HESSE-DARMSTADT, 8 avril. PRUSSE. EMPIRE D'AUTRICHE. MM. Rooher, garde des sceaux, Ministre de la justice Baroche, Ministre d_es affaires étrangères; Le général Randon, Ministre de la guerre; De Chasseloup-Laubat, Ministre de la ma rine; Léon Faucher, Ministre de l'intérieur; Magne, Ministre des travaux publics; Buffet, Ministre de l'agriculture et du com merce; Dombideau de Crouseilhes, Ministre de l'instruction publique; Achille Fould, Ministre des finances. Le nouveau Ministre de l'instruction pu blique, M. de Crouseilhes, a été secrétaire-général du ministère de la justice sons la Restauration, puis conseiller la cour de cassation. Il a donné sa démission de ces dernières fonc tions lorsqu'il fut élu représentant. M. de Chasseloup-Laubat était conseiller d'Etat sous Louis-Philippe. Qqant aux autres Ministres, ils sont tous connus. L'Écho du Midi résume, dans le récit sui vantun article intéressant publié dans la Revue thérapeutique de Moupellier par M. Auguste Gir- bal, chef de clinique la Faculté de cette ville M11" de âgée de 18 ans, venue habiter Montpellier pour se faire traiter d'une affection dont les crises se terminaient ordinairement par des syncopes plus ou moins prolongées, M. le docteur Bertrand, qui lui donnait des soins, s'était adjoint M. Girbal. Celui-ci, mandé auprès de la malade, ne put s'y rendre de suite. Arrivé au bas de l'es calier, il rencontra un domestique qui lui dit tris tement que M"? de Ci... était morte depuis plu sieurs heures. Sa première idée fut de se retirer; mais il voulut vérifier si cette mort apparente n'é tait pas encore une syncope. M. Girbal demanda h être introduit auprès de la défunte. Mm° de C.... fondait en larmes au milieu de quatre ou cinq per sonnes affligées comme elle. Une religieuse, qui veillait la croyait morte. Le prêtre appelé avait aussi pensé que ce n'était qu'un cadavre. Une garde malade était même allée commander la robe blan che mortuaire; enfin, le linceuil recouvrait la figure de M11* de C...., et un cierge brûlait. M. de Girbal s'approcha du lit et se livra un examen attentif; M"° de C.... avait la face pâle, terne, les globes occulaires flaccides, les joues af- faisées, les dents serrées les unes contre les autres, enfin il avait absence absolue de mouvement, de sensibillité, de pouls et refroidissement externe des mains et de la partie inférieure des avant-bras. L'auscultation la plus attentive ne lui fit découvrir aucun battement dans la poitrine, ni aucun mou vement dans la partie épigastrique. L'hypothèse d'uue syncope ne paraissait donc guère probable. M. Girbal crut son tour que M11" C.... était morte. Cependant il ordonna des frictions et fit appliquer de larges sinapismes la nuque, aux bras et aux jambes. Au bout d'une heure environ. M. Girbal n'ayant obtenu aucun résultat, il se retira. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'une demi-heure après, un ami de la famille accourut pour lui annoncer que M11' de C.... semblait revenir la vie. Re tourné auprès d'elle, il apprit que dix minutes environ après son départ, on avait entendu quel ques soupirs et aperçu quelques mouvements peu peu la respiration était devenue haletante, la figure s'était ranimée et la malade avait prononcé quelques mots. Lorsque l'état de Mn° de C.... se fut amélioré, M. Girbal lui adressa de nombreuses questions sur une crise qui avait duré plus de six heures; elle répondit qu'elle avait éprouvé certaines sensations dont elle n'avait qu'un souvenir incomplet; elle se trouvait dans une sorte d'anéantissement absolu, qu'elle comparait a un état de sommeil troublé par des rêves confus, qui lui permettaient cependant d'apercevoir diverses impressions qu'elle ne pou vait rendre. Par moments, elle eût voulu parler, mais le poids incommode sur le cou et la poitrine l'empêchent de prononcer le moindre mot et d'exé cuter le plus léger mouvement. La vue était com 3 plètement éteinte. L'audition n'était pas tout fait abolie elle avait entendu quelque paroles qui s'étaient dites autour de son lit; l'idée de son en terrement l'avait surtout occupée, et le mot de robe blanche avait frappé son esprit. Ne ine mettez pas dans la caisse avaient été en effet les premiers mots qu'elle prononça après son retour la vie. MUe de C.... a ajourd'hui complètement re couvré la santé, et la Revue thérapeutique du Midi ajoute qu'elle habite encore Montpellier, et affirmerait au besoin la réalité de ce fait remar quable. Les démocrates de Limoges, dit le Courrier de Limoges, ne pouvant arriver séduire les bra ves soldats du 54" de ligne, en garnison dans notre ville, s'en vengent par des attaques multipliées. Il y a quelques jours, plusieurs de ces militaires étant en promenade, furent assaillis de pierres lancées du haut de rochers. Lundi, pendant que le régiment était l'exercice au Chainp-de-Juillet, les clairoDS s'exerçaient sur les terrains voisins du chemin de fer; ils furent grossièrement injuriés par un assez grand nombre de frères et amis; l'un d'eux leur fit quelques remontrances polies. Les injures redoublèrent; mais bientôt un officier s'élant aperçu de ce qui se passait, les fit charger par quelques hommes. Un seul des agresseurs a été arrêté, les autres s'étaient empressés de prendre la fuite. Une personne arrivée hier de Londres assure que l'emplacement destiné au palais élevé pour l'Exposition h'à pas moins de sept cents arpens de terrain, c'est-à-dire que ce palais occupe wie'sti- perficie quàtre fois grande peu près comme ce qu'on appelle aux Champs-Elysées le Carré-Ma- rignyoù l'on-a l'habitude de construire l'édifice ■destiné nos expositions quinquennales. Il paraît qu'on a été obligé de sacrifier une assez grande quantité de beaux arbres qui gênaient la cons truction. La Société de Jésus et de l'Église viennent de faire une grandé perte. Le R. P. Rozaven, as sistant de la compagnie pour les provinces de France, est mort au Gesù, le 2 avril, sept heures du soir. Nous ne voulons pas nous étendre sur la vie de ce vaillant défenseur de la vérité catholique, de ce saint prêtre qui, pendant un demi-siècle, a honoré la société qui l'avait admis dans son sein, et l'avait même élevé ses charges les plus impor tantes. On lit dans l'Intérêt public, de Caen La mort vient de frapper un homme dont le nom a eu un triste retentissement en France et en Europe. Louis-Florent Louvel, menuisier, âgé de quarante ans, né Caen, neveu du trop célèbre Louvel, l'assassin du duc de Berri, est mort le 27 mars dernier, dans la commune des Églises-d'Ar- genteuil, arrondissement de Saint-Jean-d'Angély. Son nom, frappé de la réprobation publique, le força de se réfugier en Angleterre, où il de meura jusqu'à la révolution de juillet. Rentré en Frauce cette époque, et mis en devoir de satisfaire la loi de récrutement, il entra dans un réginient de lanciers qui fut appelé faire partie de l'expédition de Belgique. Blessé d'un coup de feu la cuisse au siège d'Anvers, il obtint de quitter le service, et se retira avec une modique pension de retraite. Ce fut alors que, sous un nom supposé, il vint se fixer aux Eglises. On lit dans la Liberté de Lille, du 11 Les journaux de Valenciennes rendent compte de la découverte qui vient d'être faite d'un des moyens inventés par les organisateurs des loteries allemandes, pour introduire en France leurs circu laires, billets imprimés, coupons d'actions, etc., dont nos villes ont été si souvent inondées par l'entremise innocente de la poste. Ces industriels chargent tout bonnement les fraudeurs de passer la frontière avec d'énormes paquets de ces impri més, dont les adresses sont toutes faites, et qui, dirigés sur Paris, jetés la boîte, rayonnant de là sur tous les points de la France. La saisie de plusieurs ballots de ce genre pe sant ensemble 4o kilogrammes et contenant 3,740 circulaires et billets de l'emprunt du grand-duché de Bade, a été faite avant-hier par la douane Blànc-MisseroD.Grâce la vigilance des douaniers, les personnes inscrites sur l'Almanach-Bottin ver ront ainsi diminuer de 935 (r. l'impôt onéreux et vexatoire que les Macaires allemands prélèvent sur elles au profit de l'administration des postes. M. Maurer, conseiller au ministère, a présenté la seconde Chambre un projet de loi sur la compo sition des deux Chambres du grand duché. D'après l'art. 1" de ce projet, le gouvernement adopte le système des deux Chambres. L'article 2 porte que la première Chambre se composera i° Des princes de la maison grand-ducale; 1* De 11 membres élus par les chefs des familles qui possèdent des terres seigneuriales, et par les 35 propriétaires ruraux qui paient le plus haut chiffre de l'impôt; 5 personnes élues devront être chefs de maisons seigneuriales et 6 propriétaires ruraux, dont deux doivent appartenir chacune des trois provinces 3° De 9 députés des provinces, dont 5 doivent appartenir chaque province; 4° De l'évêque catholique du pays; 5" Du prélat 'protestant; 6° Dit chancelier de l'Université du pays; 70 Des membres nommés par le grand duc et qui ne peuvent dépasser le nombre de 6. La Seconde Chambre se composera de 5o mem bres. Pourront être élus membres de la Seconde Chambre,ceux qui possèdent un capital imposable de fioo florins on qui ont un revenu de 1,000 flo rins; membres de la Première Chambre ceux qui possèdent un capital imposable de 1,000 florins ou un revenu de 2,000 florins. On a maintenu pour les électeurs la division en trois classes. On mande de Berlin Suivant le Moniteur ecclésiastique, le Roi a fait remettre au Pape une lettre autographe pour remercier S. S. tant des fé licitations qu'elle lui a adressées l'occasion de l'attentat Sefeloge, que pour l'honneur fait la Prusse dans la personne du prince-évêque de Bres- lau et de l'archevêque de Cologne, auxquels a été conféré le cardinalat. On écrit de Temeswar, le 3 avril Un mal heur épouvantable a frappé aujourd'hui notre ville. Ce matin 7 heures on a entendu un bruit sem blable celui du tonnerre, suivi d'un autre plus épouvantable encore. Toutes les fenêtres étaient brisées, des débris de murs couvraient les rues de la ville; une immense colonne de fumée assom brissait l'air. C'était une explosion qui avait éclaté au ma gasin de poudre de la caserne. Ce magasin, qui était très-considérable, n'est plus qu'un monceau de décombres, qui ne cesse de fumer et d'éclater, chaque instant, parce qu'il s'y trouve encore des bombes. Les boulets, les bombes, les membres mu tilés de ceux qui ont péri ont été lancés de gran des dislances. On ne connaît pas encore l'étendue du malheur; mais on parle de deux capitaines et de 4o artilleurs qui auraient péri. Une demi heure plus tard, et l'accident aurait atteint tout un ba taillon qui devait faire ses exercices dans la caserne. La porte de la ville a été si ébranlée qu'on peut y remarquer de grandes fissures. On a trouvé des membres brûlés jusqu'à une distance de i,5oo pas. Tout n'est pas fini. Il est midi, et l'on entend encore éclater les bombes qui sont sons la cendre brûlante. Il y a encore dans une casemate cent quintaux de poudre; on ne peut s'en approcher pour les retirer, et l'on craint qu'ils n'éclatent aussi. Tout Temeswar est dans la con sternation; les femmes se sont enfuies- On ne sait de quelle manière est arrivé l'événement, car tons ceux qui se trouvaient dans le magasin poudre ont péri.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 3