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JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3528.
34me année.
7P3.ES, 23 Juillet.
Le subside de 400 francs que vient d'ac
corder l'administration communale la
musique de la garde civique pour la dé
frayer de son voyage Anvers, l'occasion
du festival qui a lieu dans celle ville, sou
lève de plus eu plus les murmures de la
généralité.
En vain on se demande, pourquoi notre
autorité locale se montre de composition
si facile dans l'allocation de sommes qui
ne rapportent aucun sou de profit la
ville, alors qu'elle est souvent d'une téna
cité inexpliquable dans l'emploi des de
niers publics quand il s'agit de subvenir
des besoins réels des nécessités incon
testables. Avec tout homme sensé nous
aussi, nous le demandons quel motif nos
édiles peuvent ils apporter l'appui de
leur conduite, quelle pensée les a guidés
dans l'emploi qu'ils viennent de faire? Est-
ce peut être le désir d'encourager M. Moer-
man, l'habile chef qui consacre tous ses
talents et ses loisirs la musique citoyenne?
Mais il fut un autre motif où la Régence
pût montrer sa bienveillance envers notre
savant concitoyen, et l'on sait qu'elle s'est
acquittée de ce soin en lui préférant un
étranger inférieur Moerman en litres et
en habilité musicale. Serait-ce peut-être
dans le but d'enlever en faveur de notre
jeune musique civique les justes suffrages
de dillettanti étrangers; mais encore il fut
aisé de couvrir de cet honneur la musique
de la garde civique dans notre ville, au
grand plaisir de tout yprois, et la kermesse
de la Thuyndag présentait cet effet une
occasion très favorable.
En organisant pour notre fête commu
nale, en faveur de la garde civique, un tir
la cible, un festival ou tout autre plaisir
public, l'administration communale, outre
une preuve d'impartialité, eut donné un
éclatant témoignage au désir qui doit l'a
nimer de voir l'argent qu'elle consacre
aux fêles, s'écouler dans les boutiques, et
les ménages de la ville. En faisant comme
elle vient d'agir elle laisse douter quant
sa sollicitude pour l'intérêt de ses admi
nistrés. Évidemment combien y gagneront
les hôteliers, les cabaretiers, les boulan
gers, et les livranciers de toute espèce,
voir notre musique civique se rendre
Anvers emportant 400 francs des deniers
publics, pour gâteau de voyage.
Le bénéfice qu'ils en retireront ne sera
pas d'un liard. Far contre il eut été grand
si celte somme eut été affectée un diver
tissement local.
Il est vrai, le moniteur de la coterie qui
mène la régence en laisse répondra d'une
voix pompeuse. Nous avons jios fêtes de la
Thuyndagqui seront brillantes et belles.
Ouiqui en doute, elles sont si brillantes
et si belles que honnis le tir l'arc, et le
Carrousel il n'en est aucune'qui soit digne
d'être annoncée ailleurs qu'aux quartiers
de Trèfle et de la porte de Thourout.
Quoiqu-'en dise d'ailleurs le Progrès,
nous blâmons hautement la conduite de la
Régence dans l'allocation du subside de
400 francs qu'elle vient de faire. Nos mu
siciens de la garde civique seuls peut-être
trouveront cette critique étrange; pour
ces messieurs leurs arguments l'appui
de leur manière de voir se trouveront
dans cette adage
Ah! quel plaisir d'aller la noce quand
il n'en coûte rien.
Nous croyons qu'il importe d'appeler
l'attention de l'autorité locale et de la po
lice sur un point qui a sans doute son im
portance.
Il y a quelques années un enfant idiot
allait mendiant son pain de porte en porte,
de passant passant; il extorquait des
aumônes par sa rare importunité. Aujour
d'hui l'enfant a grandi; il ést devenu ro
buste, et parlant son état d'imbécilité en a
fait un fou dangereux. Généralementconnu,
croyons-nous, seus le nom Je zolten coUen,
il est pour beaucoup un objet de risée:
dernièrement encore, propos peut-être
de quelque mauvaise taquinerie dont il
avait été la victime, nous l'entendimes en
pleurant de rage proférer des menaces de
mort. C'est l'autorité communale, ce nous
semble, et en tout cas la police prendre
les mesures convenables l'égard de cet
infortuné.
Nous appelons dans l'intérêt des voya
geurs par le chemin de fer l'attention pu
blique sur des actes que nous nous abstien
drons de qualifier, actes que se permettent
certains commis chargés de la délivrance
des coupons de voyage. Il s'agit du droit
que prennent ces honnêtes employés de se
placer en dehors des tarifs fixés, et de se
jouer de la bonne foi de certaines person
nes pour mettre le coût du parcours de
telle ou telle distance un prix qui n'est
guère en harmonie avec les règlements.
Dernièrement M. B... de Wervicq se pré
sente la station de Bruges, pour y pren
dre un coupon de 2°" classe, pour Roulers.
Ignorant le prix affecté cette destination
M. B... le demande l'instant où il retire
son billet. 2 fr. 90 répond le buraliste; et
les 2 fr. 90 furent remis au même moment.
Cela fait il advint qu'en roule M. B... exa
mina son coupon et y remarque le chiffre
de I fr. 90 au lieu de 2 fr. 90 qu'on lui
avait fait payer. Grande fut son élonne-
ment de se voir ainsi dupé. Au dire de M.
B... deux au 1res personnes,ses compagnons
de route, ont eu regretter comme lui,
une semblable mystification. 11 est temps
croyons-nous que de pareils faits ne se re
nouvellent plus. Aussi ne nous doutons
guère qu'il suffira de les avoir dénoncés
pour mettre fin celte industrie quelque
peu singulière.
EXÉCUTION
COMTE DE BOCARMÉ.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'aboune Yprcs, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n* 25.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (Insertions 19 centimes la ligne).
XXMKi —m
■UtM
DU
On écrit de Mons, le 19, a sept heures et demie
du matin
Le comte Hippolyte Visart de Bocarmé a été
exécuté ce matin sept heures sept minutes, sur
la Grand' Place de Mons, en présence d'une foule
considérable, inais moins nombreuse cependant que
celle qu'on s'attendait a voir b ce sanglant spec
tacle.
Le comte s'est préparé a cette mort ignomi
nieuse et est monté l'échafaud avec courage,
résignation, beaucoup de fermeté et dans les meil
leurs sentiments religieux.
Il n'a fait aucune révélation ni aucun aveu aux
magistrats qui sont venus l'interroger une dernière
fois.
Il a été assisté dans ses derniers et terribles mo
ments par Mgr l'évêque de Cincinnati, prélat amé
ricain qui se trouvait accidentellement Mons, et
par le doyen de la cathédrale de Su Waudru, M.
l'abbé Descamps, chanoine honoraire.
Voici de plus amples détails, que nous emprun
tons Y Émancipation Le comte de Bocarmé
a été préparé dès hier malin mourir dans les
meilleurs sentiments de chrétien repentant. C'est
Mgr l'évêque de Cincinnati, prélat américain, qui
a reçu la confession du condamné. Mgr de Cin
cinnati était desceudu hier matin par une cir
constance toute fortuite chez M. l'abbé Descamps,
doyen de S" Waudru, lorsqu'on lui apprit que M.
le doyen était la prison pour préparer le comte
de Bocarmé.
Le respectable prélat étranger, mû par une
sainte et évangélique inspiration, se rendit h la
prisou pour offrir, de concert avec M. le doyen,
les dernières consolations de la religion au cou-
damné.
M. le comte de Bocarmé accueillit d'abord le
prélat avec quelque méfiance, mais sur les exhor
tations paternelles des vénérables ecclésiastiques,
il finit par consentir se confesser Mgr l'évêque
de Cincinnati. Cette confession qui était la pre
mière depuis que le comte est détenu, fut assez
longue, elle dura une heure environ.
M. le procureur du Roi accompagné du direc
teur de la prison avaient eu la triste et douloureuse
mission d'annoncer au coudauiné qu'il n'avait plus
rien espérer de la justice des hommes.
Le comte ne voulait pas croire cette horrible
nouvelle.
Il avait passé une nuit très paisible et avait fort
bien dormi; il s'en félicitait, même auprès de ses
gardiens; mais il ne manqua point, comme les
jours précédents, de manifester son étonnemect
de ne point recevoir de nouvelles du résultat de
son pourvoi en cassation. On lui dit de patienter
encore, d'espérerque peut-être le prononcé
de la cour suprême ne pourrait avoir lieu que la
semaine prochaine...
A dix heures et demie, cependant, survint le
directeur de la prisou qui avait reçu les ordres de
M. le procureur du Roi ûemarbaix. Le parquet de