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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
SOUSCRIPTION
La discussion du budget de la guerre a
procuré notre représentant M. Malou un
véritable triomphe parlementaire. Son dis»
cours nerveux, incisif et plein de logique,
a accablé ses adversaires d'une manière
qui a jeté complètement le désarroi dans
leur camp.
Il a mis nu le rôle humiliant de cette
politique soi disant nouvelle, qui n'ayant
pas le sens de la dignité nationale et ne
comprenant guère les nécessités de la sé
curité extérieure, ne sait que nouer des
intrigues, flatter les partis, et se traîner
dans la basse ornière des passions.
Si la politique 'nouvelle flatte l'armée,
c'est uniquement pour l'attacher au char
de son ambition; si elle désire l'homogé
néité, c'est seulement dans les principes
d'hn esprit exclusif d'oppression; ses ré
ductions dans les dépenses comme ses al
légements dans les impôts sont toujours
basés au point de vue non pas du bien-
être général, mais d'après les exigences
présumées ou patentes d'un parti.
Celle courte vue rend le ministère aveu
gle sur les grands intérêts nationaux. Dès
lors il est impossible qu'il marche dans
un accord cordial avec l'armée qu'animent
toujours des sentiments de noblesse infi
niment audessns des mesquines considé
rations de coterie. Ainsi le ministère n'a
rien vu dans les outrages faits en Italie
notre compatriote M. Stappers; il n'a rien
fait pour sauvegarder au temps de la tour
mente révolutionnaire, les institutions bel
ges dans les États romains; il a laissé passer
inaperçu le moment de relever l'esprit na
tional en concouranl la restauration de
l'autorité catholique Rome. Dans cette
circonstance unique où la neutralité n'em
pêchait pas de donner de l'élan l'énergie
antique et chevaleresque de nos pères, le
libéralismes'est fait honteusement un bou
clier de la neutralité pour croupir dans la
mollesse et l'inaction. Non, l'égoïsmeinerte
et méprisable qui est le fondement du li
béralisme du jour, ne pourra sympathiser
avec l'armée et la pénétrer, que lorsque
nous serons définitivement déchus de l'é
loge que nous accordait César. L'épée
belge le souffrira-t-elle?
M» 3477.
34me année.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
Pltll DE l/AROIXEnENT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 -5o. Un n° s5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
7?^2ES, 25 Janvier.
EN FAVEUR DES PAUVRES D'IRLANDE.
Montant, voir le dernier n" fr* 37-00
Une Religieuse2-5o
Une demoiselle5-oo
Une Religieuse 2-5q
Total. fr* 47-00
CHAMBRE DES REPRESENTANTS.
Séance du janvier, (Présidence de M. Verbaegen.)
M. A Vakdenfeereboom, secrétaire, présente
l'analyse des pétitions. 1
Le même secrétaire donné"lecture d'un arrêté
royal qui nomme l'intendant en chef de l'armée en
qualité de commissaire royal, pour soutenir le
budget de la guerre pour l'exercice de i85i tant
là Chambre des Représentants qu'au Sénat.
M. Roussel dépose le rapport de la commission
des pétitions sur la demande de Mme la comtesse
d'Hompesch. ,v i
La commission des pétitions propose le renvoi a
M. le Ministre des affaires étrangères avec demande
d'explications.
M. F. de Mérode. Si le gouvernement précé
dent avait des obligations vis-b-vis de Monsieur
ou de Madame de Hompessh, c'est M. le Ministre
actuel a les remplir.
M. le Ministre de l'intérieur. Je nie toutes
les paroles qu'on m'attribue comme ayaut été pro
noncées daus une conversation particulière.
M. de Perceval appuie les conclusions de la
commission des pétitions.
Les conclusions sont adoptées.
L'ordre du jour appelle en premier lien la re
prise de la discussiou du budgel de la guerre pour
l'exercice i85i. 4
M. Cools. blâme l'attitude qu'a prise le gouver
nement dans la question du Bîlùget de' ia guerre.
M. Malou. Depuis huit jours la question n'a
fait qu'un pas, on peut dire du général Brialmout
ce que M. Rogier a dit en i845 du général de
Liem
Le général Brialmont est mort vaillamment
sur la brèche en défendant la cause de l'année.
(Hilarité.)
Il ne s'agit pas de savoir si ia loi de i845 doit
être revisée, mais s'il est opportun de réviser là
question en ce moment. Je pense que nous serons
tous d'accord sur ce point.
M. Rogier, Ministre de l'intérieur. Je demande
la parole.
M. Malou. C'est le principe de la désorgani
sation des lois organiques qu'on nous demande.
Au lieu du principe constitutionnel que c'est la
majorité qui fait la loi, on proclame le principe de
la prépondérance de la minorité.
M. Delfosse. La majorité décidera.
Une voix droite. Et la minorité commandera.
M. Malou. L'an dernier vous disiez que vous
acceptiez avec reconnaissance notre appui. Ab on
le voit bien, la reconnaissance vous pesait. (Très-
bien
La Belgique existe parce que le principe que
vous adoptez aujourd'hui a été soigneusement pros
crit, parce que où vous voyez un parti nous n'avons
vu que le pays. (Très-bien
L'armée n'a pas été comprise, mais les porte
feuilles étaient compris, et remarquons-le ce sont
deux questions distinctes. (Très-bien)
Votre politique ressemble celle du médecin
qui donne la maladie pour avoir le plaisir de faire
une belle cure.
L'armée n'était pas inquiète et quelle que soit
la manière dont vous acceptez une comparaison que
je crois juste, votre politique ressemble a la con
duite du personnage très-connu qui se jette l'eau
quand il voit un grain h l'horizon.
Vous dites que le parti ne doit pas être divisé,
mais il importe bien plus que le pays ne soit pas
divisé; votre conduite n'est que de l'intoléraDce a
la 3* puissance.
Le lendemain du vote que vous voulez amener
b tout prix la majorité peut se scinder encore, les
uds diront que vous aurez fait trop, les autres que
vous n'aurez pas fait assez.
Oo dit que nous refusons des subsides pour l'ar
mée, mais soyez logiques. Vous nous avez promis
une politique nouvelle, mais pas une logique nou
velle. (Rires.) Si vous ne voulez pas de uotre con
cours pour l'armée, vous ne devez pas vouloir de
uotre concours pour les impôts; rétablissez donc
encore l'homogénéité du parti. (C'est cela, très-
bien
Trois jour§ de conquête, de préconsulat, de dé
sordre et d'anarchie coûteraient davantage b la
Belgique que ce que l'armée peut coûter en 10
ans. Voilb des paroles que prononçaient l'année
dernière l'honorable Ministre des finances, voilb
ce qui contredit ses paroles de vendredi.
M. Frère-Orban, Ministre des finances. Ce
sont les mêmes paroles. (Hilarité bruyante et pro
longée.)
M. Malou. M. le Ministre des finances s'oBsti-
nant a reprocher ses devanciers les désordres
financiers, rappelle Pilate se lavant les mains
devant le peuple. (Rires.) C'est un rôle usé.
M. Frère-Orban, Ministre des finances. Je
m'engage a le prouver.
M. Malou. Je suis prêt b vous répondre et je
désire que la Chambre mette a son ordre du jour la
discussion de la question financière.
Une voix. Quelle question
M. Malou. N'importe laquelle.
Je pose en fait que le budget de l'année pro
chaine sera plus élevé que le budget de cette année.
La loi d'organisation a été successivement exa
minée par le général Dupont et par mon collègue
le général Prisse. Mais en supposant que la loi n'ait
pas été exécutée, qu'est-ce que cela prouve Qu'il
faudrait l'exécuter.
Dans un temps normal cette loi exige une dé
pense de 27 millions environ. Il y a dans cette loi
une partie fixe, une partie mobile que l'on peut
réduire jusqu'à de certaines limites.
La réorganisation d'une armée expose toujours
b un malaise très-grand, c'est la maladie inoculée
par le médecin dont je parlais toute l'heure.
Toute réorganisation occasionne toujours un
malaise et des tiraillements.
Vous ne savez pas ce que doit être la nouvelle
organisation. Si vous ne connaissez rien de mieux,
que promettez vous? L'opportunité d'ailleurs u'est-
elle pas le plus important, quand bien même vous
auriez une bonne réorganisation toute prête?
Vous ne savez pas quelles sont les éventualités
qui vous menacent. (Murmures b gauche.)