NOUVELLES DIVERSES.
Voici quelques détails que nous empruntons a
un journal flamand, le Bolerkuipje de Dixmude.
Ils sont d'une netteté désespérante pour certain
partis. Ils prouvent l'évidence que l'envoi de
troupes a Dixmude n'a pas été une précaution inu
tile, et que sans la présence de la force armée on
aurait eu des scènes horribles a déplorer. Ils prou
vent encore que si le mot libéral est synouime de
grand et généreux jamais faction ne fut plus in
digne de porter ce nom que celle qui dans notre
pays veut s'en parer exclusivement:
L'élection terminée, ordre fut donné (nous
ignorons par qui) la gendarmerie de se retirer de
la Grand'Place, attendu que tout s'était passé avec
calme. Mais, c'était'juste le moment où les élec
teurs sortaient de l'hôteUde-ville et aussitôt les
perturbateurs, soit qu'ils eussent le mot d'ordre ou
noo, se jetèrent sur les prêtres. M. Lampe fut
poursuivi, injurié et maltraité par une bande la
tète de laquelle, dit-on, se trouvaient l'hôtelier de
l'établissement la Rhétorique, le brasseur Jpns-
seune, P. Dupond ét autres. Le vicaire de Clercken
fut également attaqué^ de deux côtés a la foisj on
lui jeta des pierres et des bâtons, mais heureuse
ment pour lui, il put, protégé par un des officiers
de la compagnie, consignée dans la prison, se ré
fugier dans une maison voisine par une porte de
derrière. Plusieurs autres prêtres furent insultés et
poursuivis, et plus d'un dut se faire accompagner
d'hommes munis de bâtons jusque hors de la ville.
il Le sénateur Cassiers, voulant sortir par la pe
tite porte de l'hôiel-de-ville, y fut aussi attaqué
par la foule furieuse. Il rentra de nouveau, fit at
teler des chevaux et tenta de partir par la grande
porte; mais l'a aussi on le poursuivit, et force lui
fut d'appeler son secours quelques gendarmes
qui alors se trouvaient sur la place. De cette ma
nière il put continuer sa route, accompagné de la
gendarmerie et poursuivi par la foule proférant
toutes sortes de cris.
A 5 heures quelques musiciens et des mem
bres des diverses sociétés semirent en route pour
porter en triomphe au tour de la ville le portrait
de M. De Breyne, couronné de lauriers. Les arque
busiers étaient munis de leurs armes, et la gen
darmerie marchait en tête du cortège. En passant
devant quelques maisons le cortège fit entendre
des hourahs et déchargea ses armes. Devant l'im
primerie du Bolerkuipje les cris redoublèrent et
un nommé Van Haute sortit du cortège pour venir
décharger son arme, sur le seuil de notre porte.
Après cet exploit, il rejoignit ses camarades et fut
félicité de cet acte héroïque par un nommé Hol-
hoofd. D'autres encore déchargèrent leurs armes,
et parmi eux l'imprimeur Stock dirigea d'une ma
nière menaçante le canon de son fusil vers nos fe
nêtresMais se ravisant, il redressa son arme
et l'éditeur du Posthoorn envoya sa poudre aux
moineaux.
L'orfèvre Lesaffre eut l'honneur de décharger
son fusil au travers des grilles de la porte-cochère
de M. Ghyselen.
Le soir arrivé, l'illumination commença. Dès
ce moment jusqu'à minuit Dixmude eut l'air d'une
ville prise d'assaut. De tout coté on n'entendit que
coups de canons et de mousquets; les rues furent
pleines de monde, au milieu duquel on vit plusieurs
campagnards recrutés ad hoc le ciel résonna de
toute sorte de cris et de hurlements.
A huit heures, une bande, que nous ne savons
6oinment qualifier, traina dans les rues un canon
monté sur des roues, qu'ils déchargèrent surtout
devant les maisous qui n'illuminaient pas. Ces dé
charges cassèrent plusieurs carreaux de vitres; au
Casino, entre autres, il y en eut onze de brisés,
sept chez M. Baert et tin plus ou moins grand
nombre dans d'antres maisons; de manière que le
le lendemain matin Dixmude offrait le spectacle
d'une ville qui avait souffert d'un tremblement de
terre.
Nous ne pouvons ni ne voulons décrire tout
ce qui s'est passé cette nuit sur les places publiques
et dans les cabarets, nous ne dirons rien des carica
tures et des chansons contre le clergé, distribuées
partout. Qu'il nous suffise de dire que, comme on
nous l'assure, sur le marché aux Bêtes deux hom
mes en paille, représentant MM. Desmaisières et
Cassiers, ont été brûlés. Dans la rue aux Poulets,
on aurait fait un aulo-da-fé de dix autres figures
en paille représentant des prêtres.
Mais ce qu'il y eut de plus honteux, ce qui
indigna tout honnête homme, ce fut une caricature
affichée sur la façade d'un .cabaret borgne. Notre
plume se refuse décrire cet ignoble tableau, et
nous douions que la police de Paris, celte ville
immorale, eut permis l'exposition d'un pareil objet.
Toutes ces scènes édifiantes ont été admirées
par MM. de Breyne, de Ruysscher, Borlier, etc.
Devant la maison du chaudronnier Delahaye
il y eut encore des caricatures. Ici, du moins, le
Bolerkuipje eut l'honneur de figurer sur un bû
cher, et de faire son aulo-da-fé sur le feu inqui-
sitorial du plus grand orateur de notre ville.
o Plaisanterie part, un autre scandale excita
l'indignation des honnêtes gens. Un nommé Tan-
ghe, libraire, accompagné de plusieurs autres im
dividus, parcourut pendant toute la nuit la ville et
les cabarets, habillé en prêtre, une lampe a la main
et un écriteau sur le dos; hier matin encore nous
l'avons vu parcourir nos rues dans ce costume.
Nous avons houle de le dire, ce furent les
maîtres des pauvres qui distribuèrent a la populace
des bous pour aller boire, et une société de lecture
donna boire h tous ceux qui voulurent chanter
les chansous qu'on distribuait.
On lit dans l'Écho de CourtraiA Courtrai,
aucun propriétaire ne permettrait aux maçous et
aux charpentiers de travailler, le dimanche, sa
maison: il fallait que le Ministre des travaux pu
blics donnât ce scandale; car depuis six sept se
maines, un entrepreneur bruxellois, travaillant au
nom du gouvernement, ne cesse de violer la sain
teté du dimanche, eu faisant travailler aux hangards
de la station du chemin de fer, sans qu'aucune né
cessité, un peu urgente, puisse l'excuser.
On parle beaucoup Furnes du départ furtif
du conservateur des hypothèques, qui laisserait,
dit-on, dans sa caisse un déficit considérable.
Un violent ouragan, accompagné d'une
grande pluie et de grêle, a régné pendant une
partie de l'avant-dernière nuit, et a occasionné un
déploroble malheur Anvers. Un plombeur de la
douane, le nommé Berghs, revenait vers 2 heures
du matin dans une chaloupe avec deux rameurs.
Déjà il avait mis le pied sur le quai,- lorsque, en
voulant ressaisir son sac, il tomba dans l'Escaut,
dont les flots agités l'engloutirent sans qu'il fut
possible de lui porter secours. Cet employé laisse
une veuve avec un enfaut en bas âge et une mère
infirme de 70 ans. Journde Brux.)
On lit dans le Courrier de Louvain Le
conseil communal dans sa séance de lundi dernier,
a nommé préfet des études et professeur de rétho-
rique au collège communal, M. Grégorius, direc
teur du collège de Tongres.
M. Grégorius a refusé de se charger de l'in
ternat. Il jouira d'un traitement de 3,5oo francs,
plus le logement. Cela commence H y a progrès
dans les dépenses et diminution dans le nombre
d'élèves.
Maintenant nous sommes curieux de savoir
qui sera chargé de l'internat et quel traitement ou
lui accordera.
Ainsi que nous l'avions prédit, le nouveau
collège rapportera beaucoup moins que l'ancien et
coûtera cependant plus d'argent aux contribuables.
Vivent nos édiles
On lit dans la Gazelle de Liège Deux
militaires, condamnés une année d'emprisonne
ment pour désertion viennent de s'évader de la
maison d'arrêt de Liège. L'un des deHx, atteint de
la fièvre intermittente, avait été transporté a l'in
firmerie depuis huit jours, l'autre avait été désigné,
comme homme de confiancepour le soigner et
le surveiller. La maladie n'était guère sérieuse,
sans doute, car pendant la nuit du 12 au i3 cou
rant, malade et gardien ont disparu. Voici les
moyens qu'ils ont employés pour s'évader:
La prison militaire est située sur l'éininence
qui domine la nouvelle maison d'arrêt, les murs
qui l'entourent, sont élevés du côté de l'extérieur
d'environ 4o pieds. Après avoir ouvert, l'aide
d'un instrument en fer, la porte de l'infirmerie,
les fugitifs ont apposé contre la muraille du préau,
une table et une chaise, a l'aide desquelles ils sont
parvenus sur la crête de la muraille le premier pas
était fait, mais ce n'était pas le plus difficile, ni de
plus dangereux, il fallait maintenant descendre
dans la rue, et voici comtneut ils y sont parvenus.
Il y avait dans l'infirmerie une assez graude quan
tité de draps de lit, et peu de malades, ils lièrent
bout-à-boul quinze de ces draps de lit l'aide de
cette chaîne, dont une extrémité était fixée l'in
térieur dn préau, ils se laissèrent glisser dans la
rue, et lorsque les gardiens s'aperçurent de leur
fuite, ils étaient déjà loin, et c'est vainement que
depuis lors on les a recherchés.
On lit dans l'Écho de la Frontière L'au
dacieux assassinat commis Valenciennes, mer
credi 11 décembre, a vivement ému toute notre
population. Un individu inconnu se glisse l'étage
du Café de Paris, situé sur la Grand'Place, entre
dans la salle du cercle qui se tiçnt au-dessus de
l'établissement, y trouve le garçon, connu sous le
nom de Charles, qui y préparait le feu, se précipite
sur lui, le poignarde en prononçant quelques mots
dont le sens se rapproche de ceux-ci: Si je me
Irornpe, c'est égal! et se sauve par un escalier
dérobé et une porte d'allée qui n'est connue que
des habitués. Tout cela en plein jour, sur la place,
peudaut l'heure du marché, vis-à-vis de trois
corps-de-garde, celui de la police, de la garde
nationale et de la ligne. Tels sont les faits qui ont
frappé d'étonnement et de stupeur les hôtes du
café et leurs voisins.
La jeune victime, âgée de dix-sept dix-huit
ans a reçu immédiatement des secours des chirur
giens militaires de la garnison. Son état est grave,
mais il respire encore, et l'on a même quelqu'es-
poir de le sauver. Il a pu dire, voix basse, plu
sieurs paroles. Il a demandé d'abord les secours de
la religion. Ensuite, il a dépeint son meurtrier.
C'est un homme eu blouse, portant une grosse
cravate, une barbe rousse et une casquette plate.
On a vu, peu d'instants après le meurtre, un indi
vidu auquel ce signalement convient, voulant
franchir la porte Ferrand, malgré la consigne que
le factionnaire défendait avec vigueur. La police,
mise eu ronte sur tous les points, a arrêté préven
tivement un individu qui, mis sous les yeux de la
victime, n'a pas été~reconnu par lui. Le débarca
dère a été visité, le télégraphe électrique a joué sur
toute la ligne pour prévenir les autorités; on con
tinue activement les recherches pour atteindre le
coupable de cet audacieux assassinat.
Le plus grand mystère règne encore sur l'au
teur et le motif de cette tentative d'assassin a,t. La
justice, qui ne désespère pas de le dévoiler, fait les
plus grands efforts pour atteindre ce but. Eu atten
dant, les conjectures les plus variées et les plus
invraisemblables se répandent dans le public.
Au dire des chirurgiens, l'homme qui a voulu