HOUVELLES DIVERSES.
FRANCE. Paris, 8 janvier.
très, et le consacre, pour ainsi dire, comme un des
compagnons de leur divin Maître. Comment ou
blier aussi ce moment qui a arrache' des larmes
toute l'assemble'e L'évêque ayant reçu les der
nières onctions, et étant revêtu des ornements pon
tificaux, quitte l'autel, la mitre en tête, pour bénir
le peuple, qui se prosterne de toutes parts. Sur les
premières marches de l'autel, son père, vieillard
plus qu'octogénaire, est agenouillé. L'évêque le
vant les yeux au ciel le bénit, puis il se jette dans
ses bras et l'embrasse avec la plus grande tendresse.
Tous les assissanls furent profondément émus de
ce touchant spectacle, en songeant surtout au cou
rage héroïque du père et du fils qui offraient a
Dieu en ce moment chacun leur sacrifice, et qui
semblaient se dire au pied de l'autel un dernier
adieu.
Pendant toute la durée de la cérémonie reli
gieuse, un chœur nombreux avait exécuté la messe
pontificale en plein chant.
Au sortir de l'église, les évêques furent conduits
avec le même cérémonial l'Hôtel-de-VjJle. Mgr.
Desprez marchait le premier, entre les évêques 'de
Gand et de Bruges et leurs grands vicaires, et bé
nissait la foule accourue sur son passage.
Il était vêtu d'ornements d'une grande richesse;
sa mitre, sa crosse et sa croix faisaient le meilleur
effet.
Un banquet donné par les marguillers de l'é
glise Notre-Dame réunit les évêques et quelques
personnes notables. Vers cinq heures, il y eut un
salut solennel d'actions de grâce, et le soir toute
la ville fut illuminée.
L'évêché de Mgr. Desprez a reçu le nom de St-
Denis, c'est la ville principale de l'île Bourbon,
aujourd'hui île de la Réunion, qui compte environ
120,000 habitants, dont 60,000 nègres, parmi les
quels ou évalue 18,000 le chiffre de ceux qui n'ont
pas été baptisés. La religion catholique est en
grand honneur dans l'île qui possède plusieurs
églises et divers établissements d'instruction. L'an
cienne population esclave a toujours donné les
plus grandes consolations au clergé de la colonie,
et c'est a l'empire des sentiments religieux qui
avaient si efficacement préparé les noirs de l'île
Bourbou ^'émancipation absolue, que l'on doit
attribuer la tranquillité et la paix qui ont régné
dans l'île après l'abolition de l'esclavage, tandis
que les autres colonies françaises ont eu de si
affreux malheurs déplorer. Le gouvernement
français espérant beaucoup du zèle et du dévoue
ment du clergé catholique pour l'avenir de ses
colonies, a récemment proposé au choix du Sou
verain-Pontife trois évêques pour la Guadeloupe,
la Martinique et l'île de la Rénnion.
Les catholiques de ces trois îles attendent leur
évèque avec la plus grande impatience. On pré
pare en particulier Mgr. Desprez le plus brillant
accueil. Le gouvernement a pourvu ce qu'il soit
accompagné de nombreux coopéraleurs et ce que
son ministère reçoive tout l'appui désirable de la
part de l'administration insulaire. Un certain nom
bre de prêtres et de religieuses partiront avec lui
afin de l'aider dans sa mission auprès des noirs
dans toutes les œuvres de la charité chrétienne.
Les doctrines anti-sociales qui ont ébranlé si pro
fondément la société en Europe, ont trouvé déjà
des adeptes au milieu des nouveaux émancipés, et
le nouvel évêque trouvera la fois h combattre
dans son troupeau les erreurs du fétichisme des
populations noires, et les doctrines désastreuses
qui menacent les sociétés les plus civilisées. Il lui
sera peut-être plus facile de vaincre les premières
que les secondes. Faisons des vœux pour que Dieu
répande abondamment sur lui les grâces qu'il a pro
mises tous les hommes de bonne volonté.
M. Moerman, vicaire de S'-Martin, a Courtrai,
est nommé desservant h Lendelede.
On écrit de Tournay, le 5 janvier: un bruit
se répand a l'instant en ville, et y a causé une
grande émotion Mm° de Bocarraé est, dit-on, en
aveu; elle a fait des révélations tellement cir-
constancie'es et importantes, que la justice n'a plus
qu'à saisir le fil qui la guidera maintenant coup
sûr dans le dédale où elle marchait auparavant
tâtons.
Le tribunal de Mons a porté ces jours der
niers un jugement important, en matière de trans
port illicite de lettres.Il a décidé que le domestique
qui transporte de simples factures de commerce
cachetées commet une contravention aux lois pos
tales. Ce domestique peut être visité en route par
les agents de l'adminisiratiou et le droit du maître
de [aire porter ou de faire prendre des lettres est
limité la circonscription du bureau de poste dans
le rayon duquel il habite.
Le Journal cl'Anvers vient de publier le
texte d'un projet de loi sur les sucres présenté,
dit-on, par le gouvernement hollandais l'examen
du conseil d'Etat.
Indépendance annonce de son côté, que ce
projet sera incessamment soumis la santion des
états généraux.
Nous ignorons sien effetles choses sont aussi
avancées que le prétend le journal ministériel; mais
ce que nous savons fort bien, c'est que ce projet a
soulevé en Hollande une vive opposition et que
l'on est loin jusqu'à présent, dans le commerce et
l'industrie, de s'être mis d'accord ce sujet.
Émancipation
La Gazette de Liège donne les détails sui
vants sur le sinistre de Mai ihaye
Un grand malheur vient d'arriver pendant la
nuit du 5 au 4 jauvier la houillière de Marihaye
Seraing. Le gaz hydrogène ou le feu grizou y a
éclaté. Vingt-et-un miuieurs retirés de la houillère
sont blessés grièvement, cinq autres ont déjà perdu
la vie, on est encore la recherche des autres ou
vriers blessés et des cadavres que l'on pourrait
rencontrer. On désespère de sauver quatre cinq
blessés qui probablement ne passeront pas la nuit
prochaine. Nous ne dirons pas que de toute part on
s'est empressé de faire preuve de dévoûment pour
soulager les victimes. MM. le docteur Raick, le
juge-de-paix le bourgmestre de Seraing, l'ingé
nieur des mines Muselaer et la gendarmerie sont
sur les lieux du sinistre depuis ce matin. M. le
doyen s'était empressé de porter des secours de la
religion aux blessés pendant la nuit dès qu'il a eu
connaissance de ce malheur. Le sieur Micha, fils
d'un des gardes champêtres de Seraing, se trou
vant dans une des galeries au moment où le coup
de feu a éclaté, a été jeté une distance de 4 5
mètres. Ses habillements sont complètement broyés
et moulus, comme par l'effet de la foudre, sans
qu'il ail la moindre blessure.
Trois heures de relevée. Nous apprenons
l'instant même que M. Vereken, procureur du
Roi, M. le juge d'instruction Deckers et son gref
fier, viennent de se rendre sur les lieux de cette
catastrophe et qu'ils y procèdent l'enquête la
plus minutieuse.
a Le bruit a couru que c'est en faisant sauter
une mine que le feu a éclaté. Dans ce casil est
bon de rappeler qu'il existe un arrêté de la dépu-
tation provinciale de Liège qui défend impérieu
sement de battre ou de tirer la mine dans les
houillères lorsqu'il y a des ouvriers occupés les
exploiter. On ne pourrait trop recommander l'exé
cution de cette sage mesure de précaution aux ad
ministrateurs de charbonnages. 4
Un enfant d'une douzaine d'années, l'œil
vif, la raine éveillée, était arrêté ces jours-ci
Dammartin comme vagabond. Pressé de questions,
il ne répond que par une pantomime peu près
inintelligible; on emploie les signes qui pour les
sourds-muets remplacent la parole, mais il ne les
comprend pas; on lui présente une plume, il ne
sait pas écrire, pas même lire. Il paraît qu'on a su
trouver Dammartin un moyen de découvrir la
vérité, car voici ce que nous apprenons: cet enfaut
est Belge; il avait neuf ans, lorsque deux hommes,
la figure couverte d'un masque noir, se sont in
troduits dans la maison qu'il habitait et y ont
commis un vol d'argenterie; puis, avant de se re
tirer et sans doute pour ôter ce malheureux en
fant tout moyen de les signaler la justice, ils lui
ont coupé entièrement la langue. Cet infortuné est,
en effet, privé de l'organe de la parole. Il a été mis
la disposition de M. le procureur de la Répu
blique qui, sans doute, le fera reconduire dans
son pays.
D'après les données officielles, le nombre des
émigrés qui ont pris passage Brème pendant l'an
née r85o, est de 25,776 personnes, dont la plus
grande partie pour l/Ainerique du Nord. Parmi ce
nombre, 67 1 personnes se sont servies des bateaux
vapeur partant pour New-York le 15 de chaque
mois; 161 navires voiles ont transporté le reste
des passagers.
Les journaux américains signalent un nouvel
emploi donné aux télégraphes électriques, celui
d'annoncer les tempêtes. Par exemple, le télégraphe
de Chicago et Buffalosignalel'approched'une tem
pête du nord ouest aux patrons des navires Cle-
veland et Buffalo et ceux qui naviguent sur le
lac Ontario. L'ouragan traverse l'atmosphère avec
la rapidité d'un pigeon voyageur, soit 97 kilomètres
l'heure. Un navire dans le port de New-York
s'apprêlant partir pour la Nouvelle-Orleans peut
savoir 20 heures l'avance qu'une tempête s'a
vance dans le golfe du Mexique.
On pourra se faire une idée de l'extension
que prennent les États-Unis en songeant que la
population delà vallée du Mississipi qui, en 1810,
s'élevait 4oo,ooo âines, est aujourd'hui de i3
millions. Plus extraordinaire encore est la nais
sance de quelques cités de l'ouest. Il y a soixante
ans que fut bâtie Cincinnati et cette ville renferme
aujourd'hui i5o,ooo. La population de Saint-
Louis qui, en i84o, était de 16,000 âmes s'élève
aujourd'hui 90,000. En i84o, New-York avait
312,000 habitan ts, elle en a en ce moment 75o,000.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Un arrêté royal, en date du 28 décembre i85o,
rapporte un arrêté du 12 septembre précédent,
qui nomme le sieur Pollenus procureur du Roi
Fumes.
On lit dans le Bulletin de Paris
La crise ministérielle n'est pas terminée. De
nouvelles complications ont surgi.
Le Président avait chargé quelques amis d'or
ganiser un cabinet; mais leurs efforts n'ont point
été jusqu'ici couronnés de succès.
On parlait aujourd'hui de M. Baroche pour le
ministère de la justice, mais, nous le répétons, rien
n'est décidé.
Plusieurs personnages considérables de la ma
jorité se sont encore rendus l'Élysée hier au soir.
M. le Président de la République a travaillé
une partie de la nuir.
Du reste les Ministres n'ont pas eu de réunion,
depuis avant-hier lundi ce n'est qu'individuelle
ment qu'ils voient le Président.
Nous croyons que VOrdre s'est trompé en
annonçant que M. le Ministre de la guerre s'était
prononcé sur la question de révocation du général
Chargarnier.
On lit dans la Patrie
Aucune solution n'est encore annoncée. Les
versions contradictoires continuent circuler.
Sept des membres les plus considérables de la
majorité ont eu avec M. le Président de la Répu
blique une conférence qui ne s'est terminée qu'à 4
heures j/2. Nous n'en pouvons faire connaître le
résultat, mais nous savons que de part et d'autre,
ou s'est fortement prononcé pour le maintien de la
bonne harmonie entre les pouvoirs.
Le bruit a couru que M. Dupin allait donner
sa démission, et faire un voyage dans la Nièvre.
L'honorable président auraitdit-on encore, ma
nifesté l'intention d'user de son influence pour se
faire remplacer au fauteil par M. le général Chan-
garnier.
A l'heure où nous écrivons, les chefs de la
majorité, de retour de l'Élysée, délibèrent dans le
1" bureau de l'Assemblée.'
Leur retour la Chambre avait causé une agi
tation telle, qu'il a fallu lever la séance.