9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. tfo 3480. 34me année. 7FIFSS, 5 Février. SOUSCRIPTION Toutes les fois qu'il s'agit de prôner ou de défendre la politique du ministère libé ralisle, le Progrès use d'ordinaire de toutes les ressources de sa dialectique et de son éloquence. Une ardeur non moins vive se décèle chez l'écrivain de ce Journal alors qu'il se présente le moindre motif réel ou imaginaire, d'incriminer les hommes d'E tat, qui pendant dix-sept années présidè rent aux destinées de notre patrie. Que la rédaction d'un Journal mette sa plume au service du parti dont elle se constitue l'organe rien, selon nous, de plus naturel. Mais, par ce fait, qu'une feuille adopte comme siennes telles ou telles couleurs politiques faut-il bien qu'à tort et travers elle blâme et condamne obstinément tous les actes, toutes les doc trines de ses adversaires? faut-il que di vorçant avec les règles de la justice, des convenances, et de l'équité un Journal qui arbore le drapeau du libéralisme, jette la boue pleines mains quiconque ne par tage guère ses principes; faut-il qu'il attri bue aveuglement aux chefs de son opinion tout bien réalisé, ou réalisable, et qu'il impute ses ad versa ires toutes les erreurs, toutes les fautes gouvernementales, tous les griefs populaires, toutes les dilapida tions, toutes les causes du malaise soit privé, soit public? Aucunément, telle n'est point la mission sociale de la presse, telle ne saurait paraître aux yeux de tout hom me de raison droite, la ligne de conduite qu'un Journal, quelques soient ses cou leurs, est appellé suivre. Or, quelle est pourtant la conduite suivie par le Progrès l'égard de la politique nou velle? Quelle est sa conduite suivie ren contre de l'opinion conservatrice? Quelle est enfin sa conduite vis-à-vis de ses lec teurs? Sans nous apitoyer sur les allures prises par notre confrère dans la question de la libre entrée des bestiaux et des céréales, système défendu par le gouvernement et qui ruine ostensiblement l'agriculture sans rappeler au public, les sorties inconvenantes et passionnées que se permit le Progrès l'encontre du clergé et de la religion propos de la juste opposition que fit le pays au funeste projet de loi sur l'en seignement moyen et plus encore aux doc trines inquisitoriales du cabinet actuel, en matière de charité et de bienfaisance, il nous suffira d'aborder le chapitre des finances, et là comme en bien d'autres points, la bonne foi, l'impartialité, et toutes les vertus politiques de la feuille libéra- liste sautent aux yeux de'quiconque a la raison et non les préjugés pour guide. Exposons les faits A la retraite du ministère Detheux en 1847, il fut constaté que le déficit du trésor s'élevait 25 millions. Arriva le cabinet libéralisle, autrement dit la politique nouvelle. Celui-ci, guidé par la sagesse de M. Kogier, suivant la pro messe et les déclarations des Journaux clubistes, était appelé opérer uue longue série de miracles, dont le moindre serait le salut des Flandres et la prospérité pu blique rendue la Belgique, la suite d'é conomies de toutes sortes. Les thaumaturges financiers tinrent leurs promesses pour premierbienfait,lapo/i7t//«e nouvelle augmenta la dette publique de 55 millions, en décrétant les emprunts forcés de 1848!! Les choses n'en restèrent pas là; les vainqueurs du jour devaient caser une masse de servitçurs, et d'amis; cet effet les destitutions devinrent l'ordre; on créa une infinité de nouveaux emplois inu tiles; on mit la retraite bon nombre de fonctionnaires qui pouvaient servir bien des années encore; enfin les économies pro- mises se succédèrent si rapidement, qu'a près trois années d'existence, depuis-1847 jusqu'en 1850, la dette flottante qui ne s'élevait du temps de M. Malou qu'à 25 millions, a atteint aujourd'hui le chiffre de 72 millions. C'est ce qui résulte de la déclaration faite par le Ministre des Finances, M. Frère, la Chambre propos de la discussion des budgets. En défalquant des 72 millions, les 25 millions de découvert existant la retraite du ministère de Theux, on trouve que le cabinet libéralisle, au lieu d'économiser, a aggravé la dette flottante, de 47 millions! Malgré toute la justesse de cet exposé, malgré les aveux du ministère, le Progrès cependant n'en continue pas moins chanter les miracles économiques du libé ralisme, et assurer sur tous les tons que ce sont les cléricaux qui forgèrent le déficit en face du quel le pays se trouve. Etrange tactique que celle que le Pro grès suit l'égard de ses bien niais lecteurs! En vérité le confrère doit supposer ses abonnés une ignorance qui égale son ef fronterie, pour leur oser en débiter de cette force! Quoi! le ministère n'a pas créé un cen time de dette; il n'a fait aucune folle dé pense; il ne voudrait pas augmenter les impôts! Mais qui donc a fait voler les 37 millions d'emprunt forcé? qui a créé les expositions agricoles, les écoles agricoles? qui a inventé la nouvelle loi sur renseigne ment" qui enlevera plus d'un million par an, aux contribuables? qui a établi les nou veaux tarifs du chemin de fer lesquels cons tituent l'État en perte annuellement d'un million cinq cent mille francs? qui de mande la loi sur les successions pater nelles? qui exige de nouveaux impôts sur la propriété et l'agriculture? Que le Progrès réponde il n'osera, nous en avons l'assurance, car mieux que per sonne ce journal constate que toutes les nouveautés promises par ses patrons peu vent se résumer dans ces paroles: tracas series suscitées contre la religion et la charité; dépenses inutilesnouveaux impôts! C'est ce qui résulte du bilon que présente aujour d'hui le ministère. Diverses pétitions ont été adressées aux Chambres, demandant la révision de la loi sur la garde civique. Les réclamations les plus unanimes tendent principalement ce que la partie active de cette garde soit divisée en deux bans ou catégories; et certes, c'est une anomalieétrangequecelle qui place sur la même ligne le père de fa mille, gagne-pain de toute une maison, et le jeune homme, qui ne se doit qu'à lui- même. Il est croire que la politique nouvelle qui ne demande pas mieux qu'à rogner le plus possible le budget de la guerre, pour subvenir aux frais non minimes de la dé rivation de la Meuse, ne manquera guère cette bonne occasion de convertir notre jeunesse en une espèce de milice commu nale, montant la garde, en temps de paix et pendant la guerre, en un corps de trou pes mobiles, qui pour être soldats, il ne manquera que la solde. Celte économique pensée, que bien de gens traiteront peut-être de chimérique, mais qui peut se réaliser de jour en jour, rappelle furieusement les derniers temps de l'Empire, la levée en masse, la garde d'honneur. Or, la garde civique étant une institution éminemment populaire chez VÉRITÉ ET JUSTICE:. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. IMtl\ UE LMR«\1EME1'T, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° 25. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le .HEKCIIEDI de chaque semaine (insertions fPcentimes la ligne). EN FAVEUR DES PAUVRES D'IRLANDE. Montant des n" précédents, fr* 74-oo Une Dame10-00 Total. fr' 84-oo

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1