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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3450.
34me aimée.
7P7.SS, 23 Octobre.
L'opinion'publique s'est émue justement
de ce que le ministèreaprèsavoir, en vertu
de la nouvelleloi sur l'enseignement moyen,
établi dix athénées royaux, n'ait pas daigné
inviter les ministres du culte y donner
l'enseignement religieux en exécution d'un
autre article de la loi. C'est ainsi que l'a
thénée d'Anvers, ayant passé de l'adminis
tration de la commune celle de l'État, le
prêtrequi y donnait l'instruction religieuse,
s'est vu tacitement congédié, puisque au
cune invitation de la part de l'autorité
compétente n'autorisait plus sa présence.
Peut-être s'attendait-on ce que les feuil
les ministérielles cherchassent au moins
pallier ce sans façon libéraliste de nos gou
vernants. C'était compter sans la triple
bonne foi des organes de la politique nou-
nouvelle.
En effet, le Précurseur d'Anvers et sa
suite le Progrès de cette ville ont imaginé
ingénieusement d'imputer cri meau clergé
son abstention forcée. Ainsi donc, s'écrie
ce dernier journal, avant même que l'en-
seignement soit organisé sur les bases
de la nouvelle loi, les prélats s'opposent
ce quç les ecclésiastiques, chargés de
l'instruction religieuse, continuent leurs
leçons dans les établissements de l'État.
Ainsi se lamente le vertueux confrère;
tandis que nos Évêques n'ont pas eu seu
lement l'occasion de refuser leur concours,
et que d'autre part leur dignité leur défend
de s'imposer qui ne les invite pas.
Tel est pourtant le véritable état des
choses: Quant aux chicanes déloyales du
Progrès, elles attestent suffisamment la fai
blesse fondamentale de sa cause; et les
diatribes odieuses (dont la réproduction
ne souillera pas nos colonnes) qu'il dé
coche plus loin contre le clergé, malgré
le fard d'une hypocrisie toute voltairienne,
ne dévoilent que trop le stimulant véri
table de toute sa polémique, la haine anti
religieuse.
Voici comment le Journal d'Arlon dé
truit une objection qu'on pourrait peut-
être nous opposer.
L'Écho du Luxembourg a annoncé,
et, après lui, d'autres journaux ont répété
que le doyen d'Arlon qui, depuis sept
années, donne l'instruction religieuse
l'Athénée, ne s'est pas retiré l'instar de
ce qui s'est passé Anvers et Namur.
Cette manière de parler n'est pas par
faitement exacte. Si M. le curé-doyen ne
s'est pas retiré, il n'a pas non plus repris
son cours. 11 a demandé des instructions
l'évêché, il ne parait pas les avoir reçues
encore, et, en attendant, il s'abstient.
M. le ministre de l'intérieur, par une
lettre adressée aux gouverneurs de pro
vinces, vient de convoquer Bruxelles,
pour le 24 de ce mois, les bourgmestres
des neuf chefs-lieux de province, ainsi
qu'un membre de la permanence de cha
que conseil provincial. L'objet de cette
convocation est d'aviser l'emploi des
fonds destinés l'érection d'un monument
la mémoire de la Reine, et d'imprimer
cette noble entreprise en lui assignant
un but déterminé une impulsion plus vi
goureuse encore, s'il est possible, mais
surtout une impulsion plus sure.
Comme nous avions annoncé, aujourd'hui,
10 heures du matinla Société royale de
S'-Sébastijen, a fait célébrer dans l'Église S1-
Martin, un service funèbre, pour le repos de
Cûme de notre Reine bien-aimée. Messieurs
les membres se sont rendus l'Église en cos
tume, drapeau déployé.
Nous apprenons que M. le doyen a gé
néreusement refusé personnellement, toute
rémunération pour la célébration du ser
vice funèbre la mémoire de la Reine, et
que la fabrique de l'église a fait abandon
du droit qu'elle pouvait exiger.
AU ROI.
Sire!
jstoago—
Nous lisons dans l'Indépendance du sa
medi 19 courant
Convoqué d'urgence, le Conseil com-
munal de Poperinghe, a voté I'unani-
mité, une adresse au Roi, l'occasion
de la mort de la Reine, et décidé que le
collège échevinal portera le deuil pen-
dant trois mois et les membres du con-
seil pendant six semaines.
Nous apprenons que dans la même séan
ce, le Conseil a chargé le collège échevinal
de s'entendre avec le clergé pour faire cé
lébrer un service funèbre, pour le repos
de l'âme de Sa Majesté la Reine; ce service
solennel aura lieu samedi prochain.
La Société agricole et horlicolê de Po
peringhe a ouvert dimanche dernier le
salon de son exposition annuelle; les pro
duits sont généralement beaux et assez
nombreux les membres de la Société
ayant seuls le droit d'exposer.
Mardi a eu lieu le concours de chevaux
et bestiaux.
On nous écrit de Gheluwe: La journée
du 13 octobre semble avoir été un jour de
joie en cette commune, dans l'après diner
vers les cinq heures on a fait monter un
ballon au bruit de la musique de cet en
droit. Ce divertissement n'était pas fort
goûté d'une grande partie de la popula
tion affligée de la mort de notre chère
Reine partout chérie, aussi n'est-ce qu'aux
cris de quelques gamins et gens désœuvrés
que ce ballon peine la hauteur de cent
pieds est tombé en lambeaux enflammés
près de l'endroit où il était monté et des
maisons couvertes en paille.
Le Standaerd van Vlaenderendans son
numéro d'hier raconte longuement le pas
sage de Marie-Amélie, par la station. Voici
ce que, d'après ce journal flamand, l'ex-
reine a répondu au compliment de condo
léance de M. le bourgmestre: Je vous
remercie, M. le bourgmestre, des senti
ments que vous venez de m'exprimer; je
suis surtout sensible la manifestation de
douleur que toute la nation belge éprouve
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abouue Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE LMROMXE.MEXT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un 110 i5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
Jusqu'ici les athénées oui étéseuls établis, entre les diffé
rentes institutions décrétées par celle loi.
Nous publions ici l'adresse de condole'ance vote'e
par le Conseil communal de la ville d'Ypresdans
sa se'ance de lundi (i4), au Roi, l'occasion du
décès de S. M. la Reine des Belges
La perte cruelle que vient de faire Votre Majesté,
a frappé de consternation la ville dont nous som
mes les mandataires.
La Belgique entière pleurera longtemps celle
qui, tout en embellissant votre Royale existence,
faisait le bonheur de ses habitants.
Douée des qiialités les plus éminentes notre
Reine bien-aimée était accessible tons ses enfants,
(et sa charité était inépuisable.
Elle n'est plus, notre Reine chérie, mais son
nom ne mourra pas, il restera gravé dans le cœur
de tous les Belges, et ses vertus passeront là
postérité.
Elle vivra au Ciel pour ses enfants, pour le
bonheur de la Belgique, et elle veillera sur les
jours sacrés de Votre Majesté.
Dans cette circonstance douloureuse, Sire, nous
ne pouvons que confondre nos larmes avec les
vôtres et adresser nos vœux au Ciel; puissiez-vous
y trouver un adoucissement votre affliction
cruelle, et apprendre que le pays entier pleure
avec vous.
Ypres, le i4 Octobre i85o.
-^oat>r.