En 1850, la Belgique catholique court aux armes pour sauvegarder les droits de la Religion, contre les tracasseries systé matiques dont elle est l'objet de la part du gouvernement; et aujourd'hui la politique nouvelle inaugure le système anticatholique de MM. De Haussy et Tesch en matière de bienfaisance. En 1850 enfin, le pays se soulève en in voquant les droits sacrés de la morale dont se jouait indignement le serment l'appui de l'impôt sur les successions; et le minis tère de la politique nouvelle ne vise rien moins qu'à rétablir non seulement cet im pôt, antipathique la nation, mais encore le serment immoral dans ses conséquences, qui le couronne. Valait-il bien la peine, il y a vingt ans, de s'imposer tant de sacrifices, de laisser verser tant de sang; valait-il bien la peine de porter d'aussi rudes atteintes l'indus trie et la prospérité publique, de rejelter les concessions de la Hollande comme peu durables et peu sincère, pour revenir au jourd'hui peu près au même point d'où l'on était parti? Et cependant, qui l'aurait cru? Qui jamais se fut imaginé qu'un an cien membre du gouvernement provisoire, issu du vœu national, du gouvernement provisoire dont un des premiers actes fut d'abolir le serment en matière de succes sions; qui jamais se fut imaginé qu'un de ces hommes d'Etat, reniant les gloires de son passé, en serait venu jusqu'à prêter son influence, jusqu'à attacher son nom, jusqu'à associer ses actes la réaction oran- gisle affublée du titre de libéralisme? Voilà pourtant où en est venu M. Rogier, en qui se personnifie une importante fraction du parti ornnicolore connu sous le nom indé finissable de parti libéral. DISSOLUTION DU MINISTÈRE. La Chambre des Représentants s'est réunie sa medi a midi. Après l'adoption du procès-verbal, M. le mi nistre de l'intérieur a In, au nom du cabinet, la déclaration suivante: Messieurs, le projet de loi en discussion avait pour but, dans sa rédaction primitive, de procurer au trésor des ressources évaluées a plus de trois millions de l'r. Ces ressources devaient être pré levées sur de grandes valeurs immobilières et mo bilières qui, en matière de succession, échappent aujourd'hui a l'impôt. En présence de l'opposition qui s'était mani festée dans la majorité de la chambre contre une des dispositions principales de la loi, le cabinet, l'aveugle, qui, depuis le commencement de cette scène, igliorée de luiétait demeuré froid et impassibles'émeut tout coup et prête l'oreille; il écoute avidement, écoute encore, puis recule brusquement, eu faisant un geste énergique d horreur et d'effroi, comme pour repousser de ses deux mains un objet qu'il sait près de lui et qui l'épouvante cherchant s'enfuir, et s'écriant C'est lui, oui, c'est bien la voix que j'entendis sur les hauteurs d'Argenteuil. Le geôlier emmenait Martel (car c'était lui), il l'emmenait plus mort que vif; obéissant en cela au président, qui lui avait enjoint de faire monter un autre prisonnier mais cet ordre, prononcé très-haut, avait été accompagné d'un signe que le geôlier comprit; et quelques minutes après, ce fut encore Martel qu'il amena, qu'il fit asseoir une seconde fois sur la sellette, et qui fut interrogé sous un faux nom. De nouvelles questions amenèrent d'autres répouses; niais aussitôt, secouant la tète d'un air d'incrédulité $fon, s'écria l'aveugle, c'est une feinte, je reconnais la voix qui s'entretint avec moi sur les hauteurs d'Argeuteuil. Six fois tous les prisonniers de la conciergerie furent ainsi mandés successivement, mais toujours dans un ordre nouveau, inopiné, de manière, enfin, bouleverser tous les souvenirs, rendre toute combinaison impossible; et même quelques- uns des prisonniers étonnés, on adressait des questions qui se rapportaient l'assassinat de Zambelli, et, avertis par un signe du président, ils répondaient sur cette accusation, qui leur était étrangère. Mais l'aveugle n'hésita pas un instant; et toujours il reconnut avec certitude la yoix qu'il ayait entendue sur les montagnes d'Argenteuil. guidé, dans l'intérêt du pays, par la pensée de maintenir l'unité et le bon accord au sein de l'o pinion libérale, avait retiré celte partie du projet, espérant réunir, pour les autres dispositions de la loi, une majorité suffisante. Il éprouve le regret de n'avoir pu atteindre ce but; les votes émis par la chambre, dans la dicussion qui vient d'avoir lieu, ont fait recon naître au cabinet qu'il ne lui était pas permis de compter sur le concoure de la majorité pour le succès des mesures financières dont le vote lui paraît importer essentiellement h la marche des affaires et aux intérêts du pays. En conséquence, les membres du cabinet ont cru devoir remettre leur démission entre les mains de S. M. Nous demandons que les débats sur la loi actuelle ne soient pas continués; mais nous nous tenons a la disposition de la chambre pour les autres projets dont les rapports sont présentés et qui ont un caractère d'urgence. «sioag»'— L'Univers publie les lignes suivantes: h'Indépendance belge publiait le 18 et le National reproduit ce matin 1 9), in extensoune note qui aurait été adressée, selon ces deux jour naux, par la secrétairerie d'État de Rome au ca binet de Vienne et qui tiendrait h obtenir i° que la France retirât ses troupes des États romains; 2° que la garnison française Rome fût remplacée par une garnison autrichienne; 3° ou, subsidiaire— ment,queErançaiset Autrichiens fussent remplacés par une armée napolitaine, si l'Angleterre et la France refusaient de consentir laisser l'Autriche occuper seule l'État pontifical 4° enfin, au cas où l'occupation par les Napolitains ne serait pas ad mise, que le corps autrichien qui occupe les Lé gations fût augmenté et prît des dispositions de nature entraver l'action des troupes françaises en garnison Roine, pour le cas où un mouvement révolutionnaire en France rendrait par contre coup cette action hostile au gouvernement du S'-Père. 11 suffit de jeter les yeux sur cette pièce pour reconnaître qu'elle est apocryphe. Il n'est pas be soin de rechercher dans quel intérêt et dans quel but elle a été fabriquée. Le caractère du journal qui l'a publiée et de celui qui s'empresse de la reproduire révèle clairement son origine; le désir de rendre le Saint-Siège odieux 'a la France y perce 'a chaque ligne et trahit la main des mala droits faussaires. Du reste, comme le dit ce matin Y Assemblée nationale, il est impossible de ne pas remarquer, propos des questions qui y sont trai tées, combien il importe que les puissances catho liques s'entendent entre elles pour constituer une armée romaine qui permette au gouvernement pontifical de se soutenir par lui-même. M. Schtnidt, vicaire 'a Dixmude, est nommé curé Ostduyukerke. M. Winde|s„ vicaire a Pitthem, est nommé Enfiu l'horrible mystère était éclairci, une voix surhumaine semblait retentir dans la vaste Grand'Chambre d'audience et dire l'aveugle: «c'est lui! c'est l'assassin de Zambelli Ce tonnerre, menaçaut et vengeur, qui au jour du crime avait grondé sur tes hauteurs d'Argenteuilvenait d'atteindre le coupable; et ce misérable, terrasssé, frémissant, balbutiait enfin un aveu tardif, devenu désormais inutile; car pour tous les magistrats qui étaient là assis au jugement, l'effet de l'é preuve avait été tel, le cri naïf et involontaire de la vérité les avait frappés si juste au cœur qu'il leur semblait que si eux- mêmes eussent vu commettre cet assassinat, douL ils avaient devant eux l'unique et miraculeux témoin, leur certitude n'eût point été plus entière. A peu d'iustauts de là, dans un noir cachot de la concier gerieretentissait un arrêt terribletandis que sur une place publique peu éloiguée il se faisait de sinistres apprêts; car cette époque, pour l'homme qui avait entendu une sentence de mort, il n'y avait point de lendemain; le soleil ne devait plus se lever pour lui. Quelques heuresaprês, les rues qui avoisineut Saint-Michel, Saint-Sauveur, le vieux palais et la collégiale de Saint-Georges ne pouvaient suflire tous les habitants de la ville qui revenaient du Vieux-Marché, où ils avaient été lé- moins d'un horrible spectacle; et ces hommes, ces femmes, pâles, tremblants, terrifiés, se redisaient les uns aux autres avec effroi des paroles bien solennelles apparemmentvoir de quel air ils les répétaient. C'est qu'uue voix s'était fait entendre eux du haut d'un théâtre de douleur; et toute faible qu'elle était alors, cette voix qui allait s'éteindre, avec vicaire de l'église cathédrale de S'-Sauveur; il est remplacé Pitthem par M. Crouselvicaire Ruddervoorde. Ou lit dans un journal français relatif l'af faire Bocarmé: Un nouveau fait vient s'ajouter ceux que nous avons déjà publiés sur cette dramatique affaire. 11 paraît que lors de la lutte qui a eu lieu entre M. Bocarmé et sa victime, M. Fougriies, cherchant empêcher son assassin de lui faire avaler de force le poison, lui aurait mordu les doigts. Par un mouvement instinctif, M. Bocarmé aurait porté ses doigts sa bouche, et l'énergie du poison aurait été telle que l'empoisonnement de l'assassin en eût été le résultat infaillible, sans la profonde science de celui-ci en toxicologie. C'est l'aide de contre-poisons très puissans que M. Bocarmé a pu échapper aux ravages de la nicotine. i\Ira° Bocarmé persiste, ainsi que nous l'avons dit, dans les révélations qu'elles a faites; elle a donné tous les détails de la scène de l'empoison nement, et signalé son mari comme ayant préparé, prémédité et exécuté le crime. Quant M. Bocarmé, il s'est tenu dans la ré serve la plus absolue. Il a nié tous les faits mis sa charge, et lorsqu'il a été placé en présence des faits constatés par l'instruction et les déclarations de sa lemme, il s'est borné répondre qu'il n'avait pour le moment aucune explication fournir. Jusqu'à présent, M. Bocarmé paraît déterminé a ne pas entrer dans la voie où JVlm° Bocarmé s'est placée. Cependant ou a saisi mi petit papier qui devra reudre difficile la situation qu'il a prise. Dans une lettre écrite par M. Bocarmé un de ses amis, il a glissé, après l'exameu de cette lettre par le juge d'instruction, un petit fragment de papier sur lequel il avait tracé quelques lignes ayant pour objet d'inviter le destinataire de la lettre aller trouver M. Berryer, et lui expliquer qu'il ne pouvait pas accepter la défense de Mmo Bocarmé, qui avait bien réellement empoisonné son frère. M. Bocarmé oppose toujours un système de dé négation absolue aux charges qui pèsent contre lui. Un procès d'une haute importance va oc cuper la cour de cassation (chambre civile). Il s'agit d'une somme de deux millions environ que l'Etat réclame de l'ancienne Grande Banque ou Société Générale, par suite d'une décision de la cour des comptes. Mercredi est mort, au Grand Hospice a Bruxelles, le nommé Loudel, vieillard âgé de 107 ans. La Compagnie de Jésus vient de faire une perte nouvelle et difficilement réparable dans la personne du P. Giaccomo Mazio, professeur de droit canon au collège Romain, qui vient de mourir l'âge de 5o ans. Honoré, pendant sa vie, de l'es time du Souverain-Pontife, de l'amitié et de la vénération de tous ses collègues, la nouvelle de sa moçt a été accueillie par d'universels regrets. quelle autorité, avec quel empiré en ce momeut suprême elle avait retentitonnante et formidable, planunt comme ia voix de Dieu au-dessus de toute cette immense multitude qui u était venue que pour voir, et qui ne voyait plussilencieuse alors, écoutant avidement et n'ayant plus qu'un sens. Et la voix avait proféré des paroles qui devaient ne pas être oubliées de lougtemps car quel moraliste, quel philosophe trouvera jamais plus de créauce, et laissera des impressions plus durables qu'un condamné forcé et aux abois, confessant, détestant son crime àlafaoe de la terre, qui le repousse, et du ciel,qui le foudroie; dénonçant la cupidité, la soif de l'or, qui l'ont précipité dans l'abîme; déclarant, lui qui le sait, que dans quelque désert éloigné que le crime puisse aller accomplir son œuvre, Dieu s'y trouvera toujours avant lui, et sera là l'attendre, l'épier, témoin inaperçu de ce que le reste du moude ignore, voyant tout, n'oubliant rien, plus tard dénonciateur inexorable, et enfin juge terrible et sans merci. Cinquante ans environ après cette scèneil y avait loug temps que Laurent Bigot n'était plus. Emeric lui avait succédé^ puisétaitdeveuu président^ Mortier. Son amiÉtienne Pasquier était uu noble et vénérable vieillard au grand savoir, aux cheveux blancs. Composant alors ses curieuses Recherches sur la France, et voulant rpoutrer, disait-il, comme Dieu quel quefois permet que les crimes soieut avérés, lorsque les juges pensent être le plus éloignés de la preuve, il n'avait garde d'oublier le fait presque miraculeux dont il avait été témoin dans sa jeunesse; il le raconta, et c'est d'après lui que nous ayons écrit.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 2