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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3478
34me année
7PBJ3S, 29 Janvier.
SUISSE ET BELGIQUE.
Partout où le libéralisme se montre, un
double stigmate le caractérise: d'abord sa
fondamentale impuissance établir rien
de stable; ensuite une habilité machiavé
lique qui lui fait tourner au profit de sou
parti etde ses créatures le fruit des travaux
et des longs efforts de ceux qu'il traite en
parias.
Établissons un léger parallèle entre la
Suisse et la Belgique, ces terres classiques
de la liberté.
Lorsque sur les traces des héros du
Grutly et de Guillaume Tell, cette grande
figure du moyen âge, les trois cantons
primitifs de Schwytz, d'Ury et d'Under-
wald s'affranchirent du joug de l'étranger,
et qu'après avoir par un serment solennel
jeté les bases de la confédération Suisse,
ils la consolidèrent aux glorieux combats
deMorgarten et d'Underwald lorsque plus
tard ces cantons voulurent bien protéger
de leur alliance quelques cantons environ
nants, et qu'avec le secours de ces derniers,
alors tous fervents et zélés catholiques, ils
illustrèrent au prix de leur sang les jour
nées de Sempach, de Granson, de Alorat,
de Nancy; qu'enfin, libres et respectés ils
agréèrent quelques populations limitro
phes dans leur puissante nationalité; qui
l'aurait cru que de nos jours ces derniers
venus, ces Suisses de contrebande, se li
guant contre les pères et les fondateurs
d'une nation dont le nom même atteste
l'origine, prétenderaient leur imposer
leurs lois, englober leur antique territoire
dans un état fortement centralisé dont le
gouvernement serait dévolu de droit
ceux-là même qui ne furent pour rien dans
l'œuvre de l'émancipation Helvétique?
Venons notre patrie.
Parmi les diverses provinces Belges, il
en est une que signalent entre toutes ses
sœurs les souvenirs de son opulence pas
sée, ses conquêtes dans le domaine des
arts et de l'industrie, un noble amour
pour l'indépendance, un sentiment pro
fondement national,enfinde longues luttes
contre de redoutables puissances et une in
domptable valeur signalée dans d'innom
brables batailles. Elle immortalisa le nom
Belge dans les fastes de l'histoire, et les
temps passés et l'étranger encore de nos
jours ne voyant qu'elle en Belgique, appli
quent la nation entière le nom de Fla
mands. C'est la Flandre seule que la
Belgique doit son indépendance; ce fut le
peuple de cette province qui par des luttes
immortelles soutenues contre la France (et
qu'on le remarque bien, nos autres pro
vinces l'abri de ce puissant boulevard,
n'eurent jamais pareil péril braver) sau
vegarda sa liberté, jusqu'à ce que, sous la
maison de Bourgogne, il réunit sous son
alliance la Belgique presque toute entière.
Que serait devenue en effet notre patrie,
la Flandre étant française? Une seule
de nos provinces fil défaut l'union bel-
gique, comme elle ferait défaut l'histoire,
n'étaient-ce quelques démêlées, injustes le
plus souvent, avec ses princes-évêques;
c'est le pays de Liège. Et cependant que
voyons-nous
Des deux opinions qui se partagent les
esprits, le principe catholique trouve son
point d'appui dans là Flandre la province
de Liège, au contraire, forme le noyau, le
centre d'action du parti libéral. Aujour
d'hui donc, qu'au système des ministères
mixtes a succédé uue administration libé
rale homogène qui prétend gouverner non
pas dans l'intérêt de tous mais d'après les
intérêts du parti (des fonctionnaires de
l'Etat l'ont constaté par leur langage), les
faveurs gouvernementales doivent tomber
d'aplomb sur la province de Liège; la Flan
dre avec ses quinze-cent-mille habitants in
terviendra pour sa part dans les dépenses.
Mentionnons en quelques-unçs.
C'est l'organisation de l'enseignement
moyen, source de nouveaux embarras
pour le trésor organisation d'ailleurs que
le parti catholique repousse et dont la
vraie destination est de combattre les éta
blissements du clergé l'aide des deniers
des contribuables.
Ensuite, c'est le chemin de fer de l'Etat,
cet ogre inassouvi dont la pitance annuelle
allège périodiquement nos bourses de quel
ques millions. Or, on sait les immenses
travaux que nécessita la construction du
rail-way liégeois, avec ses viaducs, ses tun
nels et ses plans inclinés. Gand reçut aussi
quelques voies ferrées, mais bien moins
coûteuses et la plupart des autres villes
importantes de Flandre restèrent plongées
dans l'oubli. Ici des sociétés particulières,
peu désireuses de remplir leurs engage
ments, se trouvent seules chargées d'une
besogne qu'ailleurs les trésors de l'État
effectuèrent de si bonne grâce.
Ce n'est pas tout. Dans un prochain
avenir, il s'ouvrira pour la ville favorite
de Liège une nouvelle source de prospé
rités et pour le reste du pays un nouveau
surcroit de dépenses. On sait le rêve de
M. Frère la dérivation des eaux de la
Meuse, entreprise colossale pour la Belgi
que, sous l'administration du ministre
liégeois est appelée (du moins tout l'an
nonce) accomplir au prix de ses sueurs
et des plus pénibles sacrifices.
Ainsi donc, de même qu'en Helvétie, les
derniers venus d'entre nous, ceux qui pres
que jamais ne s'associèrent nos luttes,
nos malheurs, en un mot notre destinée,
ont les lois confectionnées leur guise, et
tandis que leurs intérêts matériels justifient
d'avance les entreprises les plus importan
tes et les plus dispendieuses, la vieille
Flandre, la Flandre des Baudouin et des
Robert, des Deconinck, des Breydel et des
Artevelde, la Flandre fidèle et catholique
croupit dans une indigne misère; on n'a
que faire de ses vœux; on se rit de son
antique foi; on méprise jusqu'à sa langue
et son caractère!
Avant hier est décédé en cette ville,
l'âge de 58 ans, Monsieur Liévin Van
Outrive, curé de la paroisse de S' Nicolas,
depuis le mois de décembre 1824. Ses
obsèques auront lieu demain 10 heures
du matin en la susdite église.
AU BÉNÉFICE DES PAUVRES.
SOCIÉTÉ DE S' SÉBASTIEN.
Dimanche dernier, la Société Royale de
S' Sébastien en cette ville, a donné un bril
lant Concert vocal et instrumentalsous
la direction de Monsieur De Keyzer, chef
de musiquede la ville d'Ypres, jamais Con
cert n'a été dirigé et exécuté avècfplus dè"
précision.
La commission de la Société, qui s'était
rendue chez AL De Keyzer, pour le prier
de bien vouloir diriger l'orchestre, lui a
témoigné toute sa gratitude en lui offrant
une superbe épingle en or.
Pendant l'intermède du Concert, le Roi
de la Société, .Madame la Baronne Mazeman
et M"e Cardinael ont fait unequèle pour les
nécessiteux dont le produit est de fr. 14G.
Les chefs de cette fraction, MAI. DevauxLe-
VKRITi: RT JtMTICE.
On s'afiouue xpres, rue de Lille, 10, près la Graude
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
P15IV DR LMROHEnEWT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° 25.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le WRIICHRDI
de chaque semaine (insertions 3 centimes la ligne).
Suisse dérive de Schwyt».
DR L%
Tout ce qu'on peut dire contre la malencon
treuse ide'e de nommer une commission chargée
d'examiner tous les points de notre établissement
militaire, y compris même la loi organique et le
chiffre de l'armée sur le pied de guerre, M. Devaux
l'a dit de manière a convaincre les plus obstinés,
s'il n'y avait pas parti pris d'avance. Jamais M. le
ministre de l'intérieur n'a reçu de ses adversaires
politiques une leçon plus dure et plus méritée. Le
discours de l'honorable député de Bruges renverse
de fond en comble le fragile système du minjstère.
En effet, pour justifier leur chiffre de i5 millions
et leur projet de réviser la loi organique, MM. les
ministres n'avaient qu'un seul mot la bouche la
uécessité de réunir sur la question du budget de la
guerre les deux grandes fractions du Libéralisme.
Eh bien voilà qu'une de ces fractions, la plus an
cienne, la plus intelligente, celle qui a concouru
toutes les grandes choses qui se sont faites depuis
vingt ans, se sépare formellement du cabinet, ne
voulant pas amoindrir, du même coup, et l'armée
et le pouvoir.