H JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 7PS.ES, 23 Mars. REVUE POLITIQUE. Dès que l'influence religieuse s'affaiblit et s'éteint, par l'invasion d nne philosophie sceptique qui ôte l'homme le sentiment de sa dignité et de ses devoirs; dès que les théories désordonnées de politique ou de droit social remplacent dans les intelli gences les principes essentiellement vitaux et conservateurs du christianisme il ne reste bientôt plus en présence dans la so ciété, que malheurs, désolation privée; que ruine et calamités générales et publiques. Nous savons ce qui arriva en France, alors que les Voltaire, les Diderot, les d'A- lembert, en amants furieux de la liberté, chantèrent sur un ton blasphématoire que le monde ne serait heureux que lorsque il n'y aurait plus sur la terre ni prêtres, ni rois; nous savons ce que devint le beau pays de S1 Louis, de Charlemagne alors que l'impiété eut flétri les cœurs du souffle de ses doctrines anarchiques, monstrueuses; de ses systèmes empoisonnés et pervers. La France, du chaos des maximes barbares et sanguinaires devait sortir fière, libre, heureuse au plus haut dégré; et jamais plus qu'alors, la société ne sentit le poids de sa servitude, la lourdeur de son humi liation, de son ignominie. Ouvrons les annales de 1793; jetons les regards sur l'inflexible histoire et les hi deux spectacles qu'elle dépeint, et les crimes épouvantables qu'elle rapporte ne devraient-ils point suffire pour démontrer aux siècles présent et venir que l'homme qui cherche la liberté en lui-même ne trouve que l'esclavage, et que la société qui repousse de son sein le prêtre, l'au torité religieuse; qui prétend vivre hors de la loi de Dieu, meurt dans l'opprobre sous la main de mille tyrans? Voilà sans doute la conséquence naturelle et immédiate des enseignements que le dernier siècle nous offre; voilà le grand précepte social que les événements terribles de l'époque de la terreur nous donnent: sans religion, sans prêtres, sans morale, point de société pos sible; point de gouvernement durable. Im périssable, féconde leçon! tant de pères de famille en tombant sous le glaive du bour reau l'ont répétée leurs enfants chéris! tant de magistrats l'ont gravée en carac tères de sang sur le fauteuil du pouvoir ALDOYRANDVS MAGIES. No 3389. 33me année VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Y prèsrue de Lille, io, près la Grandie Place, et chez les Percepteurs des Postes du Rayauitoe. PRIX DE L'AIIOV\EME*'T, par trimestre, - Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n° aS. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 13 centimes la ligne). ERRATA t ire colonne, 3e page, par transport du cor recteur, la ae ligne a été mise pour la i Il continue de circuler des bruits contradictoires sur la question du Schleswig-Holstein. Il semble cependant qu'elle approche d'une solution il en est temps. La lutte engage'e contre le Danremarck sera toujours considérée comme une mesure intem pestive, qui a failli compromettre le repos de l'Eu rope. L'autricbe aurait, par une circulaire du 14 mars, proposé k la Prusse et aux autres gouvernements de l'Allemagne, d'approuver la convention de Mu nich du 27 février. Le langage tenu par le Roi de Wurtemberg, dans son discours pour l'ouverture de l'Assemblée des Etats, a produit a Berlin, comme od devait s'y attendre, la plus grande sensation; la Prusse y croit sou honneur attaqué. Une crise ministérielle parait imminente en An gleterre. Le Daily-News assure que la proposi tion présentée k la Chambre des Communes pour rapporter les mesures relatives a la traite des noirs, sera votée par cette Chambre, et qu'il est probable, dans ce cas, que lord Palmerslon se retirera. S'il faut en croire un journal d'Athènes, le gou vernement grec se serait disposé k céder. Le gouvernement russe presse la Prusse k ter miner le différend du Oanemarck; il a fait parvenir k Berlin une note k ce sujet. Le vote qui soumet le transfert des rentes k l'impôt du timbre a produit dans Paris un fort mauvais effet. Le journal de M. Proudhon, dans l'excès de sa joie, prédit déjà la banqueroute. La République, autre organe socialiste, y .trouve 3e quoi satisfaire sa haine contre Vinfdme capital. La victoire, dit-elle, a été complète. Les elïfls en seront im menses. C'est le premier coup porté k cette iuso- leute féodalité financière qui s'était établie sur les ruines de l'ancienne féodalité- Le prestige est tombé; l'inviolabilité du capital a disparu! a Une assez grande agitation se manifestait hier parmi les capitalistes et les spéculateurs dès l'ou verture de la Bourse. Le mouvement de baisse s'est aussitôt prononcé et a continué'dans des propor tions assez fortes. A la clôture des opérations il était de 75 centimes sur le 5 p. c., et il continuait encore après la clôture. Toutes les valeurs se res sentiront de cette baisse. C'est toujours la situation politique, puis le vote d'avaut-bier sur le timbre des rentes, les difficultés qui se sont élevées au sujet de la présentation des lois sur la presse, et les lois électorales qui produisaient cette tendance marquée vers la dépréciation des valeurs publi ques. Le monde financier était hier extrêmement agité et inquiet. vu. A PRAGUE ET A VITTORIA. Suite et fin.) Ob mon maître mon maître, c'est vons, vous que je revois! Dieu me veut donner tous les bonheurs aujourd'huipuisqu'il me ramène votre majesté et qu'il m'a fait retrouver des amis qui jadis ont recueilli et soulagé ma misère. L'empereur Charles-Quint reçut avec bonté les paroles d'affection d'Adrien,et se tourna vers Mem- linck et Antonius Aldovrandus: Le cardinal m'a souvent parlé de vous, mes maîtres, et j'ai même fait dans mon enfance une composition latine dont votre bienfaisance était le sujet. Vous en sonvient-ilmessire mon précep teur? Soyez les bienvenus k ma cour, vous y re cevrez de moi l'hospitalité, car le cardinal va se séparer de vous et de moi. Me séparer de vous et d'eux s'écria doulou reusement Adrien. Oui, mon fidèle ami, mon habile serviteur l'Espagne, k qui vous venez de rendre la pais, en anéantissant par des combinaisons hasardeuses et sublimes la faction fatale de la sainte ligue, l'Es pagne va se trouver privée de vos utiles services; mais ces services, vous les rendrez au monde ca tholique. Et en disant ces mots, Charles-Quint releva le cardinal, toujours agenouillé, s'agenouilla lui-même et dit avec une solemnité respectueuse: Successeur du pape Léon X, Adrien VI, très- saint Père, bénissez l'empereur catholique, car le sacré collège vient de vous décerner la tiare. Oh! c'est un rêve! c'est un rêve affreux! moi, pape! Mais cela n'est point possible! tant de malheur ne m'est pas réservé! Vous, ne savez- vous pas que je ne suis qu'un panvre homme, sans intelligence pour les affaires, faible, timide?... Vous savez que je n'ai jamais été la dupe de cette modestie exagérée, répliqua l'empereur. Quand bien même mille faits ne prouveraient pas votre habileté, l'anéantissement de la sainte ligue suffirait pour en établir l'évidence. Votre sainteté partira donc demain pour Rome. Adrien versa cette fois des larmes amères; enfin il baisa respectueusement la maio de l'empereur, qui s'éloignait; puis revenant k ses amis, qui s'é taient prosternés humblement devant le nouveau souverain pontife: Je ne suis point encore pape tout k fait, mes enfants; laissez-moi vivre le reste de cette soirée avec vous, libre, sans apparat, comme nous vivions k Damme. Je serai pape demain aujourd'hui je veux rester Adrien Boyers. En disant cela, il passa son bras sons le bras de dame Marguerite, tous les quatre allèrent prendre place k la table sur laquelle Adrien avait fait dis poser le souper. Il renvoya les valets et défendit que personne n'entrât de la soirée. Puis prenant un grand pain et un couteau. Allons, dit-il, qui veut des tartines. J'étais chargé du soin de les faire dans notre douce retraite de Damme. Une larme, mais heureuse, mais excitée par les souvenirs du passé, coula sur les joues du nouveau pape. Puis il se mit k couper le pain et distribua des tartines k ses trois convives. VIII. OU L'ÉCRIVAIN,LAISSE PARLER L'HI8TORIEN. Le lendemain,le pape AdrieD VI partit en grande pompe pour Rome, où il alla recevoir la tiare. Ou sait qu'il mourut après un an de pontificat, et que sa vie simple et frugale formait un singulier con traste avec la pompe et l'éclat.de son prédécesseur. Quant k Memlinck et k Antonius Aldovrandus,

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1