9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° ,3542. 35me année. ✓ro 9UU VKRIT#: ET JEHTICE. 7P7.2S, LA LOI SUR LES SUCCESSIONS FRAPPE T ELLE LES RICHES SEULS? Pour ameuter le public contre la majo rité au Sénat, et déconsidérer ainsi notre première Chambre aux yeux du pays, la presse ministérielle, défaut d'arguments solides, se sert de moyens aussi injuste^ qu'infamants el misérables. On doit s'en convaincre, la lecture des journaux libéralistes qui se plaisent l'unisson de représenter le Sénat comme une assemblée d'hommes égoïstes et per vers, qui prétendent s'affranchir de tout impôt, de toute contribution nouvelle, au dépens de la bourgeoisie, voir même de l'artisan et du prolétaire. N'y a-t-il rien de plus gratuit de plus mensonger qu'une assertion de cette sorte? La loi sur les successions que le Sénat vient de rejeter, établissant un droit de 1 pour cent sur tous les héritages évalués la somme minime de 1,000 francs, doit nécessairement peser sur l'industriel, le commerçant, le fermier, le bourgeois bien plus que sur les millionnaires. Ceci est tellement fondé, que lorsque dans un louable but philanthropique M. Lelièvre proposa au cabinet d'exempter de l'impôt, toutes les successions dont le chif fre ne dépassait guère 5,000 francs, le tribun Liégeois, M. Frère ministre des finances, déclara que le ministère ne pou vait se rallier une proposition semblable, puisque dans ce cas, la loi en question au LES APPARENCES. lieu de rapporter au trésor 2 millions el demi, ne rapporterait plus que 2 3 cent mille francs. C'est donc moins dans la bourse du riche que dans celle du bourgeois que le fisc en tend mettre la main, puisque des 2,500,000 francs que le ministère exige, il prétend en pressurer plus de 2 millions, d'héritiers qui ne receuillenl guère plus de 5,000 fr. de leur père ou de leur rnère décédés. L'exposé suivant fera ressortir d'avan tage encore l'artificieuse lactique qu'il y a de la part des organes du ministère, de courir sus au Sénat, en l'accusant d'égoïs- me, il y a dans toute la Belgique, d'après une statistique que nous avons devant les yeux, 134,468 propriétaires dont le revenu foncier cadastral suppose un héritage de 1,000 francs; 89,774 propriétaires dont le revenu foncier cadastral suppose l'héritage de 5,000 francs, landisque dans tout le pays, il y s'en trouve peine 2,000 dont le revenu foncier suppose une fortune de cent mille francs, el qu'il n'y en a que 130 dont le revenu suppose une fortune de un million. Ap rès cela n'est-il pas beau de voir la presse ministérielle imputer au Sénat d'a voir rejeté la loi des successions unique ment parce qu'elle frappe les riches pro priétaires? L'impôt de sang, comme nous l'avons dit plus haut, attend pour s'enrichir la mort de 89 774 pères de familles proprié taires qui possèdent une fortune de 5,000 francs; il épie le lugubre moment de faire valoir ses droits d'héritier présomptif, dans le patrimoine de 134.468 chefs de famille qui ne possèdent que 1,000 francs; tandis qu'il ne compte sur l'héritage que de 130 millionnaires seulement. Chacun verra cet exposé clair et net, sur qui seraient retombées les conséquen ces de la loisi la fermeté du Sénat n'avait pris les intérêts de la bourgeoisie; cœur plutôt qu'en haine. Que les journaux de MM. Rogieret Frère, battent donc le matalan, pour rallier des voix au projet despotique des successeurs de Van Maanen, de triste mémoire, tous leurs grands mots ne pourront faire ac croire aux contribuables que le Sénat a démérité de la patrie, en empêchant le fisc de violer le sanctuaire de la famille. Nous tenons de source certaine que tout court la débandade au collège des 18.850 francs; plus de 30 élèves seraient déjà re tirés de cet établissement qui la dernière distribution des prix a fait voir, comment on y apprend bafouer el vouer au ridicule les principes essentiellement conservateurs de la société. Par contre nous apprenons avec un plaisir bien vif, que le nombre des inscriptions augmente de jour en jour dans le collège S' Vincent, établissement où sans contredit, les élèves trouvent dans leurs maîtres de parfaits modèles suivre. M. LELIÈVRE ET LA LOI SUR LES SUCCESSIONS. La loi sur les successions frappera cent pauvres avant d'atteindre un riche; qui est-ce qui a dit et prouvé cela? Est-ce un de ces hommes avares et égoïstes qui ne veulent d'impôts que ceux qu'ils ne payent point? non; ces paroles sont d'un repré sentant qui aimé le peuple; qu'on a tou jours vu sur la brèche pour défendre la cause du peuple, et procurer du soula gement ses misères. Ces paroles sont de M. Lelièvre. Dans son numéro du 3 septembre, le Progrès, nous ne savons de quel chef, nous accuse de recevoir l'aumône de l'évêque 9'IJO/ On s'a bon ue ïpres, rue de Lille, 10, près la Giaude Place, el clwt. les Percepteurs des Postes du Royaume. PIIIX UK L'.tMIIEMEIT, par trimestre, Tpres fr 3. Les adirés locylilés fr 3 5o. t— Un n» a5. U Propagateur partit,le JSttlF.nl el le MKKCItRIM de oliaque aeiuaiue (insertions 13 centimes la ll)(ne). Uri 10 Septembre. (Suite.) Le lendemain, je me levai de bonne heure, et je sorlis de la ville pour ne pas être te'moin de l'exé- cution, qui devait avoir lieu sur les neuf heures. Machinalement, je me dirigeai vers l'endroit où l'on m'avait indiqué qu'était la demeure de Lucette et de Lucien. La misérable cabane était ouverte et abandonnée; les meubles grossiers avaient été bri sés dans les premiers transports de l'indignation populaire, et chacun s'éloignait de cette masure avec dégoût. J'avais vainement cherché h oublier cette affaireet je fus surpris de me trouver devant celte cabane, sans savoir comment j'y étais venu. Dominé par un sentiment inconnu, j'y entrai. J'es pérais,sansm'en rendre compte, trouver là quelque chose qui me prouvât l'innocence de ces jeunes gens, auxquels je m'intéressais vivement. Je regar dai longtemps les débris de meubles gisants h terre, les murs nus; et, après une demi-heure environ de pensées pénibles, je me préparais h sortir, quand mon pied souleva un des mauvais carreaux qui pavaient la chambre... Jugez de ma surprise, en apercevant sous ce carreau deux papiers pliés Je les ramassai en tremblant l'un d'eux était froissé et sale; il y avait dessus trois lignes d'une écriture presque illisible Rappelez-vous votre promessez, et songez voire vieille mère... si vous dites un mot de ce que vous savez, on se vengera sur elle. Je compris la cause de son silence. Pauvre Lucette, in'écriai-je, voilà la preuve de ton innocence.'... oh! mon Dieu! si je pouvais la sauver Je dépliai vivement l'autre papier; c'était une lettre de M"" de S*** elle-même. Je m'en rappelle encore le contenu, quoiqu'il y ait de cela près de cinquante ans... Ma chère enfant, comment jamais reconnaître tant de dévouement?... Je vais quitter votre de meure sous la conduite de Lucien, votre frère, que j'emmène pour quelque temps peut-être; car ce p me sera un guide uiile jusqu'à ce que je sois eri sûreté, ainsi quetous ceux qui me sont cbers. Avant de m'éloigner de vous, cependant, je veux vous laisser un gage de ma reconnaissance, et vous re nouveler mCs remerçiements. Vous m'avez arrachée une mort certaine, en me prévenant, sur la route, du complot formé par des voleurs de me dévaliser, et entendu par vous, grâce'a une protection évi dente de la Providence. Pauvre Lucette! je sais qu'eu tue sauvant vous vous exposez aux plus grands dangers, ainsi que votre généreux frère, qui vient de me tout conter. Mais rassurez-vous, Dieu veillera sur votre vieille mère, et il ne voudra pas que votre noble action reste sans récompense. Maintenant encore, que faites vous pour tnoi Vous conduisez mon fils et sa fortune mon intendant, qui nous attend en lieu sûr; je ne tarderai pas vous y rejoindre. Cependant, comme je ne sais pas si je vous reverrai, je vous écris ici ines renier- j ciements, afin que vous les trouviez votre retour. Recevez, je vous prie, cette chaîne d'or que je retire de inon cou pour vous la donner gardez-la

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1