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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3487.
34me année.
■t
7PB.ES, 1er Mars.
Le mandement de Mgr de Paris continue
défrayer presqu'exclusivement la polé
mique du journal Iibéraliste de celte ville.
Battu sur un point, il se rejette aussitôt
sur un autre; arguant, chicanant, condam-
nantsa propre conduite ensemble avec celle
d'aulrui. Dans son dernier n° nous rencon
trons encore un curieux échantillon en ce
genre.
MgI Sibour, au nom de la charité chré
tienne, conseille son clergé la modération
en matière politique. Mais ce conseil pieux
de l'archevêque de Paris, que peut-il avoir
de commun, ainsi que le Progrès le prétend,
avec le langage sévère, la juste indignation
que n'ont su que trop souvent nous arra
cher les vues peu secrètes, la polémique
par trop transparente de la feuille vollai-
rienne? Eh quoi! nous verrions un peuple
trop confiant, s'engager sur la foi des apô
tres de l'erreur dans une voie pleine de
{ïérils et de désastres, et nous, nous dont
a mission est d'éclairer ce même peuple,
nous garderions un lâche silence! Quoi!
nous verrions nos compatriotes, nos frères
éblouis de fallacieuses promesses, enlacés
dans le fatal reseâu d'un système de men
songes, vaciller au bord de l'abime, et
du fond de notre poitrine muette nul cri
d'angoisse généreuse ne s'élèverait comme
d'instinct! Encore, si nos libéralistes, si le
Progrès nommément avaient le courage de
leur opinion, s'ils attaquaient leurs adver
saires, visière haute; s'ils ne cherchaient
surprendre les esprits par une marche
oblique et tortueuse; s'ils ne rampaient
LE DUEL DU CURÉ.
perfîdement contre terre aitisft que le ser
pent, nous l'avouons hautement nos répul
sions perderaient bien de leuf vivacité et
de leur amertume.
Il faut le reconnaître, au ,toint de vue
où le confrère s'est placé, la mansuétude
chrétienne, qu'il élève si hait, ne serait
autre chose qu'une leurre, une duperie:
il est faux que le christianisme commande
une impassibilité stoïque entre le bien et
le mal, le vrai et le faux; il est odieux au
tant qu'absurde de vouloir transformer les
vrais chrétiens en automates dépourvus de
sens et d'énergie, en gente inepte, inutile
la. patrie, inutile au bien public, inutile
même la cause de Dieu. Disons le, tout
d'abord, telle ne fut jamais la pensée de
Mgr Sibour; mais il ne dépenderait pas de
nos modernes voltairiens de fausser indi
gnement les intentions droites et vertueuses
de l'illustre et saint Prélat.
Au banquet offert par M. Colson, curé
de S' Nicolas, le jour de son installation,
aux autorités ecclésiastiques,civiles et mi
litaires de cette ville, c'est M. Tack, sub
stitut du procureur du Koi et marguillier
de l'église, qui, en sa qualité de première
autorité, a porté le toast au nouveau titu
laire. Ajoutons que l'éloquent substitut
s'esLacquilté de sa lâche ave*'"e tact, cette
haute convenance de langage qui le carac
térisent!
Nous croyons être agréables nos con
citoyens, en nous faisant l'écho des senti
ments universels de regrets qu'inspire la
nouvelle inopinée du départ de M. Nagels,
receveur de l'enrégistrement, transféré en
la même qualité Hasselt.
Etabli parmi nous depuis plusieurs an
nées, M. Nagels avait su par l'aménité de
ses mœurs, par son généreux caractère se
faire des amis de tous ceux qui l'appro
chaient. Etranger aux dissensions politi
ques, il s'était constamment concilié les
diverses opinions qui dans un homme mo
déré ne voient pas tout d'abord un ennemi.
La fille Decreus a été condamnée jeudi
3 années de prison pour escroquerie d'une
montre d'or au préjudice de Mme Bossaert,
au moyen d'un faux billet soi-disant de
Mme Merghelynck. On sait que la même
personne d'engager ensuite la montre au
mont de piété en trompant la bonne foi
du sieur Iwantzewski, commissionnaire du
Lombard, en se servant d'un autre billet
faussement attribuée une demoiselle
d'une très respectable famille. Le public
n'a pas oublié combien une ressemblance
de physionomie exposa une Dlle Dezegher
de Menin être condamnée injustement
du chef de ce fait. Les apparences de cul
pabilité, appuyées sur les dépositions for
melles des témoins ne furent dissipées
qu'avec peine, grâce aux soins éclairés et
infatigables de M" Carpentier, un alibi
fortement prouvé, et la louable prudence
du tribunal.
Maintenant la vérité toute entière est
venue au jour. Ryckaseys qui avait l'air
de prendre le change comme la veuve
Bossaert a été convaincu de faux témoi
gnage. De plus il a été prouvé que c'est
lui-même qui a guidé la fille Decreus dans
sa mauvaise action. La femme Ryckaseys
a fini par accuser personnellement son
mari d'être la cause du faux témoignage
qu'elle avait aussi rendu dans le premier
procès. En conséquence Ryckaseys a été
condamné 5 ans d'emprisonnement, et
sa femme 2 ans de la même peine. Cette
affaire avait attiré une grande afïluence de
monde.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du P.oyaume.
l'KIV IIE I/AKOVXI1IIM par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. TJn n» a5.
le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 13 centimes la ligne).
(Suite.)
Vous cherchez encore h m'e'chapper, mais
en vain, je vous suivrais plutôt jusqu'aux entrailles
de la terre.
Vous n'aurez pas cette peine, monsieur, ar
ticula cette fois l'ecclésiastique avec un accent de
résolution bien arrêtée.
Réglons d'abord les conditions du combat,
nons verrons ensuite trouver des armes. Peut-
être, en effet, pourrai-je me charger de ce soin
mais, vous comprenez qu'avec le caractère dont je
suis revêtu, il nous serait impossible d'avoir des
témoins; personne ne voudrait s'y prêter. Nous
nous battrons donc sans témoins.
D'accord murmura sourdement son adversaire.
Voilà qui est bien entendu, monsieur Va-
lentin Dubreuil, vous allez me forcer commettre
un double crime; plaise au ciel que le châtiment
ne retombe pas sur vous seul. Maintenant, oceu-
poos-oous des armes; c'est moi qui vais aller les
chercher.
Oui, mais je serai côté de vous comme votre
ombre, ajouta résolument l'étranger.
Vous ferez eu cela ce qu'il vous conviendra,
vous en êtes entièrement le maître. Toutefois, ce
n'est pas Fontainebleau que nous devons nous
rendre; tout le monde m'y connaît, ainsi que vous
le dites fort bien notre démarche éveillerait les
soupçons, et nous serions suivis. J'ai un moyen
d'une exécution plus facile. Le voici:
Je suis le curé d'un gros bourg situé trois quarts
de lieue de l'endroit où nous nous trouvons là, il
me sera aisé de me procurer les instrumens dont
nous devrons nous servir, sans qae personne soit
mis dans la confidence. Venez donc avec moi jus
qu'à mon presbytèrepuis nous reviendrons dans
tel endroit de la forêt qu'il vous plaira de choisir.
Acceptez-vous
Celui qui s'adressait cette question réfléchit un
moment; puis, rompant tout coup le silence en
hachant la tète
Monsieur l'abbé, dit-il, votre proposition
serait fort acceptable en effet, si les choses devaient
se passer comme vous l'annoncez. Je la repousse,
néanmoins.
Pourquoi
Pourquoi parce que une fois arrivé dans
votre gros bourg, vous me feriez arrêter comme
un niais, et que notre affaire se trouverait ter
minée votre très grande satisfaction.
Ah monsieur, s'écria vivement l'ecclésias
tique, pouvez-vous bien suspecter ma loyauté ce
point Je vous promets, foi de prêtre...
Foi de prêtre répéta le jeune homme avec
ironie.
Je vous promets, foi d'honnête homme, foi
de citoyen, si vous l'aimez mieux, que le secret le
plus inviolable vous sera gardé et que mon in
fluence dans ma commune ne sera employée qu'à
vous protéger, s'il eu était besoin; me croyez-vous
présent?
Une déclaration aussi énergique produisit, sur
celui qui elle s'adressait, une certaine impres-