FRANCE. Paris, 23 mars.
Nous n'ignorons pas que l'avis de la commis
sion n'est pas favorable aux vues du ministère, mais
est-ce un motif pour ne pas saisie, la Chambre de
cette question Est-ce un motif pour la retarder a
l'infini? Que le ministère en soit bien convaincu,
en pre'seuce des questions de bienfaisance, ques
tions toutes d'humanité, l'esorit de parti s'efface
entièrement. L'intolérance, les tracasseries, sont
hors de saison on est homme chrétien avant d'être
homme politique.
L'accueil si bien bienveillant fait h la motion
de M. Van Grootven par la grande majorité de la
Chambre et de la presse, nous est un sûr garant
que, quoi que fasse le ministère, nous aurons une
excellente loi sur la charité publique.
Nous trouvons dans le Journald'Anvers quel
ques ligues qui renferment pour notre ministre
Londres une leçon bien méritée.
On lit dans ce journal
L'Indépendance croit, avec M. de Labou-
chère, a la légalité de la surtaxe dont le pavillon
belge est en ce moment frappé en Angleterre. Nous
avons déduit les motifs sur lesquels nous basons
notre opinion contraire. Il paraît que le commerce
anglais partage sur ce point notre avis et non pas
celui de l'organe du cabinet belge, puisque d'après
les nouvelles que nous recevons aujourd'hui les
négociants, sujets britanniques, propriétaires des
cargaisons atteintes par la surtaxe, vont attaquer la.
douaneanglaise en restitution du droit exceptionnel
de 20 p c., qu'ils soutiennent avoir été illégalement
perçu a leur détriment, l'acte du 26 juin i84g
ayant aboli la loi en vertu de laquelle ce droit a
été perçu. Quelle leçon pour notre diplomatie!
Le Moniteur publie la loi qui accorde la na
turalisation ordinaire au sieur Galesloot (M.-A.),
capitaine-commandant adjudant-major au 2' régi
ment de cuirassiers, né a Munster Westphalie),
le 7 octobre 1809.
Le Moniteur a publié avant-hier le relevé
des objets trouvés dans les dépendances d.11 chemin
de fer de l'État, depuis le 1" avril jusqu'au 1"
octobre. Nous remarquons parmi ces divers objets
trouvés Chapeaux noirs, i5o chapeaux gris, 17
chapeaux paille, iâ; casquettes et bonnets grecs,
110; parapluies en soie, 42; parapluies en coton,
45; parasols, 43; cannes, etc., 62; mouchoirs en
coton et blancs, 101; foulards, 21.
Affaire Bocarmé On lit dans le Cour
rier de l'Escaut: Nous croyons pouvoir an
noncer, d'après l'affirmation d'une personne bien
informée, que M. et Mm° de Bocarmé ont choisi
leurs défenseurs M. Berryer du barreau de Paris,
et M. Toussaint, du barreau de Morts, ont accepté
la défense de Mmo la comtesse. M. Léon Duval,
avocat Paris, et M. Defuisseaux se sont chargés
de celle de M. de Bocarmé.
prit, eurent un plein succès; d'autant mieux que
le maître de la maison avait la bonne habitude
d'écarter la politique, chaque fois qu'il recevait
du monde chez lui.
Dès qu'on eut quitté la salle manger et fait
un tour au jardin, M™0 Thibaut, qui, en femme
adroite, avait fait causer le jeune inconnu pendant
le dîner afin de l'étudier, Mmo Thibaut engagea ses
filles ouvrir le piano. C'était mettre Dubreuil sur
son terrain.
Sans exceller précisément comme instrumentiste,
Valentin Dubreuil pouvait passer pour fort bon
musicien. Il avait une magnifique voix de ténor,
au point que depuis la mort de son oncle, il avait
eu souvent la pensée d'entrer au théâtre, et qu'il
l'aurait peut-être mise a exécution sans les événe-
mens de i848.
Qui sait si alors les idées de notre héros n'eus
sent pas été changées complètement.
Sous le ciel éblouissant de la civilisation, l'hom-'
me qui arrive dans le monde avec une âme ardente
surexilée par l'instruction, est comme le pigeon
Mme la comtesse de Bocarmé a assisté, hier,
pour la première fois depuis son arrestation, h la
messe dans la chapelle de la prison des Carmes.
On lit dans YÉclaireur de Namur On
s'eDtretient en ville depuis quelque temps, de scan
dales et de tripotages qui auraient été commis au
sujet du remplacement de militaires. On a d'abord
fait arrêter nn sergent attaché au bureau du gé
néral commandant la province comme impliqué
dans cette affaire.
Quelques jours après, l'auditeur militaire a
fait écrouer h la prison de cette ville, comme
étant également compromis, le medécin du régi
ment au 2° de ligne.
Jusqu'à ce moment, rien n'a encore transpiré
sur le résultat de l'instruction.
Avant-hier matin, Na'ntur, a eu lieu l'ar
restation du sieur Joseph Haller, faisant métier de
dire la bonne aventure.
S. A. R. le prince de Salerne, qui vient de
mourir, était né le 2 juillet 1790; il avait épousé
en 1816 Marie-Clémentine, archiduchesse d'Au
triche, fille de feu l'Empereur François. Il était
frère de la Reine des Français, Marie-Amélie, et
n'avait eu de son mariage qu'une fille unique,
Marie-Caroline, mariée en i844 M. le duc d'Au-
male.
Le Courrier de l'Escaut, après avoir parlé
en peu de mots du rapport de M. le juge d'instruc
tion Heughebaert, dans l'affaire Bocarmé, ajonte
Le mystère de cette terrible affaire se déroulera
sans doute devant les prochaines assises qui s'ou
vrent le 5 mai.
Quoique l'instruction de cette affaire soit ter
minée, M. Hubert, procureur du Roi, M. Heughe
baert, juge d'instruction et M. Dubois, commis-
greffier, se sont rendus vendredi au château de
Bitremont, pour faire de nouvelles fouilles dans un
endroit du fossé qui avait été désigné par nos ma
gistrats. Rien n'a encore transpiré sur le résultat de
ces recherches.
M. de Bocarmé n'assistait pas cette épreuve
comme l'annonce YÉconomie et par conséquent
ne pouvait être très-abattu. Besoin n'était dès lors
de gendarmes ni d'escorte.
On lit dans le Courrier de Louvain Le
22 l'Université a fait célébrer 11 heures du matin
l'église S'-Pierre, un service solennel pour le
repos de l'âme de M. le curé-doyen Decook, an
cien vice-recteur de l'Université catholique. C'est
M. le recteur De Ram qui a officié.
Les journaux anglais rapportent un fait ju
diciaire qui mérite d'être recueilli
Un agent de police, accusé de meurtre, devait
être jugé le ti janvier, la cour de circuit de
Glascow (Êcosse). Au lieu de se défendre au fond,
l'accusé demanda sa mise en liberté, par ce motif
que le délai légal dans lequel il eût dû être jugé
était expiré. Aux termes d'une loi de 1701l'ou
verture des débats aurait dû avoir lieu au plus tard
voyageur ou comme l'hirondelle: il s'élève et
tourne da'ns le vague avant de choisir la direction
qu'il va suivre. Mais, moins bien servi par l'instinct
qui le guide, il s'égare souveut, et souvent encore
le but qu'il atteint est tout différent de celui qu'il
s'était proposé.
Pour couper court ces réflexions philosophi
ques, hâtons-nous de dire que Dubreuil après avoir
accompagné les demoiselles Thibaut l'une après
l'autre, chanta avec leur mère un duo qui enleva
tous les suffrages, même des moins connaisseurs,
celui de M. l'adjoint, par exemple.
Le pasteur émerveillé quitta sa partie pour venir
le complimenter en lui glissant ces mots l'oreille
Mon ami, tu viens de prendre une brillante
revanche; c'est bien, c'est très bien je désire que
tu continues, ce sera me faire le plus grand plaisir.
Marguerite ne fut pas la moins sensible au triom
phe du jeune virtuose. Elle aussi aimait passionné
ment la musique; elle aussi avait une jolie voix,
mais son instruction musicale était encore fort ar
riérée, attendu que Marguerite n'avait eu d'autres
dans les 60 jours de la notification de la mise en
accusation. Or, cette notification ayant été faite
l'accusé le 2 octobre, il soutenait que, trois mois
dix jours s'étant écoulés, la mise en accusation
était périmée, et avec elle toute la procédure l'avait
suivie.
La cour s'est regardée comme liée par les termes
de la loi elle a fait mettre l'accusé en liberté, et a
ordonné qu'il ne pût être arrêté de nouveau qu'a
près un délai de ai heures. Sans doute l'accusés
aura en profiler de ce délai pour mettre sa personne
en lieu de sûreté.
En France et en Belgique, une pareille décision
peut sembler extraordinaire et même bizarre nous
n'avons pas l'habitude de voir les magistrats se
montrer ce point les esclaves de la loi, ni porter
un respect aussi grand pour la liberté individuelle.
On est moins scrupuleux sur ces deux points si
graves; ce que la loi y gagne en autorité et la ma
gistrature en respect, c'est une question poser;
mais ce n'est pas ici que nous voulons la traiter.
Bornons-nous faire remarquer combien la loi
écossaise est plus sage et plus équitable que nos
lois criminelles. Chez nous, grâce l'irrespon
sabilité des juges d'instruction et l'imprévoyance
de nos législateurs, un inuoeeut peut être indéfi
niment retenu en prison titre préventifet s'il
est acquitté il n'aura pas même contre celui qoi,
par sa négligence, aura été la cause de l'altération
de sa santé, de la ruine de sa fortune, le recours
en garantie que la loi civile accorde contre qui
conque porte uu dommage autrui, même par im
prudence.
Il est vrai que la loi écossaisse ne prescrit pas
non plus cette réparation, mais tout au moins elle
ne pousse pas l'iniquité jusqu'à faire retomber sur
le prévenu les fautes des magistrats. Si le jugey
chargé par la société d'instruire les procès ne rem
plit pas son mandat dans le délai prescrit, c'est la
socie"té dont il est agent qui en souffre, et non le
prévenu.
On lit dans YUnion 1
Les incertitudes augmentent l'anxiété publi
que se manifeste par des signes certains; le gouver
nement ne gouverne pas; le ministère provisoire
attend, les bras croisés, qu'on le débarrasse de la
responsabilité qu'il encourt par son inertie; l'As
semblée s'abstient de toute provocationen réser
vant ses prérogatives. Rien ne marche, rien ne se
fait, c'est une halte en face de l'inconnu. Le Pré
sident a voulu diriger le pouvoir ministériel, et il
créé un cabinet d'atonie. La France seule s'in
quiète.
Un Ministre du Président déclare officiellement,
au nom du gouvernement, que la loi dn 3i mai est
applicable aux élections présidentielles. Le Pré
sident proteste contre les paroles de son ministère.
Au milieu de Ce gâchis, l'anarchie s'apprête
leçons que celles des demoiselles Thibaut, encore
de loin en loin, par manière de recréation. Au
charme qu'elle éprouvait, on voyait se mêler le
dépit de ne pouvoir prendre une part plus active
au concert.
Valentin Dubreuil en ayant fait la remarque,
s'approcha de la jeune fille.
Mademoiselle, lui dit-il, j'ai Paris un fort
bon piano; si votre oncle veut bien y donner son
approbation, nous le ferons venir et je réponds
qu'en fort peu de temps vous serez en état de
chanter délicieusement.
Cette promesse produisit son effet sur la pauvre
enfant qui se promit encore une fois de ne rien né
gliger pour se conformer aux volontés de son oncle
l'égard de son jeune ami.
Madame Thibaut remercia, plusieurs reprises,
le curé de lui avoir amené un aussi aimable con
vive. Elle dit gracieusement monsieur Dubreuil,
qu'à compter de ce jour, sa maison lui était ouverte
et qu'elle l'y verrait venir avec beaucoup de plaisir.
(Pour être continué).