9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3425. 34me année. L'un des principaux griefs qu'articula jamais la Belgique contre le gouvernement de Guillaume, ce fut le favoritisme honteux dont jouissaient les Hollandais, pour qui les places les plus honorables et les plus lu cratives semblaient exclusivement réser vées. Pour repousser cettecrianteinjustice le sang des Belges rougit le sol natal et le peuple fit généreusement le sacrifice de ses intérêts matériels. A ce prix il crut avoir conquis une administration nationale: il n'avait fait que créer une position aux chercheurs d'aventures des quatre points cardinaux! C'est contre un aussi grand scandale que protestent par la voie du pétitionne- ment les localités les plus importantes du royaume. Une réformeradicaleest urgente, il faut bien le reconnaître. Trop longtemps la noble Belgique ouvrit ses bras généreux au cupide étranger qui reniant sa première patrie, coudoie avec insolence l'enfant du sol et lui jette brutalement ces mots: oies- toi de là, que je m'y mette! Le conseil de régence vient de prendre une mesure qui a généralement surpris, en décidant la translation du Marché au Beurre sur la Place qui s'étend entre les Halles et l'Église S' Martin. Il n'est guère besoin, ce nous semble, de faire ressortir les graves inconvénients que doit entraîner cette résolution. En effet, personne n'ignore l'animation extraordi naire qu'apporte le voisinage de ce marché important. Otez cette ressource aux loca taires de la rue du Verger, du Marché aux Poulets, de la rue de Cassel et même des rues adjacentes, et beaucoup de familles, aujourd'hui dans l'aisance, se verront ré duites un étal de gêne, suite du prix ex cessif des loyers. Que de débitants, en effet, pour qui le jour du marché forme l'unique moyen d'existence. Aussi-la propriété en recevra-t-elle de son côté ujae rude atteinte. D'autre part les petits marchands, presque tous habitants de la ville, qui stationnent sur une partie de la rue du Verger, n'au ront qu'à se morfondre tout leur aise sur la place abandonnée. Espérons que nos administrateurs, fai sant droit aux réclamations unanimes des intéressés, reviendront sujr une résolution si profondement préjudiciable un grand nombre de leurs commettants. Afin de donner nos lecteurs un aperçu sur la situation financièré du pays, nous avions emprunté au PhaÇe, journal de la capitale le tableau des. piiédiis et des em prunts votés depuis le 24 février 1848; delà nous avancions sur la foi de ce jour nal que le découvert de l'année 1847 époque où M. Malou quitta le ministère des finances, s'élevait tout au plus 9 millions, tandis qu'à présent il s'élève 40 millions. Le Progrès organe du libé ralisme façon Frère, n'admet point ces chiffres, bien plus il les dénie formelle ment. Afin de le pénétrer dç la vérité de nos assertions, nous publions ci-après l'article du Pliare, dont nous avons repro duit les chiffres APERÇU VÉRITÉ ET JUSTICE* On s'abonne àYpres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABOINEMEIT, par trlmefttre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne). TP3.SS, 27 Juillet. Quatre mille étrangers occupent cheznous des places qui ne sont dues qu'aux seuls Belges. Quatre mille étrangers jouissent d'un traitement dont par là même se trouvent frustrés autant de nationaux, soutiens uni ques peut-être de leur famille. Certes il a pu se faire que quelques hommes d'origine étrangère se soient trouvés dignes que nous les adoptions. Mais sont-ils bien de ce nom bre ces vulgaires arabitieiix,qui condamnés chez eux l'indigence, viennent ici s'en graisser au budget du produit des labeurs du contribuable; et trop souvent encore, pour prix d'une hospitalité trop confiante et trop généreuse, travaillent fausser ou corrompre le caractère national, et in culquent dans les populations les fatales doctrines qui ébranlent tant de pays? Tels sont pourtant ces hommes, qui par pudeur, sinon par reconnaissance, devraient d'ail leurs s'imposer la plus entière reserve. sur la situation financière de la belgique. Le ministre qui tient entre ses mains la clef de nos finances, oublie que M. Veydf, homme éclairé et consciencieux, a reconnu qu'au 1" janvier 1848, le déficit s'élevait h 20,898,253 (voir le Moniteur, séance de la chambre du 3 décembre 18^7, dont l'encaisse restait a déduire; d'où l'on peut conclure, ainsi que l'élablissait M. Malouqu'il ne dépassait guère fr. 8,879,241-82. Le principal organe du cabinet, cherchant dis simuler la situation financière au milieu de laquelle l'opinion publique se trouve égarée, déclare dans son numéro du 9 janvier t84g, qu'en i848, l'é mission des bons du trésor, s'élevait k 27,200,000 fr., dont les emprunts ont réduit le chiffre k 4 mil lions, tandis qu'au budget de la dette publique de i84g, page 21, francs 750,000 se trouvent affectés au service des intérêts, et que'le ministère, page V de son rapport, déclare que fies besoins réclament une nouvelle émission de fr. 12,421,223-36. Nous n'établissons aucun cliffre que sur des do cuments officielset si nous donnons, en quelque sorte, raison au rapport présenté en juillet 1847, c'est que l'autorité de M. Veydt 'a peu près d'accord avec M. Hubert sur ce point, nous permet plus ou moins d'être filé sur ce point. C'est ainsi aussi que le ministre actuel (page IV) porte 'a son crédit les recettes provenant des exer cices antérieurs son administration, tandis que page IX il fait supporter k ces mêmes exercices, les dépenses décrétées dont il suspend l'exécution. En définitive, le ministre a beau jouer avec les chiffres d'une manière aussi habile qu'un autre joue avec les gobelets; il n'eu reste pas moins constant, qu'en i848, depuis le 24 février, 65 millions de crédits et d'emprunts, dont voici le détail, ont été votés, savoir Pour la guerrefr. 9,000,000 Pour l'intérieur2,000,000 Pour les travaux publics5,000,000 26 février i84812,227,000 7 mai i84825,54i,ooo 26 mai, papier12,000,000 Ensemble. fr. 65,768,000 et que le découvert de l'année précédente s'élevait tout au plus'a 9 millions, tandis qu'il s'élève en ce moment k 4o millions. Ce qu'il y a de remarquable dans cet équilibre que le ministre prétend avoir rétabli, c'est qu'k la page IV, il se déclare en présence d'une insuffi sance de fr. 10,765,155-78 et d'un déficit en recette de fr. 6,3gi,og5-62. Nous ne sommes pas de taille k nous mesurer avec M. le ministre dans l'exposé qu'il établit de la situation de 1848, et de même que la terre se tut autrefois en présence d'Alexandrenous nous prosternons aux pieds de M. Frère. En supposant que les assertions du ministre soient vraies il n'en aurait pas moins commis une faute grave, exposé notre crédit; car en bon sys tème financier, il n'est jamais permis de solder au moyen d'empruntsdes dépenses quide leur na ture, doivent être éteintes au moyen des revenus ordinaires de l'État; et il est évident qu'a la fin de i848, le gouvernement a dû se trouver en pré sence d'une dépense (dette flottante comprise, etc.) de plus de 200 millions, dont il reste k défalquer les sommes qui n'ont pas été absorbées, le papier monnaie k retirer de la circulation et les emprunts forcés a éteindre. Nous ne parlons pas ici de la responsabilité qui pèse sur lui par suite de la garantie qu'il prête aux 5o millions de billets en circulation; parce que nous avons foi dans la valeur des actions indus trielles qui les représentent. Nous ne disons pas mot non pins de l'emprunt de fr. 78,225,300, qui étouffe dans les cartons ministériels, n'ayant pu voir le jour, faute de parrain. Il nous serait d'antant pins difficile de former une appréciation exacte des arcanes de l'exercice de i848 que le ministre lui-même déclare (page IV) ne pas en savoir plus que nous k ce sujet. Pour rester conséquent avec ce qu'il avance, le ministre fixe le chiffre des dépenses de son budget de i84g kfr. 11,540,009-76 d'où il conclut qu'il a réduit nos dépenses defr. 6,653,760-89 Malheureusement les chiffres sont pour M. le ministrece que les ailes de moulins étaient pour le chevalier de la Manche; car le déficit de l'exer cice s'élevant k fr. 6,391,095-62, il ne reste rien de la pierre philosophale, qu'il semblait avoir dé couverte; nous nous trompons, une aggravation de plusieurs millions que nous nous chargons de constater. Enfin, M. le ministre qui, en fait de finances nous a habitué aux péripéties les plus malencontreuses; quelques mois après, avoue ingénument k la cham bre, qu'il a besoin de nouvelles ressources, pour une somme de 8 millions, commme complément k son budget de i84g. C'est a ne pas y croire; mais c'est ainsi. En attendant on porcède a l'aide de crédits k

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1