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JOURNAL D'TPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N» 3482.
34me annce.
L'organe du libéralisme voltairien de
celle ville, la suite des autres Feuilles de
sa couleur, s'esl mis déblatérer impu
demment contre M. Jules Malou, notre
représentant. La vertueuse leuille com
mence par se plaindre de la violence de
langage du parti modéré; accusation sans
autre preuve l'appui que la mauvaise
humeur propre du Progrès, traduite en
termes furibonds et en grosses calomnies.
Digne pharisien du libéralisme, notre hom
me ne manque jamais de gratifier les au-
tresdesvilainesqualilésquilecaractérisent.
Aujourd'hui donc, qu'il reproche (sans
doute pour cacher son jeu) avec la der
nière aigreur l'opinion modérée de man
quer aux convenances, il s'avise, parmi
d'autres aménités l'adresse de M. Jules
Malou, de mettre la charge de l'ex-mi-
nistre des finances une peccadille de quel
que gravité, ce nous semble, puisqu'il ne
s'agit de rien moins que d'avoir détourné
la bagatelle d'un million, l'effet d'asseoir
sur une base solide une corruption élec
torale et les succès d'un ami aux comices
de 1847.
Comme la diatribe du Progrès se trouve
entièrement calquée sur les sornettes de
ses chefs de file, il nous suffira pour en
faire justice de reproduire la répliqué du
Journal de Bruxelles ces derniers. Du
reste nous avons moins en vue la défense
de l'honorable M. Malou, trop haut placé
dans l'opinion pour que les platitudes or-
durières de ces gens puissent l'atteindre,
que de mettre encore une fois dans tout
son jour l'inconcevable outrecuidance de
certains libéralisles, qui, forts de leurs
rancunes, ne comprennent pas que pour
souiller un nom sans lâche, il faut autre
chose que les clameurs et les mensonges
d'énergumènes don t l'aveuglementfait pitié
et dont la colère dégoûte.
Hier, 11 février, MM. les marguillers de
l'église de S' Nicolas ont fait célébrer un
service funèbre pour le repos de l'âme de
M. VanOutrive,en son vivant, curé de cette
paroisse. M. VandePutte, curé Boesinghe,
a prononcé pendant ce service le panégy-
riquedu défunt. Il a mis dans tout son jour
cette belle existence, vouée toute eptière
la pratique des vertus, aux travaux apos
toliques du saint ministère, labeur obscur
■et trop souvent pénible, mais néanmoins
^ublime, puisqu'il se compose tout entier
-r VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abouue a Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L VIIOVVEIIEVT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n® a5.
L.e Propagateur parait le §.t.HEDI et le JIEBtCllEIII
de chaque semaine (insertions H centimes la ligne).
7PHES, 12 Février.
LE MENSONGE ÉRIGE EN SYSTÈME.
Mentez, mentez; il en restera
quelque cliuse. (.Maxime de Vol
taire.)
La première partie de la séance de samedi der
nier a offert un vif intérêt. Le ministère aura se
repentir d'avoir provoqué les explications loyales
et complètes du cabinet de i846 sur un fait très-
naturel et très-honorable que l'intrigue exploitait
dans l'ombre. On s'en allait disant que MM. de
Theux Malou avaient commis un grave abus de
pouvoir, qu'ils avaient puisé secrètement un mil
lion dans le trésor pour favoriser une grande ville,
ou plutôt pour corrompre les électeurs. M. Frère
défiant M. Malou de rendre compte de cette me
sure M. Rogier répétait que M. Malou n'osait en
parler, et M. Tescli déclarait, d'un triomphant, que
c'était l'a une scandaleuse affaire. Le lendemain la
presse ministérielle affirmait que MM. Malou et de
Theux avaient balbutié quelques vagues excuses,
et les calomnies les plus odieuses circulaient par
tout comme un mot d'ordre. i:
Or, M. Malou est monté samedi h la tribune, il a
lu un mémoire concis et clair, avec vingt-six pièces
l'appui, et, en moins d'un quart d'heure, le bal
lon si laborieusement gonflé par la malveillance,
gisait terre, aplati par l'évidence des faits.
Les voici dans toute leur simplicité.
Au printemps de r84y, alorsique le froment se
vendait 45 fr. l'hectolitre, que la crise industrielle
était flagrante et que les Chambres s'étaient sépa
rées, le conseil communal de Gand demanda k
l'Etat un prompt secours pour prévenir des émeutes
imminentes et permettre aux fabriques de conser
ver une partie de leurs ouvriers. MM. de Theux et
Malou écoutèrent ces réclamations conçues dans
les termes les plus pressants, et finirent par accepter
les propositions de la municipalité gantoise. Un
premier crédit de 200,000 fr. fut ouvert une
commission mixte pour être distribué aux indus
triels les plus gênés. Mais il fut entendu et stipulé
que la convention conclue avec le conseil com
munal de Gand serait -annulée de plein droit le
jour où M. de Theux cesserait d'être Ministre.
Cette précaution, parfaitement loyale et constitu
tionnelle, avait pour but de ne pas engager la
responsabilité de ses successeurs.
Or, qu'arriva-t-il Sur ces 200,000 fr., 25,000
seulement étaient dépensés quand MM. Rogiei* et
Frère parvinrent au pourvoir. Ils avaient la faculté
de ne pas employer les 170,000 antres, et ils au
raient dû user de cette faculté si l'opération leur
paraissait aussi mauvaise qu'ils l'affirment aujour
d'hui. Ils n'en firent rien. Ils épuisèrent le crédit
de 200,000 fr., nul ne sait encore quand ni comme,
et ils se bornèrent abaisser tomber la convention.
Toutefois ils demandèrent bientôt aux Chambres
des crédits beaucoup plus élevés pour en faire un
usage arbitraire. De fait, la ville de Gand a reçu
d'eux des sommes quatorze fois plus élevées que
celles dont MM. de Theux et Malou disposèrent en
sa faveur.
Ces actes irréguliers étant posés, il était du de
voir de M. Rogier de les faire examiner par les
Chambres pendant la session de 1847 a i848, et
de leur demander le bill d'indemnité nécessaire.
C'est ce que M. de Theux avait fait en i854, a
propos d'uue faute grave commise par M. Rogier
dans l'affaire delà reprise de la Sambre canalisée;
c'est ce que M. Nothomb fit également en i84i,
dans l'opération jamais déplorable de la British-
Queen. On se rappelle qu'en capitalisant la rente
votée par la législature pour l'établissement d'un
service h vapeur transatlantique, M. Rogier viola
la loi et les intentions de la Chambre. M. Nothomb
eut la faiblesse de faire ratifier l'acte de M. Rogier,
et il en résulta pour le trésor belge une perle sèche
de trois millions de francs.
Cependant le même M. Rogier incrimine une
dépense irrégulière de 20,000 fr. faite en temps de
diserte, et il se refuse a soumettre au jugement des
Chambres la conduite de ses prédécesseurs. Bien
pins, il iDsiDue, avec son collègue des finances, que
l'opération dont il s'agit est mystérieuses, tandis
que le Moniteur et tous les journaux de l'époque
la portèrent la connaissance du public.
La conduite des journaux du ministère est véri
tablement odieuse en cette circonstance. VObser
vateur du 9 affirme, non pas légèrement mais
stupidement, car les faits le démentent, que les
Chambres étaient encore réunies lors des négo
ciations avec la ville de Gand, et que, par consé
quent, il était très-facile au ministère de pré
senter un projet de loi.
Rien n'est plus faux. Les Chambres n'étaient
plus réunies h cette époque et la présentation d'un
projet de loi était par conséquent impossible.
Nous commençons a croire que ce calcul est réel
de la part de certaine presse, car l'Indépendance
maintient par sou silence une fausseté matérielle
que nous lui avons signalée, et qui sert de base aux
attaques qu'elle a dirigées contre M. Malou, h
propos de l'incident de jeudi. Elle a dit que MM.
les Ministres n'ont pas repoussé l'examen de leurs
comptes par la commission des finances, tandis
qu'il est notoire qu'ils se sont levés deux fois avec
quelques membres de la gauche pour écarter cet
examen. C'est la dessus que reposait l'observation
de M. Malou dont on a si perfidement abusé.
Enfin Y Indépendance prétend que lorsque le
cabinet du 12 août arriva aux affaires, il s'em
pressa d'annuler la convention exécutée seule
ment jusqu'à concurrence de 200,000 francs.
C'est l'a une double contre-vérité. D'abord le
cabinet du 12 août n'eût pas a annuler la conven
tion puisqu'elle perdait de plein droit tous ses
effets par suite de la retraite de M. de Theux.
Ensuite la convention n'était pas exécutée jusqu'à
concurrence de 200,000 fr., mais jusqu'à celle de
25,ooo.
Il résulte de cet exposé véridique des faits que si
la Chambre u'approuvait pas la convention conclue
avec la ville de Gand, MM. Malou et de Theux
devraient verser au trésor 25,000 francs, et MM.
Frère et Rogier 175,000. Les deux premiers se
disent prêts se soumettre la décision qui sera
prise.
Nous reviendrons sur cette intéressante affaire.
En attendant, nous devons féliciter M. Rolin du
courage avec lequel il a su prendre samedi la dé
fense de deux Ministres qui u'out eu que le bien
public en vue. Journal de Bruxelles.)