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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3481.
34me année
NOUVELLES DIVERSES.
M" SIBOUR
rSEUDO LIBÉRALISME.
Déjà dans deux numéros consécutifs
l'organe de nos libéralistes s'est occupé
d'un mandement récent de M®' l'arche
vêque de Paris. Le prélat y conseille au
clergé de son diocèse de s'abstenir dans
les luttes politiques.
Cette mesure, on le conçoit, est toute'
locale, et par conséquent il n'est guère
étonnant que les feuilles catholiques Belges
s'en soient peu occupé. Pour nos libéra-
listes, c'est tout autre: sous l'empire de
l'esprit de parti et doué invariablement de
toutes les mauvaises qualités qu'ils attri
buent leurs adversaires, les questions
religieuses même sont des machines de
guerre pour enx. Aussi, ce ne peut être
qu'en haine du sacerdoce qu'une feuille -
de l'acabit du Progrès s'immisce dans une
pareille question. En matière de catholi
cisme nous déclinons la compétence qu'ose
s'arroger un journal, qui tantôt prodigue
au clergé l'insulte et la calomnie (et ce
n'est pas une allégation gratuite que nous
émettons ici; au besoin nous la constate
rons par des extraits); tantôt rapporte sans
reserve ni commentaires les sorties des
feuilles protestantes l'encontre de notre
foi, sorties où les articles les plus fonda
mentaux de notre culte, tels que l'exlrême-
onclion, le culte des saints, la papauté, la
transsubstantiation, le purgatoire, la con
fession auriculaire sont traités d'impos
tures et d'inventions des prêtres.
Mais exposons en peu de mots le véri
table é^t de la question, qu'il ne dépen
drait pas de nos libéralistes d'intervertir
au gré de leurs passions et de leurs intérêts.
Personne ne contestera, croyons-nous,
les immenses résultats qu'entraîne pour
une nation l'emploi de tel ou tel système
politique. Et cependant les électeurs ap
pelés déterminer ce choix important
sont la plupart gens simples et dépourvus
de culture intellectuelle. Dès lors, n'ap
partient-il pas au prêtre, au conseiller en
titre de quiconque a besoin de conseils,
d'influenCer par le raisonnement tel ou
vrier, tel cultivateur que la loi électorale
a établi l'arbitre des destinées de la patrie?
Ah! malheur, sans doute; malheur au pas
teur du troupeau, si par respect humain,
par une coupable impéritie, rendu sourd
la voix du devoir, il abandonnait lui-
même un peuple dont sa mission lui pres
crit d'être le guide et le conseiller!
Ainsi en est-il dans nos divers diocèses.
Mais l'archevêché de Paris, composé en
entier de cette seule capitale, n'éprouve
guère les mêmes besoins.'«Si le parti anar
chiste n'y remporte que trop souvent la
victoire, ce n'est pas l'aveuglement de
l'ignorance, qui le lui vaut, c'est l'aveugle
ment des passions. Ici -l'on comprendra
tout d'abord combien le zèle des ministres
du culte en faveur des intérêts politiques
des masses (bien que connexe leur bien-
être religieux), pourrait, en froissant les
susceptibilités ardentes d'opinion et de
parti, être préjudiciable*aux intérêts sa
crés de la Religion même.
Cette distinction fondamentale entre nos
diocèses et celui de Paris. Mgr Sibour ne
la proclame-t-il pas lui-même en déclarant
que la position de son diocèse est presque
toujours exceptionnelle? i
Nous croyons avoir nettement établi aux
yeux de tout homme pourvu de sens com
mun l'absurdité de la thèse du Progrès. Le
confrère cependant fait les derniers efforts
pour grimacer un air dévolieux; les té
moignages de respect la personne de Mgr
de Paris pullulent sous sa plume. Nous
croyons toutefois qu'un peu plus de res
pectueuse soumission à,rstm propre évêque
serait de meilleur alloi et de meilleure au
gure. Elle friserait moins la fourbe du tar
tuffe et les jongleries du janséniste.
L'organe du libéralisme de notre ville,
d'ordinaire si avare de majuscules et de
qualificatifs, quand il s'agissait de l'un ou
de l'autre dignitaire de l'Eglise, prodigue
inopinément l'égard du clergé des litres
honorifiques et des expressions respec
tueuses au point d'édifier les plus véné
rables matrones.
Hier encore était-il question de mettre
un prélat sur le tréteau de la presse; par
estime pour notre sainte religion, les pieux
sectaires du libéralisme yprois mettaient-
ils le chef spirituel de notre diocèse en
scène, c'était toujours sous le litre de,
révêque Matou, l'abbé Malou, monsieur l'é-
vêque, Jean-Baptiste; aujourd'hui les choses
sont changées; le Progrès ouvre les bat
tants de ses colonnes pour y introduire un
Evêque, mais cette fois-ci, c'est en tenant
le chapeau la main, en ayant sur ses
lèvres les grands mots, de Prince de l'Eglise,
digne et saint Prélat, Monseigneur l'Arche'
vêque.
D'où vient ce changement subit d'allures?
qu'est-ce qui explique cette urbanité, cette
courtoisie? Le confrère prétendrait-il cou
vrir du nom sacré de Mgr Sibour, (car c'est
de lui qu'il s'agit) les déclamations antica-
tholiques dont ses colonnes fourmillent?
A d'autres Progrès, d'autres.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Ptoyaume.
K»RIX DE LMROV.VEIICXT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine (insertions 17 centimes la ligne).
7PP.ES, 8 Février.
Le Journal de Liège dément en quelque sorte
la nouvelle donnée par l'Observateur, relative h
la nomination de Mgr Van Bominel l'archevêché
d'Amsterdam. Ce journal déclare qu il est sa con
naissance que Mgr Van Bonnnel ne quittera en
aucune manière son évêché.
Ces jours, le domestique de M. Petit, de Menin,
est tombé le long de la route de Menin h Ypres,
sous les roues de son chariot lourdement chargé
de farine. Le malheureux a été trouvé mort hor
riblement mutilé.
On écrft d'Ath, le 5 février: Aujourd'hui
ont eu lieu en notre ville les élections communales
pour rem'placer 7 conseillers qui avaient donné
lenr démission h la suite du mésintelligence entre
la majorité du conseil et le collège échevinnl. Les
sept démissionnaires ont été réélus.
Dimanche dernier, l'antorité judiciaire a fait
procéder h l'exhumatiou du sieur Lepla, décédé,
ces jours h Menin. On dit qu'il est mort des bles
sures reçues dans un rixe.
Tandis que de vieux campagnards préten
dent voir h certains pronostics que l'hiver actuel
sera vierge de toute gelée un peu inlènse, d'autres
affirment au contraire, que la fin de cette saison
sera des plus rudes. Des paris sont même engagés
de part et d'autre. On rappelle, h cette occasion, le
fait mémorable qui airiva dans le siècle dernier. Il
commença h gêler seulement le 2ï février, jour de
la St-Mathias l'Escaut, h Anvers, fut pris, et le 15
mars ou circulait sur la glace pied et Cheval.
On voit inscrits sur l'une des portes de la ville
d'Anvers les vers flamands suivants, composés
pour perpétuer le souvenir de l'événement:
Op sinle Mal/iys,
JVas noch sneeuw of y s,.
En op halve meert
Ryesop de Scheld
Te voet en te peerd.
En i684, il commença gêler 'a la fin de jan
vier; l'Escaut fut pris et fermé pendant plusieurs
semaines devant la ville, de sorte qu'on put tra
verser la rivière avec les plus lourds chariots et s'y
promener en carrosse; ce fut alors que, pour la
première fois, on y tint sur la glace épaisse de plus
d'un pied une espèce de foire l'aide de barraqnes
construites en planches en dans lesquelles on dé
bitait toutes sortes de denrées, et l'on y dansait
comme aux guinguettes des faubourgs. Ce fait
s'est reproduit lorsque l'armée française envahit
la Hollande et que les vaisseaux de ligne furent
pris par la cavalerie de l'armée républicaine.
Un affreux événement est arrivé, dimanche
vers le soir, dans le cabaret du Soleil Levant,
faubourg St-André, a Lille.
Une jeune servante flamande était occupée
affranchir une lettre avec le facteur de la poste,
lorsqu'un jeune homme de 21 ans, belge comme
elle, et garçon d'écurie, prit la carabine d'un
douanier, ajusta la jeune fille et lâcha la détente.
La balle atteignit la malheureuse servante 'a la
tempe droite et détermina instantanément sa mort.
Le facteur de la poste, couvert du sang de la pau-