9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 7PF.SS, 8 Janvier. No 3472 34me année. VÉRITÉ ET JCSTICE. On s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX OE L'XBRIXEMEXT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. le Propagateur parait le SA.WEDI et le MÉRCREDI de chaque semaine. (Insertions IV centimes la Vigne). M. le ministre de la justice rappelle, par une circulaire, aux pre'sidents, procureurs-généraux et gouverneurs de province, combien il est important que les actes de décès des fonctionnaires piiblics lui soient transmis en temps utile. Quant aux pos tulants, voici les instructions qu'il donne h leur égard Immédiatement après leur arrivée a mon dé partement, les actes de décès, démissions, etc., se ront publiés au Moniteur, et après un délai de dix jours, b compter de l'insertion, il sera procédé a l'instruction des demandes aux places vacantes, sauf dans le cas où le gouvernement possédera des renseignements insuffisants pour procéder immé diatement au remplacement du fonctionnaire dé cédé ou démissionnaice. Aussitôt que les requêtes vous seront trans mises, vous voudrez bien faire en sorte qu'endéans le mois qui suivra cet envoi, je reçoive régulière ment les rapports que vous avez a m'adresser. Si vous n'êtes pas a même de satisfaire cette dispo sition dans le terme fixé, je vous prie de m'en faire connaître le motif et, s'il y a lieu, le fonc tionnaire qui aurait occasionné le retard. En ce qui concerne le notariat, les chambres de notaires transmettront leur avis endéans les vingt jours cfe la communication des requêtes; sinon, il sera passé outre («instruction. MM. les procureurs généraux veilleront a ce que les pro cureurs du roi, avant de faire cette communication aux chambres de notaires de leur arrondissement, tiennent note des postulants; de cette manière, aucun retard ne sera apporté la transmission des rapports a tnon département. Les nouvelles d'Irlande sont toujours désas treuses. Cela est triste dire, mais il n'est que trop vrai qu'on ne cesse de mourir de faim dans ce malheureux pays. Après dix années de souf frances et de résignation, l'Irlande continue a souffrir et h se résigner. Ce n'est qu'avec une cer taine réserve que nous parlons quelquefois de son incomparable détresse. Nous craignons qu'on ne taxe d'exagération les détails que nous publions. Ils sont extraits cependant des feuilles irlandaises et anglaises qui chaque semaine en renferment de nouveaux. Un grand nombre de localités, de dis tricts même, sont toujours en proie h unè misère inouïe. Nous citerons surtout le malheureux comte de Mayo. Le dernier n° du Tahlel enregistre en core un cas de mort par inanition arrivé Dublin même, il y a quatre jours; il s'agit d'une pauvre femme qui, dit ce journal, était dans un état d'af faissement tel qu'elle n'avait plus que la peau sur les os. Assurément, les annales d'aucun peuple ne rap portent un état d'agonie aussi universel et aussi prolongé que celui de l'Irlande. En présenee d'un état de choses si désolant et que la saison d'hiver ne peut qu'empirer, nous ne pouvons nous refuser d'accéder b la prière qui nous ont faite plusieurs personnes généreuses, d'ouvrir une souscription dans nos bureaux, afin de soulager l'affreuse mi sère de la pauvre Irlande. Nous avons pris cette résolution après avoir lu les tristes détails publiés dans les derniers numéros des feuilles irlandaises et anglaises qui nous sont parvenus. Le Tablet de Dublin a reçu une lettre signée de M. Phew, vicaire, en date de Shrule, cointéde Mayo, le 23 décembre ?85o. En voici le texte Je regrette d'avoir b vous apprendre qu'il y a dans ce district un très-grand nombre de fa milles composées de veuves avec beaucoup d'en fants, et d'orphelins dont les parents sont morts de faim et de besoin. La détresse de ces familles est extrême: la nourriture et les vêtements leur manquent presque complètement; elles vivent dans des huttes froides, humides et mal jointes, et faute de literies, gardent la nuit les haillons qui leur couvrent peine le corps. Afin de soutenir leur existence, elles se ré pandent, pendant le jour, dans les champs pour y recueillir la pomme de terre oubliée par le fermier lors de la récolte, ou s'emparer de quelques navets de]p!us en plus rares. Je ne dois'pas vous dire que ce régime a fait de ces malheureux des familles de squelettes ambulants qui font mal k voir. Mon cœur se serre en pensant qu'à la grande fête prochaine de Noël, jour de bonheur et de joie spirituelle pour les chrétiens, ces pauvres créatures n'auront pour tout festin que quelques choux ou navets bouillisa l'eau; car le pain est devenu, pour elles, une friandise b laquelle elles out dû depuis long temps renoncer. D'autres nouvelles d'Irlande nous apprennent aussi de plusieurs côtés, que l'horrible système d'éviction continue d'être pratiqué. On sait que cela veut dire abattre les chaumières des malheu reux qui ne peuvent plus payer le loyer des terres qu'ils occupent, afin de les obliger b dé guerpir. Ces espèces d'exécutions ont lieu quel quefois au milieu de circonstances extrêmement cruelles. Un fort détachement de soldats et d'hommes de police, accompagné du shériff du comté de Galway et de ses officiers, dit un cor respondant du Roscommon Messenger, s'est rendu avant-hier sur les terres de Curnamuekla et Trairaboy, propriété du colonel Sewell, pour accomplir l'a une œuvre de désolation et de des truction, en arrachant jusqu'au sol les demenres de quarante familles; ces familles comptent près de deux cents personnes, dont nne partie avait payé tous les termes échus du loyer de ces terres! Et ces horribles choses ont été faites la veille de la douce fête de Noël, au cœur de l'hiver. Grand Dieu que deviendront ces infortunées créatures, et jusqu'à quand des actes de cruauté aussi révol tants seront-ils tolérés dans un pays chrétien ENTRÉE MIGXHRILE DE MGR. REGNIER, ARCHEVÊQUE DE CAHRRAI, DANS Et VIEEE DE EIEEE. L'entrée solennelle de Mgr. Régnier donnait avant-hier b toute la ville de Lille un aspect de fête. Dès une heure, la foule encombrait déjà toute la rue de Paris et les abords de la porte; aussi les processions des cinq paroisses ont elles eu beaucoup de peiueb prendre rang au milieu de cette affluence contre les envahissements de laquelle aucune me sure n'avait été prise. Le prélat est arrivé vers deux heures et demie; il a été reçu a l'entrée de la ville, au son du canon légal, par le clergé tout entier, auquel étaient venus se joindre tous les ecclésiastiques de l'ar rondissement, les administrateurs des hospices et des bureaux de bienfaisance, et les marguillers de paroisses. Monseigneur, après s'être reposé quelques ins tants b l'Hospice-Gantois, s'est dirigé vers Saint- Maurice, précédé du collège et de sa musique, de tous les chefs d'institution et de leurs nombreux élèves; des écoles des Frères, d'une multitude de petits groupes d'enfants et de jeunes filles revêtues de costumes particuliers pleins de fraîcheur et de goût et portant des bannières; enfin, d'un chœur imposant composé de tous les chantres et musi ciens attachés aux églises de la ville. Après Mgr. l'archevêque qu'accompagnait t\I. l'abbé Bernard, grand vicaire du diocèse, marchait la conférence de Saint-Vincent de Paul, composée d'au moins deux ceuts membres. Le cortège était fermé par la musique du 4* de ligne et un détachement de gendarmerie. C'est seulement après l'entrée du cortège dans la vaste église de Saim-Mautice, que les portes de cet édifice ont été ouvertes au public qui s'y est précipité avec un empressement dont nous essaie rions en vain de donner une idée. Aussi lor/ Qu'après les premiers chants, Monseigneur est i^pnté en chaire, il était visiblement ému de l'accueil en thousiaste et respectueux tout a la fois que lui faisait la population. Mgr. Regnier paraît encore dans la force de l'âge. Sa voix est vibrante et son élocntiou facile. Il a, dans une courte allocution, remercié la pre mière ville de son diocèse de la réception qu'elle venait de lui faire, il l'a complimentée de sa fidé lité b ces rraditions de foi et de charité qui font a-t-il dit, le bonheur domestique et le bonheur social. Nous pouvons caractériser ce discours en un seul mot il a rappelé ces paroles pleines d'amour et de bonté que Monseigneur adressait aux Cam- braisiens Je suis venu non pour commander, mais pour aimer. La cérémonie, s'est terminée par la bénédiction du SaiBt-Sacrement, après laquelle le clergé et la musique du 4°de ligne ont reconduit Mgr. Regnier chez M. le doyen de Saint-Maurice, où Sa Gran deur a reçu successivement la visite des autorités civiles et militaires, et d'un graod nombre de ci toyens.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1