9
JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N<> 3403.
33me année
FEUILLETON.
7PPL3S, H Mai.
REVUE POLITIQUE.
S'il faut en croire le Progrès, le numéro
de son journal, qui renfermâmes noms des
pétitionnaires contre la loi sur l'enseigne
ment aurait été enlevé dans les estaminets
par certains agents du parti clérical. Pour
ce motif la feuille cartonnée réproduit
la liste des signataires dans son numéro
du 9 Mai. Puisque le journal de la clique
triuinvirale attache tant de prix, ce que
les citoyens qui ont eu assez, de caractère
pour protester contre la loi projetée du
ministère, soient connus nous voulons bien
inscrire leurs noms dans nos colonnes.
Le temps croyons nous n'est pas éloigné,
où, loin de qualifier de niais les quatre vingt
mille pétitionnaires contre la loi liberticide
du libéralisme, on vantera bien haut leur
intelligence,leur fermeté, leur patriotisme.
Voici les noms des pétitionnaires d'Ypres.
L. Mulle., ancien membre du Congrès na
tional. F. Struye, ancien membre du
Congrès national. B.-V. Vandendries-
sche. Gravet, avocat. M. Marquette.
Ed. Gerste. L. Iweins.A. Dalmote.
L. Verleure. Lafonteyne-Annoy.
Herman-Delimon. Aug. Vandenpeere-
boom. F. Gersle. Graiidjean. C.
Cardinael-Rabau.L. Ilermatt. Struye-
Coppieters. H. Sraaelen, doct. en phil.
Barbier-Mulier. Beague. Verhae-
ghe-Liebarl,phar. Clement-Froidure.
J. Ramoen, maître de poste. Froidure-
Bonduel. J. Rycx. B. Hof. La
Baus-Hof. Vandewynckel. E.DeCous-
semaker. D. Lambin-Mortier. DeJ-
motte. Deblock. H. Windrif. F.-X.
Dalmote. P. Pollin. L. Dewacbter^
Rycx-Priem. M.-J. Priem. A. Bar
bier. J.-J. Verhaeghe. F. Pitaers.
Lambin-Verwaerde. E.-A. Dotik. D.
Lapeire. P.-J. Devos. Buseyne. J.
Buseyne. E. Delurk. C. Sinave. J.
Hopman-Ferricx. R.-J. Gardein. L.
Terrier. Dumortier-Decoene. P. Van
Uxem. Th. Bonnell. P.-J. Desagher.
P. Parein. A. Debruyne. Allaerl
J. Ceriez. A. Comein. N. Merse-
raan. Boudry-Dauchy. A.-F. Leleu.
A. Barbier. F. Devos. J. Therry.
F. Deturck. J. Hughebaert. Ph.
Dauchy. B. Vieren. J.-L Boudry.
Eb. Comein. Taccoen. Ch. Descamps.
J. Lesoone. P. Mortier. F.-E.
Mieroo. A. Evrard. P. Ilugebaert.
J. Vandenpeereboom. C. Hof-Depuydt.
D. Dechièvre. E. Lecluyse. F.
Bossaert. C. Clinckemaillie-Roussel.
B. Loncke. L. Madant. J. Gerste.
F.-L. Pelyt. L. Tyberghein. Hen-
nion. E. Roussel. P. Basyn. H.
Ceriez. F. Decneuvel. Vergracht-
VÉRITÉ ET JtoBTICE.
On s'abonne Yprcs, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PBII DE L'IHOV.IEIIEVT, par (rimevtre,
Ypres fr Les autres localités fr 3 5o'. TJn n° 25.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions IV centimes la Ilcne).
Voici quel serait aujourd'hui l'état de la question
allemande l'Autriche et la Prusse sont d'accord
Sh'r lé maintien de la Confédération dans les limites
dés traités de l8i5, le différend'consisterait dans
l'appréciation des réformes nécessitées par les évé
nements des deux dernières années et qui doivent
servir de base h la nouvelle organisation de la
Confédération.
La présentation du projet de loi sur la réforme
électorale est le sujet de tous les entretiens. L'ex
posé des motifs est généralement approuvé. La
loyauté, la modération et la fermeté qui carac
térisent ce document ont paru saiisfaire toutes les
nuances de la majorité. Les feuilles écarlates, com
me on le pense biens'élèvent avec fureur contre
ce projet de loi. Elles ne cessent de crier la
violation de la Constitution et feiguent d'y voir
une excitation a la révolte. Le projet, au reste, ne
viole pas le texte le constitutionnel. Il aura pour
effet de purger les listes électorales de tous ces
vagabonds, de tons ces révolutionnaires nomades
qui n'ont qu'à gagner uue perturbation sociale.
L'événement de la séance de mercredic'est la
présentation du projet de loi sur la réforme élec
torale.
Cette loi fixe trois ans la durée du domicile
pour l'électeur. L'ioscription la cote personnelle
servira de base pour les listes. Les ouvriers, les do
mestiques, les majeurs habitant la inaisoo du patron
et du père, seront inscrits sur la déclaration écrite
Devant la rade de Toulon, et sur le versant
occidental de cette crête de montagnes qui lie le
pic deCoudon aux gorges d'01lioules,ou rencontre
chaque plateau les plus charmantes maisons de
campagne qui soient eu Provence: elles ont toutes
le même point de vue, la mer, la rade, les vais
seaux, c'est-à-dire le tableau le plus riant et le
plus varié. Dans les soirées de la belle saison, les
familles se rassemblent sur les terrasses de ces pe
tites villes, et se dédommagent de la chaleur ac
cablante du jour, par la fraîcheur qui monte de la
mer aux approches de la nuit.
Les premières étoiles de la veillée de la Saint-
Jean 185... venaient de se lever sur la crête grise et
nue deCoudon, lorsque dans lesilence de la cam
pagne un coup de canon retentit, et s'éteignit d'é
chos en échos, de la colline de Lamalgue dans les
profondeurs du val d'Ollioules. Un mouvement
électrique de terreur courut avec les échos, et
troubla les veillées de la plus longue et de la plus
belle des nuits d'été.
Partout sur les terrasses, où causaient les jeunes
femmes et les jeunes gens, on entendait ce cri Cest
un galérien évadé Il semble alors que chaque
famille isolée va voir tomber au milieu d'elle quel-
du père ou du patron; la résidence de 3 ans est
exigée.
Sont exclus de la liste des condamnés pour men
dicité ou vagabondage, les fonctionnaires dont la
destitution aura des motifs d'une certaine gravité
cette interdiction aura lieu pour cinq ans.
Nul ne pourra être nommé député au premier
tour de scrutin, s'il n'a réuni le quart des suffrages
des électeurs inscrits. fc
Le délai pour les réélections, qui était de 4o
jours, sera de 6 mois, afin d'éjiter les causes
d'agitation.
que tigre face hnntaine échappé de la ménagerie
de l'arseDal de Toulon.
Si quelque observateur avait pu suivre au vol
cette longue traînée d'effroi, qui courut de visage
en visage travers les veillées de la Saint-Jean,
il aurait remarqué avec surprise la sérénité d'une
seule famille, assise sous une treille, entre la rade
et la montagne de Six-Fours. Cette sécurité de
quelques personnes au milieu de la terreur géné
rale était pourtant facile expliquer. Depuis quel
ques jours, madame de Mellan et sa fille Anna
étaient arrivées de New-York Toulon pour ter-
mioer une importante affaire de famille, et elles
avaient loué une jolie maison de campagne peu
de distance de la mer et du grand chemin. Un vieux
domestique et deux femmes de chambre créoles
étaient assis sur la terrasse avec les deux dames
lorsque le coup de canon retentit. Personne ne
pouvant donner ces étrangères l'explication de
ce signal d'alarme, elles le regardèrent comme un
accident fort naturel dans une ville de guerre, et
elles n'interrompirent pas ntême leur conversation.
Le hasard, ou pour mieux dire la fatalité poussa
le galérien évadé dans la direction de la campagne
habitée par madame de Mellan. C'était un homme
qui a laissé un nom illustre dans lepandœmonium
du crime; c'était le fameux Cardan, flétri et con
damné pour vol compliqué de faux. Il avait mis
deux mois scier l'anneau de fer qui le liait sou
camarade, et un jour que celui-ci dormait au so
leil, dans le chantier du Mourillon, Cardan rompit
le dernier fil de l'anneau, et s'évada. Le camarade,
après un très-court sommeil escroqué la vigi
lance du garde, se vit seul et se blottit dans une
caverne de poutres et de planches, pour s'évader
son tour au moment propice; mais on le décou
vrit le lendemain. Ce ne fut qu'à la nuit close que
l'on s'aperçut de la fuite de Cardan.
Ce célèbre forçat était alors âgé de trente ans,
il en avait passé quatre au bagne sa taille haute et
bien prise, ses manières distinguées, sa figure pâle
et fière, annonçaient un criminel de bonne com
pagnie, avant que la veste rouge, qui nivelle tous
les rangs, eût caché l'homme comme il faut sous
l'enveloppe du galérien. Cette nuit-là Cardan ne
portait que le pantalon de coutil; il avait jeté sa
veste aux orties agile, et vigoureux", ses bonds res
semblaient plutôt au vol d'un oiseau ou aux élans
de la panthère qu'à la marche précipitée de l'hom
me. Arrivé sous les grands arbres de la maison de
madame de Mellan, il jugea le terrain avec cet
instinct subtil que la nature donne l'être fauve, et
grimpant comme on mandril le long d'un pieu
renversé sur la façade de derrière, il entra dans
les appartements .du premier étage; et, cinq mi
nutes écoulées, il avait tout visité, tout vu dans