9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Samedi, 11 Janvier 1851. 34me annee. 7??.SS, 41 Janvier. Le 29 Décembre 1850, est décédée Poel-Gappelle, Thérèse De Wilde, veuve Deleu, l'âge de 105ans et quelques mois. Cette vieille avait exercé pendant au moins 80 ans la profession de mendiante,etqu'elle n'a cessé, il y a environ deux ans, par suite d'un mal survenu sa jambe, depuis lors elle vivait des dons charitables de ses voi sins et des étrangers qui lui rendaient de nombreuses visites. Voilà un exemple que ce n'est pas la bonne chère qui donne la longévité. Le 8 janvier 1851, neuf heures du soir, une vieille femme apercevait dans l'atelier d'apprentissage de Langemarck, beaucoup plus de lumière qu'à l'ordinaire, aussitôt elle criait au feu de tous ses poumons, en une seconde tous les voisins furent sur pied, mais malheureusement, la porte était fermée, et le contre-maître qui de meure au moins 7 minutes de l'atelier, avait la clef sur lui. Dans uu instant, la porte fut enfoncée coup de marteau, no nobstant cette promptitude, un des mé tiers était déjà presque totalement consu mé, l'on attribue cet accident qui pouvait avoir les suites les plus funestes par suite que le dit atelier est environné d'une mul titude d'autres maisons, la négligence. N<> 3473. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. IMUY DE LMROIXEIIEI'T, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fi 3 5o. Un n.° 25. Ce Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions M7 centimes la ligne). Plusieurs journaux entretiennent anticipative- ment leurs lecteurs du résultat des négociations ouvertes entre M. le Ministre de l'intérieur et l'é- piscopat. Tout le monde appréciera les motifs de notre réserve aussi longtemps qu'elles n'ont pas abouti. Nous ne voulons fournir aucun aliment l'esprit de parti dans une circonstance si délicate. Répondant au Précurseur et a VIndépendance, qui montrent moins de réserve, le Journal des Flandres, peu suspect dans cette question, s'ex prime en ces termes: En parlant,l'autre jour,des négociations entre l'épiscopat et le ministère, nous faisions des vœux pour la conclusion prochaine d'un arrangement honorable, et encore aujourd'hui uous révélons ces vœux. Malheureusement les renseignements qui nous parviennent de Bruxelles ne nous permettent plus d'espérer un arrangement très-prochain, car on nous assure que M. Rogier ne se montre nulle ment empressé rester conséquent avec les pro messes formelles faites a la Chambre, et les paroles pleines d'espoir prononcées la tribune, et semble se plaire a gagner du temps et a remettre indéfi niment l'exécution de la loi sur l'enseignement moyen. Dernièrement le Ministre de l'intérieur a fait parvenir aux évêques l'exposé de ses vues et de ses desseins, il a fait connaître les intentions du gouvernement et les conditions auxquelles un ar rangement entre l'autorité spirituelle et laïque pourrait se conclure. 11 résulte de l'ensemble de ces instructions et de ces ouvertures, que le chef du département de l'intérieur s'écarte de l'esprit tolérant de la loi et s'éloigne du principe vrai ment libéral, sur lequel repose tonte la loi. Au lieu d'uo exposé sincère, tolérant, libéral, on ne trouve dans les circulaires ministérielles que de misérables chicanes, de puériles exigences et des conditions dictées par un esprit de parti exclusif. C'est surces propositions si un tel mot peut être employé ici que les évêques ont dû se pro noncer. Avant de prendre une résolution, les chefs diocésains se sont réunis et ont, rédigé une réponse en commun. Cette réponse,' digne et pleine de convenance, doit être parvenue au ministère, et s'il est vrai que l'on peut espérer un arrangement prochain, Y Indépendance ferait œuvre méritoire en publiant la réponse des évêques. Mais, comme ou nous l'assure, cette réponse fait voir l'intolérance et l'absurdité des exigences miuistérielles contrairement a l'esprit libéral de la loi, et elle prouve que les conditions projetées par le gouvernement sont inacceptables. Dès lors, il ne faut plus compter sur la complaisance du prin cipal organe du cabinet. En terminant nous dirons que tout ce qui précède, et qui nous parvient d'une bonne source, est exact; nous croyous que le Moniteur ferait bien de donner quelques explications, car l'opi nion publique commence 'a s'émouvoir. A défaut d'explicatiou officielle, des interpellations, nous assure-t-on, seront adressées au ministère, car il faut que l'on sache quoi s'en tenir sur une ques tion qui intéresse toutes les familles. Nous approu vons ces interpellations, car déjà trop longtemps le ministre de I intérieur se montre trop peu sou cieux de l'exécution d'une loi volée depuis huit mois. Jde Bruxelles.) MllIAIX. le Janvier. Depuis deux jours un grand, un saint enthou siasme règne dans la ville de Roubaix. C'est samedi, 4 janvier, vers 2 heures 172 que Mgr. René-Fran çois Régnier, archevêque de Cambrai, a fait son entrée solennelle dans notre ville, au milieu d'une aiïluence considérable et des démonstralions les plus touchantes du respect et du dévouement filial (de tous les habitants. Il a été reçu avec tous les honneurs qu'il était possible de rendre un prince de l'Église, et il était bien loin de la pensée de la municipalité de chercher les amoindrir au moyen du décret de messidor. Toutes les autorités de la ville, la garde natio nale, dont les rangs, au dire des chefs eux-mêmes, n'avaient jamais été plus remplis, le corps des sa- peurs-poinpiers, les musiques,, le clergé des deux paroisses out été au-devant du prélat qui a été conduit processionnellenient l'église St. Martin. Les rues étaient ornées avec beaucoup d'éiégaDce: des guirlandes reliaient toutes les maisons entre elles, des mats, des bannières portaut le chiffre et les armes du nouvel archevêque, où les noms de ses prédécesseurs s'élevaient de distance en distance. Mgr. Regnier a été complimenté par le maire, la tête du conseil municipal, et par le commandant de la garde nationale. Le lendemain 5 janvier vers 9 heures commen çait l'église de Notre-Dame l'auguste cérémonie pour laquelle Mgr. flegnier s'était hâté de se rendre Roubaix, peu de jours après avoir pris possession de son siège archiépiscopal. C'était le sacre de Mgr. Desprez, ancien curé-doyen de la nouvelle paroisse de Roubaix, nommé évêque de Saint- Denis l'île de la Réunion (ancienne île Bourbon). Une foule considérable d'habitants des villes fran çaises et belges qui avoisinent Roubaix remplissait de bonne heure toutes les rues qui présentaient l'aspect le plus pittoresque et le plus animé. De nouvelles décorations avaient été ajoutées aux dé corations de .la veille. Des arcs de triomphe, des portiques avaient été érigés sur divers points, on voyait partout les armes et les chiflres de Mgr. Régnier et du prélat missionnaire qui allait être consacré, et mille devises en leur honneur. On nous permettra d'en rapporter quelques-unes. On lisait sur les abords de l'égtise: Respect, amour et reconnaissance aux prin ces du Seigneur, choisis pour être les distribu teurs de ses dons. Il était le bon pasteur, et le Seigneur lui a confié le soin de son sacerdoce. Le Seigneur se Vêlait choisi, c'est pourquoi il Va orné de ses dons. Honneur et gloire la religion C'est par elle et pour elle que Von sait faire tous les sacrifices. Qu'elle est belle dans le dévouement de ses ministres elle donne le courage de traverser les mers et d'aller évangéliser les peuples infidèles. Dans toute l'étenduè de l'église placée sous l'in vocation de Notre-Dame immaculée, des décora tions du meilleur goût avaient été placées. Deux tableaux peints pour la circonstance sur montaient ces magnifiques tentures; ils plaçaient déjà sous les yeux de l'évèque de St-Deois la nouvelle patrie où Dieu a promis de bénir ses pas. Le premier tableau représentait uu évêque instrui sant un noir, et il portait cette inscription: Là où est l'esprit de Dieu, là est la vraie liberté. L'autre tableau représentait fidèlement les traits de Mgr. Desprez; on voyait agenouillés ses pieds un blanc et un nègre, et il leur disait: Vous êtes frères en Jésus- Christ, et il n'y a pas de dis tinction entre vous. Deux vastes tribunes s'éle vaient de chaque côté du chœur pour recevoir les autorités et les invités. On y remarquait le préfet du Nord, le maire de Roubaix, M. Mimevel, M. Barbaroux, député de l'Ile-8ourbon, un grand nombre de personnes de distinction et plusieurs Belges. Vers 9 heures le cortège composé d'un nom breux clergé, des chanoines de Cambrai et des amis du prélat, se forma près du presbytère de Notre-Dame. Mgr. Desprez y prit place côté de Mgr. l'archevêque de Cambrai, assisté de MMgrs. de Gand et de Bruges. Mgr. Mathéo Nakar, évêque maronite, dans son costume oriental, les grands vicaires, et le secrétaire général de Catnbrai, MM. Bernard, Valiez, Duprez, venaient ensuite et l'on se rendit processionnelleinent l'église, sous l'es corte de la garde nationale et au milieu des plus vives acclamatious de joie de la multitude. Nous n'entrerons pas dans le détail de la céré monie du sacre, dont toutes les parties ont quelque chose de si auguste et de si touchant et qui sont destinées rappeler tous les fidèles les devoirs et la haute mission de celui que Dieu iuvestit de cette dignité. Comment oublier cependant l'émotion qui s'est emparée de tous les assistants au moment où le Prélat consécrateuretses assistants imposent les mains leur nouveau frère en lui disant Re cevez le Saint Esprit. Cette cérémonie, que saint Paul considère comme la plus essentielle de l'or dination, rattache en effet le nouvel élu toute la .hiérarchie catholique qui remonte jusqu'aux apô-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1