9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N® 3441. 34me année. Nos lecteurs se rappelleront, peut-être, qu'à la suite des succès les plus beaux comme les plus constants devant les divers jurys d'examen, le collège S' Vincent vit, au mois d'octobre 49, deux de ses élèves échouer pour le grade d'élève universitaire. Qui ne se rappelle ce sujet la belle hu meur du Progrès et ses continuelles dia tribes l'encontre de celte institution, diatribes dont il choya le public com mencer de la Toussaint jusqu'au jour où nous jugàmes propos d'exhiber certains résultats du concours de l'enseignement moyen; résultats peu favorables pour ses clients du collège communal. Il faisait beau néanmoins, durant cinq six mois, en tendre le digne journal s'écrier d'un ton d'oracle que l'éducation dans les collèges cléricaux était une éducation manquée, et sur ce, joignant l'hypocrisie au sarcasme, s'apitoyer sur le sort des élèves qui les fréquentaient. Cependant nous réfutâmes tout d'abord ses malveillantes arguties. Nous mîmes en relief la position désavan tageuse du collège S1 Vincent relativement celle du collège communal; celui-ci comptant un professeur au jury et suivant depuis nombre d'années les concours et le programme d'études du gouvernement. De plus nous établîmes par des raisons et par des exemples ce qu'il y avait d'absurde condamner une institution par suite d'un échec isolé. Nos arguments furent sans doute péremploires, puisque notre adver^ saire ne songea guère les combattre. Du reste, ses intarissables déclamations et ses airs de triomphateur nous émurent mé diocrement nous avions foi dans l'avenir. Aujourd'hui nos prévisions se sont réa lisées et les rôles intervertis. Le collège épiscopal, qui cette année a pu, au moins en partie, se conformer au programme d'études du gouvernement, fournit un ré cipiendaire pour le grade d'élève universi taire; il passe avec mention honorable (il est bon de remarquer que pour ce grade sur tout ces distinctions sont extrêmement rares). Par contre, aucun candidat du col lège communal ne se présente devant le jury, par la raison que l'unique élève qu'il comptait en rhétorique se propose de sui vre encore une année les cours prépara toires cet examen. Ce jeune homme, d'ailleurs intelligent et capable, et qui sut réunir le nombre de points requis pour être proclamé premier en rhétorique, re connaît donc implicitement l'insuffisance des leçons qui se donnent dans l'institution d'où il sort. Ici le Progrès pourrait-il son tour invoquer les moyens de défense dont nous fîmes usage, passé un an? Non certes. Toutefois nous n'hésiterions guère recon naître la mince signification que renferme un fait isolé, si l'épreuve solennelle du concours général entre les athénées et col lèges sous le patronage de l'Etat ne con statait périodiquement dans les cours du collège communal une faiblesse qu'on pourrait dire invétérée. Perdu dans le si- ence de l'oubli, c'est peine si de loin en oin quelque maigre accessit vient constater son existence. Modeste rayon d'une pâle auréole, il semble, pareil au ver-luisant, renforcer encore par sa douteuse lueur les ténèbres environnantes. M. CARTON ET L AGRICULTURE. La principale mission que prêcha la politique nouvelle fut de sauver les Flan dres et de protéger efficacement l'agricul ture. Du moment où M. Rogier, s'installa au ministère, on le sait, les Flandres fu rent sauvées; elles le sont encore; tout va en vérité si bien, qu'il n'est pas même de mendiant qui ne mette la poule au pot le dimanche. L'agriculture n'a pas moins ressenti la salutaire influence du libéralisme triom phant: la presque libre entrée des céréales étrangères est le moindre des bienfaits dont les campagnards aient louer la po litique actuelle. Les expositions agricoles, les discours et les élégies géorgiques, ont bien autre ment contribué.... tirer les francs de la bourse des contribuables. Les toasts portés au salut de l'agriculture par les membres des associations agricoles, sont encore des choses qui n'ont pu manquer de porter bonheur au travail agricole. Que la poli tique libéraliste est dévouée aux intérêts des cultivateurs! 11 n'est aucun de ses actes qui ne le prouve, aucun de ses sectaires qui ne le montre: voici, entre autres, une petite marque de la haute protection que l'agriculture peut attendre de M. Carton, notre commissaire, dont le libéraaalisme certes n'est guère suspect: On lit dans le Boterkuipje, journal de Dixmude: Plusieurschaufourniers et marchands de charbons de l'arrondissement d'Ypres, se sont rendus dernièrement chez M. Car ton, commissaire de district et président de l'Association agricole, l'effet de prier ce fonctionnaire de vouloir favoriser leurs intérêts,et de prendre leurcommerce sous sa protection. M. Carton, dans sa haute sollicitude pour tout ce qui touche l'agri culture pour toute réponse s'est borné dire, aux suppliants qu'il n'approuve au cunement la manière d'engraisser avec de la chaux, bien que ce mode de faire fut très avantageux pour les petits locataires; motivant sa pensée M. le commissaire ajouta, qu'il serait désirer qu'il n'y eut plus de petits fermiers; les propriétaires étant payés beaucoup plus régulièrement par les grands que par les petits cultiva teurs! Le même journal fait suivre ces lignes de cette réflexion: Nous ne pouvons autrement qualifier la sollicitude dont certaines personnes se targuent en faveur de l'agriculture que par une protection qui tend favoriser les propriétaires au préjudice des petits fer miers. En Angleterre il n'existe que de grands fermiers, et puisque on semble faire tant de cas de l'agriculture anglaise, n'est-on pas en droit de croire, qu'en Bel gique aussi on travaille faire en sorte qu'il n'y ait plus que deux classes de per sonnes comme en Angleterre: des pauvres et des riches! VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'abouue Yprès, rue de Lille, 10, près la Graiide Place, el chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX IIE LMBOVVEnEVT, par trimeatre, Ypreg fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MIERCREIII de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne). - 7??.2S, 21 Septembre. Nous trouvons dans la Tribune de Liège les lignes suivantes relatives aux dernières récompen ses honorifiques de'cernées par le gouvernement Tandis que le Ministre de l'intérieur adresse la médaille un être imaginaire, au sieur Maison, prétenduement instituteur h Seraingil n'accorde pas la médaille au docteur Duchesne, médecin de l'établissement Cocherill et d'une partie de VEs- pérance, lequel a déployé le zèle le plus louable, et qui, outre sa clientèle, avait soigner celle du docteur Marquet,k cette époque gravement malade. A Herstal, le Ministre de l'intérieur décore le bourgmestre, pour avoir pris des renseignements aux portes des maisons et des hôpitaux sur l'état des maladeset leur avoir fait parvenir des seconrs comme c'était son devoir,et il n'accorde que la mé daille aux curés qui ont posé des actes au-dessus de tous éloges. Ainsi, tandis que les infirmiers s'étaient enfuis des hôpitaux, on a vu M. Hardy, curé de la paroisse de Notre-Dame, soignant les malades, leur donnant a boire, les changement de linge, de lit, s'exposant, eu un mot, au fléau dévastateur, dans les lieux les plus dangereux. On a vu également M. Dumont, curé de Saint- Lambert, donner sa maison pour être convertie eu hôpitalet son propre lit. Mais ces messieurs sont modestes, ils n'ont pas l'amitié du bourgmestre et par suite des autres autorités supérieures, et c'est là un motif suffisant pour ne recevoir que la mé daille; M. le bourgmestre, au contraire, est de la coterie de l'Association libérale du Journal de Liège, et c'est une raison qui le rend digne d'ob tenir la croix Léopold. On nous écrit d'Alost, le i5 septembre Dans notre ville, comme dans la plupart des localités du pays, la distribution des récompenses décernés aux personnes qui se sont distinguées lors de l'invasion du choléra, a excité un méconten tement général. Le dévouement, les sacrifices ont été méconnus; la faveurle népotisme out servi de titres aux récompenses. Une injustice criante avait été commise l'égard du docteur Meirsschaut d'Alost. Dès l'in vasion de l'épidémie, chacun admirait son zèle infatigable, son dévouement sans bornes; conti nuellement au chevet des malheureux atteints du fléau, le pauvre comme le riche exaltaient les soins empressés de ce véritable homme de bien. Cette conduite généreuse ne pouvait rester sans récom pense; et ce que le gouvernement ne fit point, les habitants d'Alost prirent tâche de le faire. De nombreuses signatures couvrirent bientôt

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1