JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3530.
35me année.
Une fête militaire organise'e par M. Théo
dore De Gheus son château de Voorme-
zeele avait attiré Dimanche les promeneurs
de ce coté. A cinq heures, la 2e compagnie
d'infanterie de la garde civique en grande
tenue et en armes partait du cimetière de
S'-Pierre, musique en tête, pour se rendre
au château. M. De Gheus, membre lui-
même de la 2e compagnie, reçut ses invités
avec une franche cordialité. Les gardes
admirèrent la somptuosité et le bon goût
des appartements, puis se dispersèrent
dans les jardins, allant visiter la chapelle,
les ruines, et tous les ornements de cette
superbe et vaste propriété. Ensuite une
réfection confortable attendait les gardes
et les musiciens dans une éclaircie des bo
cages, où les tablés étaient dressées. Des
toasts furent proposés par MM. les officiers,
la Brabançonne et Où peut-on être mieux
furent chantés avec anthousiasme. A neuf
heures et demie, la compagnie rentrait par
la porte de Lille, enchantée du magnifique
accueil qu'elle avait reçue et dont long
temps elle gardera le souvenir. On est una
nime louer un si noble et si intelligent
usage de la fortune. Pendant les dernières
années qui furent si désolantes pour le
pauvre, M. Th. De Gheus a constamment
employé un très grand nombre d'ouvriers:
de sorte que celte délicieuse habitation est
en même temps un monument durable de
la bienfaisance.
Mercredi dernier a été un jour de fête
pour Poperinghe; Monsieur Jules Yan
Merris, nommé récemment lieutenant du
corps des Sapeurs-Pompiers a donné un
^7DIE HQLllT^QlËli
dîner de réception ce banquet, auquel as
sistait tout le corps et quelques invités
parmi les autorités et parents du nouvel
élu, a été donné dans la grande salle de
Y Hôtel de S' Georges, qui avait été décorée
avec beaucoup de goût, par les soins des
Sapeurs-Pompiers et au moyen d'une par-
lie de leur matériel; ce qui offrait un coup
d'oeil charmant. Au toast qui lui a été porté
par Mr le commandant du corps, M' Yan
Merris a repondu avec beaucoup d'assu
rance et de facilité et s'est étendu longue
ment sur ses devoirs, ceux du corps, la
discipline, la bonne entente etc. ce dis
cours a été suivi de plusieurs toasts, impro
visés sous la chaleur du vin, qui coulait
abondamment; enfin dans toute la salle ré
gnait la plus grande fraternité, tandis qu'à
l'extérieur on admirait l'illumination de la
belle porte triomphale et des transparents
dressés par les Pompiers, qui cette fois,
au lieu d'éteindre le feu, l'avaient si bien
allumé, que plusieurs citoyens se sont
joint eux pour augmenter l'éclat de la
fête par l'illumination de leurs maisons.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, prés la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
1>UIV DE L'AllO.VAEMEVrpar trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 -5o. Un w 25.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligue).
7P&ES, 50 Juillet.
SOLS LA lUOAARCnii:.
(Suite.)
L'affaire commençait s'assoupir, quand soudain une ru
meur sinistre circula dans le café où se réuisssaient les officiers
de la garnison.
On s'y disait voix basseque parmi messieurs les capi
taines du régiment d'Auvergne, plusieurs devaient des sommes
considérables au malheureux O'Brien, par suite de pertes au
pharaon, et que, dans l'impossibilité où ils étaient d'acquitter
ce dettes d'honneur, ils avaient trouvé plus commode de se
défaire de leur créancier par un assassinat.
La justice, avertie de ces bruits, poursuivit son œuvre d'in
vestigations, et elle l'étendit alors j usqu'au régiment incriminé,
qui répondit fièrement par un énergique défi de découvrir rien
qui pût ternir sou honneur.
Dans cette circonstance délicate le dévouement chevale
resque de Piémont ne se démentit pas. Il proclama hautement
sa solidarité avec Auvergne, déclara tout venant qu'il se
sentait aussi atteint par l'injure, et pour donner plus de solen
nité ces témoignages de sympathie, il organisa un repas
de corps, dans lequel les deux régimens cimentèrent de
nouveau l'amitié qui les unissait depuis tant d'années, et
Ypbes, le î5 juillet 1851
Monsieur l'éditeur du Propagateur,
Je suis allé voir il y a quelques joursl'Expo-
silion-Tombola ouverte l'Hospice de Laugemafck
au profit de l'intéressante population de cet établis
sement, c'est-à-dire de quatre-vingts personnes
invalides et infirmes. Le produit de cette exposi
tion servira couvrir les dépenses extraordinaires
que la Commission administrative a dû s'imposer,
par suite de l'invasion d'une épidémie terrible dans
l'établissement l'opthalmie y régnait dans toute
son intensité. On voit donc que le but de cette
entreprise est des plus louables, aussi cela ne m'é
tonne pas que tout le monde ait voulu y prendre
part. La Salle de l'exposition est arrangée avec
beaucoup de goût, et les nombreux objets (en
viron 5oo) sont disposés d'une manière qui flatte
le regard et qui permette de les apercevoir tous
qui avait éclaté déjà de tant de maniérés en diverses occasions.
Après le dîner, les deux oorps d'officiers se rendirent au café
de la garnison, comme ils faisaient chaque soir, individuelle
ment ou par groupes.
Quand ils parurent, un murmure qui n'était rien moins
qu'amical se fit entendre, et leurs regards ne rencontrèrent
que des visages froids et désapprobateurs, comme s'ils abor
daient des juges et non des camarades.
Aucune parole provoquante ne fut cependant échangée,
mais peu peu les officiers des autres régimeus se retirèrent
et une^ieure ne s'était pas écoulée qu'il ne restait plus dans le
café que ceux d'Auvergne et de Piémont.
Ceux-ci déclarèrent les premiers qu'une éclatante satisfac
tion devait être exigée pour ce dernier outrage, et ils désignè
rent immédiatement quatre de leurs plus anciens capitaines
pour aller la demander au nom des deux corps offensés.
Vainement Auvergue voulait faire comprendre que, dans
une circonstance de cette nature, il fallait le laisser agir seul
Piémont repoussa énergiquement cette prétention par des ar-
gumens plus touchans que solides, et comme il vit que son
camarade ne semblait pas disposé a se rendre ses raisons, il
lui posa cette question délicate et difficile éluder
Si nous étions votre place et que vous fussiez la nôtre,
que feriez-vous? Répondez sans détour, comme il convient
des soldats.
Il y eut un moment d'hésitation puis cent voix s'écrièrent
en même temps
la première inspection. J'ai vu là une superbe col
lection de 24 Lithographies donnée par le gouver
nement un beau coupon de Toile damassée donné
par la Députation permanente un magnifique Dé
jeuner complet en porcelaine dorée, nouveau mo
dèle, donné par notre généreux représentant M.
Alph. Vandenpeereboom;un joli Lavabo en acajou,
donné par M. Carton, commissaire d'arrondisse
ment; un superbe Cadre doré renfermant les
portraits de la famille royale de Belgique donné
par M. Vramboutmembre de la Députation
permanente; de nombreux et beaux Meubles, Ta
pis, Tabourets et autres objets donnés par la fa
mille de M. le vicomte De Patin et de M. Elleboudt,
le premier bourgmestre et le second conseiller
communal de Langemarck. On y remarque encore
les beaux cadeaux de M, Delavie échevin; de M.
le curé Chavaete, de MM. Verfaillie, Verpoort,
Heldenbergh et Bousson Langemarck et Lambin-
Geloen Ypres. Je voudraisciter encore des noms;
mais, comme il y a une masse d'objets qui n'en por
tent pas, je suis obligé de les passer sous silence.
Cependant il y a une autre catégorie d'objeti, qui
est peut-être la plus intéressante: ce sont les dons
faits par les artisans de la commune. On le voit
l'élan a été peu près généra! presque tout le
monde dans la'mesure de ses forces a voulu con
courir cette bonne œuvre. J'ai remarqué entr'au-
tres une paire de Sabots, d'un nommé Ange Doom,
d'une coupe si gracieuse qu'on les prendrait pour
une chaussure des plus élégantes, et un gentil petit
Baril deux compatiments et deux robinets fait
par un nommé Charles Morysse, tonnelier. Les
charrons, les maréchaux ferrants, les poêliers
sont venus apporter en offrande un produit inté
ressant de leur industrie. J'aillais oublier uue su
perbe Table coulisses en bois d'acajou faite
gratuitement par M. Cardon, charpentier et me
nuisier dans la commune.
On voit que les objets de valeur y abondent. Je
ne doute pas ou tout le monde voudra aller voir
cette belle exhibition de libéralités, et j'espère que
tout le monde sera pris l'amorce; je n'en ai pas
Nous ferions oe que vous faites
La question était tranchée. On se serra la ipain, on s'em
brassa et il fut convenu que la demande de réparation serait
collective, pour mieux constater l'union des deux corps.
Le lendemain, après la parade, soixante officiers de tous
grades, que le sort avait désignés, se rencontraient, l'épée la
main, sur l'esplanade d'un des bastions. Quinze appartenaient
Auvergne, quinze Piémontles trente autres avaient été
fournis par trois des quatre régimens restant, le quatrième
ayant déclaré nettement que la provooation ne le regardait
pas, attendu, ce qui était vrai, qu'il n'avait pris aucune part
l'insulteet qu'il ne supposerait jamais qu'il pût y avoir un
seul assassin dans l'armée française, commencer par M. le
maréchal de Saxe, et finir par les tambours du guet de Paris.
Les cinq corps d'officiers assistèrent comme témoins ce
duel formidable, qui glaçait la ville de terreur.
Quand le gouverneur de la province et le lieutenant de roi
ariivèrent sur le bastion avec un fort détachement de maré
chaussée les morts et les blessés étaient déjà au nombre de
trente-cinq, et parmi les premiers, Piémont oomptait huit de
ses officiers les plus distingués.
Le gouvernement recula devant la nécessité de faire des
exemples parmi de si nombreux coupables. il les enveloppa
donc tous dans uue amnistie générale mais il envoya Auvergne
et Piémont tenir garnison Grenobleloin du théâtre de la
guerre, ce qui fut regardé comme une punition très rude,
dans ce temps où l'honneur était tellement le mobile de tout