JOURNAL D'TFRES ET UE L'ARRONDISSEMENT. No 3531. 35me année. 7PE.ES, 2 AOÛT. D'après les renseignements transmis du Luxembourg différents journaux de la capitale, il est de fait que la nomination de M. Orban, comme membre de la Chambre des représentants s'est effectuée aux cris de: bas l'impôt sur les successions en ligne directe! bas la loi inique et rétro grade de M. Frère! C'est donc contre le vœu de voir abolir ce projet vexatoire qui fait du fisc un en fant adoptif, et comme tel l'autorise pren dre sa part dans l'héritage paternel, coté de l'orphelin pleurant ses père et mère; c'est, disons-nous, contre l'aversion qu'é prouve tout vrai belge la pensée de cette mesure despotique et antinationale que sont venues se briser toutes les manigan ces, toutes les intrigues et les manœuvres ministérielles ourdies en faveur de M. De- moor. Évidemment; M. Demoor comme can didat avoué du gouvernement, pour faire triompher son nom avait promis de doter la ville de Bouillon d'une garnison tant désirée; de plus il s'était flatté dans sa tournée électorale d'obtenir force faveurs pour le district de Neufchateau, et s'était engagé satisfaire bien des exigences et bien des ambitions personnelles, pourvu qu'on daignât l'envoyer la Chambre. De son coté M. Orban ne pouvait tenir un pareil langage, n'étant point le protégé du ministère. Aussi les rémunérations per sonnelles, la promesse de payer tel et tel son vote par l'obtention d'une place, d'une fonction, d'un avancement, d'une promo tion convoitée ne formèrent aucunément son bagage dans sa tournée électorale. En se présentant devaut le corps élec toral de l'arrondissement de Neufchateau, M. Orban s'est borné contracter l'enga gement solennel de dresser tous ses efforts faire prévaloir l'intérêt public, le besoin des masses contre des exigences arbitraires, contre des prétentions ruineuses. Électeurs de Neufchateau, dit-il, dans sa circulaire électorale, Je dois m'attendre ce que l'on me représente vos yeux, comme l'homme d'un parti. Je dirai hautement, que je suis indépendant de tous les par- tis, comme je le suis du gouvernement lui-même. Je n'ai jamais consulté dans ma conduite politique que l'intérêt du pays et l'inspiration de ma conscience. Sous les ministères catholiques j'ai ap- puyé les mesures que je trouvais utiles, combattu celles que je trouvais raauvai- ses, attaqué les abus quand j'en ai en- trevus avec une entière liberté. J'agirai de même l'égard du ministère libéral. Plus loin s'arrêtant sur la situation finan cière du pays, et en particulier sur celle de la province du Luxembourg, Je sais, ajoute-t-il, au prix de quelles sueurs vous réalisez vos ressources dont on se montre quelquefois si prodigue et je travaillerai surtout obtenir la diminution des dé- penses et des charges publiques. Ces paroles, qui lémoignentsufifisamment de l'opinion de M. Orban, en matière d'im pôts et de charges nouvelles; cette décla ration publique qui prouve assez combien il répugne l'élu de Neufchateau, de voir écraser les masses par des fiscalités tou jours croissantes, et principalement par l'odieuse loi sur les successions en ligne directe, a fortifié le bon sensées électeurs contre toutes les machinations, et contre toutes les menées organisées dans le but de ménager la victoire M. Demoor. C'est donc comme nous l'avanciohs plus haut, entre l'adoption de la loi sur les succes sions, et autres impôts, et l'abolition de ces mesures odieuses que le eprps électoral de Neufchateau s'est prononc|é. M. Demoor personnifiait le ministère avec toute sa série de lois ruineuses. M. tlrban repré sentait le peuple se récriant contre ces conceptions inquiétantes du cabinet Frère- Rogier. On sait du reste en quel sens la question a été résolue; des points les plus éloignés de l'arrondissement, Jes électeurs sont accourus pour mettre leur poids dans la balance, et pour protester par la nomi nation d'un adversaire du ministère, de leur propre réprobation contre les inno vations apportées dans notre législation financière. Cette leçon profitera-t-elle au cabinet? La majorité acquise a M. Orban fera-t-elle ouvrir les yeux M. Frère, et aux députés attelés son servile char? Nous le voudrions de tout noire cœur, le pays et les contribuables y gagneraient la lois; cependant nous ne pouvons laisser d'exprimer nos craintes de plus en plus fondées sur les tendances du gouverne ment actuel, et nous ne pouvons nous empêcher de déclarer que nous croyons que le pays ne sortira de l'impasse désas treuse où il se trouve engagé, que lorsque les électeurs auront purgé la chambre d'une foule de députés dévoués au minis tère et non pas leurs commettants. On se rappelle les doléances incessantes que firent les journaux du soi-disant libé ralisme l'encontre des souffrances dont on disait la Belgique en proie sous l'admi nistration Detheux-Malou. Oh! le peuple, le pauvre peuple, s'écriaient les Jérémies clubistes, comme il souffre, comme il est malheureux et esclave, il faut qu'on lui suscite un libérateur! Arrière l'adminis tration cléricale; Vive le bienfaisant libé ralisme. A bas les Malou, les Orban, les Desmaisieres, les lirabant; Vivent les Van- denpeereboom, les Debreyne, et tutti quanti ejusdem farinai: avec eux nous aurons le bonheur, le décroissement des impôts, l'é conomie, l'abondance. Ainsi parlaient les organes des clubs; et le pays fasciné par tant de charmes se laissa dire, et porta la politique libérale au pouvoir. Cette politique inaugura son avé- nément en 1847, et depuis cette époque, quel bien est-il résulté de son savoir-faire nouveau. Le trésor se trouve en détresse par suite de mille délapidalions scandaleu ses. Le commerce et l'industrie souffrent et languissent, par suite de l'indifférence qu'on affiche leur égard; l'agriculture marche vers sa décadence cause de la libre entrée des céréales et du bétail étran ger. Tous les jours la situation s'empire, et le peuple,le pauvre peuple, que devient- il On impose ses seuls plaisirs,«on unique jouissance Le tabac, le genièvre. Evidem ment qui est-ce qui fume le plus volontiers sa pipe; qui est-ce qui prend le plus vo lontiers son petit verre. C'est l'ouvrier, le laboureur c'est en un mot le peuple. Et ce sont tout juste ces plaisirs du peuple que le ministère frappe de nouvelles fisca lités; et après cela on ose dire encore que le libéralisme est l'ami du peuple? Ami comme il l'a montré dans le vote de la loi sur les successions, loi qui ne permet pas que l'enfant du peuple hérite cent francs de son père sans que le trésor prélève sur cette somme un franc pour lui. Après cela que signifie donc l'attachement du libé ralisme triomphant l'égard du public Qu'on examine ses projets, ses actes, et l'on verra que cet attachement n'est autre chose que despotisme et tyrannie finan cière. Électeurs qui avez contribué par vos votes au triomphe de la politique libé rale, et qui en présence de l'état actuel des choses, avez reconnu la gravité de votre faute apprenez par la suite ne plus vous faire moulons: alors vous n'aurez plus le triste désagrément d'être tondus. DE LA THÉOCRATIE Que de fois n'a-t-on entendu gazettiers, pamphlétaires, publicistes déblatérer con tre la théocratie, et sans doute bien des gens qui ne savaient ce que pouvait signi fier ce mot, se seront demandé si cette effroyable théocratie n'était pas quelque omopliage de la famille de l'ogre aux grosses bottes dont fait mention l'histoire du petit Poucet. Nous dirons donc que théocratie signifie gouvernement de Dieu, qu'elle tend ramener la politique des états aux pré ceptes de la Religion, enfin qu'elleimplique, en vertu de ses tendances et de son esprit religieux, la prépondérance dans l'état du pouvoir ecclésiastique. Il n'est personne qui ne conçoive tout d'abord que, dans l'état actuel des esprits, rever une restau ration théocratique, serait une chimère bien inoffensive. Mais il fallait certains esprits forts que la fougue des passions a VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'abouiie YpreA, rue de Liile, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs* des Postes du RoyaUme. PRIX DE L'ABOSKEWEWT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localilés fr 3-5o. IJn n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 1? centimes la ligne). DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1