LE SÉNAT ET LE MINISTÈRE. 11 y a quatre ans que le plus avaniureux des libéralismes s'impose violemment la Belgique. Dans un programme dont le style imphalique et prétentieux cachait le but et ne laissait entrevoir que des moyens équivoques pour améliorer la situation du pays, le ministère Hogier exposa son sys tème de manière le faire agréer, en prin- cfpe général, aussi bien par le Sénat que par la Chambre des représentants. Lue Chambre d'où les hommes pratiques sont exclus par la loi sur les incompatibilités, une Chambre presqu'exclusivement com posée de jeu nés avocats, pouvait sans doute se laisser séduire par de brillantes et vai nes promesses, elle était même en grande partie complice du ministère; mais le Sé nat, ce corps vénérable, qui renferme tout ce que le pays compte d'hommes les plus sages et les plus expérimentés, il était im possible qu'il ne conçut des appréhensions sérieuses, des inquiétudes graves, dès le moment que surgit au Pouvoir et se mit en œuvre la politique nouvelle. Cependant, fidèle sa mission qui est de calmer l'effervescence des esprits, le Sénat fit constamment au ministère de généreuses concessions: les lois sur les céréales, sur les caisses des pensions, sur l'enseignement n'étaient certes pas de na ture obtenir l'assentiment de cette as semblée si elle n'eut point cédé de hautes considérations politiques. Au lieu de par tager cet esprit de conciliation, que lit le ministère? Il s'enhardit davantage et se lança plus avant dans une voie périlleuse. Sous le prétexte de combler un déficit que Ton exagère, pour en faire un grief au ministère Detheux; sous le prétexte d'i naugurer d'immenses travaux publics, qui sont injustement partagés, ou ne s'exécu teront jamais, la politique nouvelle pro posa une série d'impôts, parmi lesquels on vil figurer l'impôt sur les successions en ligne directe, le plus odieux de tous, et le moyen de recouvrement plus odieux encore si c'est possible, le serment. On le sait, la Chambre des représen tants, malgré tout son engouement pour la politique Frère-Orban, repoussa le serment avec indignation. Voilà l'ori gine de la crise. Appelé successsivement par la Couronne, le Président de la Cham bre des représentants déclina l'honneur de former un nouveau cabinet; le Prési dent du Sénat exprima l'opinion qu'il n'y avait qu'un malentendu et qu'il n'y avait dès lors plus lieu de changer de politique. Les Ministres se firent prier pendant quelques jours et finirent par vouloir bien conserver leurs portefeuilles dans l'intérêt du pays et surtout dans l'intérêt de l'opi nion libérale. Le serment fut retiré, mais en ce qui touche sur les successions en ligne directe M. Frère demeura inébran lable. Etait-il convaincu que le Sénat et la Chambre lui accorderaient celte nouvelle concession? Tout homme raisonnable eut été tenté de le croire et la prudence la plus vulgaire lui imposait le devoir de s'en as surer. Mais non; force d'intrigues, de me naces et de promesses on enleva la ma jorité la Chambre des représentants. Ces moyens ne pouvant réusir dans le Sénat, le ministère échoua contre le désintéres sement et la fermeté de l'élite de la nation. 11 y a conflit entre letf deux Chambres et pourquoi? Disons-le tout de suite: parceque le mi nistère est sorti élourdiment des voies constitutionnelles, comme le lui a si éner- giqueinenlreprochéMr Dumon-Dumortier. Au lieu de consulter les besoins, les mœurs et les vœux du pays pour y conformer ses projets de lois, le Ministère s'abandonne aux inspirations de ses caprices et de ses passions politiques. Le peuple Belge lient avant tout sa liberté: il veut que les lois émanent de lui, et non de trois dictateurs. Avant de retirer sa démission le ministère aurait donc dû pressentir les deux Cham bres, et renoncer un point secondaire après tout s'il ne croyait pas raillier la majorité dans toutes les deux. La politique nouvelle qui se joue de tout s'est évidemment joué du Sénat. Non seu lement le ministère s'est borné convo quer un conseil de guerre parmi les re présentants, non seulement il s'est abstenu de sonder les dispositions du Sénat; il s'est permis d'affronter les tendances clai rement exprimées par cette branche im portante, considérable du pouvoir légis latif. Mr Dumon-Dumortier a dévoilé la con duite du ministère: en conseillant la Couronne de conserver le cabinet, il a conseillé au cabinet de retirer la loi sur la ligne directe. 11 n'y avait pas s'y tromper, le conseil donné par l'honorable président du Sénat était l'expression du vœu de la majorité. Bien n'y a fait. On a affiché pour le Sénat la plus iière indifférence, le plus insolent dédain. Le vice n'est donc pas dans la Consti tution, il est dans le ministère. Il faut qu'il relire son projet de loi ou qu'il se retire lui-même. Quels que soient les hommes qui succéderont aux ministres actuels, la Belgique ne s'en portera pas plus mal. Grâce Dieu, elle est plus calme encore que Mr Rogier et ne s'émeut point pour peu de chose. Les mots de dissolution et de révision ne la troubleront pas plus que ceux de dîme et de main-morte. On nous écrit de Wytschaete Une opération chirurgicale difficile, vient d'être pratiquée avec un succès com plet sur un de nos habilans par les soins de MM. Laueyne d'Y près et Vandaelb de Messines, que dans l'intérêt de l'humanité et pour rendre hommage au talent de ces artistes, nous désirons faire connaître au public par la voie de votre journal. Le nommé Charles Devos, ouvrier honnête et père de famille, affligé d'une hernie irréductible, qui il ne restait que quelques heures vivre, opéré le 21 août dernier, est non-seulement hors de dan ger, mais sera sous peu en état de re prendre son travail ordinaire. CLOTURE DE LA SESSION 1850-1851. DISSOLUTION DU SÉNAT. ,i.w<t - FRANCE. Paris 3 septembre. m On lit dans le Moniteur Par arrêté royal du 4 septembre la session législative de i85o-x85i est close. Par arrêté de la même date Art. i". Le Sénat est dissous. Art. 2. Sont convoqués pour le 27 de ce mois, neuf heures du matin, les collèges électoraux de tous les arrondissements du royaume, l'effet d'élire chacun le nombre de sénateurs en confor mité des lois précitées. Art. 3. La chambre des représentants et le sénat convoqués pour le 4 novembre prochain. M. le Ministre de l'intérieur a donné lecture au Sénat, d'un arrêté royal, en date du 3 septembre, qui ajourne les Chambres. La clôture des débats a été prononcée au milieu des plus vives acclamations. Des applaudissements chaleureuxdes cris unanimes de Vive le Roi, ont éclaté sur tons les points h la fois dans la salle et dans les tribunes. Un journal flamand assure que le mioistère a demandé tous les gouverneurs de province un rapport secret sur la situation électorale de leur province respective, ainsi que sur les opinions dans les divers districts électoraux. Ce même journal ajoute que du résultat de ces rapports dépendrait la dissolution du Sénat.- r-jltWOl On nous assure que l'opinion de M. VerbaegeH, président de la Chambre des Représentants, n'était pas favorable k la dissolution. [Êmancip.) M. Velghe, curé a Kerkbove, passe en la même qualité Isenberghe il est remplacé par M. Morel, ancien principal du collège de Furnes.M. Van der Ougstraeteancien principal du collège de Thielt, est nommé curé de Knocke, en remplace ment de M. de Zaegher, qui succède k M. Coene, curé démissionnaire de Croinbeke. M. de Man, vicaire de Dixmude, est nommé directeur des Sceurs Rédemptoristes a Bruges. On lit dans le Mémorial de Courirai La justice paraît être enfin sur les traces des auteurs du lâche assassioat d'Herseaux. Dansl'après- dîuée de dimanche, la gendarmerie arrêtait et con duisait au palais de justice de notre ville, au milieu d'une foule considérable, le nommé Louis De- muynck, demeurant dans une impasse dite Foor- straet. Au même instant le parquet procédait k une visite domiciliaire dans sa demeure. Cet individu, revenu depuis quelques jours de France, où il avait été faire la moisson, s'était livré k des excès de boisson et k des dépenses qui ont attiré sur lui l'atleolion de la police, attention, du reste, justifiée par ses antécédents, car il a abandonné sa femme, et a déjà subi différentes condamnations pour vol. Cette arrestation qui paraît se rattacher au triple assassinat d'Herseaux a été suivie de celle du nommé Beoziere, de Thieghera, que la gen darmerie a amené hier k midi dans la prison de notre ville. S'il faut en croire le bruit public, une visite domiciliaire, opérée chez ce dernieraurait eu un certain résultat. On aurait, paraît-il, trouvé parmi ses effets des vêtements tachés de sang et d'autres nouvellement lavés. Ce midi on parle de nouvelles arrestations qui auraient eu lieu cette nuit, mais aucun ren seignement n'est encore arrivé k notre parquet. a o-t - Un arrêté royal en date du 3i août autorise la commission administrative des hospices civils d'Y- pres k acquérir des sieurs de Thibault de Boesinghe, pour le prix de 20,000 francs, une maison avec fonds et jardins, située dans cette ville, section J, N" 182 et 183 du plan cadastral, d'une contenance totale de 18 ares 89 centiares et d'un revenu im- possable de fr. 706-45 c. Un vaste complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l'État, ayant des ramifications k l'ex térieur et k l'intérieur de la France, vient d'être découvert. La police est occupée en ce moment a mettre k exécution les mandats d'amener lancés par la justice contre les principaux complices. 47 ar restations ont déjk eu lieu hier.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 2