JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. J\o 3521. 34me année. a ,\moàn oor 0<V nisU^su TKBITÉ ET JUSTICE. Ou s'aboaue ïpres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIS DE L'AMltEHEKT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un u° o5. Ce Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de tfhaqiieSemaine. (Insertions 13 centimes la ligne). 7PE.ES, 28 JUIN. Le débat sur les successions directes a été digne ment inauguré le 26 par M. le comte de Liedekerke. Son discours, plein de considérations élevées et de détails curieux, restera dans nos annales parle mentaires comme un monument de raison et d'é loquence. Le dépit qu'il inspire ce matin h la presse ministérielle et les efforts qu'elle fait pour le fal sifier, nous confirment tout fait dans cette opinion que nous avons emportée de la séance. M. de Liedekerke a démontré que la propriété foncière est déjà surchargée, que toute la politique du cabinet consiste l'écraser, et que, s'il est in juste de frapper l'héritage paternel, il est souve rainement inique d'enlever aux enfants des petits propriétaires, des rentiers 5o francs par an, une part des fruits de leur travail et de leurs modestes économies. Toute cette partie de son discours était une réponse anticipée celui que M. Lebeau avait préparé en faveur du projet de M. Frère. A en croire M. Lebeau, ce projet est essentiellement dé mocratique en ce sens qu'il met les riches con tribution, et, sur cette thèse, l'honorable chef des doctrinaires a élevé tout une pyramide d'insinua tions injustes contre l'opinion conservatrice. Or, M. de Liedekerke, tout en repoussant avec force le principe de l'imposition de la ligue directe, insiste pour l'adoption de l'amendement de M. Coomans qui exempte de la taxe les snccessions de 7,000 fr. «t an-dessous. Étrange aristocrate que M. le comte de Liedekerke, qui, ne pouvant affranchir d'un impôt inique et odieux les classes aisées, s'efforce d'en affranchir les classes inférieures, faisant fléchir ainsij selon son heureuse expression, sa fidélité aux principes par dévouement l'humanité! Dans l'entretemps, que font M. Lebeau et le ministère? Ils repoussent les exemptions deman dées et ils dépouillent cent pauvres pour atteindre un seul riche! On a démontré que l'impôt sera presque entièrement acquitté par les classes infé rieures; la section centrale l'a reconnu, M. le Miuistre des finances l'a proclamé! Un homme qui ne possède que 1,000 fraocs de capital (le mo bilier compris) n'a pas plus de 3o fr. de rente annuelle. C'est un citoyen pauvre, et cependant le projet de MM. Frère, Tesch et Rogier le frappe cruellement. M. Leiièvre est entré dans des développements pratiques qui ont visiblement impressionné l'As semblée. L'honorable député de Namur a établi que l'impôt d'un pour cent s'élèvera 2, 3 et peut-être 4 p. c. quand il sera appliqué aux petits patrimoines, ceux qui ne sont pas commo dément divisibles et qui sont partagés par licitation. Aussi veut-il en excepter toutes les successions de moins de 25,000 francs, mesure qui, nous le re connaissons, n'est pas parfaitement en harmonie avec les principes, mais qui tend mitiger le ca ractère d'exaction dont le projet ministériel est empreint, et qui montre l'hypocrisie de ceux qui le défendent comme une loi démocratique. Fidèle au rôle qui lui est imposé, la presse tni- nistérielle injurie, avec une persistance que rien ne lasse, tous les représentants qui ne souscrivent pas, en aveugles, aux injonctions du cabinet. L'In dépendance se distingue dans l'accomplissement de cette triste mission. Le discours de M. Leiièvre, dit-elle, est une de ces harangues hypocrites et hésitantes qui ne se classent pas. Nous ne com prenons pas qu'on pousse le manque de courage de son opinion, l'absence de toute, franchise, de toute conviction loyale et sincerf, jusqu'à ac cepter le triste rôle qu'a joué M. Leiièvre au jourd'hui. Jusqu'à présent la tactique qu'à suivie le minis tère de faire injurier par ses scribes les hommes les plus honorables du parti libéral, lui a assez bien Téussi. Certaines consciences rebelles ont été ma tées, et l'intimidation de la presse et des clubs a empêché les libéraux dissidents de manifester les sentiments qu'ils nourrissent au fond du cœur. Les députés gantois entr'autres paraissent avoir fait leur soumission. Les concitoyens des Van Arte- velde se sont agenouillés sur le pgrron de Liège: Reste a savoir toutefois si l'abus de cette lactique n'en tournera pas les effets contre ses propres au teurs. Les hommes les plus timide* finissent par se lasser de tant d'humiliations répéïe'es, et le cy nisme des journaux du ministère leur paraît dé passer toutes les bornes.'Déjà ils en conviennent dans les conversations particulières; le jour n'est peut-êrepàs loin où ils s'en plaindront'en public. M. LelrèvTe, notamment, s'est soustrait l'inti midation extra-parlementaire qui pèse sur certains déptttés. L'hftnorSWc-tnembre a jngê que sa dignité çt sa position dans Je Parlement'sont incompatibles avec les liens étroits que d'autres acceptent, il s'exprime avec franchise, avec courage, il ne trem ble pas l'idée d'être parfois en désaccord avec le cabinet plutôt qu'avec l'opposition, et nous dou tons fort qu'il soit un de ces moutons dociles que le moindre coup d,e dent; des chiens ministériels fait rentrer la bergerie. (J. de Bruxelles.) On nous écrit de Kemmel 24 juin. Notre commune a été témoin hier d'une fête toute de famille le jeune enfant né depuis trois semaines nos respectables habitants du château, est venu faire son entrée dans le beau et vaste do maine de Kemmel. Toutes les Sociétés de la com mune en costume de fête et d'apparat ayant én tète la Société d'harmonie de Messines, sont allées re cevoir le jeune châtelain et l'ont conduit au domaine de sa famille. Le digne et heureux père, son jeune enfant dans les bras, l'a porté lui même dans le beau manoir seigneurial, où espérons le, il héritera des vertus de ses nobles aïeux. Les dignes châtelains, dans cette circonstance comme dans tant d'autres, ont témoigné de leurs vives sympathies et de leur générosité pour les ha bitants de Kemmel, lesquels se trouvent heureux des bienveillants égards dont ils sont l'objet. La fête a été des plus belles et la musique avec ses airs de circonstance, n'a pas peu ajouté son éclat Un petit incident est venu un instant trou bler ces joies le greffier de la justice de paix, se trouvant parmi les spectateurs dans la cour, s'est permis, dans un moment de vivacité déplacée, de dire des grossièretésau clerc de la commune, homme estimable et qui,'qu'il soit dit en passant, mérite la confiance et la sympathie qu'on lui accorde, il était venu là apporter, avec ses élèves, son tribut d'hom mages une famille vénérée. En quoi cela devait-il contrarier le greffier supposé paisible d'un bureau de paix? Cet incident n'a pas eu de suite, grâce la mo dération du magister, et les habitants de Kemmel conserveront toujours le souvenir de cette fête. Des déclarations faites lundi par MM. Ver- haegen, Lebeau et deBrouckere, le Messager des Chambres tire la conséquence suivante, dont il est impossible de nier la justesse Trois hommes sont dans l'impossibilité d'ac cepter les portefeuilles; on les leur offre. A un troisième (M. Delehaye), auquel l'offre pourrait convenir, on fait dire qu'on ne la lui fera pas. Qu'on soutienne donc que le cabinet a fait des efforts réels pour se faire remplacer. Les distillateurs de Gand se sont réunis ce matin chez M. Delehaye, vice-président de la chambre, où se trouvaient ses collègues de la députation de Gand. Cette conférence a eu pour objet l'examen des griefs que font valoir les distillateurs contre l'augmentation de droits de i,5oo,ooo fr., an noncée sur cette industrie. Les distillateurs se sont ensuite rendus chez M. le ministre des finances, avec lequel ils ont eu une longue conférence. (Indépend.) M. Antoine Delacroix, le célèbre calligraphe, depuis 20 ans un des directeurs de l'académie de peinture et membre de la société d'encouragement des beaux-arts, Courtrai, y est décédé le 20 de ce mois. Cet artiste éminent a succombé au chagrin que lui a causé sa destination imméritée de com missaire de police, destitution dont le cabinet a recompensé ses vingt années de loyaux services et d'attachement au trône et au pays. Nous apprenons qu'une somme de 2,000 3,ooo francs vient d'être versée entre les mains de Mgr l'évêque pour l'érection d'une oouvelle église Ostende, la mémoire de feu la Reine des belges. Cette somme est le produit d'une des listes mises en circulation dans le diocèse de Gand. 1 Depuis quelque temps, on s'apercevant dans l'établissement de M. le Grand, Hornu, de la disparition de petites sommes d'argent de la caisse. On imagina d'y renfermer deux "pistolets chargés et qui devaient partir au moyenne d une ficelle attachée au couvercle. Un jeune employé alla le soir la caisse avec des fausses clefs pour y prendre de l'argent; lorsqu'il ouvrit la caisse, on entendit une détonation. Le coupable fut reconnu et arrêté. Un des bâtiments entrés dernièrement dans la Tamise, a apporté de New-Eleuthera (dans l'île de New-Providence, une des Lucayes) 5oo,ooo anuanas. Un furieux ouragan, accompagné de grêle et de torrents de pluie, s'est élevé le 13 juin aux en virons de Charkoff (Russie). L'ouragan, venant du nord-ouest, a répandu ses ravages jusqu'à 5o werstes au-delà du village d'Ocschana, où il s'était d'abord fait sentir. Tous les blés, les jardins, les prairies ont été complètement ravagés et détruits, les moulins et les écluses ont été brisés, plus de cinquante ponts enlevés, et des parties de terrain entraînées. L'eau s'est tellement amassée sur cer tains champs qu'elle a submergé des charrues qui s'y trouvaient. Deux jeunes garçons et une jeune fille ont été engloutis par les eaux avec le bétail qu'ils gardaient. Les grêlons étaient énormes Outre les autres dégâts, l'ouragan a détruit, dans la ville de Charkoff, 83,836 vitres d'églises, de maisons et de lanternes, ce qui fait déjà un dom mage de 21,000 roubles d'argent. Le vent et la grêle ont duré une demi-heure, et la pluie 2 172 heures.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1