l'éventualité d'une occupation de la Suisse par l'armée française. La Chambre française e consacré sa séance du 28 février tout entière la première délibération du projet de loi relatif au chemin de fer de Paris a Avignon. La bourse, tiraillée entre les dénégations des journaux semi-officiels, relatives aux bruits et aux faits d'une concentration de Ird&pes vers l'Est et aux affaires de la Grèce, est reliée dans une fluc tation importante. La hausse et la baisse se sodI peu près neutralisées. La séance solennelle de la clôture des Chambres a eu lieu Berlin le 26 février. Les correspondances de Madrid en date du 22, annoncent que plusieurs arrestations politiques avaient eu lieu la veille. Parmi les personnes ar rêtées on cite un ex-cbef carliste et un ancien officier. Une visite domiciliaire chez ce dernier a amené la découverte de proclamations incendiaires. Les élections générales pmir les dépnlations provinciales ont du avoir lieu en Espagne ces jours derniers. L'importance de cette lutte est très- graude aujourd'hui, dit le journal El Pais, en raison de l'influence que ses résultats peuvent exercer sur les élections générales des députés aux Cortès. Les nouvelles de Portugal voot jusqu'au 16; elles sont peu intéressâmes. Plusieurs journaux de Lisbonne assurent que le duc dë Saldanha a donné sa démission de conseiller d'Étal. C'est la révélation d'une conjuration et la saisie de nombreuses correspondances niazziniennes qui auraient déterminé les arrestation! fartes a Rome, il y a quelques jours. Des désordres devaient aussi éclater en Espagne et dans le Portugal. A Madrid, la vigilance de Narvaez avait prévu toutes les tentatives, et l'arrestation de plusieurs chefs a prévenu tout désordre. Quant Lisbonne, le comte de Thomar répond aussi de la tranquillité publique, malgré les invitations que l'opposition avancée semble recevoir de l'Angleterre. IV. UN CLERC QUI SE MEURT DE FAIM. {Suite.) Une fois, elle les quitta de la sorte, descendit la longue pente d'une colline et disparut aux regards de ses compagnons qui s'attendaient h se voir bientôt rejoints. A leur grande surprise, elle ne revint point alors pleins d'inquiétude, ils pressèrent le pas, dans la crainte qu'il ne fût arrivé quelque accident h l'écuyère vagabonde. Antonius sentait déjà des larmes couleur de ses yeux, et maître Memlinck) sans faire part h Antonius de ce qu'il éprouvait, ne laissait pas que de s'alarmer. Après une demi- heure de marche précipitée, ils aperçurent enfin au pied d'un arbre dame Marguerite, descendue de mule, et qui, dans l'éloignement, semblait assise et se reposer; mais a mesure qu'ils avançaient, ils distinguèrent peu 'a peu qu'elle n'était point seule; penchée sur un homme étendu ses pieds, elle lui donnait des secours. Quand ils l'eurent rejointe, ils la trouvèrent en effet occupée h faire revenir h lui un jeune homme sans reconnaissance, vêtu d'une mauvaise robe de prêtre toute déchirée, et qui, lorsqu'il ouvritenfin les yeux, les porta autour de lui avec une sorte d'égarement; puis il se mit sur son séant et repoussa doucement les personnes venues h son aide. Merci de vos soins, dit-il, merci de vos soins plus funesies qu'utiles car telle est ma misère qu'il me vaut cent fois mieux mourir que vivre. Si jeune avoir de telles pensées! douter de la Providence! s'écria Memlinck; fi donc! jeune homme! Ces discours oe sont point dignes de la robe que vous portez. Les vapeurs de la faim troublent l'esprit et la religion, répliqua le clerc; voici trois jours que je n'ai mangé. Holà! vous autres, venez, dit Memlinck aux serviteurs qui l'accompagnaient. Déchargez une mule et apportez manger ce jeune homme! Servez-lui et que vous avez de plus nourrissant et de meilleur une tranche de hure de sanglier et uoe bouteille de vin du Rhin. Ce serait là un moyen infaillible d'étouffer le jeune clerc, interrompit dame Marguerite en présentant au malade un morceau de pain taillé finement et sur lequel brillait l'or succulent d'uue brillante conserve de fruits. Ceci vaudra mieux pour son estomac vide et souffrant qu'une tranche de hure de sanglier. Le clerc prit d'abord languissamment les ali ments que lui présentait dame Marguerite; mais s'il y porta d'abord les lèvres avec insouciance, il ne tarda point changer de façon bientôt la tar- line disparut entière, et il chercha de sou regard devenu plus vif si sa bienfaitrice ne s'apprêtait pas lui offrir quelque autre nourriture. C'est assez pour le moment, dit-elle, avec un sourire qui acheva de lui gagner le cœur du clerc, quoiqu'il eut tendu sa main droite pour une nou velle ration de confitures et de pain vous allez montrer en croupe sur la mule d'un de nos servi teurs, et vous nous accompagnerez jusqu'à Gand là, nous causerons de votre position, et nous avi serons au moyen de la rendre meilleure si vous le méritez, comme tout semble me le faire croire. Le clerc remercia en très-bons termes sa bien faitrice, monta sur une mule derrière un domes tique, et la petite caravane se remit en route pour Gand, où elle arriva sans autre incident de la nuit. Le lendemain matin, quand tout le monde se trouva réuni pour le déjeûner dans la vasie salle boisée dé chêne qui; dans toutes les maisons, ser vait cette époque de salon et de salle manger, on vit arriver le clerc; il avait trouvé près de son litj grâce la sollicitude de Memlinck, une soutane neuve, aù lieu de la robe en guenilles qu'il portait la veille décemment vêtu, les cheveux rangés soigneusement, reposé par une bonne nuit et dans nn bon lit, de ses fatigues et de ses souffrances, ce

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1