Le juge. Si quelqu'un se permet de donner
des marques d'approbation je le ferai évacuer
l'instant
FRANCE. Paris, 5 octobre.
ITALIE.
TURQUIE.
lose et de la loi du g huitrimaire, les deux parties
soient condanine'es 5 francs d'amende et aux frais
du brochet. (Rires daus l'auditoire.)
La foule conipose'e de l'anglais et de moi, s'é:
coule dans un respectueux silence en admirant la
profondeur des cadis ostendais. Sancho
On lit dans le Bulletin de Paris
Aujourd'hui, le service funèbre annuel en
mémoire de la Reine Hortense, comtesse de S' Leu,
ancienne Reine de Hollande, mère du prince Louis-
Napoléon, Président de la République, a été célébré
Rueiloù son tombeau est élevé côté de celui
de l'Impératrice Joséphine, dans l'église paroissiale.
Dès le matin, la cloche sonnait le glas, l'église
était tendue entièrement en noir, A onze heures,
M. le Président de la République, suivi des aides
de camp et de ses officiers d'ordonnance, est arrivé
Rueil. Le bataillon du 37e régiment qui est
caserné dans le bourg était sous les armes ainsi
qu'une partie de la garde nationale. L'assistance
était nombreuse a la messe et la foule très-grande
sur le passage du Président.
On lit dans YUnivers Les journaux ont parlé
d'une terrible catastrophe qui vient d'arriver au
château de Villelouet. Mm° Maurice de Vaines,
belle-sœur de M. Guizot, revenait d'une petite
fête donnée au profit des pauvres le feu prit h ses
vêtements, on ne put l'éteindre assez vite, et après
cinq jours d'horribles souffrances, elle est morte
universellement pleurée.
Mm# de Vaines avait vingt-cinq ans. Riche,
heureuse, et non moins remarquable par son esprit
et par ses vertus que par sa rare beauté, elle faisait
l'orgueil et le bonheur d'une noble famille. Toute
cette félicité a péri en un instant, de la manière la
plus soudaine et la plus effroyablemais, par la
miséricorde de Dieu, un si formidable malheur n'a
point jeté dans le désespoir ceux qu'il a frappés.
Mm* de Vaines a su mourir plus digne encore d'ad
miration et d'envie que de regrets.
Quoique mariée h un catholique, elle était
protestante. Après la catastrophe, lorsque l'on
s'empressait pour lui donuer des soins qu'elle sen
tait inutiles, elle ne songea qu'a son âme, et de
manda d'elle-même les secours de la sainte Ëglise
romaine. M. le curé de Villelouet, appelé par elle,
reçut sa coufession, son abjuration et lui administra
le baptême, où elle fit ajouter a son nom le nom
de Marie. Ensuite, au milieu de ses tortures, qu'elle
supportait avec la paix des martyrs, elle demanda
et obtint la bénédiction de l'Église, qui avait man
qué son mariage; puis elle reçut le corps de
Notre-Seigneur et le sacrement des mourants, et
enfin elle expira. Sou beau visage, que les flammes
avaient seul respecté, charmait jusque dans la mort
les témoins de cette fin si terrible et si douce. Après
tant de merveilles, ils ne s'étonnaient plus de la
grâce et du repos qu'ils y voyaient, mais ils s'éton
naient eux mêmes de se sentir résignés.
Le courage et la foi de M. de Vaines ont été
dignes de l'épouse qu'il a perdue et aussi grands
que son espérance et sa douleur. Dieu seul fait ces
prodigues dans le faible cœur de l'hoinme. Subir
de tels coups et n'en pas mourir et aimer davantage
la maiu qui les envoie, c'est la marque d'une âme
assistée d'en haut et qui, lorsque le monde la croit
affaissée sous le poids de l'épreuve, s'incline avec
amour devant le plus grand des miracles.
Nous avons lucomme les premiers chrétiens
lisaient les actes des martyrs, en pleurant et en
glorifiant Dieu, quelques lettres écrites du château
de Villelouet, durant ces jours si douieureux et si
glorieux où s'est accomplie la conversion et la
sanctification de Mm# de Vaines. Elles sont pleines
des détails les plus admirables. Les sentiments de
cette jeune femme, son courage, sa résignation, sa
douceur, sa joie passent la mesure ordinaire de la
grandeur humaine dans la vie et dans la mort.
En cinq jours elle a donné plus d'héroïques
exemples qu'il n'en reste souvent de tout une
longue et chrétienne vie. Elle avait entendu la voix
de Dieu, elle est allée lui comme une âme qui
s'élance purifiée du milieu des flammes expiatrices;
elle a laissé dans le cœur de tous ceux qui l'ont
approcée la bonne odeur de son salut.
•On écrit de Rome, le 24 septembre:
Le tribunal de la consulte, sous la présidence
de Mgr. Rufini, vient de prononcer son arrêt dans
l'affaire de la tentative d'assassinat commise sur la
personne de M. Nardoni. Un Modenais, nommé
Fabri, qui avait trempé dans la perpétration du
crime, a été condamné aux travaux forcés perpé
tuité. Les trois autres inculpés ont été condamnés
la peine de mort. Ce sont les nommés Antoniui,
ancien employé de la poste romaine; Maurizi, cor
donnier de Macerata, et Domenico Pace, de Frascati.
Antonini a été convaincu d'avoir donné de
l'argent aux deux assassins Maurizi et Pace. Quand
il a été interrogé, Antonini a refusé d'abord de
répondre; puis, sur les instances du président, il
s'est écrié: Je suis Antonini, républicain de pro
fession. Dans le cours des débats, il a été d'une
telle violence, qu'il a fallu le faire sortir pour
calmer sa fureur. La sentence est entre les maius du
Pape,dont l'assentiment est nécessaire pour qu'elle
devienne exécutoire. Quant h cette tentative de
meurtre, les correspondants des journaux rouges
ont crié la calomnie. Un d'eux a été même assez
ingénieux pour soutenir que Domeuico Pace était
le beau-frère de Mm° Nardoni, et qu'il s'était prêté
h une comédie. Si la sentence est confirmée, et ne
le fut-elle pas, ne s'agît il que de galères, il faudra
avouer que Domenico Pace aura poussé la complai
sance jusqu'à ses dernières limites.
On dit que le jour où a été prononcée la con
damnation contre Mgr. Fransoni, le ministère avait
envoyé 3 carabiniers avec ordre de le tirer de la
prison de Feuestrelle et de l'escorter jusqu'à la
frontière.
VOpinione de Turin annonce que les deux
chambres criminelles ont prononcé contre Mgr.
Fransoni la peine du bannissement et la confisca
tion de ses biens.
Cette nouvelle est pleinement confirmée par
d'autres journaux. L'Opinione ajoute que la sen
tence sera mise immédiatement exécution.
Si le gouvernement sarde est décidé, eu effet,
user de rigueur jusqu'à la fin en vers l'auguste pré
lat, il rendra de plus en plus difficile un arrange
ment amiable avec le St-Siége.
VOYAGE DE Mgr L'ARCHEVÊQUE DE TURIN DE FENES-
TRELLE A B1UANÇON.
Dans l'émotion où uous a jetés la condamnation
inattendue et singulière de notre illustre Arche
vêque, notre premier soin a été de prendre des
informations pour avoir des nouvelles de sa santé
et du lieu où on l'a conduit. Nous nous empressons
de communiquer au lecteur les détails qui nous sont
parvenus, autant pour leur consolation que pour la
honte de ceux qui se sont déchaînés contre l'hé
roïque Pasteur. Vendredi, vers une heure après-
midi, le juge d'instruction de Pignerol se transporta
dans la prison de Feuestrelle pour donner lecture
au Prélat du mémorable décret du 25 septembre,
par lequel il est relégué hors des Étals sardes.
Notre grand Archevêque écouta cette lecture avec
la sainte résignation, avec la calme constance qui
le caractérisent et sans proférer une seule parole.
Le juge étant sorti, Monseigneur envoya ses vête
ments au tailleur pour qu'il enlevât tout ce qui est
particulier au costume épiscopal. La personne char
gée de conduire le Prélat la frontière se présenta,
demandant où il préférait qu'on le menât. L'Ar
chevêque répondit avec dignité Mon droit est de
demeurer en Piémont. Mon devoir m'appelle
dans mon diocèse si le Gouvernement me ban-
nit, j'irai où il me fera conduire.
On lui dit qu'on le mènerait en France; il
répondit Je vais où me fait conduire le gou
vernement. Alors on lui offrit de l'argent de la
part du ministère pour subvenir ses dépenses.
L'Archevêque déclara qu'il n'accepterait pas un
liard du gouvernement. Cependant le bruit s'était
répandu Fenestrelle et dans les pays voisins que
le lendemain Mgr. Fransoni serait conduit en
France. Jusqu'à Traverse, son voyage fut une
ovation continuelle; ce fut le voyage d'un triom
phateur et non d'un condamné. Les bons habitants
de ces montagnes se le montraient les yeux remplis
de larmes et, s'agenouillant, demandaient sa béné
diction. Le curé de Traverse alla sa rencontre, et
la voiture ayant dû s'arrêter, parce que les chevaux
avaient besoin de repos, le curé conduisit le Prélat
l'église et puis dans sa maison, le traitant avec
toute la vénération qui lui est due. Au bout d'une
heure on repartit. Au Mont-Genèvre, le supérieur
de l'hospice accourut avec ses moines pour offrir
ses hommages au Prélat et le prier d'accepter un
léger repas. A six heures du soir on arriva Brian-
çon où Mgr. l'Archevêque prit un logement
l'auberge. La nouvelle de son arrivée se répandit
bientôt dans la ville, et le peuple accourut autour
de l'auberge pour contempler les traits du confes
seur de la foi.
Le curé et le clergé se rendirent aussitôt auprès
de Sa Grandeur, qui les entretint pendant une
grande heure. Le lendemain, 7 heures du matin,
Mgr. célébrait la messe dans l'église paroissiale et
donnait la communion un grand nombre de per
sonnes. De l'auberge l'église, son passage, le
peuple faisait la haie droite gauche, le contem
plant avec émotion. Ce jour-là il dut céder aux
iustances du curé et loger chez lui. On ne sait pas
encore où il fixera sa demeure. Où qu'il aille, l'a
mour, la vénération de tous les bons Piémontaîs le
suivront. Les persécutions et les comdamnations
peuvent bien éloigner de nous sa personne, mais
aucune puissance humaine ne pourra séparer nos
cœurs du cœur de Mgr. Fransoni. (Armonia.)
On écrit d'Alexandrie(Égypte),le 23 septembre:
<t Le choléra a presque entièrement disparu et le
vice-Roi Abbas-Pacha est de retour la citadelle
du Caire.
L'événement du jour Alexandrie est la fuite
d'Artin-Bey, naguère Ministre tout-puissant, chef
des départements des affaires étrangères et du com
merce, lequel s'est embarqué bord d'un steamer
français pour Beyrouth.
On se rappelle qu'il y a quelque temps Artin-
Bey fut envoyé Constantinople où il fut traité
avec de grands honneurs et on croyait sa position
plus solide que jamais. Mais son retour en Egypte
il reçut une première preuve du contraire. Le poste
de Ministre du commerce fut donné un Turc.
Une revue de tous les comptes du département,
qu'Artin-Bey avait toujours refusé de fournir,
constata des soustractions se montant, ce qu'on
assure, près de 3 millions de francs.
Artin-Bey reçut alors l'ordre de se rendre au
Caire pour y occuper son poste de Ministre des
affaires étrangères, mais il refusa, alléguant l'état
de sa santé et demanda pour se rendre l'étranger
un congé qui lui fut accordé, mais ayant demandé
pouvoir emmener sa famille le gouvernement
suspecta que son projet était de quitter l'Egypte
pour toujours.
Ayant appris que Hessan-Pachaprésident du
conseil, était en route du Caire pour Alexandrie,
Artin-Bey se rendit bord d'un steamer français
qui partit pour Beyrouth le jour même où Hessan-
Pacha arrivait Alexandrie. Hassan-Pacha se rend
Constantinople chargé, ce qu'on assure, d'une
mission importante.
Le vice-Roi Abbas-Pacha, après avoir passé
quelque temps Benba, dans le désert où il s'était
enfui par jjeur du choléra, est revenu occuper son
palais dans la citadelle du Caire. Stephani-Bey a
été nommé Ministre des affaires étrangères, et
Edhem Pacha, Ministre du commerce en rempla
cement d'Ismaël Bey, qui occupait ces fonctions
depuis qu'Artin Bey en avait été dépouillé. La
nomination d'Edhera Pacha a été parfaitement ac
cueillie. C'est un homme éclairé qui a été élevé en
France et qui parle couramment toutes les prin
cipales langues de l'Europe.