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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
34me année
Nos 3470 ET 3471
VÉRITÉ ET J18TICE.
On y'abomie Yprès, rue de Lille, 10, prés la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
l'RIV DE L'A ISO VALUES T, par trimeatre,
YpreS 3b Les autres localilés fr 3 5o. Un n° 25.
Le Propagateur paraît ;le S.tREOI et le UEISCKEDI
de clwnjiic semaine, (insertions 13 centimes la ligne).
7??.3S, 4 Janvier.
Voici encore un chaînon ajoute' l'immense
chaîne des ans; voici encore une anne'e qui vient
de se perdre dans le vaste silence du passé. ]85o
n'est plus, mais les actes, les événements qui mar
quèrent sou cours n'out pu passer sur le monde
sans y laisser leur empreinte. Les siècles, qui for
ment l'histoire de l'homme, participent de sa nature
perfectible et de sa liberté d'action. L'immobilité
entre le bien et le mal ne leur est pas possible; il
faut inarcher dans l'une ou l'autre voie. Aussi le
monde cfaange-l-il périodiquement d'aspect; le
temps emporte tout: peuples, lois, mœurs, pas
sions bonnes ou mauvaises. De nos jours, cela se
nomme progrès; mais ce progrès n'est trop sou
vent qu'un pas de plus dans l'abîme. De nos jours,
tout se précipite; un malaise cruel pousse plus
vivement que jamais le genre humain vers de nou
velles destinées. Quelques jours seulement de repos
et de paix quelques jours sans orages démagogi
ques, sans secousses révolutionnaires, et toutes les
âmes s'imprègnent d'un intolérable ennui, une soif
aveugle de nouveautés tourmeute des peuples en
tiers. Jadis, on vit les hommes l'ombre du toit
domestique goûter en paix le bouheur du présent,
se plaire au culte du passé et sans ardeur inquiète
envisager l'avenir avec confiance. L'homme alors
accomplissait sa destinée dans la douceur d'une vie
obscure et tranquille la religion charmait son exis
tence la religion qui seule ait le secret d'étancher
l'immense soif de bonheur d'une aine destinée a la
félicité céleste. Aujourd'hui, l'orgueilleuse incré
dulité a couvert d'un triste brouillard le phare bien
faisant qui éclairait ses pas dans la rude voie de la
vie; aveugle, il marche au hasard; égaré, l'inquié
tude précipitées pas.
Ainsi en est-ce du monde, et l'on dirait voir sa
course désordonnée, l'on dirait qu'une aveugle fa
talité le pousse saus merci. Ne demandez pas aux
hommes de cet âge ce qu'ils appreuneul aux leçoos
du passé, ni ce qu'ils peusentdu présent, ni ce qu'ils
attendent de l'avenir. Le passé, et ses salutaires
leçons, n'existe pas pour eux ou s'ils y songent,
ce u'est qu'à travers le prisme d'une imagination
prévenue qu'il apparail leurs yeux. Le présent,
c'est un lourd cauchemar, qu'il importe de secouer
et dout une sensation doulourouse est l'unique
réalité. L'avenir, c'est un informe tissu de chimè
res, mais criminelles chimères, fertiles en décep
tions pénibles et en ruines sanglantes.... Passons!
Car il esl douloureux de voir une société si riche
encore de sève et de vigueur se débattre miséra
blement daus le vide; de voir taot de beaux génies,
tant d'âmes généreuses s'étioler dans leur fleur,
sous l'haleine fétide du scepticisme et de l'immo
ralité. Il est douloureux, mais plus effrayant encore,
l'aveuglement obstiné de tant de gens, d'ailleurs
honnêtes, que les leçons les plus terribles de l'expé
rience oui laissés indifférents ou frondeurs. Qu'ont
appris aux grandes catastrophes qui ébranlèrent
tant de fois, depuis soixante ans et récemment en
core, l'Europe presqu'eutière, qu'ont appris no
tamment nos libéraux doctrinaires'? A peine le
monde bouleversé repreut-il haleine un instant,
que ces hommes, hier encore témoins ou victimes
des conséquences de leurs principes, reviennent
aussitôt leurs anciens errements.
Que dire cependant de nous-mëme? Trop sou
vent eutraiués malgré nous dans le tourbillon qui
emporte tous les esprits, nous avons eu néanmoins
ce rare bonheur de conserver une boussole sure la
religion a sans cesse éclairé m.s pas; ses intérêts
sacrés furent le but constant de nos travaux, et la
bannière catholique notre fidèlé étendard. Que de
fois élevant la voix, n'avons-nons'signalé mais en
vain les malheurs que de dangereuses maximes
amoncelaient plaisir sur nos fronts? Inutiles
Cassandres, serions nous destinas, en prévoyant les
malheurs que recèle un ténébreux avenir, n'é
veiller qu'un sceptique dednin, sans pouvoir échap
per nous-inême l'orage que nous voyons grossir
l'horizon? Mais qu'importe? au poste où nous
plantâmes notre bannière, nous resterons sans fai
blesse Un cupide intérêt n'a rien voir dans ce
dévouement: la cause que nou avons embrassée,
comprend d'essence tous les sacrifices; un des plus
nobles champions de ses droits a conçu en ces mots
sa devise la lutte est un devoir, et non une
spéculation
Des aveugles et des pygmées ont nourri cepen
dant l'espérance orgueilleuse de bâtir l'échafaudage
de leurs vaines théories sur les ruines du Catholi
cisme, de l'édifice vainqueur des siècles; mais ils
survivront leurs rêves inutiles: tous ces frêles
chateaux de cartes ne tiendront pas devant un pre
mier coup de vent... Que nous importe uous
quelques jours d'épreuve? Le pouvoir précaire
d'un jour n'a rien qui tente notre ambition nous
qui comptons sur l'avenir. Sur l'avenir; car les
principes catholiques rte s'appuyeut guère sur le
terrain mouvant des passions momentanées de la
foule leur force, c'est ce secret qui leur est propre,
de correspondre aux véritables intérêts de l'hom
me et de remplir la somme de bonheur qui lui est
donné d'atteindre ici bas.
Le Progrès reproduit d'après le Moniteur ia
discussion provoquée la Chambre par la motion
d'ordre de M. J. de Me rode, sur l'élection de Dix-
mude. Pour qui conuait la bonne volouté du Mo
niteur envers les députés ministériels, il paraîtra
tout naturel que ie discours de l'inojfensif M.
Debreyne se trouve si bien débarrassé des naïves
excentricités dont l'honorable représentant a gra
tifié ses collègues; sans doute pour rompre quelque
peu la monotonie d'une aride discussion en provo
quant sur tous les bancs un rire des plus exopilauts.
C'est ainsi que les importantes révélations fournies
par l'élu de Dixmude sur sa promenade cheval,
de même que la manière vigoureusement ironique
dont M. de Mérode se déclara satisfait, se trouvent
prudemment passées sous silence. Depuis l'avène
ment de la politique nouvelle, le Moniteur uous a
habitué cette reserve habile.
Dans la séance du Sénat du 28 décembre, l'ho
norable M. Malou a ouvert une discussion très-in
téressante sur un nouveau système d'élagage des
arbres pratiqué depuis quelque temps sur la plupart
des grand'rouies de l'Etat. S'associaul aux critiques
dont ce système a été l'objet dans l'autre Chambre,
M. Malou eu a signalé les inconvénients au double
point de vue du trésor et de la valeur industrielle
des produits.
Nous extrayons ci après du discours de M. Malou
quelques paragraphes qui exposent la questiou et
en démontrent^'iujporiance
Ce nouveau système ne fournira jamais de
beaux arbres, des arbres de prixpropres aux
grands travaux, tels que ponts, écluses et moulins;
ils seront impropres la grosse charpente, la
menuiserie et la touuellerie, voici pourquoi ces
arbres en conservant des branches dans presque
toute leur longueur, pourront devenir fort gros b
la partie inférieur, mais ils s'effileront considéra
blement vers le haut et ne formeront jamais une
belle couronne, parce que les branches inférieures
s'empareront de la première sève et que les autres
iront en s'appauvrissant vers le sommet. Ainsi, si
on tente de les employer b la grosse charpente, ils
perdront plus de la moitié de leur bois par l'équar—
rissage et on n'eu retirera jamais de pièces longues
et de forte dimension. Ils seront aussi impropres a
tout emploi qui exige une belle qualité de hois
exempt de nœuds et de défaut. La méthode nou
velle oe produira donc que du mauvais bois de
chauffage.
y> J'insiste sur l'inconvénient de laisser a un
arbre des branches dans toute sa longueur; voici un
fait b l'appui de mon assertion. J'ai fait scier en
planches un gros peuplier d'Italie; ces planches
étaient b peine assez bonnes pour garnir des étables
ou des hangars; elles étaient criblées de nœuds et
de défauts. Ce u'est donc pas la grosseur d'un ar
bre qui en constitue essentiellement la valeur,
mais plutôt son utilité; ainsi quand même la mé
thode nouvelle produirait nue végétation plus ra
pide, ce qui est fort problématique, encore fau
drait-il s'en abstenir, car je crois avoir démontré
qu'elle ne produira que de mauvais arbres qui
seront rebutés par les marchands. L'ancienne mé
thode a fait ses preuves, tout le monde peut en
constater les bous résultats.
J'ajouterai encore, comme une considération
secondaire, la conservation des routes dans les
contrées basses et humides, où l'écoulement des
eaux est lent, le rideau que formera la plantation
interceptera le vent et les rayons du soleil, les
routes ne pourront se sécher et nécessite»'® ît des
réparations continuelles.
u'H
Ont été nommés membres de la chai.i're de
commerce S
A Bruges, MM. P. Sinave, Edm. Van dj^Jîof-
stadt, F. Perlau, P. De Graeve.
A Courtrai, MM. Vercruysse, V. Debbaut, C.
Dujardiu, Bruneel.
A Ostende, MM. J. Brasseur, Th. Hamman,
J. Gabriel.
A Roulers, MM. De Geest fils, De Baere-Herre-
baut, E. Vanden Bogaerde.
A Ypres, MM. J. Vau den Driessche, C. Becuwe,
L. Coevoet.
LOI RELATIVE AUX MONNAIES D'OR.
Léofold, Roi des Belges,
A tous présent et b venir, salut.
Les chambres ont adopté et nous sanctionnons
ce qui suit
Art. 1". L'article i"delaloi du 3i mars 1847,
décrétant la fabrication de pièces d'or de 10 et de
25 francs, est rapporté.
Art. 2. Le gouvernement est autorisé a faire
cesser le cours légal de ces pièces fabriquées jus
qu'à concurrence de i4,646,025 fr.
Avant de faire usage de ce pouvoir, il fixera un
délai pour les échanger daus les caisses de l'État au
taux de leur valeur nominale.