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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JNo 3443.
Samedi, 28 Septembre 1850.
34me
annee.
7??.SS, 28 Septembre.
l'union fa.it la force!
Aussi longtemps que l'esprit de parti
demeura exclu de notre politique; aussi
longtemps que les Belges vainqueurs du
despotisme et de la tyrannie Hollandaise
marchaient ensemble, et ramaient d'ac
cord, pour lancer le vaisseau de l'Etat,
plus avant dans les voies du progrès et de
la prospérité publique, de quelle auréole
de gloire, de quel éclat de splendeur ne
s'est point ennobli notre patrie? de quelle
paix intérieure n'ont point joui les sujets
de Léopold? les lois sages qui nous régis
sent; l'admirable Constitution de 1850, ce
monument glorieux que l'Europe entière
nous envie sont là qui attestent notre si
tuation passée et qui prouvent ce que peut
une nation qui reste fidèle sa noble dé
vise: L'Union fait la force!
L'Union fait la force! et en même temps
la grandeur et la félicité publique. Tant
que les chaînes de l'union et de la concorde
chez nous ne furent rompus, ne fûmes
nous pas le plus heureux des peuples?
Tant que les Belges ne s'appellaienl et ne
s'estimaient que comme des frères, vîmes
nous jamais la haine, la passion, l'injus
tice, l'arbitraire lever la tête allière et
triomphante dans l'enceinte sacrée de lé
gislature? vîmes nous prévaloir ces systè
mes irritants ces doctrines funestes dont
le pauvre, l'infirme, le malheureux goûte
surtout les fruits amers? vîmes nous la
noire inimitié, le funeste esprit de parti
distiller son mortel venin jusqu'au sein
du foyer domestique? vîmes-nous en un
mot, au nom de tel ou tel spécieux pré
texte attenter ce que toujours nous eû
mes de plus cher, la religion et la liberté
de l'enseignement?
Non; ce n'est que depuis que les loges
maçonniques et les sociétés secrètes se
mèrent la zizanie et la discorde; ce n'est
que du moment où, la voix d'un apôtre clu-
biste, le peuple Belge qui ne connût qu'un
même drapeau, en adopta un deuxième,
celui du soi-disant libéralisme, etse parqua
ainsi en deux camps divers, que l'antago
nisme politique hissa son pavillon sur notre
terri toire,escortédeseslégionsdequerelles,
et de cancans.
Or nous en appelions aux amis sincères
de notre nationalité, quoi ont abouti la
rupture de l'union jadis si intime des Bel
ges, et la division tous les jours plus mar
quée des enfants d'une même patrie? Qu'ont
gagné, le trésor, le contribuable, le pays en
général aux combats livrés dans la presse,
dans les élections, dans le parlement, entre
les libéraux et les catholiques? Qu'ont-ils
gagné?
Disons plutôt ce qu'ils ont perdu.
Rien qu'à savoir que le découvert actuel
de la caisse publique, s'élève la somme
de 105 millions, et que l'administration
de M. Frère, figure dans ce compte pour
fr. 97,908,254 18, il reste établi que les
soi-disant libéraux qui devaient tout sau
ver selon leurs promesses' n'ont fait que
ruiner les contribuables par leurs folles
prodigualilés. Dès le premier jour de son
existence, le cabinet Bogier a-t-il fait autre
chose que léser les intérêts du trésor? tant
de généraux mis en non activité, tant de
commissaires de district et d'autres fonc
tionnaires destitués pour le seul besoin de
caser des amis politiques; tant de milliers
de francs follement jetés en l'air, pour
créer des fêtes, des expositions et des
écoles agricoles; pour subsidier des jour
naux, et faire réussir des candidatures
libérales aux élections diverses, voilà pour
le trésor les bonnes choses que le cabinet
libéraliste, fidèle ses pompeuses pro
messes vient d'opérer.
L'avantage que retireront les contribua
bles, de la politique actuelle, se comprend
aisément quand on a devant soi la petite
queue de 105 millions de découvert que
traine M. Frère. Le ministère l'entend
ainsi: ce petit vide doit être comblé et
pour ce, messieurs les contribuables au
ront l'honneur de voir augmenter leurs
contributions foncières, de payer un impôt
sur le tabac et de laisser le trésor perce
voir ia bagatelle de 1 °/0 sur les successions
en ligne directe.
Voilà les bienfaits pour lesquels le trésor
et les Belges en général doivent de la re
connaissance au ministère. Considérons
un instant quel a été le partage du pays
entier dans les faveurs de nos ministres.
Du jour où un ministère serviteur très
humble des clubs et des loges s'est fait
place au pinacle des affaires, la Belgique
a-t-elle grandi dans l'estime des nations
voisines? Aucunémenl; elle a perdu sans
cesse en considérations. Rome exprime
ses regrets de voir le gouvernement Belge
s'engager dans la voie que lui tracent les
passions et les haines clubistes. Bien que
nous ayions un ambassadeur en Hollande,
le ministère Belge ne prévoit guère la dé
monétisation des Guillaumes et cause ainsi
aux contribuables une perle sensible. Voilà
entre autres des traits qui dépeignent notre
physionomie vis-à-vis de l'étranger. Notre
aspect intérieur ne présente guère une face
plus riante.
Aux yeux de bien de personnes les lois
actuelles ne paraissent plus des lois; et
réellement plus d'une fois les décisions de
la législature ont moins les apparences de
lois, et de préceptes de la droite raison que
de vengeances exercées contre une portion
notable du public, ou de faveurs accordées
une caste, ou un parti. Ainsi en est-il de
la loi sur l'enseignement.
A vrai dire est-il juste d'appeler loi, une
mesurequi blesse l'autorité religieuse, porte
atteinte aux droits du père de famille et
froisse visiblement les intérêts matériels
et moraux de tout un peuple? Inspiration
digne du plus étroit esprit de parti, et de
la faction Voltairienne-libéraiiste, la nou
velle législation en matière d'enseignement
a-t-elle bien pour but apparent et direct
d'améliorer les jeunes générations, en les
rendant plus morales plus religieuses? où
ne tend-elle éloigner de plus en plus les
jeunes Belges de l'élément religieux et
matérialiser l'intelligence de la jeunesse
au lieu de la perfectionner? tend-elle en
en mot la loi décrétée rendre la Belgique
plus catholique, ou la rendre plus vol-
tairienne plus libéraliste?
La grande la première science de l'hom
me c'est la religion. Si je n'étais assuré, dit
M. Laurentie dans ses lettres sur l'édu
cation adressées un père, que votre en
fant apprendra au collège tout ce qui se
rapporte celte grande, celte première
science de l'homme, je vous dirais de l'ar
racher bien vile de ce lieu, dussiez-vous
le cacher dans une école de village et le
tenir comme un petit barbare ignorant de
tout ce qui flatte l'espérance et la vanité
de cette vie mais instruit de ce qui fortifie
la vertu et assure la jouissance d'une vie
meilleure.
Pénétrés de la vérité de ces paroles, et
convaincus du mépris qu'affiche la loi nou
velle l'égard de l'enseignement religieux
dans l'éducation publique, pères et mères
de famille, plusque jamais songezàdonner
une bonne instruction vos enfants que l'é
tablissement sur lequel votre choix tombe
soit une maison où la religion préside
toutes les études, et où les maîtres par
leurs principes et leurs exemples, offrent
toutes les garanties désirables. Ainsi vous
verrez un jour vos fils, faire le bonheur de
votre famille; ainsi vous formerez la pa
trie des citoyens dont tous les efforts ten
dront rétablir la paix, et la concorde
intérieures dont l'affaiblissement se fait si
fatalement sentir aujourd'hui; ainsi la Bel
gique se ressouvenant de son époque de
gloire, reprendra son ancienne dévise, et
tous les cœurs comme toutes les bouches
s'écrieront dans un transport d'allegresse:
l'Union fait la force et le bonheur publics.
Tout le monde se souvient qu'il y a un
an, deux élèves du collège communal pas
sèrent leur examen d'élève universitaire,
et que la trompette triomphale ne cessa
de sonner pendant plusieurs semaines par
le Progrès, tout en blamant l'élève du col
lège S' Vincent de Paul, qui avait eu le
malheur d'échouer; aujourd'hui serait-il
vrai, que l'un de ces deux Messieurs, M.
K. vient d'échouer dans son examen de
Philosophie, devant le jury combiné de
VÉRITi: ET JUSTICE.
Ou .s'abonne a Yprès, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
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