JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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J\o 3505.
34me année
TPPLSS, 3 Mai.
Personne d'entre nos lecteurs ne s'éton
nera de nous voir encore revenir sur des
points relatifs la question de l'enseigne
ment. Si, en effet, il en est une qui intéresse
le bien-être et l'avenir d'une nation, c'est,
coup sûr, celle qui doit décider de la
direction qu'il importe d'imprimer aux gé
nérations naissantes. Aujourd'hui surtout
que l'empire de l'idée est plus absolu que
jamais, et que la corruption des intelli
gences, lèpre affreuse, s'étend de jour en
jour, il est temps de veiller avec une solli
citude inquiète l'éducation de la jeunesse
Belge, espoir sacré de la patrie.
Les adeptes d'un libéralisme menteur
se sont crus de profonds politiques, alors
qu'ils s'écriaient que, l'Église et l'État étant
choses distinctes, l'autorité religieuse ne
pouvait exiger des alhenées et collèges du
gouvernement des garanties de moralités,
avant de leur prêter son concours. Ces lo
giciens, d'espèce singulière, voudraient-ils
par hasard, au nom de l'indépendance ré
ciproque des deux pouvoirs imposer au
plus noble, au plus relevé d'entr'eux, au
pouvoir religieux, l'humble rôle de satellite
du pouvoir civil? Ou bien viseraient-ils
couvrir du manteau sacré de la Religion,
le scepticisme acathoiique, l'immraoralilé
peut-être dont les leçons d'un professeur
laïque porteraient le triste stigmate? Une
leçon fugitive de catéchisme que peut-elle
en effet pour combattre l'indifférence reli
gieuse, atmosphère habituel des collèges
de l'État?
Nous le savons, du reste, dans les nobles
efforts, dans le dévouement du prêtre pour
UNE MESSE D'HOPITAL.
étendre la salutaire influence des doctrines
religieuses, bien des gens ne voient que le
calcul d'une vulgaire ambition.
Aveuglé de fatales chimères le monde
parcourt en tâtonnant un sentier étroit et
glissant, que bordent d'affreux précipices,
et qui par une pente rapide auboutil au
gouffre sans fond du socialisme. Mais le
prêtre s'est souvenu de sa mission; s'aper-
cevant du péril, il a jeté le cri d'alarme. Si
trop souvent sa voix fut méconnue par la
génération présente, il a ouvert ses écoles
et ses collèges afin de sauver au moins les
générations futures. 11 a fait plus: quand
les flammes de l'incendie ont envahi le
bercail, il est juste que le pasteur s'élance
le premier pour le salut du troupeau; ainsi
le prêtre n'a pas craint parfois de descendre
dans l'arène brûlante de la politique. Mais
c'est alors surtout que les injures et les
menaces des hommes dont il démasquait
les desseins téméraires ou coupables, l'ont
attaqué avec violence, dans les journaux,
les pamphlets, les clubs libéralistes. Tous
les jours on les entend s'écrier que le clergé
prétend tout envahir, vise tout dominer,
sinon par lui-même,au moins par ses amis.
Dupesobslinésde leurs propres mensonges,
ne savent-ils pas, ces honnêtes libéraux,
que les catholiques au pouvoir ont peuplé
toutes les branches d'administration et les
postes les plus lucratifs d'adeptes du libé
ralisme, et aujourd'hui que ces derniers
sont assis au timon des affaires, on redou
terait des empiétements du clergé? Le
piège est grossier; mais comme toujours
les niais, parmi lesquels de fort honnêtes
gens, que des vues étroites ou le manque
de caractère rattachent au parti, ont prêté
docilement l'oreille (leurs grosses oreilles
de moutons) aux ridicules sornettes d'une
envieuse colère. Ces gens font pitié!
N'importe, le prêtre poursuivra jusqu'au
bout son œuvre salutaire; s'il ne récolte
que l'ingratitude ou la haine, il n'aura pas
au moins failli ses devoirs, et récemment
encore, un auguste témoignage est venu
l'affermir dans la voie où il s'est engagé.
Le vénérablie Pie IX a hautement approuvé
la conduite de nos évêques dans les négo
ciations qui ont eu lieu entre eux et le
ministère, pour l'exécution de Parti. 8 de
la loi sur l'enseignement moyen. Cette pré
cieuse approbation du père commun des
fidèles dédommagera amplement le corps
épiscopal des attaques passionnées de l'es
prit de parti et des feuilles anticatholiques.
UNE ANERIE.
Dans un de nos derniers n0', nous prîmes
acte d'un aveu du Progrès, constatant que
l'enseignement aux frais de l'état était or
ganisé dans un intérêt de parti. De ce fait
le confrère prétend nous convaincre d'â-
nerie. C'est en ces mots qu'il confirme sa
thèse (nous en respectons avec fidélité la
ponctuation)
Quand l'État qui représente la société
entière et: ni le parti libéral, ni le parti
catholique, en vertu du principe que la
minorité doit se soumettre la majorité,
organise son enseignement, c'est l'en-
seignement donné au nom de la société
entière.
Miséricorde! que nous veut-il avec son
baragouin? Pas moyen de comprendre ça?
Mais sait-il bien lui-même où il en veut
venir; ou croit-il satisfaire ses lecteurs par
le vain bourdonnement d'une phrase in
cohérente?
Entendez-vous le latin, demande Sga-
narelle Géronle, dans le médecin, malgré
luiEn aucune façon. Vous n'enten
dez pas le latin? Hœc musala muse; bonus,
bona, bonumsingulariter; Deus sanctus, etc.
etc. Et voilà ce qui prouve que votre fille
est malade. Ah! que n'ai-je étudié, sou
pire Géronte.
Sans doute en créant cette scène comi-
térité et justice.
Ou s'abonne Y près, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Koyaume.
prix. me l'sroweiiemt, par trlmeatre,
Ypreg fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n° z5.
ce propagateur parait le musdi et le mercredi
de ohaque semaine (insertions ii centimes la ligne).
(Suite et fin.)
La messe terminée, l'aumônier, dans un grand recueille
ment, disait son action de grâces, quand une sœur, celle
qui il avait parlé le malin même en entrant dans la salle, vint
lui dire, d'un air radieux
Monsieur l'abbéil vous demande...
Qui
L'homme du n° 48... le furieux d'hier au soir.
Ses fureurs, lui sont-elles revenues?
Oh! nonil est maintenant doux comme un agneau. Il
vous demande...
Que Dieu soit béni Hâtons-nous...
Alors, si quelqu'un avait bien regardé, il aurait vu des lar
mes de joie et dans les yeux de l'aumônier et dans ceux de la
fille de Saint-Vincent-de-Paul, car la charité a plus de vraie
tendresse que tous les amours de la terre.
Les voici tons les deux auprès de l'homme dont la colère a
rompu des vaisseaux intérieurs et dout la poitrine se remplit
de sang... Il ne s'agit plus, il ne se tord plus sur sou lit... Son
visage n'est plus enflammé, ses yeux ne lancent plus d'éclairs,
sa bouche ne blasphème plus. A demi assis sur sa couche, il a
les yeux fixés sur une image qu'il tient dans une de ses larges
maius de l'autreil essuie la suenr froide qui ruisselle sur son
visage... Sa préoccupation est telle qu'il n'entend ni ne voit
le prêtre et la sœur arrivés près de lui... En finau bout de
quelques iustansPinconnu levant les yeux... eut comme un
sourirde reconnaissance sur ses lèvres, qui la veille ne profé
raient que des blasphèmes et des malédictions, et d'une voix
presque douce il demanda
Qui a attaché cette image au rideau de mon lit?
C'est moi, répondit l'abbé.
Est-ce que vous me connaissez
Aucunement...
Pourquoi donc avez-vous mis près de moi l'image de
saint Stanislas
Parce que j'ai grande confiance en lui.
Ah!... vous n'avez pas eu d'autres raisons C'est que
moiajouta-t-il en passant sa main sur son front, c'est que moi
aussi... j'ai aimé ce nom... je l'aime encore...
A ces motsl'inconnu porta l'image ses lèvres... des pleurs
jaillirent de ses yeux... sa bouche s'enlr'ouvrit... Mon Dieu
proféra-t-ilmou Dieu
Et ses convulsions de la nuit le reprirent. Moins violentes que
celles de layeille, elles ne durèrent pas longtemps, mais elles
furent suivies d'une grande faiblesse car dans son agitation il
avait vomi le sang en grande abondance.
Lorsqu'il fut redevenu plus calme il se mit parler... mais
comme lui-même; quoique ses yeux fussent grand ouverts,
il avait Pair de ne voir personne C'est étrange, disait-il, ce
nom qu'elle et moi avons voulu lui donner... ce nom que je
ne prononce plus... je le retrouve ici... sur oette image... et
attaché mon lit!... Et puis quand oe prêtre a donné la com
munion... j'ai pu le regarder..., j'ai fixé mes yeux sur les
siens... ils ressemblent ceux que j'ai tant aimés... et que j'ai
tant fait pleurer Pourquoi s'attache-t-il moi Hier j'ai
juré contre lui... lui et sa robe noire me faisaient horreur et
présent, si je le revoyais... Un tel changement s'est opéré en
moi pendant sa messe... qui si je le revoyais présent... je le
bénirais!...
Me voici! me voici! s'écria l'abbé Stanislas; me voici
près de vous... Je ne sais pas qui vous êtes, mais jamais, pour
aucun malade apporté ioi, je n'ai ressenti au coeur autant de
ebarité... je donnerais ma vie pour sauver votre tue.
Oh mon âme si tu savaisjeune homme, combien je
l'ai souillée!... de combien d'iniquités je l'ai enveloppée et
couverte! lu ne penserais pas la sauver... Dieu lui-même ne
pourrait...
Arrêtez! ne blasphémez pis... Vos péohés vous auraient
rendu rouge comme l'éoarlate, que le Seigneur vous rendra
blanc comme la neige... Il jettera vos iniquités derrière lui, il
mettra vos prévarications l'écart, et il ne les verra plus... il
ne verra que votre repentir... Au nom du Sauveur Jésus, ne
désespérez pas de la divine miséricorde.
Priant ainsi, le jeune prêtre était retombé genoux près du
littenait les maius de l'étranger dans les siennes, et les ar
rosait de ses plenrs.
Après quelques instans, l'inoonnu, qui ne retirait pas ses
mains de celles de l'aumônier, et qui laissait couler d'abon-